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Les crêtes découpées du Jura suisse

Les vacances de la Toussaint sont les bienvenues dans ce premier trimestre de lycée dense en préparatifs, réunions, corrections, etc.

Cette année j’ai encore décidé de ne pas partir trop loin, moins de quatre heures de voiture de la maison. Se dépayser n’exige pas forcément de longues distances et marcher reste mon moyen le plus efficace pour me recentrer et me déconnecter des tracas du quotidien.

Jesper et Julie m’ont accompagnée pour cette escapade de cinq jours.

Samedi 29 octobre – Jour 1

J’avais réservé un gîte à la Chaux-du-Milieu en Suisse, dans un coin surnommé « La Petite Sibérie ». Le gîte est aménagé dans une ancienne ferme. Il est immense, tout en bois, rustique et préservé. Nous avions chacun et chacune notre chambre. Seul bémol, il est situé au cœur d’une région d’exploitation des vaches et nous ne pouvions pas ouvrir les fenêtre sans entendre le son de leur cloche, monotonie glaçante d’un outil de torture banalisé pour ces êtres. Outil obsolète qui les rend sourdes et n’est justifié par rien. L’espace est cloisonné en prisons à ciel ouvert, elles ne peuvent échapper à leur mort programmée.

Nous sommes arrivées le samedi 29 octobre en milieu d’après-midi. Le temps de nous installer et de prendre connaissance de notre lieu de vie pour cinq jours fut rapide. Nous sommes ensuite parties dîner à Neuchâtel, la ville importante la plus proche, à 30 mn de la maison.

Jesper avait repéré dans l’application « Happy Cow » LE restaurant végane de la cité : Eateco.

Comme nous étions un peu en avance, nous en avons profité pour monter sur les hauteurs de la ville afin de contempler le lac depuis la roche de l’Ermitage qui offre aussi un point de vue exceptionnel sur les Alpes.

Le restaurant végane fut une agréable découverte, le dîner était succulent et l’ambiance conviviale. Je me suis régalée avec un risotto complet à la courge et aux noix accompagné d’une salade de carottes à la sauce amande et de farinata de pois chiche.

Nous sommes retournées à notre gîte de nuit, croisant une multitude d’yeux brillants au détour des virages, roulant le plus lentement possible afin de préserver cette vie nocturne exceptionnelle.

Dimanche 30 octobre – Jour 2

Ma nuit fut courte. Réveillée à 3h30, j’ai eu le temps de peaufiner quelques randonnées pour le séjour.

Nous sommes parties tôt à la découverte du grand canyon suisse, le point touristique à ne pas rater de la région : le Creux-du-Van, 15 km² de nature protégée où s’épanouissent bouquetins, chamois, chevreuils, lynx et grand tétras. Les températures étaient quasi estivales. Nous avons fait un circuit de 11,5 km et de 646 m de dénivelé avec une pente abrupte. Les pentes escarpées sont le lot du Jura constitué de blocs calcaires massifs et carrés.

Dès notre montée, nous avons croisé deux puissants bouquetins qui mangeaient tranquillement sur le sentier. Nous avons donc coupé à flanc de montagne afin de ne pas les déranger. C’est la première fois que je croisais cette impressionnante chèvre sauvage, peu farouche.

Arrivées au sommet de la pente, le panorama est impressionnant. Les couches de calcaire qui forment l’extraordinaire cirque rocheux du Creux-du-Van ont été déposées par une mer primitive il y a près de 200 millions d’années. Le glacier, par alternances de gel et de dégel, puis les ruisseaux ont sculpté un spectaculaire amphithéâtre, particularité géologique typique du plissement de la chaîne du Jura.

Le sentier qui longe le cirque est balisé et étroit afin de préserver la flore fragile des lieux. Nous sommes montées jusqu’à la Croix du Soliat à 1464 m d’altitude offrant un point de vue exceptionnel sur les Alpes.

Nous avons aussi croisé un troupeau de chamois, qui se déplaçait en escaladant tant bien que mal les barbelés qui enferment ce paysage pour les besoins non vitaux de la pratique arriérée de l’élevage.

