Cet été pas de voyage prévu. En fait, l’été est le moment où je peux profiter du jardin, flâner, paresser et être totalement libre de mes désirs dans un lieu que j’aime et qui m’est familier : ma maison.
Les derniers mois ont été très laborieux et harassants, le militantisme me prend beaucoup de temps et d’énergie et mon enquête dans une pisciculture locale alsacienne m’a très fortement éprouvée. Je navigue entre la colère et la tristesse. Me résigner est impossible. Alors j’ai besoin de m’évader et j’ai la chance de vivre à côté de montagnes légendaires où je peux y perdre mes pas et me retrouver entière au cœur d’une nature dont chaque vibration fait écho aux palpitations de mes pensées.
Pour choisir mes destinations, je pars de mes cartes topographiques que j’étale sur la table de mon salon et je peux passer des heures à les parcourir, me projetant avec bonheur dans les courbes de relief, les tracés et les noms qui sont déjà mon début d’aventure. Par ces éprouvantes chaleurs, mes choix sont guidés par la présence soit d’un lac, soit d’une cascade. Rester en zone urbaine est étouffant et il y a toujours plus d’air et de fraîcheur sur les sentiers boisés de la Forêt Noire ou des Vosges, bien que j’aie une tendresse très particulière pour la première.
Aujourd’hui je vous emmène à la découverte d’un un petit lac glaciaire à 747 m d’altitude, niché dans un cirque verdoyant, formé il y a environ 25 000 à 30 000 ans : le Huzenbachersee. Il est au cœur de la forêt, à quelques kilomètres du joli village de montagne qui porte le même nom : Huzenbach, rattaché à la municipalité de Baiersbronn. Beaucoup de légendes lui sont liées.
C’est un tour circulaire de 11 km et un peu plus de 600 m de dénivelé. Les sentiers empruntés sont larges, faciles et enrésinés.
La pluie a même été présente un moment, un cadeau par ces températures caniculaires. Je ne l’attendais pas. J’étais en sandales (oui je randonne parfois en sandales car je n’aime pas me sentir emprisonnée dans le carcan des chaussettes + chaussures). D’ailleurs je n’ai pas de chaussures de randonnée. C’est soit sandales, soit mes baskets légères que j’utilise aussi pour courir.
La seule difficulté de cette marche est la descente vers le lac. C’est aussi le moment le plus beau et le plus féerique. La sente est étroite, raide et sinueuse, elle sillonne le flanc de montagne avec quelques troncs d’arbres en obstacles et beaucoup de racines noueuses et de fougères luxuriantes. Une petite cascade, malheureusement à sec quand nous y étions, la traverse, au bout de ce chemin, le lac à la surprenante géométrie.
Une île circulaire s’y trouve, pelouse flottante constituée d’un réseau dense de racines, de mousses et de jeunes bouleaux. Le tarn est habité par une myriade de nénuphars jaunes dont les fleurs sont becquetées par les canards.
On s’est posé là et on a déjeuné.
La végétation autour du lac est surprenante. En 2012, une tempête a détruit près de la moitié de la population d’arbres. On a le sentiment d’une fin de monde, d’un chaos apocalyptique déjà englouti par une nature puissante qui reprend ses marques. Les troncs brisés, écorchés, blanchis font des fantômes immobiles qui témoignent de leur grandiose vie passée.
Le retour se fait en traversant cette lande renaissante, puis le long d’un ruisseau, le Seebach, bienvenu pour rafraîchir Suzy qui nous accompagne. Les résineux reprennent très vite la prééminence dans la forêt.
Époustouflant ! ❤️