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L’automne en Vasgovie

Samedi 21 octobre 2023

Cela fait déjà un moment que j’avais envie de passer quelques jours dans la forêt au-delà de la frontière au Nord de l’Alsace. Cet espace boisé infini qui s’offre à la vue depuis le sommet des châteaux forts peuplant les Vosges du Nord. Je l’ai côtoyée parfois, lors de brèves incursions en Allemagne, quand je vais explorer ces châteaux semi troglodytes que j’aime tant.  Ces doux vallons boisés qui s’étendent à perte de vue m’invitent aux rêves loin des turpitudes du monde.

 » La forêt palatine rassemble un ensemble continu de contrées environnées de montagnes forestières dans le land de Rhénanie-Palatinat en Allemagne. Il s’agit d’un reliquat d’une vaste « foresta » placée sous l’autorité des comtes du palais impérial à la fin de la dynastie carolingienne. Ces dignitaires émancipés en partie du pouvoir régalien sont devenus les comtes palatins du Rhin, laissant à leur principauté le nom de Palatinat.

La forêt palatine forme par ailleurs un ensemble géomorphologique unique avec les Vosges du Nord, rassemblé au sein de la réserve de biosphère transfrontière des Vosges du Nord-Pfälzerwald. Cet ensemble est étroitement lié au massif des Vosges, dont il n’est séparé que par le col de Saverne. » Source : WIKIPEDIA

Pour ces trois jours de découverte, j’ai choisi un gîte au pied des vignes à Pleisweiller-Oberhofen. C’est à 1h30 de la maison, à côté donc, et c’est totalement dépaysant. Inutile de parcourir de longues distances pour se sentir ailleurs. Suzy et Rosa étaient du voyage.

Parfois, je sépare les chiennes pour offrir d’autres alchimies dans leur quotidien. Le combo Emma/Rosa est quelquefois difficile à gérer parce qu’Emma est l’idole de Rosa et que cette dernière fait un peu n’importe quoi quand Emma est en balade avec nous. En outre, pour Emma, cela lui permet de souffler aussi car « l’amour » de Rosa est, par intermittence, envahissant pour elle.

Nous avons débuté par un petit circuit de 11km à partir de Göcklingen, village viticole lové au cœur des vignes sur la route des vins du Sud du Palatinat.

De nombreux circuits de randonnées traversent la forêt, de nombreuses ruines l’habitent. La balade fut riche en points de vue, en ruines visitées. Une tour en grès, construite en 1886, la Martinsturm, était notre point culminant à plus de 500 m. d’altitude. C’est une tour d’observation de 14 m de haut . Elle a entièrement été rénovée dans les années 1990, le bâtiment est classé. Dans le passé, elle était également utilisée pour la protection contre les incendies de forêt , mais aujourd’hui, elle n’a qu’une importance touristique. Lorsque la visibilité est bonne, le panorama s’étend sur l’ Odenwald , la Forêt-Noire et les Vosges.

L’autre grande attraction de notre petit périple fut la visite du Burg Landeck, ruine du XIIe s. plutôt bien conservée, avec un remarquable donjon carré et imposant visible de loin, depuis la plaine.

Beaucoup de monde le côtoie, un samedi lumineux d’octobre en plus. Un restaurant trône à l’intérieur et offre deux plats copieux et succulents véganes, la belle surprise de fin de randonnée. Evidemment, nous avons commandé les deux plats et nous nous sommes régalées.

A 17h, découverte de notre gîte qui est parfait, propre, hyper confortable et nos hôtes sont chaleureux et accueillants. Une douche bienvenue va clore cette journée riche en découvertes et en belles surprises.

Dimanche 22 octobre 2023

Le gîte est vraiment exceptionnel, la literie est extraordinaire de confort, j’ai le sentiment de dormir sur un nuage. L’endroit est incroyablement calme. C’est une tanière de luxe où on se ressource pleinement.

Ce matin, nous sommes parties explorer de nouvelles pistes à dix minutes de notre lieu de vie temporaire. Onze kilomètres et presque cinq cent mètres de dénivelé avec un ressenti de vingt kilomètres parcourus tant les paysages sont variés et offrent des panoramas tous plus beaux les uns que les autres. Nous avons fait un circuit sur les vallons qui dominent la plaine, au départ du village viticole de Leinsweiler, sur la route des vins du Sud.