D’ailleurs, les éleveurs ont placé régulièrement des panneaux hypocrites disant que les « bovins entretiennent le paysage ». Panneaux installés parfois quelques mètres après ceux rappelant qu’il faut préserver la flore sauvage ! Il semblerait que les vaches suisses sachent faire la différence dans les plantes qu’elles vont brouter. Au-delà de cette fumisterie, la nature n’a pas besoin d’être façonnée par des bovins, de plus ces prisons bloquent et limitent la circulations des autres êtres qui y vivent. Les champs infinis de pâtures n’ont aucun lieu d’exister et n’embellissent en rien le paysage, bien au contraire.

Nous sommes redescendues tranquillement par un chemin moins escarpé pour rejoindre le parking où nous étions garées près de la Ferme Robert.

En rentrant au gîte, Julie et moi nous sommes accordées une parenthèse danse, l’espace immense et ouvert de notre habitacle s’y prête parfaitement.

Lundi 31 octobre – Jour 3

Aujourd’hui c’est la découverte des Gorges de l’Areuse.

« L’Areuse, habituellement paisible, s’écoule avec fracas dans les gorges de l’Areuse, longues de 11 km, situées entre Noiraigue et Boudry dans le canton de Neuchâtel. Un magnifique sentier de randonnée longe le lit de la rivière, par endroits tranquille et à d’autres tumultueuse. Le sentier emprunte des ponts de pierre, des passerelles et des escaliers, traverse des étranglements rocheux et longe des parois rocheuses remarquablement abruptes. »

Ces propos recopiés du site mis en lien expriment parfaitement l’ambiance du parcours du jour. Les températures ont chuté et nous sommes parties sous un ciel gris et chargé d’humidité. Nous avons longé la voie ferrée sur deux kilomètres, l’Areuse suit également cette voie avant de bifurquer vers les falaises qui vont l’encercler. Le spectacle au « Saut du Brot » et son vieux pont de pierre très romantique est impressionnant. Par contre, l’essentiel de la randonnée se fait sur des sentiers goudronnés ce qui est moins agréable.

En fin de journée, nous sommes parties découvrir la petite cité de Neuchâtel et les rives de son lac. C’était Halloween et les maisons s’étaient habillées de décors macabres. Nous sommes retournées dîner à Eateco pour l’occasion.

Mardi 1er novembre – Jour 4

La météo annonçait des torrents de pluie dans la nuit et en matinée. Le paysage des prisons à ciel ouvert s’est davantage appesanti sous le crachin qui tombait. Le gris noyait le vert. Nous avions décidé de découvrir l’autre lieu vegane de la région : la Crème renversante se situant à la Chaux-de-Fonds. C’est un bar à chocolat qui propose aussi des petits plats salés le midi.

Des cieux plus calmes étaient prévus pour la fin de matinée. Nous avons décidé de faire une randonnée sur les hauteurs de la Chaux-de-Fonds mais la pluie ne s’est pas calmée et le paysage était noyé d’eau et de brume. Nous avons traversé une infinité de champs clos où de pauvres vaches mugissaient à fendre l’âme. Le point de vue était totalement bouché. Nous avons écourté cette randonnée pour aller nous réconforter dans un lieu chaleureux.

La Crème renversante nous a proposé une succulente tarte salée sans gluten ainsi que de savoureux desserts. Nous avons fini par déguster un délicieux et immense chocolat viennois chaud.

Rentrées tôt et repues, nous avons fini la journée devant un film léger, profitant de ce temps de repos pour nous ressourcer.

Mercredi 2 novembre – Jour 5

Pour cette dernière journée, nous sommes parties à la découverte des Aiguilles de Baulmes, au départ de Ste Croix, à trente minutes en voiture du gîte. Elles forment un ensemble de crêts dont le point le plus élevé culmine à 1 558 m d’altitude. D’ailleurs ce point le plus élevé était noyé dans une mer de nuages au départ. La montée fut rude (40% par endroit), presque à flanc de falaise entre rocailles et racines glissantes, terre gorgée d’eau des dernières pluies.

La ligne de crête s’étend sur 4 km et la vue s’est dégagée peu à peu, offrant des échappées incroyables jusqu’au lac Léman et sur les Alpes encore baignées de nuages cotonneux.

C’est une très belle randonnée aux vues toutes plus surprenantes les unes que les autres. Le versant nord abrupt est couvert d’une hêtraie-sapinière. Le versant sud est constitué par une falaise calcaire avec des ourlets de prairies et prés-bois. Une réserve forestière de 106 hectares couvre le sommet du crêt. Cet espace est bien moins fréquenté que le Creux-du-Van et d’autant plus appréciable.

Les températures ont bien baissé depuis le 1er jour et sont plus de saison. La neige est annoncée pour le week-end mais nous repartons demain tôt.

Un autre monde est possible #stopElevage

Hormis l’élevage omniprésent, pesant, les sommets restent à peu près des lieux où nous pouvons nous déconnecter de notre humanité assassine. Et puis, notre entente fut chouette pendant cette pause de cinq jours. D’ailleurs, j’ai fait le choix d’utiliser le féminin pluriel dans mes accords puisque nous étions deux filles et un garçon.

A tous les mangeurs et mangeuses de cailloux 😉 LOVE

Toute progression passe par un changement de regard sur les normes.

Explorations végétales

Mes cyanotypes

Cet été fut celui où j’ai repris mes envies d’explorer ce que la nature nous offre pour créer. La photo restant ma passion de base, je me suis penchée sur les processus intégrants cette technique et j’ai découvert les cyanotypes.

Le cyanotype est un procédé photographique monochrome négatif ancien par le biais duquel on obtient un tirage photographique bleu de Prusse, bleu cyan.

Cette technique a été mise au point en 1842 par la botaniste Anna Atkins.

Le procédé utilise deux produits chimiques :

On mélange en volumes égaux une solution à 8 % (masse sur volume) de  ferricyanure de potassium et une solution à 20 % de citrate d’ammonium ferrique.

Ce mélange photosensible est ensuite appliqué sur une surface papier. On laisse sécher dans l’obscurité ce support préparé. Une fois le papier sec, les expérimentations peuvent commencer.

Le papier devenu photosensible est exposé au soleil avec des végétaux qui vont imprimer sa surface de leur ombre. Puis il est passé sous l’eau pendant cinq minutes pour révéler le bleu si typique du cyanotype.

Les nuances mettent 24h à se révéler complètement.

J’ai exploré le processus au début de l’été et cela m’a rappelé les photograms que je créais dans les années 80-90 quand j’initiais les élèves à l’aventure photographique argentique.

Très vite, j’ai eu besoin d’aller au-delà de la monochromie bleue du cyanotype de base et j’ai découvert les « cyanotypes humides ». C’est à dire qu’on va humidifier le papier photosensible avec de l’eau, du savon, du vinaigre, etc. On va l’exposer beaucoup plus longtemps aux rayons du soleil (parfois 5 h !).

J’ai laissé mon imaginaire opérer et j’ai rajouté des épices que j’avais sous la main, puis des pigments que j’ai achetés aux Ocres de France.

A partir de là, ce fut pour moi une révélation. J’ai adoré ce qui se révélait avec chaque œuvre créée. Et je me suis mise à observer de plus près toutes les feuilles que je côtoyais. J’ai ainsi découvert des essences d’arbres dont j’ignorais l’existence. Par exemple le chêne rouge d’Amérique m’a fait découvrir que le genre Quercus comprend entre 200 et 600 espèces !!! (chiffre variable selon les classifications vu le nombre important d’hybrides).
En tout cas, pour le chêne rouge d’Amérique, ses grandes feuilles atteignent de 12 à 22 cm en moyenne et se distinguent de celles des chênes caducs européens par leurs 4 à 6 lobes anguleux à extrémité plus ou moins épineuse. Je suis tombée en amour de ses feuilles.

J’ai aussi craqué pour toutes les espèces d’érable et les feuilles de courgettes jaunes à la dentelle si délicate.

Et puis, j’ai été au-delà, je me suis appropriée chaque création, j’en ai retravaillé certaines dont je n’étais pas satisfaite, y intégrant de la peinture aquarelle ou acrylique.

J’ai entrouvert une dimension où je me suis laissée emporter, heureuse de ce que j’y découvrais.

Quelques formats carrés : 17×17 / 21×21 / 27×27

Escapade sur les rochers de La Petite Pierre

Je ne sais pas pourquoi j’ai une tendresse particulière pour les Vosges du Nord, sans doute le fait que ses sentiers soient moins arpentés que celles du Sud y est pour beaucoup mais pas seulement. Il s’en dégage toute une poésie de conte oublié quelque part dans un coin de ma mémoire, une résurgence de l’enfance où je me dis qu’ici je peux lâcher ce qui me pèse, que ces escapades m’emportent dans leur quiétude vers d’autres rives, loin de cette humanité qui m’oppresse souvent… Mon coin d’utopie, celui où je me sens chez moi et où les limites s’évaporent.

