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L’automne en Vasgovie

Samedi 21 octobre 2023

Cela fait déjà un moment que j’avais envie de passer quelques jours dans la forêt au-delà de la frontière au Nord de l’Alsace. Cet espace boisé infini qui s’offre à la vue depuis le sommet des châteaux forts peuplant les Vosges du Nord. Je l’ai côtoyée parfois, lors de brèves incursions en Allemagne, quand je vais explorer ces châteaux semi troglodytes que j’aime tant.  Ces doux vallons boisés qui s’étendent à perte de vue m’invitent aux rêves loin des turpitudes du monde.

 » La forêt palatine rassemble un ensemble continu de contrées environnées de montagnes forestières dans le land de Rhénanie-Palatinat en Allemagne. Il s’agit d’un reliquat d’une vaste « foresta » placée sous l’autorité des comtes du palais impérial à la fin de la dynastie carolingienne. Ces dignitaires émancipés en partie du pouvoir régalien sont devenus les comtes palatins du Rhin, laissant à leur principauté le nom de Palatinat.

La forêt palatine forme par ailleurs un ensemble géomorphologique unique avec les Vosges du Nord, rassemblé au sein de la réserve de biosphère transfrontière des Vosges du Nord-Pfälzerwald. Cet ensemble est étroitement lié au massif des Vosges, dont il n’est séparé que par le col de Saverne. » Source : WIKIPEDIA

Pour ces trois jours de découverte, j’ai choisi un gîte au pied des vignes à Pleisweiller-Oberhofen. C’est à 1h30 de la maison, à côté donc, et c’est totalement dépaysant. Inutile de parcourir de longues distances pour se sentir ailleurs. Suzy et Rosa étaient du voyage.

Parfois, je sépare les chiennes pour offrir d’autres alchimies dans leur quotidien. Le combo Emma/Rosa est quelquefois difficile à gérer parce qu’Emma est l’idole de Rosa et que cette dernière fait un peu n’importe quoi quand Emma est en balade avec nous. En outre, pour Emma, cela lui permet de souffler aussi car « l’amour » de Rosa est, par intermittence, envahissant pour elle.

Nous avons débuté par un petit circuit de 11km à partir de Göcklingen, village viticole lové au cœur des vignes sur la route des vins du Sud du Palatinat.

De nombreux circuits de randonnées traversent la forêt, de nombreuses ruines l’habitent. La balade fut riche en points de vue, en ruines visitées. Une tour en grès, construite en 1886, la Martinsturm, était notre point culminant à plus de 500 m. d’altitude. C’est une tour d’observation de 14 m de haut . Elle a entièrement été rénovée dans les années 1990, le bâtiment est classé. Dans le passé, elle était également utilisée pour la protection contre les incendies de forêt , mais aujourd’hui, elle n’a qu’une importance touristique. Lorsque la visibilité est bonne, le panorama s’étend sur l’ Odenwald , la Forêt-Noire et les Vosges.

L’autre grande attraction de notre petit périple fut la visite du Burg Landeck, ruine du XIIe s. plutôt bien conservée, avec un remarquable donjon carré et imposant visible de loin, depuis la plaine.

Beaucoup de monde le côtoie, un samedi lumineux d’octobre en plus. Un restaurant trône à l’intérieur et offre deux plats copieux et succulents véganes, la belle surprise de fin de randonnée. Evidemment, nous avons commandé les deux plats et nous nous sommes régalées.

A 17h, découverte de notre gîte qui est parfait, propre, hyper confortable et nos hôtes sont chaleureux et accueillants. Une douche bienvenue va clore cette journée riche en découvertes et en belles surprises.

Dimanche 22 octobre 2023

Le gîte est vraiment exceptionnel, la literie est extraordinaire de confort, j’ai le sentiment de dormir sur un nuage. L’endroit est incroyablement calme. C’est une tanière de luxe où on se ressource pleinement.

Ce matin, nous sommes parties explorer de nouvelles pistes à dix minutes de notre lieu de vie temporaire. Onze kilomètres et presque cinq cent mètres de dénivelé avec un ressenti de vingt kilomètres parcourus tant les paysages sont variés et offrent des panoramas tous plus beaux les uns que les autres. Nous avons fait un circuit sur les vallons qui dominent la plaine, au départ du village viticole de Leinsweiler, sur la route des vins du Sud.

La forêt qui surplombe cette partie du paysage s’appelle la Vasgovie. Composée en grande majorité de châtaigniers, hêtres et chênes, elle est remarquable par ses vallons profondément encaissés et ses ruines médiévales qui jalonnent ses sommets boisés.

L’automne sublime ses sentiers d’ors et de bruns chatoyants.

La montée un peu rude nous a conduit à une première ruine qui offre un panorama époustouflant à 360° sur la plaine du Rhin et tous les vallons qui lui font un contrefort boisé : le Neukastel. Il ne reste qu’un promontoire rocheux de ce château du XIIè s. culminant à 459 mètres d’altitude. De forts vents activaient la course des nuages et créaient une ambiance voilée sur la plaine s’étendant à perte de vue.

Le temps suspendu à l’élan fou des nuages…

Nous avons traversé des forêts immenses, pénétrant au cœur de ces vallons encaissés où des vues incroyables se déployaient par endroit, offrant des panoramas sur les rochers et ruines que nous allions découvrir.

Chaque détour de sentiers déployait d’autres paysages, tous plus beaux les uns que les autres, loin des bruits de l’humanité.

Nous avons fini nos découvertes par les ruines du château de Scharfenberg qui n’est pas ouvert à la visite et l’impressionnant site du château rupestre d’Anebos à 463 mètres d’altitude. Ces sites font partie d’un ensemble de trois châteaux médiévaux : les Trifels. C’est également un lieu d’escalade.

Les contreforts rocheux sont colossaux et la vue qui s’y déploie est spectaculaire, notamment depuis les ruines du château d’Anebos vers le Trifels, le mieux conservé des trois.

Repues, nous sommes redescendues par de larges sentiers vers Leinsweiler que nous avons pris le temps de visiter avant de retourner au gîte.

Lundi 23 octobre 2023

Le ciel se couvre et les températures baissent, l’or des forêts et des coteaux viticoles n’en reste pas moins beau.

J’ai presque dormi 10 heures la nuit passée. C’est bien reposée que je pars pour la dernière randonnée de notre séjour. Nous allons nous enfoncer au cœur des vallons de la Vasgovie. L’objectif du jour est le site de Rötzensteinpfeiler. Il semblerait que ce soit l’un des endroits les plus impressionnants de cette forêt, il culmine à 460 m d’altitude. C’est un long récif rocheux gréseux qui s’étire en aplomb d’une montagne, son mur escarpé de 50 m. est apprécié des personnes pratiquant l’escalade. Sur sa pointe la plus extrême trône une croix qui ouvre sur un grandiose panorama.

La vue est effectivement époustouflante sur les vallons qui s’étirent dans un infini bleuté, nature insoumise à perte de vue où pointent par endroit, les vestiges des châteaux médiévaux qui rappellent le passé glorieux de ces contrées délaissées. Pas un humain sur les sentiers empruntés, le lieu est aussi désert.

C’est là que je voudrais que le temps se suspende. Bulle primitive d’émois décuplés où toute cette beauté me nourrit, je me sens repue et apaisée. Peu de paysages provoque un tel sentiment de complétude chez moi.

Même Phlau qui préfère les forêts aux panoramas est conquise !

Quand nous quittons ce lieu fascinant, c’est pour le découvrir depuis la crête voisine, 3 km plus loin, où s’étale un autre amas rocheux remarquable : les Kieungerfelsen. L’accès par le Sud est difficile, pentu et très technique, la terre et la roche sont humides, je préfère jouer la carte de la sécurité et rebrousser chemin pour retrouver les larges sentiers où abondent les châtaigniers pour retourner à la voiture.

Sur le retour, nous décidons de nous arrêter au Burg Landeck pour savourer une dernière fois leur cuisine végane découverte le premier jour.

Je fais également une cueillette de feuilles locales pour mes prochaines empreintes végétales : chênes, châtaigniers et hêtres, souvenirs de cette forêt splendide et profonde.

Je sais déjà que je reviendrai.

Au-dessus des nuages, le Melkereikopf

Au loin, la ligne bleue des Vosges.

Où ai-je passé la première journée de cette nouvelle décennie ?

Sur les larges sentiers d’un sommet allemand que j’affectionne pour ses vues dégagées qui emportent loin l’imaginaire et abritent mes rêves et mes espoirs : le Melkereikopf.

Ce sommet culmine à plus de 1000 m. d’altitude et offre de beaux panoramas sur la vallée du Rhin et les vallons voisins de la Forêt Noire.

Situé à 1h de route de Strasbourg, c’est un endroit idéal pour se déconnecter du froissement urbain et de la pollution qui stagne souvent dans la plaine d’Alsace.

En ce 1er janvier, une purée de pois, à la grisaille pesante, plombait la ville à peine éveillée des violences de cette nouvelle année. Oui, violence. Un mort humain tué dans son jardin … et je ne parle pas de toutes les vies inquiétées, terrorisées et décédées des autres animaux pour cette tradition déplorable des pétards à lancer lors de ce jour de l’an qui n’est que le choix arbitraire d’une temporalité rythmant le cycle annuel. Une impression de guerre envahit les rues strasbourgeoises à ce moment là et me décourage, à chaque fois, d’avoir foi en mon humanité.

Les trottoirs, au petit matin, étaient jonchés d’immondices.

Nous avons fui cet état sinistré, cette grisaille moribonde, cet univers apocalyptique.

Je sais que là-haut, dans mes montagnes proches, la lumière et la sérénité sont au rendez-vous.

Nous sommes parti-e-s à 6 humains et 4 chiens dans la grisaille de ce lendemain d’excès vers d’autres paysages.

Là-haut, nous avons défait et refait le monde.

Nous nous sommes gorgé-e-s des vues époustouflantes au camaïeu bleu, estampes dessinées par la nature où se perdaient nos espérances. Nous avons rêvé d’un autre monde, plus respectueux. Nous avons aussi contemplé en silence la beauté des vallons se déployant à l’infini. Nous nous sommes repu-e-s de cet air vivifiant où dansaient des éclaboussures de soleil.

« Ma bande » d’activistes prêt-e-s à œuvrer pour un monde plus juste. Tous les individus présent-e-s sur cette photo ne sont pas zoophages, en cohérence avec les actes qu’iels posent.

« Nous rêvons au bonheur universel, nous voulons l’humanité libre et fière, sans entrave, sans castes, sans frontières, sans religions, sans gouvernements, sans institutions.  » Louise Michel

Sur les rives des lacs glaciaires : le Huzenbachersee

Cet été pas de voyage prévu. En fait, l’été est le moment où je peux profiter du jardin, flâner, paresser et être totalement libre de mes désirs dans un lieu que j’aime et qui m’est familier : ma maison.

Huzenbach, du haut du village…contempler.

Les derniers mois ont été très laborieux et harassants, le militantisme me prend beaucoup de temps et d’énergie et mon enquête dans une pisciculture locale alsacienne m’a très fortement éprouvée. Je navigue entre la colère et la tristesse. Me résigner est impossible. Alors j’ai besoin de m’évader et j’ai la chance de vivre à côté de montagnes légendaires où je peux y perdre mes pas et me retrouver entière au cœur d’une nature dont chaque vibration fait écho aux palpitations de mes pensées.

Pour choisir mes destinations, je pars de mes cartes topographiques que j’étale sur la table de mon salon et je peux passer des heures à les parcourir, me projetant avec bonheur dans les courbes de relief, les tracés et les noms qui sont déjà mon début d’aventure. Par ces éprouvantes chaleurs, mes choix sont guidés par la présence soit d’un lac, soit d’une cascade. Rester en zone urbaine est étouffant et il y a toujours plus d’air et de fraîcheur sur les sentiers boisés de la Forêt Noire ou des Vosges, bien que j’aie une tendresse très particulière pour la première.

Aujourd’hui je vous emmène à la découverte d’un un petit lac glaciaire à 747 m d’altitude, niché dans un cirque verdoyant, formé il y a environ 25 000 à 30 000 ans : le Huzenbachersee. Il est au cœur de la forêt, à quelques kilomètres du joli village de montagne qui porte le même nom : Huzenbach, rattaché à la municipalité de Baiersbronn. Beaucoup de légendes lui sont liées.

C’est un tour circulaire de 11 km et un peu plus de 600 m de dénivelé. Les sentiers empruntés sont larges, faciles et enrésinés.

Tracé de la randonnée

La pluie a même été présente un moment, un cadeau par ces températures caniculaires. Je ne l’attendais pas. J’étais en sandales (oui je randonne parfois en sandales car je n’aime pas me sentir emprisonnée dans le carcan des chaussettes + chaussures). D’ailleurs je n’ai pas de chaussures de randonnée. C’est soit sandales, soit mes baskets légères que j’utilise aussi pour courir.

La seule difficulté de cette marche est la descente vers le lac. C’est aussi le moment le plus beau et le plus féerique. La sente est étroite, raide et sinueuse, elle sillonne le flanc de montagne avec quelques troncs d’arbres en obstacles et beaucoup de racines noueuses et de fougères luxuriantes. Une petite cascade, malheureusement à sec quand nous y étions, la traverse, au bout de ce chemin, le lac à la surprenante géométrie.

Une île circulaire s’y trouve, pelouse flottante constituée d’un réseau dense de racines, de mousses et de jeunes bouleaux. Le tarn est habité par une myriade de nénuphars jaunes dont les fleurs sont becquetées par les canards.

On s’est posé là et on a déjeuné.

La végétation autour du lac est surprenante. En 2012, une tempête a détruit près de la moitié de la population d’arbres. On a le sentiment d’une fin de monde, d’un chaos apocalyptique déjà englouti par une nature puissante qui reprend ses marques. Les troncs brisés, écorchés, blanchis font des fantômes immobiles qui témoignent de leur grandiose vie passée.

Le retour se fait en traversant cette lande renaissante, puis le long d’un ruisseau, le Seebach, bienvenu pour rafraîchir Suzy qui nous accompagne. Les résineux reprennent très vite la prééminence dans la forêt.

Aux portes des contes : le Rocher de Mutzig

Aux portes des contes : le Rocher de Mutzig

Il y a plusieurs lieux que j’affectionne dans les Vosges, le Rocher de Mutzig, ses panoramas grandioses et ses lieux imprégnés de contes et légendes en font partie.

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Comme le dit Wikipédia >  » Ce rocher est une montagne gréseuse du massif des Vosges, la plus haute des Vosges gréseuses. Ce sommet tabulaire est situé dans le Grand Est, dans le département du Bas-Rhin sur la commune de Lutzelhouse, à environ un kilomètre à l’est de la ligne de crête formant la limite avec la Moselle. Il culmine à 1 010 mètres d’altitude, soit un mètre de plus que son grand sommet voisin, le Donon qui appartient à la même corniche résistante en grès triasique du Buntsandstein. Les formations sommitales, très résistantes à l’érosion, sont souvent en poudingues ou conglomérats gréseux ».

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Vue sur le Donon.

Pour cette randonnée nous sommes parties du refuge du Schliffstein au-dessus de Lutzelhouse en prenant la route forestière du Kegelplatz puis celle du Pré du Narion.

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En suivant le cercle jaune, c’est une randonnée de moins de 4h avec 440 m. de dénivelé.

Jusqu’au Rocher de Mutzig, des vues dégagées et magnifiques, entrecoupées par des bois de feuillus, jalonnent la montée.

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Le premier sommet, à 831 m d’altitude, est l’enceinte du Jardin des Fées, extraordinaire et très beau lieu :

« Dominant le val de Bruche, la Grande Côte antérieure est considérée par certains comme l’un des plusieurs anciens lieux de culte celtique en Alsace.

Ce sommet, surnommé « le Jardin des Fées », présente une curieuse enceinte circulaire et les vestiges d’un cromlech où, selon la légende, les fées venaient danser la nuit.

Elles auraient entrepris la construction d’un pont gigantesque pour enjamber la vallée, comme en témoignent les nombreux blocs de grès dispersés sur les hauteurs. Mais cet ouvrage ne put être mené à bien car la puissance magique des fées s’arrêta trop tôt. » [en raison de la naissance du Christ].

Source > http://fr.topic-topos.com/le-jardin-des-fees-lutzelhouse

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Une seconde légende raconte que « certaines nuits, les fées se rassemblent dans le Jardin des Fées pour y danser. Dans le ciel nocturne, apparait alors un char de lumière tiré par des chevaux de feu. Ce char va décrire des cercles autour du Jardin des Fées. A l’apparition du char, la plus jeune des fées quitte la danse et va prier dans la collégiale de Niederhaslach. Lorsque le premier rayon de soleil frappe les vitraux de la collégiale, la fée retourne au Jardin des Fées et donne au char de lumière le signal du départ. Le char se fond dans le ciel et les fées se dispersent lentement. D’après l’archéologue Armand Kieffer, cette légende illustre l’utilisation que faisaient les peuples préchrétiens du site. Les fées seraient en faites les « savants » ou prêtres qui interprétaient les mouvements des astres et du soleil représentés par le char de lumière. Ces prêtres, à l’aide de la position des menhirs du cromlech, pouvaient déterminer la date des semailles et d’autres dates importantes pour les agriculteurs du néolithique. La fée qui va prier à l’église serait le symbole du triomphe du christianisme qui fait fuir le char, symbole des divinités païennes. »

De ce sommet, nous sommes descendues pour rejoindre le sommet voisin où trône le Rocher de Mutzig, en passant par la route forestière du Jardin des Fées.

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Un vaste sentier herbeux relie les deux montagnes.

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L’ascension vers le Rocher de Mutzig se fait à partir de la monumentale et surprenante Porte de Pierre, gardienne des lieux de 7 m de large et 5 m de hauteur. C’est un rocher formé de trois piliers et surmonté d’un linteau, travaillé par les éléments qui ont façonné ses rondeurs tourmentées lui donnant un statut de porte de conte. Les fées veillent.

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La montée en pente plutôt douce est agréable, empruntant des chemins larges bordés de fougères où se déploient les montagnes alentours.

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C’est au sommet, sur le « Rocher de Mutzig », que nous décidons de nous poser pour savourer notre déjeuner et les panoramas beaux à couper le souffle.

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Et ça mange quoi les randonneurs et randonneuses véganes ?
– des fruits à profusion
– des tartinades souvent faites maison (ici houmous)
– des muffins à la courgette (merci Cédrine)
– des légumes à croquer ou en salades variées
– des graines germées (amandes/ noisettes…)
– du chocolat (j’ai une faiblesse pour les crus de Lovechock !)
– etc !

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La descente se fait en sous-bois, appréciable par les chaleurs d »été. Des petits cairns guident notre retour. Avant l’arrivée au refuge du Schliffstein, nous traversons une forêt d’épineux qui a acidifié les sols. L’ambiance est étrange car toute vie semble avoir disparu et le gris dominant rappelle les paysages hivernaux. Le conte se poursuit avec son élément perturbateur qui lui donne sa dimension anxiogène et permet d’intensifier les émotions traversées.

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Une source nous accueillera au bout du chemin. J’y puiserai ma nouvelle énergie pour partir à la découverte d’autres sommets fabuleux.

« Vivre du vert des prés et du bleu des collines,
Des arbres racineux qui grimpent aux ravines,
Des ruisseaux éblouis de l’argent des poissons ;
Vivre du cliquetis allègre des moissons,
Du clair halètement des sources remuées,
Des matins de printemps qui soufflent leurs buées,
Des octobres semeurs de feuilles et de fruits
Et de l’enchantement lunaire au long des nuits
Que disent les crapauds sonores dans les trèfles… »

Cécile SauvageTandis que la Terre tourne.

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Les brumes du Brandenkopf

   Oº°‘¨  Les brumes du Brandenkopf   ¨‘°ºO

chloeka- rando au Brandenkopf-juin 2016-36Ce mois de juin est marqué par des épisodes pluvieux plus ou moins violents et une indiscutable douceur de l’air ce qui met en joie la végétation locale, luxuriante à souhait.

La pluie ne me rebute pas pour explorer les montagnes proches, bien au contraire ! Elle crée une atmosphère fantastique où chaque élément vivant palpite dans toute sa minéralité.  C’est puissant et extrêmement intime. Les humains fuient pour la plupart ces temps pluvieux et, du coup, celui qui ose y pénétrer entre dans un univers de contes et de légendes sorti d’épopées ancestrales, un moment rare et précieux où les émotions peuvent s’exalter dans une union parfaite avec tous les éléments.

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Un moment de grâce absolue.

Dimanche, nous avons été trois courageu.ses.x à affronter la grisaille programmée pour découvrir le plus haut sommet de la Forêt Noire centrale, le Brandenkopf, et nous sommes revenu.e.s…enchanté.e.s !

Il culmine à 933 m., nous sommes parti.e.s à sa découverte à partir du joli village pittoresque d’Oberharmersbach.

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Une pluie torrentielle tombait quand nous sommes sorti.e.s de la voiture.

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En 10 minutes, un ciel d’éclaircies l’a remplacée. Les cieux et leurs humeurs sont fantasques et créent des atmosphères frissonnantes et lumineuses. L’ombre et la lumière nourrissent la nature et la rendent vibrante.

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La montée est en continu à travers des prairies dégagées et des chemins forestiers larges parsemés de petits abris en bois.

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Au sommet, il y a des éoliennes fantomatiques, un restaurant, une tour de 33 m datant de 1929 qui offre un panorama abrité sur les montagnes voisines mais…nous étions dans le nuage.

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Alors, nous avons ôté nos capes de pluie et savouré notre repas. J’avais emporté la mousse au chocolat végane de mon restaurant favori, éthique, strasbourgeois, Vélicious. Elle a parfaitement supporté le transport dans mon sac à dos, juste protégée par un sachet (l’emballage est en amidon de maïs donc compostable) !

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Sur le chemin du retour, la forêt s’est ouverte sur de grandioses panoramas où les nuages tutoyaient les montagnes.

Merci Sarah & Yannick pour avoir partagé ces émotions ♥

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En forêt

[…]
Un vent d’été, qui souffle on ne sait d’où,
Erre en rêvant comme une âme de fou ;

Et, sous des yeux d’étoile épanouie,
La forêt chante avec un bruit de pluie.

Parfois il vient des gémissements doux
Des lointains bleus pleins d’oiseaux et de loups ;
[…]

Germain Nouveau (1851-1920)

 

 

 

Le Brezouard & ses aventures

Hier, Judith et moi sommes parties à la découverte des forêts et panoramas du Brezouard, massif vosgien culminant à 1229 m. pour un tour de 4h15 selon le guide de Bernhard Pollmann « Vosges, 51 itinéraires » des éditions Rother.

L'itinéraire de la randonnée.
L’itinéraire de la randonnée.

Le col des Bagenelles où débute cette randonnée est à 1h30 de Strasbourg, près de Ste Marie aux Mines, sur la route des crêtes. La journée s’annonçait fraîche (enfin !) mais pas humide.

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Dès notre arrivée au col, une splendide vue se déploie vers la vallée proche. Le chemin de rando monte doucement par un joli sentier bordé de conifères, noisetiers, hêtres et très vite, d’autres panoramas se dégagent entre les branches des sapins.

Le club vosgien, très actif, balise correctement les sentiers et il est difficile de se perdre ou de se tromper si l’on reste attentif.

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1ere intersection, nous cherchons notre balise « rectangle rouge ». Et nous nous engageons sur un sentier déjà emprunté mais qui monte tout droit vers le sommet avec une pente hyper raide où la terre meuble constitue l’essentiel de ce chemin.

chloeka-rando au Brezouard Aout 2015-12Je dis à Judith que je trouve ça bizarre. Les montées à flan de colline se font en zigzag et pas sur des chemins où tu glisses tous les deux pas avec une telle pente.  Surtout que le guide ne parle pas de difficultés majeures dans cette balade. Mais, comme nous aimons transpirer, nous montons gaillardement toutes les deux. Pas de rectangle rouge le long de cette montée sportive (heureusement que Phlau n’était pas là, elle m’aurait maudite et bannie de ses ami-e-s à jamais !).

En arrivant, suantes et essoufflées, en haut, nous retrouvons le balisage mais qui s’étire sur deux côtés. Nous décidons de suivre celui de droite. Le guide nous avait promis de beaux panoramas durant cette montée, je trouve vraiment bizarre que nous n’ayons eu que la terre et les racines comme vision ! En suivant le chemin de droite, nous passons devant un beau point de vue sur l’énigmatique Taennchel.

Vue sur le Taennchel.
Vue sur le Taennchel.

Les Vosges sont magiques et regorgent de lieux chargés en énergie et de recoins où vivent les elfes et les sorcières. C’est sans doute pour cette raison que je m’y sens particulièrement bien.

Sur le sommet, la bruyère est en fleur et exhibe un joli tapis violacé.

Notre chemin redescend (normalement pour remonter vers le petit Brezouard). Joli sentier qui longe la montagne, très agréable. Et je trouve qu’il redescend beaucoup pour finalement nous reconduire à notre premier croisement… {soupir}.

Je me dis que Judith et moi devons aimer les montées pour que l’Univers nous en propose une seconde pour le même prix. Évidemment nous remontons par le joli sentier et non la première montée abrupte.

Et là tout reprend son sens et sa logique. Le guide ne mentait pas {ouf}.

Les chemins de racines de hêtres font un escalier naturel agréable, la mousse adoucit l’écorce des arbres et la dureté des roches, l’air est  chargé de délicieuses senteurs boisées.

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Le plus beau point de vue arrive enfin, du haut du petit Brezouard, avec ses quelques sapins calcinés et morts qui lui font un collier tourmenté et apocalyptique. De son hauteur, le paysage se déploie à 360°, vers la plaine d’Alsace, le Taennchel… Les nuages s’accumulent à l’ouest, couvrant les reliefs d’ombres fantasques. C’est beau à couper le souffle.

chloeka-rando au Brezouard Aout 2015 Judith

Nous redescendons, imprégnées de cette nature forte et généreuse. Nous nous enfonçons dans une forêt de résineux, sombres et silencieuses, vigilantes sur le balisage.

Au bout de 3 h de marche, nous nous posons dans un champ pour pique-niquer, dans un site de pâturages à l’orée d’un bois. Puis nous reprenons notre balade vers le hameau de Faurupt où une nouvelle montée par un large chemin nous conduit vers le parking d’arrivée.

De grands fermes vosgiennes jalonnent le chemin, certaines décorées de façon fantaisiste et joyeuse, d’autres plus pastorales et bucoliques, de jolies vaches rousses, noires et blanches, saupoudrées de pois qui leur font une surprenante robe bariolée observent nos déambulations champêtres.

Nous retrouvons la voiture, heureuses et satisfaites et là…la poche où j’avais mis les clefs de contact était ouverte ! Pas de trace de clefs, évaporées, volées par les lutins farceurs des Vosges.

Immédiatement, j’élabore un plan de sauvetage. Il est 16h. Attendre que Phlau rentre du boulot, prenne mon double des clefs (dont je ne suis plus tout à fait sûre de l’endroit où il est), trouve ce col (elle n’a AUCUN sens de l’orientation). Judith propose que plutôt d’attendre inutilement sur le parking, nous refaisions un bout de chemin. Je réfléchis, les deux endroits où j’ai posé mon sac à dos sont ma pause pipi et le déjeuner, à une heure du col des Bagenelles.

Nous reprenons donc notre sentier à travers les pâturages, motivées. Là, les vaches se sont échappées de leur champ pour mon plus grand plaisir où je peux aller en papouiller une ou deux pas trop craintive et qui aime mon enthousiasme tactile.

chloeka-rando au Brezouard Aout 2015- Mmes Vaches échappées de leur champ

En arrivant à Faurupt, nous croisons des randonneurs qui nous demandent quelques indications. Après les avoir renseignés, je leur demande s’ils n’ont pas trouvé des clefs de voiture à tout hasard. Et là, ils me disent « Oui ! près d’une stère de bois coupés. Nous les avons posé sur la première boîte aux lettres. »

J’ai eu envie de les embrasser, je me suis contentée de dire que je les aimais.

Judith et moi courrons vers la fameuse boîte aux lettres, ou nous ne trouvons rien ! Nouveau dépit.

Judith va sonner chez le propriétaire du lieu, lui expliquant nos déboires. Cette personne bien intentionnée avait récupéré les clefs en allant chercher son courrier.

Quand j’étais à Karmaling, chacun pouvait laisser ses objets n’importe où, personne n’y touchait, car « chaque objet a sa place » donc on retrouve toujours ce que l’on a oublié volontairement ou involontairement.

Je savais que les clefs pouvaient être tombées près de ma pause pipi, c’est là où je les aurais chercher après l’endroit de la pause déjeuner. Si nous n’avions pas croisé ces randonneurs, je n’aurais jamais retrouvé mes clefs car trop de personnes bien intentionnées s’étaient occupées de mes clefs > à méditer !

Je remercie quand même l’Univers de les avoir récupérées .

Sur le retour, nous avons rencontré un chat bavard affamé de câlins, un coq et ses deux poules se baladant tranquillement sur un bout de colline et, courageuses, l’esprit allégé, « re-monté » la dernière pente !

chloeka-rando au Brezouard Aout 2015 chloeka-rando au Brezouard Aout 2015- Judith et M. Chat chloeka-rando au Brezouard Aout 2015-

Au final, une randonnée de plus de 5h avec de forts dénivelés et beaucoup d’émotions mais nous aimons ça ♥.

chloeka-rando au Brezouard Aout 2015- message Gandhi