La forêt qui surplombe cette partie du paysage s’appelle la Vasgovie. Composée en grande majorité de châtaigniers, hêtres et chênes, elle est remarquable par ses vallons profondément encaissés et ses ruines médiévales qui jalonnent ses sommets boisés.

L’automne sublime ses sentiers d’ors et de bruns chatoyants.

La montée un peu rude nous a conduit à une première ruine qui offre un panorama époustouflant à 360° sur la plaine du Rhin et tous les vallons qui lui font un contrefort boisé : le Neukastel. Il ne reste qu’un promontoire rocheux de ce château du XIIè s. culminant à 459 mètres d’altitude. De forts vents activaient la course des nuages et créaient une ambiance voilée sur la plaine s’étendant à perte de vue.

Le temps suspendu à l’élan fou des nuages…

Nous avons traversé des forêts immenses, pénétrant au cœur de ces vallons encaissés où des vues incroyables se déployaient par endroit, offrant des panoramas sur les rochers et ruines que nous allions découvrir.

Chaque détour de sentiers déployait d’autres paysages, tous plus beaux les uns que les autres, loin des bruits de l’humanité.

Nous avons fini nos découvertes par les ruines du château de Scharfenberg qui n’est pas ouvert à la visite et l’impressionnant site du château rupestre d’Anebos à 463 mètres d’altitude. Ces sites font partie d’un ensemble de trois châteaux médiévaux : les Trifels. C’est également un lieu d’escalade.

Les contreforts rocheux sont colossaux et la vue qui s’y déploie est spectaculaire, notamment depuis les ruines du château d’Anebos vers le Trifels, le mieux conservé des trois.

Repues, nous sommes redescendues par de larges sentiers vers Leinsweiler que nous avons pris le temps de visiter avant de retourner au gîte.

Lundi 23 octobre 2023

Le ciel se couvre et les températures baissent, l’or des forêts et des coteaux viticoles n’en reste pas moins beau.

J’ai presque dormi 10 heures la nuit passée. C’est bien reposée que je pars pour la dernière randonnée de notre séjour. Nous allons nous enfoncer au cœur des vallons de la Vasgovie. L’objectif du jour est le site de Rötzensteinpfeiler. Il semblerait que ce soit l’un des endroits les plus impressionnants de cette forêt, il culmine à 460 m d’altitude. C’est un long récif rocheux gréseux qui s’étire en aplomb d’une montagne, son mur escarpé de 50 m. est apprécié des personnes pratiquant l’escalade. Sur sa pointe la plus extrême trône une croix qui ouvre sur un grandiose panorama.

La vue est effectivement époustouflante sur les vallons qui s’étirent dans un infini bleuté, nature insoumise à perte de vue où pointent par endroit, les vestiges des châteaux médiévaux qui rappellent le passé glorieux de ces contrées délaissées. Pas un humain sur les sentiers empruntés, le lieu est aussi désert.

C’est là que je voudrais que le temps se suspende. Bulle primitive d’émois décuplés où toute cette beauté me nourrit, je me sens repue et apaisée. Peu de paysages provoque un tel sentiment de complétude chez moi.

Même Phlau qui préfère les forêts aux panoramas est conquise !

Quand nous quittons ce lieu fascinant, c’est pour le découvrir depuis la crête voisine, 3 km plus loin, où s’étale un autre amas rocheux remarquable : les Kieungerfelsen. L’accès par le Sud est difficile, pentu et très technique, la terre et la roche sont humides, je préfère jouer la carte de la sécurité et rebrousser chemin pour retrouver les larges sentiers où abondent les châtaigniers pour retourner à la voiture.

Sur le retour, nous décidons de nous arrêter au Burg Landeck pour savourer une dernière fois leur cuisine végane découverte le premier jour.

Je fais également une cueillette de feuilles locales pour mes prochaines empreintes végétales : chênes, châtaigniers et hêtres, souvenirs de cette forêt splendide et profonde.

Je sais déjà que je reviendrai.

Explorations végétales – les monotypes

Encres, feuilles, fleurs et presse

Empreintes végétales

~Monotypes~

Cela fait plus de trente ans que je travaille avec des végétaux : feuilles, fleurs, racines. Soit en tant que sujet photographique, soit en tant que matière première de mes créations.

J’ai un jardin d’herbes folles qui est ma principale source d’inspiration. Parfois, lors de mes balades quotidiennes, j’en trouve le long des sentiers côtoyés. Mon travail sur les cyanotypes a aiguisé mon regard pour repérer les feuilles qui laisseront la trace la plus remarquable sur le papier choisi.

Ces « cueillettes » je les utilise entre autres dans les empreintes encrées. Les bénéfices de ces créations sont entièrement reversés à des refuges ou sanctuaires. On peut retrouver ces créations à la boutique ENVIE VEGANE de Strasbourg qui participe à ce projet entièrement altruiste.

Pour faire une empreinte, il faut des feuilles ou fleurs fraîchement cueillies. Plus la feuille aura des nervures, plus le résultat sera surprenant. J’aime travailler avec les feuilles de sauge ou de viorne dont la trace laisse de remarquables motifs détaillés mais il en existe une multitude d’autres qui ont fait ma joie et enchanté mon regard.

Je les encre à l’aide de rouleaux encreurs, recto et verso du végétal utilisé. Je travaille essentiellement avec les encres taille douce aqua wash de Charbonnel. J’utilise trois à quatre plaques d’encrage différentes car j’aime le jeu des nuances que les encres permettent de donner à mon empreinte. Parfois j’utilise un monochrome mais c’est plus rare.

Quand le végétal est prêt, je le dépose sur un papier aquarelle dense de 300g/m², le format va dépendre de la feuille ou fleur à imprimer, de mes envies.

Afin de pouvoir réaliser des monotypes assez grands, j’ai acheté une presse à main format A3 de RITUALIS PRESS, portable, robuste, elle est très simple d’utilisation et très pratique.

Sur le végétal à imprimer, je rajoute un papier qui peut être aussi épais que celui de la base mais j’aime aussi travailler avec des pages de vieux livres que j’ai récupérés et que j’ai chiné au hasard de mes déambulations urbaines. Dernièrement, j’ai aussi testé les empreintes sur de vieilles partitions.

Une fois la feuille ou la fleur posées délicatement entre les deux papiers, je la presse manuellement quelques secondes, c’est rapide et très simple à faire.

Le résultat est toujours une surprise pour moi. J’adore ôter délicatement le papier du dessus et découvrir le rendu du jeu des encres, du végétal et de la pression exercée.

Les possibilités se déclinent à l’infini au gré des inspirations.

Verdoyante Auvergne

Journal de vacances

  • Dimanche 9 juillet 2023 – Le Pradal, Haute-Loire.

Hameau de quelques maisons en pierre resserrées autour d’une chapelle dédiée aux mineurs, hors de toute temporalité, le présent s’est suspendu là, à 672 m d’altitude, à flanc de coteau boisé de chênes au pied duquel coule le ruisseau d’Arçon. Nous nous situons en Haute-Loire, à plus de 700 km de chez nous.

Nous sommes arrivées hier, vers 17h, après un voyage débuté à 8h. La fin fut éprouvante du fait des températures caniculaires dépassant les trente degrés. Eprouvantes surtout pour les chiennes qui nous accompagnent. La climatisation a tourné à plein régime et je n’ai pris la mesure de ses bienfaits que lorsque j’ai ouvert ma portière pour affronter le vent chaud qui assèche la moindre parcelle d’air.

Le gîte, maison en pierre épaisse blottie contre la colline, est un havre de fraîcheur.

Nous avons été accueillies par un couple âgé. La dame était très rigide, inquiète de découvrir que nous avions un grand chien avec nous, Emma. Leur prestataire leur ayant menti sur la taille de nos chiennes. Inquiète car elle pensait que nous allions les laisser divaguer et qu’Emma allait se transformer en croqueuse de poules du village. Ensuite notre numéro de réservation ne collait pas avec le leur…  parce que nous n’avions pas le même prestataire, un sketch. Heureusement, le couple habite à trois quart d’heure d’ici. Nous serons tranquilles. L’espace n’est pas clos mais encastré dans la logique de la pente et dévale sur le ruisseau qui le traverse. J’ai prévu une longe pour qu’Emma puisse rester dehors avec nous (quand nous profitons du mini jardin) sans aller croquer les poules ou les intrus.

Pas de wifi, très peu de réseau, de quoi bien se déconnecter.

Lavaudieu

La chaleur écrasante est annoncée jusqu’à mercredi. Nous avons donc décidé de partir tôt pour notre première escapade hors de notre havre. J’ai aussi choisi une randonnée, en grande partie boisée, avec des points d’eau pour amener les chiennes avec nous.

Le point de départ est à 30 mn du gîte, dans un autre village de vieilles pierres construit autour d’une remarquable abbatiale du XIè s. : Lavaudieu.

Le circuit déniché sur visorando, débute par des chemins asphaltés et des vues dégagées sur les monts d’Auvergne, les champs ont été fauchés et les ballots ronds de foin parsèment le paysage. Une source est notre premier point d’eau sur le parcours mais elle est tarie quand nous y arrivons (Buze). Notre chemin suit un tracé longeant un bois et Phlau y remarque un joli sentier s’enfonçant dans le sous-bois. La carte m’indique une sente en pointillés qui nous permettrait de raccourcir le trajet en coupant à travers bois pour accéder plus vite à la Sénouire, rivière qui longe le GR300 et me promet fraîcheur et baignades pour les chiennes. Les filles sont OK pour suivre ces pointillés et surtout le joli chemin ombragé qui s’ouvre devant nous. Très vite, le sentier est happé par les bois morts et nous cherchons son tracé à travers les insectes bourdonnants et les toiles d’araignées qui ont investi les lieux et vu, le foisonnement ambiant, on les comprend. Nous avançons malgré tout vers la rivière. Mais à quelques mètres avant de l’atteindre, la pente se fait roche en aplomb et le bois se transforme en ronces et fougères épaisses.  Nous décidons de rebrousser chemin car nous nous mettons en danger et les chiennes nous accompagnent.  On revient tant bien que mal sur nos pas pour retrouver le tracé du départ mais la chaleur est de plus en plus éprouvante. Suzy est au taquet pour être en tête avant de s’écraser dans la fraîcheur de la terre au moindre coin d’ombre. Nous sommes chargées d’eau pour les chiennes, faisons des pauses régulières et mouillons le torse de Suzy. C’est elle qui souffre le plus de ces températures hors normes, comme elle ne perd pas ses poils.

Nous arrivons enfin à la rivière, je craignais que nous n’y ayons pas accès mais son cours large est baigné de galets ronds et elle est abordable à de nombreux endroits, pour le plus grand plaisir de Suzy, Emma et Rosa. L’humidité qu’elle dégage modifie la végétation traversée, les acacias ont remplacé les chênes et des fougères immenses et élégantes ouvrent le chemin et apportent un peu de fraîcheur. Le chemin du retour longe cette rivière, remonte le long des coteaux, traverse des collines boisées aux buissons épineux où la nature touffue grésille dans le soleil qui devient de plus en plus ardent. Claudia est éprouvée par cette chaleur, Phlau me suit de près, tractée par Emma.

A l’orée du village, je sais qu’il reste un km à faire pour rejoindre la voiture mais sur l’asphalte brûlant ce n’est pas la meilleure chose à faire avec les chiennes. Je décide donc d’aller chercher la voiture et de venir les récupérer dans un coin ombragé, malgré les interdictions de circuler pour les touristes dans le village aux rues étroites. Il y a très peu de monde. Les quelques visiteurs sont agglutinés le long de l’eau pour pique-niquer à l’ombre.

Nous croisons un groupe de jeunes (et beaux) séminaristes en robe noire apprêtées et splendides mais sans doute très peu confortables. Ils sont français, viennent d’une école internationale italienne (je leur ai demandé car leur tenue nous a intriguées). Nous offrons un dernier bain aux chiennes dans la Senouire avant de retrouver la fraîcheur bienfaitrice de notre gîte.

Claudia a siesté dormi 3 heures pour récupérer de notre périple ! L’après-midi est lente et paresseuse. Seule Rosa reste vive et vigilante au moindre bruit de mâchoire…

  • Lundi 10 juillet – visites des villages proches.

Nous appréhendons les températures qui ne cessent de monter. Heureusement que nous sommes dans notre vallon boisé loin du bitume et de toute circulation. Le ciel couvert de la matinée a apporté du supportable dans les mouvements. J’ai baladé les chiennes une petite demi-heure au-dessus de notre gîte. Le paysage est magnifique. Je suis impressionnée par le camaïeu de verts, cette nature ne semble pas encore être altérée par la sécheresse.

Nous sommes parties explorer les quelques villages historiques alentours. D’abord Ally culminant à 1000 m d’altitude, point central de ces lieux. D’anciennes mines de plomb, d’antimoine et d’argent parsèment la carte topographique, des moulins également, témoins d’un passé riche en histoire. Sur les hauteurs, c’est un plateau sommital qui se déploie et ne donne pas du tout l’impression d’être en montagne, les espaces sont dominés par la présence humaine et l’exploitation d’autrui.

Nous sommes redescendues vers l’Allier et sa vallée verdoyante. Deuxième arrêt à Lavoûte-Chilhac, labélisé parmi les plus beaux villages de France. C’est son ancienne abbaye des Bénédictins qui en a fait sa gloire. Il semblerait qu’elle a collectionné des reliques diverses mais, à notre grande déception, nous n’en avons vu aucune. J’aime bien le côté magique du religieux et son folklore tant qu’il ne provoque ni n’entraîne violence et meurtre.

J’aime surtout l’histoire et ses méandres, ses traces dans le paysage et j’ai un faible pour toute la période médiévale. Ici, je suis particulièrement gâtée.

Le troisième lieu du jour fut les vestiges du site castral de St Ilpize, perché en aplomb de l’Allier, magnifique forteresse agrémentée d’une chapelle romane et de sa tour seigneuriale.

On y accède depuis Villeneuve d’Allier en passant par un pont suspendu, petite prouesse architecturale plus contemporaine mais qui vaut aussi le détour. La vue est également impressionnante depuis le pont.

Nous sommes retournées vers midi au gîte. Les températures grimpent et l’air devient irrespirable. Les filles sont dans la fraîcheur de la maison, moi j’écris depuis notre jardin, abritée par un lilas foisonnant, une vigne grimpante le long des vieilles pierres et le parasol déployé. Plus tard, j’irai faire un tour en sous-bois. Emma est allongée à mes pieds et sieste. Elle n’est plus attachée par la longe. Le lieu est tellement tranquille que je ne crains pas qu’elle se sauve. Il n’est pas sur le versant boisé plus habité par les animaux de la forêt. Les papillons sont légions et les insectes saturent l’air du crissement de leurs ailes.

  • Mardi 11 juillet – randonnée à partir du gîte sur le GR 470.

Aujourd’hui la chaleur sera à son paroxysme. Des orages sont prévus dans l’après-midi. Hier soir, j’ai exploré la carte topographique pour un circuit court à partir de la maison. Je suis surprise car les divers sites de randonnée ne proposent rien dans le vallon qui nous héberge et pourtant il est truffé de sentiers menant à de vieilles mines et reliant les hameaux entre eux.  Le GR 470, à 2 km d’ici, concentre l’intérêt.

Phlau était OK pour m’accompagner, Claudia est restée au gîte avec les chiennes. Nous sommes parties à 7h30 explorer les collines proches. J’avais prévu une petite boucle de moins de 10 km qui rejoignait le GR. J’adore son nom : Robe de bure et cotte de mailles. Tout ici nous relie au moyen-âge, période historique que j’affectionne. Nous sommes revenues enchantées de ce mini périple, repue de panoramas grandioses et gorgées d’images bucoliques où nous n’avons croisé aucun humain.

Nous avons traversé le hameau de Condors qui semblait inhabité, pourtant des fenêtres fleuries aux rideaux brodés et pimpants témoignaient d’une vie intime et privée. Le village semble figé dans un autre siècle :  panneaux improvisés, chapelle improbable aménagée dans une cave pour recueillir deux sous afin de restaurer une maison locale, habitats abandonnés en ruine, vieille boite postale du siècle passé et pourtant toujours utilisée, vélos oubliés transformés en décoration florale…C’est à partir de ce lieu que nous avons parcouru un morceau du GR 470, en partie à flanc de colline s’ouvrant sur des vallons lointains et bleutés dans la lumière matinale, déjà saturée par le rayonnement cru du soleil. Au loin, le site castral de St Ilpize se découpait dans l’infini de l’horizon. La danse des insectes bourdonnants rythmait nos pas, une vie grouillait dans les buissons, les papillons virevoltaient, insouciants de la torpeur ambiante.

La flore est exceptionnelle, d’une diversité et d’une densité incroyable : lande à genêt, sainfoin, thym, molène pubescente aux épis floraux exubérants, sauge des prés, scabieuse, achillée, vipérine aux violets chatoyants, œillet du granite, fougères foisonnantes par endroit, etc.    

Parfois j’aimerais que le temps se suspende. Savourer ces instants, les étirer, m’en imprégner à jamais, bulles de quiétude dans le tumulte des mondes.

Une partie du GR emprunte aussi des sentes boisées bienvenues dans la torpeur étouffante de l’été. Nous sommes passées à côté d’un château médiéval en excellent état où la boite aux lettres indiquait : « Général et Madame Guy de Rochegonde ». Naïvement, je suis toujours fascinée que l’on puisse s’identifier d’abord par sa fonction. Cela renvoie à notre rapport au monde et à nos priorités. Et je ne parle même pas de « Madame » qui n’existe que dans le nom de son époux… En faisant des recherches, j’ai aussi compris qu’il s’agissait d’une famille noble. La nuit du 4 août a aboli les privilèges sur le papier mais 250 ans plus tard, ils persistent encore.

Notre retour s’est fait majoritairement en sous-bois, appréciable car les températures étaient déjà de 30 degrés à 10h.

J’ai repris ma place d’hier, dans notre petit jardin ouvert, pour rédiger ces phrases. Rosa et Emma me tiennent compagnie. Suzy préfère rester à l’intérieur avec les filles qui supportent beaucoup  moins la chaleur que moi.

  • Mercredi 12 juillet 2023- Boucle à partir de St Austremoine.

Au réveil, j’espérais que la pluie aurait enchantée le jardin, que nenni. Pas une goutte. L’herbe s’assèche de jour en jour et la terre se craquèle, se repliant sur ses dernières molécules d’humidité pour survivre. Les orages sont passés et nous ont oubliées. Je me demande où tout ce vallon si verdoyant puise son énergie. Je ne me lasse pas de ce lieu délaissé de l’humanité, de Michèle, notre voisine adorable aux petits soins avec nous. Hier nous avons eu droit à une énorme salade de son jardin. Elle aime savoir où nous marchons, ce que nous visitons. Elle me raconte des petites histoires de sa vie et me partage les humeurs de ses compagnons de cœur : Mimi, le chat roux adopté et Anaïs, une yorkshire aveugle qui a atteint l’âge remarquable de 20 ans.

Ici, les routes sont parfois si peu empruntées que des liserons y poussent. C’est beau.

La randonnée du jour nous a conduit à 20 mn d’ici, sur les hauteurs de St Austremoine à + de 900 m d’altitude. Les nuages offraient l’opportunité de marcher à découvert. Nous avons pris Rosa avec nous car elle était particulièrement remuante ce matin et avait besoin de se dépenser. Je savais aussi que le circuit n’était pas long et était faisable pour elle. Suzy et sa tignasse de mouton aurait souffert, quant à Emma, je lui proposerai une balade à notre retour. Vivre avec elles c’est aussi s’adapter à la personnalité de chacune. Quand Rosa a vu que son idole (Emma) ne nous accompagnait pas, elle a voulu rester au gîte mais sa jeunesse aurait fini par nous épuiser, toutes, chiennes comprises. C’est pourquoi elle a fait partie du voyage.

Le point de départ fut la petite place de la mairie, face à la belle église romane (fermée) de St Austremoine. La montée se fait par une route goudronnée, ce n’était pas précisé sur le circuit et j’aurais sans doute adapté notre petite virée. Heureusement que les nuages voilaient l’ardeur du soleil de juillet car nous n’aurions jamais pu l’emprunter par 30 degrés, cela aurait été impraticable pour les coussinets de Rosa. Cela dit les panoramas étaient époustouflants, dévoilant les combes verdoyantes d’Auvergne des versants sud. Les gris en camaïeu d’un ciel bousculé sublimaient les verts profonds des vallons boisés. Et, plus loin, dans le creux des gorges, on devinait les méandres de l’Allier. Nous avons traversé deux hameaux au même charme d’histoires révolues s’ancrant dans un passé d’un autre siècle, contant les temps plus illustres de ces vieilles pierres.

C’est en basculant sur le versant nord que nous avons quitté la route asphaltée pour cheminer enfin le long d’un large sentier sommital aux contours parfois boisés. La campagne traversée alternait des champs prodigieusement fleuris et des landes plus rudes où affleurait la roche. Partout où se perdait le regard, la nature abondait de vie.

L’air oscillait entre la torpeur des jours précédents, quand un voile de nuage se déchirait sur un creux ouvert au soleil, et une brise bienvenue quand les nuages repartaient à la conquête du ciel. Parfois les nuées dessinaient un carcan sombre et inquiétant au loin, nous faisant encore espérer une pluie salvatrice qui n’est jamais venue. Phlau a qualifié ces humeurs de « météo bipolaire », c’est assez justement défini.

Au retour à St Austremoine, nous avons baigné Rosa dans la fontaine du village et nous nous sommes posées à l’ombre d’un tilleul avant de reprendre la route.

De retour au gîte, je suis partie d’abord avec Emma, puis avec Suzy, musarder aux alentours du gîte pendant encore une petite heure.

  • Jeudi 13 juillet 2023 – boucle entre Lavoûte Chilhac et Chilhac.

Cette nuit j’ai presque eu froid et j’ai du me glisser sous le drap pour dormir, quelle merveilleuse sensation ! Ce matin, quelques nuages sont encore présents et rendent l’atmosphère agréable. Nous décidons donc d’emmener les chiennes avec nous pour la randonnée du jour.

Le départ se fait à partir de Lavoûte Chilhac que nous avons déjà visité en partie lundi. Sa particularité, outre qu’il est classé parmi les plus beaux villages de France, est la boucle que forme l’Allier, son pont dont une arche date du XIè siècle et bien sûr, son majestueux prieuré clunisien de Sainte-Croix de La Volte datant également du XIè siècle surplombant la courbe de la rivière.

Cette fois-ci, le circuit se fera essentiellement sur des sentiers souvent boisés dont une partie emprunte le GR 470. Des fontaines jalonnent le chemin et permettent de rafraîchir les chiennes. La campagne est bucolique, les blés blonds ondoient sous une légère brise et ouvrent sur des collines lointaines. Je suis surprise car je vois très peu d’élevages de vaches ou de brebis. Par contre, il y a quelques centres équestres et les champs clos de fils électriques enferment surtout des chevaux.

La montée se fait en sous-bois, le long d’un sentier à la roche ravinée. Il semblerait qu’il ait plu dans ce coin. Quelques flaques de boue font la joie des chiennes. Comme d’habitude, nous ne croisons aucun humain. J’ouvre la voie et les toiles d’araignée s’accrochent à mes bras, à mes épaules. Je suis désolée de saper ainsi leur travail de dentellières. Parfois, les branchages s’ébrasent sur une échappée dévoilant un paysage pastorale idyllique.

Tout est beau. J’ai un sentiment de plénitude.

Au niveau d’Aubazat, nous traversons la D585 pour basculer sur l’autre pan de colline qui nous mène au GR 470.  Le paysage change encore. Nous suivons une ligne de crête où affleure la roche, plus méditerranéenne dans sa végétation. Le sentier est parfois sableux, d’anciens murets témoins du passé viticole de la région bornent la ligne du chemin. La richesse de la flore est encore exceptionnelle. Cette arête nous conduit au remarquable et surprenant village de Chilhac. Dominant l’Allier de près de 70 mètres, le cœur historique du village est construit à l’aplomb d’un spectaculaire escarpement basaltique. Le bourg s’est ensuite développé en contrebas, profitant d’une exposition au sud.

Cette falaise, qui confère au site toute son originalité, est le résultat d’une coulée de lave datée de 1,6 millions d’années. A sa base, comme le feraient les fûts d’un orgue, se dresse une colonnade de prismes réguliers. Propice à la défense, ce site naturel a favorisé, au moyen-âge, l’essor d’un village fortifié. Une église d’origine romane est construite en aplomb de la falaise et son clocher carré ajouré de baies surveille la vallée. Un pont suspendu datant de 1883 permet de traverser l’Allier. Une autre fontaine bienvenue a pu désaltérer tout le monde. Les filles étaient épuisées par la montée et je suis partie seule arpenter les rues de ce village fortifié et découvrir son église et sa nef de quatre travées aux dimensions irrégulières. La lumière jouait avec des vitraux plus contemporains qui sublimaient les statues anciennes.

Nous sommes reparties sur le GR qui nous a conduites par un chemin plus large à notre point de départ.

Les chiennes ont savouré une longue baignade dans l’Allier, Claudia et Phlau se sont fait plaisir en dégustant des frites locales.

Cette après-midi c’est sieste collective sauf pour moi. Ces paysages sont si beaux qu’ils me nourrissent et m’énergisent. J’aime le moment où je me pause dans notre coin de jardin gorgé de chaleur pour écrire les instants du jour. Lézards, papillons et autres insectes me tiennent compagnie. J’ai l’impression d’avoir toujours vécu ici. Ce creux de vallon éloigné du monde me donne un sentiment de profondeur réconfortante. Je suis en amour de ces lieux.

  • Vendredi 14 juillet 2023 – Plateau sommital d’Ally

Si les appareils connectés ne me donnaient pas la date, je ne saurais pas que nous sommes le 14 juillet. C’est sans aucun doute l’un des meilleurs que j’ai passé. En fait, dans notre creux de verdure, seuls les rythmes de la nature, le vent ronronnant dans les branchages et glissant sur les pierres saturées de chaleur, les insectes laborieux, la course du soleil nous indiquent le moment du jour où nous nous trouvons. Cette tranquillité vaut tous les trésors du monde. Rien ne vient l’entraver, surtout pas l’effervescence destructrice humaine.

Ce matin, je suis partie seule découvrir le plateau sommital qui surplombe notre havre, à plus de 1000 m d’altitude. Nous avions déjà été voir la commune d’Ally et son moulin en début de semaine. Aujourd’hui j’avais décidé de faire le circuit des moulins sur tout le plateau. Une douzaine de kilomètres empruntant routes et sentiers à travers un paysage totalement prédaté par l’homme qui y a inscrit son emprise et sa violence. Pas de forêts, des prairies vouées à l’exploitation des bovins, toutes clôturées. Chaque hameau traversé avait sa ferme d’élevage. Cette prédation sur le paysage remonte à l’antiquité où un gisement de plomb et d’argent y était déjà exploité (le site de la Rodde). Redécouvert à la fin du XIXè siècle, il fut mis à profit jusqu’en 1905. Aujourd’hui on peut encore le visiter mais je déteste descendre dans les entrailles de la terre. Ce qui me rassure quand j’explore wikipédia pour trouver des informations sur le plateau, c’est que les fermes d’élevage ont diminué de 41 % depuis 1988.

Mais la France a clairement un retard qui se creuse. Pour nos courses de la semaine au Carrefour Market de Brioude, nous n’avons trouvé aucune alternative végétale excepté une tartinade « Nurish ». C’est honteux. Quand je vois comment les rayons s’étoffent de produits veganes en Allemagne, c’est un gouffre que notre pays devra surmonter. Là-bas, le mot « vegan » n’est pas un gros mot. D’ailleurs les produits carnés ont augmenté de 20 %. Le gouvernement français balance des subventions honteuses aux éléveurs, rampe devant la FNSEA, au lieu de les orienter vers une reconversion végétale qui, seule, garantira l’avenir de l’humanité. Et je ne parle pas de l’oppression systémique qu’est le spécisme qui envoie plus de trois millions d’animaux terrestres à l’abattoir chaque jour. Dans le même temps, des dizaines de millions de poissons sont sortis de l’eau et tués. 

« Selon l’ONU, près de 90 % des subventions publiques de l’agriculture dans le monde ont des effets environnementaux ou sociaux « dommageables ».

La France est, de loin, l’État de l’UE qui bénéficie le plus de la politique agricole commune : 9,5 milliards d’euros d’aides agricoles en 2018, dont 1 milliard d’euros d’aides couplées qui bénéficient à 80 % à l’élevage. » Source : https://www.viande.info/elevage-viande-subventions-aides-europeennes

Le plateau d’Ally est ouvert aux vents et recouvert d’éoliennes, 26 au total. Ce qui explique aussi la présence des moulins, cinq ont été restaurés, deux sont des gîtes ruraux. Un moulin à parole offre des contes et légendes du pays. Ces moulins, majoritairement à farine, datent du XIXè siècle et étaient à disposition des familles locales, de paysans ou de mineurs. Ce sont des tours à corps cylindrique, construits en pierres de pays avec quelques moellons de quartz. Elles offrent un décor original dans l’azur du ciel d’été. Le panorama s’étire sur les monts très lointains et on pourrait se croire en plaine tant les moindres recoins sont cultivés ou domptés.

Je suis revenue au gîte vers midi, accueilli par l’allégresse débordante des chiennes. Chacune s’est adaptée au gîte.

Emma adore passer de longues heures allongée à l’ombre ou au soleil, elle fait parfois le petit tour du propriétaire, elle aime rester dehors, comme moi. