Cet été pas de voyage prévu. En fait, l’été est le moment où
je peux profiter du jardin, flâner, paresser et être totalement libre de mes
désirs dans un lieu que j’aime et qui m’est familier : ma maison.
Les derniers mois ont été très laborieux et harassants, le
militantisme me prend beaucoup de temps et d’énergie et mon enquête dans une
pisciculture locale alsacienne m’a très fortement éprouvée. Je navigue entre la
colère et la tristesse. Me résigner est impossible. Alors j’ai besoin de m’évader
et j’ai la chance de vivre à côté de montagnes légendaires où je peux y perdre
mes pas et me retrouver entière au cœur d’une nature dont chaque vibration fait
écho aux palpitations de mes pensées.
Pour choisir mes destinations, je pars de mes cartes topographiques que j’étale sur la table de mon salon et je peux passer des heures à les parcourir, me projetant avec bonheur dans les courbes de relief, les tracés et les noms qui sont déjà mon début d’aventure. Par ces éprouvantes chaleurs, mes choix sont guidés par la présence soit d’un lac, soit d’une cascade. Rester en zone urbaine est étouffant et il y a toujours plus d’air et de fraîcheur sur les sentiers boisés de la Forêt Noire ou des Vosges, bien que j’aie une tendresse très particulière pour la première.
Aujourd’hui je vous emmène à la découverte d’un un petit lac glaciaire à 747 m d’altitude, niché dans un cirque verdoyant, formé il y a environ 25 000 à 30 000 ans : le Huzenbachersee. Il est au cœur de la forêt, à quelques kilomètres du joli village de montagne qui porte le même nom : Huzenbach, rattaché à la municipalité de Baiersbronn. Beaucoup de légendes lui sont liées.
La pluie a même été présente un moment, un cadeau par ces
températures caniculaires. Je ne l’attendais pas. J’étais en sandales (oui je
randonne parfois en sandales car je n’aime pas me sentir emprisonnée dans le
carcan des chaussettes + chaussures). D’ailleurs je n’ai pas de chaussures de
randonnée. C’est soit sandales, soit mes baskets légères que j’utilise aussi
pour courir.
La seule difficulté de cette marche est la descente vers le lac. C’est aussi le moment le plus beau et le plus féerique. La sente est étroite, raide et sinueuse, elle sillonne le flanc de montagne avec quelques troncs d’arbres en obstacles et beaucoup de racines noueuses et de fougères luxuriantes. Une petite cascade, malheureusement à sec quand nous y étions, la traverse, au bout de ce chemin, le lac à la surprenante géométrie.
Une île circulaire s’y trouve, pelouse flottante constituée d’un réseau dense de racines, de mousses et de jeunes bouleaux. Le tarn est habité par une myriade de nénuphars jaunes dont les fleurs sont becquetées par les canards.
On s’est posé là et on a déjeuné.
La végétation autour du lac est surprenante. En 2012, une
tempête a détruit près de la moitié de la population d’arbres. On a le
sentiment d’une fin de monde, d’un chaos apocalyptique déjà englouti par une
nature puissante qui reprend ses marques. Les troncs brisés, écorchés, blanchis
font des fantômes immobiles qui témoignent de leur grandiose vie passée.
Le retour se fait en traversant cette lande renaissante, puis
le long d’un ruisseau, le Seebach, bienvenu pour rafraîchir Suzy qui nous
accompagne. Les résineux reprennent très vite la prééminence dans la forêt.
Vendredi nous sommes parti-e-s à six découvrir les sentiers qui jalonnent cette ville au cœur de la Forêt Noire.
Le départ se fait en prenant la direction de Reichenbach. Aller jusqu’aux poteaux indicateurs Hornberg Postwies (suivre le losange bleu) et prendre le Gustav Mangold Weg qu’il faut suivre sur plusieurs kilomètres.
Ce fut une splendide randonnée de 20 km dans un décor digne de Caspar David Friedrich, le romantisme allemand exacerbé que j’aime !
Nous en avons pris plein les mirettes, entre les plateaux d’altitude aux champs éclatants de taraxacum ouvrant sur des vallons infinis de part et d’autre, entre des rochers suspendus à flan de colline où chaque paysage est beau à couper le souffle, dans les chemins étroits des sapinières traversées où s’est glissée la douce lumière de ce jour particulier. Nous avons même nourri des chèvres sur notre passage.
La première partie de la randonnée est une montée assez physique, à couvert, parmi d’ imposants conifères jusqu’au lieu-dit Am Krächer puis cette grimpée s’adoucit jusqu’au sommet du Windkapf à 926 m d’altitude. Des éoliennes ponctuent le paysage.
C’est après ce sommet que les vues se découvrent, au Birkenbühl, nous avons traversé un beau plateau d’altitude qui offre des panoramas de tous les côtés.
Le chemin devient plus étroit et abrupt à certains passages dans la 2è moitié de la randonnée. C’est là que se succèdent falaises, rochers et magnifiques points de vue : Rappenfelsen & Obererschlossfelsen.
Au niveau des Faierabendfelssen, des travaux forestiers ont quasiment détruit le sentier (troncs coupés, branches s’amoncelant sur la descente que nous devons emprunter). Nous persévérons. A travers les branchages, les montagnes et la lumière de cette belle fin d’après-midi découpent d’extraordinaires perspectives.
Première pause sur les rives du Lac de Constance, quelques kilomètres avant Lindau.
S’offrir un souffle de romantisme, le temps d’un week-end, pour recharger ses énergies et savourer d’autres lieux pour d’autres émotions. Justine & moi sommes parties découvrir les rives allemandes du Lac de Constance ou Bodensee (173 km se situent en Allemagne) pour ce premier week-end d’avril. Découvrir un poisson bien vivant et vibrant (c’est comme ça que je préfère les poissons d’avril et ceux de tous les autres mois !) dans un des plus grands lacs d’Europe centrale.
Le Lac de Constance se situe dans les contreforts des Alpes et se découpe en deux parties reliées par le Rhin qui les traverse sur 4 km. En additionnant le lac supérieur et le lac inférieur, il a une superficie de 536 km² et est le troisième plus grand lac d’Europe centrale.
Nous avons pris la route samedi 1er avril dans l’après-midi, environ 300 km depuis Strasbourg, plus de 4h de voyage. Nous sommes arrivées, en fin d’après-midi, dans une ambiance bleutée aux cieux voilés, à Lindau, en Bavière, première étape de ce périple.
C’est un bel endroit consacré au tourisme et très urbanisé. Des rives, on peut voir les sommets enneigés des Alpes sur les versants autrichiens et suisses.
Le crépuscule et la lumière voilée du soleil magnifiaient le lac et nous donnaient un bel aperçu du romantisme à l’Allemande.
Pour les véganes que nous sommes, l’Allemagne regorge de trésors gustatifs sans souffrance et nous nous sommes régalées.
Nous avions réservé une chambre au « Das Mietwerk » sur le continent, à Lindau. Très bel endroit au déjeuner copieux et bio.
Le petit-déjeuner bio et végane du « Das mietwerk », délicieux et copieux !
Nous avons exploré l’île le soir. D’abord par ses berges aménagées qui offraient une vue échappée d’une autre époque sur la quiétude intemporel du lac puis nous avons parcouru l’intérieur de cette minuscule île d’une longueur de 1,3 km pour une largeur de 663 m, totalisant une superficie de 68 hectares, ce qui fait quand même d’elle la deuxième plus grande île du lac de Constance !
Une procession, dont une partie des participant-e-s était costumée, a traversé la rue principale, nous rappelant que nous n’étions pas dans un état laïc. Chaque Allemand doit déclarer sa religion, une dîme est prélevée au bénéfice de son Église.
Du coup, à 22h, l’église catholique était encore ouverte et …désertée pour notre plus grand plaisir de curieuses admiratives des traces du passé. L’extérieur ne paye pas de mine mais l’intérieur est à couper le souffle dans son genre : baroque remarquable ! La « Münster Unserer Lieben Frau » a connu bien des péripéties avant de devenir ce splendide ouvrage du XVIIIè s.
Nous sommes rentrées à l’hôtel, épuisées et repues de belles sensations et de beaux panoramas de ce coin rempli de douceur de vivre.
La visite s’est poursuivie en plein jour, le lendemain matin. Découvrant une autre tradition religieuse locale : les enfants décorent les fontaines publiques pour Pâques avec de surprenants œufs en plastique, bariolés par la créativité enfantine. C’est joyeusement kitsch.
En début d’après-midi, nous avons décidé de pousser notre périple jusqu’en Autriche à 10 km de là ! L’appel de la montagne peut être puissant.
Ce fut un peu compliqué (nous n’avions que le GPS pour nous guider et pas de carte papier à mon plus grand regret) de trouver des chemins de traverse qui pouvaient nous mener à de plus hautes altitudes. On a fini par s’éloigner du lac pour monter vers Bezau, station touristique de montagne dans les Alpes autrichiennes. Dès les premières altitudes de grandes fermes recouvertes de tuiles en bois jalonnent la route. Elles sont belles et impressionnantes.
Nous nous sommes posées dans un champ, au soleil, avec une vue splendide sur les Alpes. Nous y avons siesté et rencontré un chat, timide mais très affectueux, habitant la cabane proche de notre alpage de repos. Il s’est un peu fait prier pour s’approcher mais quand il a compris qu’il pouvait nous exploiter, il en profité et il a bien eu raison !
Puis nous sommes reparties car une centaine de kilomètres nous séparaient encore de Konstanz où nous devions passer notre 2è nuit. Nous sommes donc remontées vers les rives plus occidentales du lac. Nous avons garé la voiture à hôtel choisi pour la nuit (plus banal que celui de Lindau et situé dans une zone d’activités commerciales) et sommes parties à pied découvrir les berges de la ville au crépuscule.
Les rives qui longent le Rhin sont réhabilitées en un espace contemporain où se côtoient bars, lounges , restaurants et des berges aux pontons de bois peuplées d’une faune urbaine en mal de nature qui vient se détendre dans ces lieux, imprégnés des premières douceurs printanières. Le rivage immédiat du fleuve n’est pas aménagé, permettant la vie riche d’un écosystème protégé (ils sont forts ces Allemands pour ce genre d’exercice et nous devrions en prendre de la graine !).
Nous avons gardé l’exploration de la ville historique pour notre lundi. Nous nous sommes contentées de remonter la Seestrasse, bordée de plantureux édifices de la fin du XIXè siècle et nous nous sommes posées sur un banc, au bord du lac, pour observer les premiers vols des chauves souris sur fond bleu crépusculaire, dans la douceur du soir.
Lundi matin, nous sommes parties à la découverte de la ville historique de Konstanz, fondée par les Romains au IVè s, florissante au Moyen-Age. Il s’y tint de 1414 à 1418 un concile œcuménique (concile de Constance) qui mit fin au grand schisme d’Occident en déposant les papes Jean XXIII et Benoît XIII, en acceptant la démission du pape Grégoire XII puis en nommant le pape Martin V. C’est dans ce même concile que fut jugé et condamné au bûcher Jean Hus, précurseur du protestantisme.
Nous avons commencé par le port où l’histoire du Concile est rappelée par une gigantesque statue d’amazone sortie tout droit d’un comics du XXè s ! L’IMPERIA : 9 mètres, 18 tonnes, tournant autour de son axe une fois toutes les quatre minutes, créée par Peter Lenk et érigée en 1993. Deux petits personnages nus sont assis dans ses mains ouvertes et portent les insignes de leur puissance qui permettent de les identifier. Le sculpteur a dit à leur sujet :
« … Les personnes de l’Imperia ne sont pas le pape ni l’empereur, mais des saltimbanques qui se sont emparés des insignes du pouvoir séculaire et spirituel. Libre à l’interprétation historique de l’observateur de dire dans quelle mesure les vrais papes et empereurs ont été, eux aussi, des saltimbanques. … » (Peter Lenk dans une interview (en allemand) avec Jasmin Hummel > » 20 Jahre Imperia. … und sie dreht sich immer noch ». Dans: Labhards Bodensee Magazin 2013, pages 44-45.)
La ville historique est un beau mélange de rues étroites, sereines, de passages souterrains joliment graffés et de belles bâtisses art nouveau s’ouvrant sur des avenues plus larges.
Poisson d’avril !
Ma passion non secrète pour les pois est comblée !
Des pois, une voiture qui raconte des histoires, je suis fan !
Le véganisme nous fait des clins d’œil partout, jusque sur les poteaux des rues :
Au centre, trône la cathédrale Notre-Dame de Constance qui, d’un point de vue architectural, est une des plus grandes églises romanes du sud-ouest de l’Allemagne. A l’intérieur de l’église le mobilier des époques baroque, classique et néo-gothique se superpose.
Après avoir bien arpenté les rues de la vieille ville, nous avons récupéré la voiture et sommes remontées vers Litzelstetten à une dizaine de kilomètres plus au nord. Petit havre de paix au bord de l’eau où nous avons dévoré une plaque de chocolat en regardant le bleu quasi tropical de l’eau et où Justine a osé tremper ses pieds (trop tentant mais froid en cette saison !).
Le retour s’est fait sous un ciel d’orage. Nous avons traversé des paysages grandioses de la Forêt Noire, nimbée de nuages et de contes fantasmagoriques.
• Les sentiers où vivent les fées du Badener Höhe •
Je vous invite à une randonnée sur des sentiers habités par des fées cotoyant deux lacs, le Schwarzenbach et le Herrenwieser See, ainsi que le Badener Höhe, l’un des principaux sommets de la Nordschwarzwald à 1002 m. d’altitude où une tour permet d’apprécier une vue dégagée à 360°.
J’avais découvert ce plateau sommital à la fin de l’hiver avec encore de magnifiques paysages enneigés et je l’ai raconté sur mon blog > là !
Cette découverte est sans difficulté majeure : moins de 400m de dénivelé et 19 km sur une majorité de larges chemins bien balisés.
Le départ se fait au parking situé au barrage du Schwarzenbach-talsperre, à côté de la route départementale L83.
Immédiatement, nous empruntons le passage sur le barrage pour suivre le losange bleu qui va nous conduire le long de la berge Nord du lac. Les chemins sont larges et agréables. L’eau du lac est impressionnante de transparence. Deux kilomètres plus loin nous entamons notre montée (losange rouge) vers le sommet en passant par le Herrenwieser See.
Des ponts de pierre racontent des histoires sorties des livres de contes, l’eau chante partout, la mousse fait de jolis tapis verdoyants au cœur des sapinières. La lumière d’automne est particulièrement belle dans cette apothéose de verdure encore baignée de l’énergie de l’été.
Après une première montée un peu sportive mais courte, nous arrivons au Herrenwieser See, magnifique et très ancien lac glaciaire, formé il y a env. 120 000 à 60 000 ans, bordé d’une fragile zone de tourbière, écrin bleuté dans les premières rousseurs des fougères.
Au loin pointe la tour du Badener Höhe.
La montée se poursuit sur des sentiers entrelacés de racines, bien balisés où des cairns nous rassurent quand même sur le chemin à suivre !
Chaumes d’altitude et déploiement des montagnes sur la ligne d’horizon.
Au sommet, à 1002m., nous posons nos sacs à dos pour savourer la vue extraordinaire qui se déploie du haut de la tour panoramique, fouettée par les vents, ouverte sur les sommets infinis de la Forêt Noire et sur la vallée du Rhin.
La descente se fait sur l’autre flan de la colline, toujours par le balisage losange rouge.
Nos ombres contemplatives !
Au premier croisement nous avons emprunté le mauvais chemin. Nous devions suivre le losange jaune mais il est indiqué sur plusieurs sentiers. Nous sommes parti.e.s sur le mauvais mais quelle belle découverte. C’est une piste entre fougères et sapins, à flan de montagne avec, par moment, des vues à couper le souffle et une lumière rasante qui poétise toute la forêt. Assez vite, j’ai compris que nous n’étions pas sur notre sentier de retour. Nous avons rebroussé chemin et récupéré la bonne route qui nous a conduit jusqu’à Herrenwies, village niché au creux de la vallée.
Quand l’arbre s’enracine dans la roche…Règne du végétal et du minéral où je puise mon souffle de vie ❦ Merci Dame Nature.
Tout au long de la descente, des panneaux indiquent le bon chemin et marquent des endroits où d’étranges « lunettes de bois » nous invitent à observer la nature d’un autre point de vue.
Un immense banc nous a accueilli.e.s.
Après le village, nous avons continué le long d’une très belle route forestière (balisage losange bleu) qui nous a ramené sur les rives du Schwarzenbach que nous avons contourné par le Sud cette fois-ci.
« Vastes Forêts, Forêts magnifiques et fortes, Quel infaillible instinct nous ramène toujours Vers vos vieux troncs drapés de mousses de velours Et vos étroits sentiers feutrés de feuilles mortes ?
Le murmure éternel de vos larges rameaux Réveille encore en nous, comme une voix profonde, L’émoi divin de l’homme aux premiers jours du monde, Dans l’ivresse du ciel, de la terre, et des eaux.
Un samedi de juillet, randonnée programmée entre ami.e.s pour découvrir les chutes d’eau les plus hautes d’Allemagne (97 m.), alimentées par le Stübenbach prenant sa source sur les chaumes du Stübwasen à 1386 m. d’altitude. Ancien passage du glacier du Hochtal qui se déversait dans le glacier principal du Wiesental. Protégé depuis 1987, il s’agit d’un des plus remarquables sites naturels d’Allemagne.
Le circuit de cette randonnée comprenait la découverte des Todtnauer Wasserfall mais aussi des chaumes d’altitude du Stübwasen avec un dénivelé de près de 700 m.
Nous sommes parti.e.s, vaillant.e.s, à 9 dans la matinée. Le départ se fait en bas de la cascade. Le premier sentier nous a conduit.e.s dans la périphérie de Todtnau où nous avons découvert un extraordinaire jardin pour enfants des bois.
Le jardin pour enfants des bois.
Le chemin s’est poursuivi jusqu’à un surprenant monument aux morts de la Grande Guerre, glaive immense dressé sur un promontoire tel un phallus symbole de toute la puissance destructrice guerrière des hommes.
C’est à partir de là qu’a débuté une rude montée traversant le flan de la montagne et découvrant par endroit de beaux panoramas.
Les chemins sont jalonnés de « Hutte », de sources, d’eaux chantantes et vibrantes où, parfois, l’humain bienveillant a aménagé des seaux pour abreuver les animaux de compagnie.
Lancez le seau dans le ruisseau et le récupérer grâce à sa chaine pour donner à boire à votre animal de compagnie ! Ingénieux !
Ils ouvrent au détour d’une montée sur de fabuleux paysages de montagne.
Et sur des arbres transformés en panneaux indicateurs où le tronc a été creusé pour y mettre une vierge protectrice des « angoissé.e.s de la montagne ».
Les Allemands aiment aussi, au cœur de la nature, déposer des « kiosques en libre-service » où acheter des cartes postales de ce lieu exceptionnel ou des objets fabriqués maison. Ici la confiance règne et c’est bien agréable ♥
La pose repas se fera au Berger Höhe, entre un croisement de sentiers et quelques chevaux curieux et pour le plus grand soulagement d’Athéna qui inaugure sa première longue randonnée.
La montée se poursuit sur une pente plus douce et un chemin large et très agréable.
Et nous arrivons au Stübenwasen (1386 m.) avec ses chaumes d’altitude et ses panoramas admirables où Romain affine sa dextérité à manier la perche photographique, où nous nous posons pour rire, savourer l’instant, prendre encore des photos, nous reposer en comptant nos tiques récoltées !
A partir de là s’entame la descente avec des vues incroyables sur Todtnauberg et ses villages en creux de vallée.
Le chemin est jalonné d’un parcours « éducatif » de champignons en bois (parfois surprenants !), de jeux en lien avec la nature et de chaises, fauteuils pour admirer les paysages traversés.
Nous avons été interpelé.e.s par ce champignon plutôt joyeusement vaillant mais il semblerait que son exubérance soit un vers ! A bon entendeur…
NON Romain ! Ne saute pas !
Le banc aux amoureux.
Évidemment nous avons tout testé (sauf le vers du champignon !).
La descente s’est égrenée de pauses méritées.
La flore est également exceptionnelle tout au long de ce parcours, orchidées à profusion, reine des prés, laitue des Alpes, lupins aux couleurs variées…
Le parcours s’achève par les cascades dont nous accompagnons la joyeuse chute en traversant des ponts aménagés et en empruntant des chemins balisés.
Cinq heures de marches, de belles pauses, une lumière du soir rasante accueille notre dernier parcours, un paysage sorti tout droit des villages de hobbits (comme le constatera Peggy).
Nous sommes repu.e.s et heureux/ses.
Gwennaëlle, Sylvia, Stéphane, Chloé, Athéna, Peggy, Rabie, Sébastien la raclure, Romain {et merci à Romain et à sa perche !}.
« Seul le présent est, l’avant et l’après ne sont pas ; mais le présent concret est le résultat du passé et il est plein de l’avenir.
Le Présent véritable est, par conséquent, l’éternité.
Samedi, Anne-Cécile, Jamila et moi sommes parties à la découverte du vignoble et des bois autour de Kappelrodeck, petite bourgade allemande du Bade Wurtemberg nichée au creux de la Forêt Noire.
Le temps était lourd et orageux.
Nous sommes montées par un sentier raide qui offrait par endroits de magnifiques vues sur la vallée du Rhin et la plaine d’Alsace au ciel d’orage.
Au premier sommet, les hauts et majestueux sapins ont très vite été happés par une brume annonciatrice d’averses. L’ambiance a totalement changé. La température a baissé soudainement et nous avons enfilé nos vestes et capes de pluie.
Une grain dense s’est mise à tomber, purifiant l’air et donnant à la forêt des allures de paradis tropical.
C’est toujours à ce moment là que chacun.e se pose la question de ce qu’il ou elle traverse. Soit nous pestons de toute cette humidité (car très vite nous avions les pieds, les jambes et le visage trempés), soit nous décidons que c’est l’aventure et nous nous concentrons sur les extraordinaires palpitations de la nature quand la pluie ruisselle et fait chanter les feuillages. Entrant aussi dans une intimité particulière où nous traversons ces paysages en silence, attentives à eux et à nos émotions profondes.
Avec la chaleur des jours passés entrecoupée d’orages réguliers, l’eau a nourri la terre et les plantes se sont épanouies irradiant une fantastique énergie.
Les panoramas aperçus dans les trouées de la forêt déployaient des figures fantasques et brumeuses sorties des contes et légendes nourrissant cette Forêt Noire.
Nous nous sommes un peu égarées. Jamila découvrait pour la première fois les sentiers de ce relief montagneux. Sacré baptême pour elle ! Courageusement, elle a traversé les éléments.
Sur le chemin du retour, les fameux bars en libre service des distilleries de la Forêt Noire (tradition locale) nous ont permis de nous désaltérer avec un jus de fruit local.
De chouettes chiens nous ont aussi accueillies et fait la fête.
Nous sommes rentrées purifiées, heureuses…et incroyablement vivantes.
Le sentier du retour.
L’Allemagne ne connait pas la laïcité et des calvaires jalonnent les croisés de chemins.
Ce mois de juin est marqué par des épisodes pluvieux plus ou moins violents et une indiscutable douceur de l’air ce qui met en joie la végétation locale, luxuriante à souhait.
La pluie ne me rebute pas pour explorer les montagnes proches, bien au contraire ! Elle crée une atmosphère fantastique où chaque élément vivant palpite dans toute sa minéralité. C’est puissant et extrêmement intime. Les humains fuient pour la plupart ces temps pluvieux et, du coup, celui qui ose y pénétrer entre dans un univers de contes et de légendes sorti d’épopées ancestrales, un moment rare et précieux où les émotions peuvent s’exalter dans une union parfaite avec tous les éléments.
Un moment de grâce absolue.
Dimanche, nous avons été trois courageu.ses.x à affronter la grisaille programmée pour découvrir le plus haut sommet de la Forêt Noire centrale, le Brandenkopf, et nous sommes revenu.e.s…enchanté.e.s !
Il culmine à 933 m., nous sommes parti.e.s à sa découverte à partir du joli village pittoresque d’Oberharmersbach.
Une pluie torrentielle tombait quand nous sommes sorti.e.s de la voiture.
En 10 minutes, un ciel d’éclaircies l’a remplacée. Les cieux et leurs humeurs sont fantasques et créent des atmosphères frissonnantes et lumineuses. L’ombre et la lumière nourrissent la nature et la rendent vibrante.
La montée est en continu à travers des prairies dégagées et des chemins forestiers larges parsemés de petits abris en bois.
Au sommet, il y a des éoliennes fantomatiques, un restaurant, une tour de 33 m datant de 1929 qui offre un panorama abrité sur les montagnes voisines mais…nous étions dans le nuage.
Alors, nous avons ôté nos capes de pluie et savouré notre repas. J’avais emporté la mousse au chocolat végane de mon restaurant favori, éthique, strasbourgeois, Vélicious. Elle a parfaitement supporté le transport dans mon sac à dos, juste protégée par un sachet (l’emballage est en amidon de maïs donc compostable) !
Sur le chemin du retour, la forêt s’est ouverte sur de grandioses panoramas où les nuages tutoyaient les montagnes.
L’Allemagne n’est pas un état laïque et la religion chrétienne imprègne les paysages.
Un cadre pour un décor bucolique.
Gymnastique photographique.
Et respire la montagne !
Lupins.
En redescendant du Brandenkopf !
Les photographes photographiés.
Les distances et l’ailleurs…
Quand la forêt débouche sur les montagnes lointaines.
Mes compagnons de route.
& danse la lumière, et frémissent les ombres !
Merci Sarah & Yannick pour avoir partagé ces émotions ♥
En forêt
[…] Un vent d’été, qui souffle on ne sait d’où, Erre en rêvant comme une âme de fou ;
Et, sous des yeux d’étoile épanouie, La forêt chante avec un bruit de pluie.
Parfois il vient des gémissements doux Des lointains bleus pleins d’oiseaux et de loups ; […]
Bad Peterstal, de l’autre côté du Rhin, au cœur de la Forêt Noire centrale, offre de beaux parcours de randonnées. A peine à une heure de Strasbourg, le dépaysement est garanti.
Nous sommes partis à six, par un matin lumineux, le 11 novembre, jour férié en France pour 5 bonnes heures de marche.
Tout le parcours est essentiellement sur de larges sentiers que bordent de majestueux pins. Une partie de la randonnée est même sur une route peu empruntée qui mène aux altitudes plus élevées.
Bad Peterstal, le départ.
On longe la vallée où se niche Bad Peterstal par des prairies d’altitude, des fermes, des pâturages et quelques hêtraies légères.
Le circuit est jalonné de fontaines. La région produit d’ailleurs une excellente eau de source > l’eau minérale PETERSTALER.
La première partie du parcours mène, au bout de 5 km, à la Haberer Turm à 691 m., tour en pierres de taille de granit rose qui offre une vue panoramique sur toute la région.
C’est au pied de la tour, sur les bancs qui agrémentent la colline, que nous avons pique-niqué.
Irina, Virginie, Thomas, Chloé, Lucile et Sébastien.
La majorité des feuillus ont perdu leur parure d’or. Seuls les pins habillent encore le paysage de leur vert sombre.
Nous sommes redescendus vers Bad Griesbach, village isolé, terminus d’une ligne de chemin de fer au creux des collines boisées, qui semblait vidé de ses habitants.
Les toilettes de la gare. Les hommes ne sont pas concernés par cette affaire !
Terminus.
Nous avons un peu hésité sur la suite du chemin à prendre. C’est à cet endroit qu’il faut emprunter la route goudronnée pour monter vers Martinshof.
Nous nous sommes posés dans l’herbe des hauteurs pour savourer le soleil et la lumière après la montée plutôt physique.
De vastes fermes composent le lieu-dit, dont une qui fait un élevage de daims 🙁
Le chemin se poursuit encore sur deux collines avant de redescendre vers Bad Peterstal où la lumière de fin d’après-midi faisait un décor chatoyant à la forêt traversée et aux vallées découvertes.
D’étranges sculptures en bois jalonnent le chemin, têtes humaines, chouettes, qui tiennent compagnie à des calvaires et des crucifix.
Nous avons savouré de délicieuse pommes glanées sur le parcours.
La Forêt Noire est habitée par les humains qui veillent sur elle et la préservent mais aussi par tous les êtres fantastiques qui peuplent ses contes et légendes et maintiennent nos âmes d’enfant éveillées.