C’est une randonnée facile et bucolique que je vous propose, sur les sommets gréseux près de La Petite Pierre, commune du Bas-Rhin située dans le parc naturel régional des Vosges du Nord.

A cet endroit, la couche de grès, formée il y a 250 millions d’années atteint environ 300 mètres d’épaisseur. La pluie et les ruisseaux ont érodé et façonné la roche formant ainsi les falaises, les pitons, les vallées et les cuvettes des Vosges du Nord.

J’y étais en février et y suis retournée début mars, une de mes dernières « sorties » avant cette étrange période de libertés supprimées. Le circuit est jalonné de rochers aux points de vue splendides.

Le départ se fait au parking de la Maison forestière Groupement Ornithologique du Refuge Nord Alsace. C’est l’entrée du site Natura 2000 « Vosges du Nord » et de la Réserve nationale de chasse et de faune sauvage de La Petite-Pierre. J’ai toujours du mal à associer tuerie (chasse) et la protection d’un espace. Mais je ne vais pas m’étendre sur ce sujet. Le lobby de la chasse est puissant et sait s’immiscer dans les plus hautes instances pour justifier ses tueries.

Les milieux traversés sont rares et protégés. La balade nous emmène d’abord vers le rocher de Loosthal (367 m.) , premier point de vue sur les collines boisées de résineux et de feuillus encore dénudés au coeur de l’hiver du Spitzberg et du Brudersberg.

Le rocher suivant est le Finkenstein mais il n’est pas accessible, protégé par une corde qui en interdit l’accès pour cause de nidification. Les panneaux interdisant son accès ne sont pas plus explicites.

Très vite on arrive au Rocher du Cerf (le Hirschfels), la vue est à couper le souffle. Excepté le château de Hunebourg aucune construction humaine n’apparaît. Ce domaine est l’endroit de prédilection du cerf élaphe . Un petit kiosque s’y trouve. En mars, un sapin s’est effondré sur lui suite aux violentes tempêtes de cette période mais ne l’a pas détruit.

Le chemin se poursuit vers la route forestière du Breitschloss, nous arrivons rapidement à la zone marécageuse du Lach pour le plus grand plaisir de Suzy.

La balade continue sur de larges sentiers qui nous amènent tranquillement au Rocher du Saut du Chien (le Hundsprung) composé de trois plateformes.

De là, un magnifique panorama s’offre à nous et nous décidons de nous poser à cet endroit pour pique-niquer (début mars). Une légende raconte que certains soirs d’été, quand le temps orageux perturbe les animaux, un grand chien noir aux yeux de feu saute d’un rocher à l’autre. Malheur aux passant-e-s qui voudraient le suivre, car il ou elle tomberait dans le vide et cette chute serait fatale. Mais heureusement, depuis la construction des trois passerelles, on risque moins de tomber dans le piège de cet étrange animal.

Gaston et Colette. L’enjeu de la pomme.

Ensuite on a fait un petit aller-retour jusqu’au rocher du Bélier pour nous repaître encore de cet extraordinaire panorama boisé mais sous un autre angle. Je ne me lasse pas de ces immenses solitudes délaissées des humains.

Le retour se fait par la Cabane du Breitschloss, étrange petite maisonnée isolée au cœur de la route forestière goudronnée du même nom que nous empruntons sur quelques centaines de mètres. Ensuite nous bifurquons sur notre gauche pour suivre le chemin du Mühlkopf. Ce dernier nous amène à d’autres points de vue sur La Petite Pierre cette fois ci.

Route forestière du Breitschloss

Le retour suit, par des sentiers moussus et d’autres points de vue impressionnants, la route forestière du Breitschloss sur les deux derniers kilomètres. Nous y trouverons même un bois de cerf.

Ce qui est certain est que j’y retournerai dès la levée du confinement, histoire de découvrir ces contrées noyées dans le camaïeu vert du printemps avancé.

14 mai.

3 jours que le déconfinement est en place. Chose promise, chose faite : je suis retournée sur les sentiers boisés de cette contrée et les verts ont enchanté la forêt…

Mes eaux fortes et mes brumes

chloeka - eaux et neige
Eaux & neige.

 

 

Quand les âmes veillent dans le blanc et le silence.
Quand les âmes veillent dans le blanc et le silence.
Les berges d’un lac sauvage en Forêt Noire : le Wildsee.

 

Le Noir&Blanc…mon passé aimé.

L'infinie de la route désertée * Automne *
L’infinie de la route désertée * Automne *

J’ai découvert le monde de la photo avec un reflex entièrement manuel (merci papa !) et de longues heures enfermées dans mes labos de tirage où je pouvais oublier le temps.

Je reste fidèle à l’émotion que porte le Noir & Blanc.

Eux & la neige.
Eux & la neige.
chloeka - brumes et eaux.
L’eau, la brume, le matin.

Je n'ai pas effeuillé la marguerite.
Je n’ai pas effeuillé la marguerite.

Là-bas, le Ventoux et sa complainte de nuages.
Là-bas, le Ventoux et sa complainte de nuages.

Mon chemin de brumes.
Mon chemin de brumes.
Arum blanc
Arum blanc
Instant suspendu où la tige s'est fossilisée dans un carcan de bois fragile au bout duquel tremble la baguette d'une fée.
Instant suspendu où la tige s’est fossilisée dans un carcan de bois fragile au bout duquel tremble la baguette d’une fée.
Iris libre au bord de mes étangs proches.

Au-dessus des nuages, le Melkereikopf

Au loin, la ligne bleue des Vosges.

Où ai-je passé la première journée de cette nouvelle décennie ?

Sur les larges sentiers d’un sommet allemand que j’affectionne pour ses vues dégagées qui emportent loin l’imaginaire et abritent mes rêves et mes espoirs : le Melkereikopf.

Ce sommet culmine à plus de 1000 m. d’altitude et offre de beaux panoramas sur la vallée du Rhin et les vallons voisins de la Forêt Noire.

Situé à 1h de route de Strasbourg, c’est un endroit idéal pour se déconnecter du froissement urbain et de la pollution qui stagne souvent dans la plaine d’Alsace.

En ce 1er janvier, une purée de pois, à la grisaille pesante, plombait la ville à peine éveillée des violences de cette nouvelle année. Oui, violence. Un mort humain tué dans son jardin … et je ne parle pas de toutes les vies inquiétées, terrorisées et décédées des autres animaux pour cette tradition déplorable des pétards à lancer lors de ce jour de l’an qui n’est que le choix arbitraire d’une temporalité rythmant le cycle annuel. Une impression de guerre envahit les rues strasbourgeoises à ce moment là et me décourage, à chaque fois, d’avoir foi en mon humanité.

Les trottoirs, au petit matin, étaient jonchés d’immondices.

Nous avons fui cet état sinistré, cette grisaille moribonde, cet univers apocalyptique.

Je sais que là-haut, dans mes montagnes proches, la lumière et la sérénité sont au rendez-vous.

Nous sommes parti-e-s à 6 humains et 4 chiens dans la grisaille de ce lendemain d’excès vers d’autres paysages.

Là-haut, nous avons défait et refait le monde.

Nous nous sommes gorgé-e-s des vues époustouflantes au camaïeu bleu, estampes dessinées par la nature où se perdaient nos espérances. Nous avons rêvé d’un autre monde, plus respectueux. Nous avons aussi contemplé en silence la beauté des vallons se déployant à l’infini. Nous nous sommes repu-e-s de cet air vivifiant où dansaient des éclaboussures de soleil.

« Ma bande » d’activistes prêt-e-s à œuvrer pour un monde plus juste. Tous les individus présent-e-s sur cette photo ne sont pas zoophages, en cohérence avec les actes qu’iels posent.

« Nous rêvons au bonheur universel, nous voulons l’humanité libre et fière, sans entrave, sans castes, sans frontières, sans religions, sans gouvernements, sans institutions.  » Louise Michel

Le Schurmsee, mon précieux.

Dans mon circuit d’eau de cet été, je continue mes explorations des lacs glaciaires du Nord de la Forêt Noire.

Cette fois ci c’est au Schurmsee que je vous emmène. En raison de son emplacement isolé il est l’un des lacs les moins visités de ces vallons boisés.  Je l’avais repéré sur mes cartes topographiques, petite tache bleue isolées au cœur du vert des forêts.

J’ai testé un circuit qui nous a amené à faire plus de 1000 m de dénivelé et 18 km. Nous avons traversé des chemins oubliés, envahis de fougères, de mousses humides et de rochers au chaos apocalyptique. Sente escarpée à flanc de falaise, obturée par des troncs gigantesques de sapins tombés là, vestiges de l’hiver qui fut rigoureux et dévastateurs pour les résineux.

Je vous ai redessiné un tracé plus faisable, moins dangereux et légèrement plus court (15 km).

La randonnée part du village d’Hundsbach, il faut prendre un chemin qui descend entre les maisons et qui est indiqué comme étant « privé » car il est interdit à la circulation des voitures. Ce chemin conduit par une forte pente à un pont au-dessus de la rivière qui coule au pied du village. A partir de là on emprunte de larges sentiers qui se font sentes au fur et à mesure de la montée, bordés d’une magnifique forêt de résineux, fougères, mousses et bruyères en fleurs parfumant notre chemin qui nous conduit au Schurmseehöhe sur 4 km.

C’est le point de vue sur le lac à 960 m d’altitude, un banc invite à une première pose contemplative.

La beauté farouche de ces cirques m’émeut toujours. Le temps semble se suspendre là, dans une éternité improbable où s’efface tout ce qui me pèse. Marcher m’allège. C’est comme si je me délestais de tout ce qui entrave mes pensées. La nature à cet effet puissant sur moi d’apaiser toutes mes colères et de me rendre juste contemplative et émerveillée par ce qui palpite autour de moi et en moi.

La descente vers le lac fut épique et dangereuse car le chemin n’a pas été déblayé depuis cet hiver, est entravé et délaissé (j’ai donc modifié le tracé).

Il est possible de faire le tour du lac, situé à 794 mètres d’altitude, ses abords proches sont inaccessibles afin de préserver le biotope, protégé par une barrière de bois. Ce lac s’est formé à la fin de la dernière période glaciaire, il y a environ 100 000 ans. C’est un des plus profonds lacs glaciaires de la Forêt Noire (13 m de profondeur). Un tiers du lac est déjà ensablé. A long terme, il sera complètement envasé. Sa couleur sombre et dorée, comme toutes les eaux de la Forêt Noire que je traverse, est due aux substances humiques. Cette couleur fuligineuse me fascine, baignée par le soleil, elle prend des reflets or miroitant dans les éclaboussures de lumière qui la rendent précieuse et incomparable.

Je pourrais rester des heures dans ces creux de nature. Juste posée là à écouter ces vibrations infimes qui résonnent dans chaque cellule de mon corps.

La forêt autour du lac est luxuriante et nuancée d’un camaïeu vert, témoin de la richesse de son écosystème.

Le retour se fait par de larges sentiers qui offrent de belles vues sur les collines avoisinantes.

Nous avons fait une dernière pause sur le chemin du retour, au pied du village, là où chante la rivière sur les rochers moussus, des bancs nous ont invité-e-s au repos.

« Nul ne peut, sans se dépasser, apprendre de lui-même qui il est. Ce qu’on croit en penser n’a aucune importance : il faut y aller voir, y aller, se risquer, jusqu’à ce que le mystère passe de notre côté. » Armel Guerne (1911-1980)

Mitteltal, le village aux milles sources

Je vous invite à parcourir un circuit empreint de poésie où les larges chemins empierrés parsemés de framboisiers sauvages et de myrtilles (nous nous sommes régalées) alternent avec des sentes à flanc de coteaux tapissées de racines qui font de noueux escaliers pour monter vers les sommets aux vues panoramiques. Les chemins traversent des forêts où les mousses et les fougères forment de généreux tapis verts. L’eau ruisselle partout sous diverses expressions et rafraîchit les jours d’été caniculaires.

Vue sur Mitteltal.

Ce circuit débute à Mitteltal souvent désignée, en raison de ses nombreuses eaux, comme village de sources.

Le circuit de cette randonnée de 16 km est téléchargeable.

Circuit de la randonnée.

Les premiers kilomètres se font le long d’une rivière, la Boserellbach et sont parsemés de fontaines et de chalets où s’abreuver et se poser.  Cette surprenante rivière a été aménagée en escalier par l’humain, ce qui lui fait des paliers chantants et parfois elle se transforme en cascade joyeuse, dévalant gaillardement ces marches empierrées surprenantes.

Vers le 5è km, un pont en bois la traverse et nous conduit vers les hauteurs ravagées en 1999 par l’ouragan Lothar en passant devant la Sauerbrunnen (qui signifie puits acide). La pierre où s’écoule l’eau a pris une surprenante couleur or car c’est une source de soufre.

La Sauerbrunnen

Le décor de cette montée est impressionnant. La jeune végétation y est vigoureuse et dense.

Vue en arrivant en haut de la montée.

On arrive très vite au sommet, le chemin s’élargit, deux, trois bancs sur ce parcours invitent à la contemplation des collines boisées enchanteresses qui se déploient sous nos yeux. On reste sur ce sentier de crête un bon kilomètre avant de reprendre la descente toujours par de larges pistes caillouteuses. Sur les panneaux, on suit la direction de Mitteltal, 7,5 km.

Après le 8è kilomètre, on pénètre à nouveau dans la forêt magique. Au détour d’un virage, les Rosshimmel Wasserfall nous surprennent. Cascade toute en hauteur, grandiose, au cœur de toute cette verdure.

Rosshimmel Wasserfall

Le chemin se poursuit tranquillement vers l’Ellbachsee, lac glacière située dans une réserve naturelle régie par la législation européenne sur la protection de la nature, Natura 2000.

Ce lac, niché dans un cirque boisé, est en phase d’envasement, des îles de tourbe y flottent. Il est peu profond, ses eaux noires content à l’imaginaire de fabuleuses histoires habitées par les sorcières qui peuplent ces espaces. La Forêt Noire la bien nommée.

L’Ellbachsee.

La randonnée se poursuit à travers le Gutellbachtal vers Mitteltal. Près du 11è kilomètre, il faut être attenti-ve-f, soit on passe à gauche d’un ru et on continue sur un chemin « facile », soit on traverse ce ru et on prend un tout petit sentier nommé « Abenteuerpfad » sur la carte, quasi caché mais indiqué par un losange blanc cerclé de bleu et vert. Cette sente s’enfonce dans les résineux, traverse des bosquets de myrtilles, des eaux ruisselantes, des forêts impressionnantes de fougères, serpente dans la montagne, chemin sans doute emprunté par quelques êtres d’un monde fantasque mais visiblement par peu d’humains.

Quand la sente rejoint l’allée plus large, en bas, un panneau indique qu’il s’agit d’un « Chemin d’aventure », il met en garde que ce chemin doit être « emprunté par des randonneurs et randonneuses expérimentées et bien équipées ». Et bien, nous sommes ravies de l’apprendre après la traversée. C’est sans doute mieux ainsi, notre pas est resté sûr et confiant alors que si j’avais découvert ce panneau au départ, j’aurais été plus craintive.

Chemin d’aventure – ce chemin doit être emprunté par des randonneurs et randonneuses expérimentées et bien équipées  !

Après le 12e km, il faut être attenti-ve-f pour prendre un autre petit sentier sur la gauche qui traverse une zone moussue, tapissée de fougères et peuplée de résineux qui conduit à un campement dans une large clairière où nous trouvons des bancs installés autour d’un foyer, une boite étanche contenant un carnet noir où laisser une trace. Nous nous posons. Il s’agit du trekking camp de Gutellbach.

Les derniers kilomètres se font le long d’une autre rivière, la Guter Ellbach, au cheminement tout aussi bucolique. Les framboisiers sauvages y foisonnent. L’eau continue de ruisseler de partout. Le village porte bien son surnom.

Ego portrait à la fenêtre.

« A l’échelle cosmique, l’eau est plus rare que l’or. » 
Hubert Reeves

Mes paysages sublimés

Un jour je me suis égarée dans les paysages de Jan van Goyen, peintre et dessinateur néerlandais du XVIIè siècle.
Ils ont porté mon imaginaire et transcendé ma réalité.

chloeka - le chemin enneigé
Le chemin givré.

"Ma" gallinula chloropus
« Ma » gallinula chloropus

Chemin de fin d'été.
Chemin de fin d’été.

La Baie de Somme en mai.
La Baie de Somme en mai.

 http://www.wga.hu/frames-e.html?/html/g/goyen/index.html

Ballastière, 1er jour de décembre 2017, lumière du soir.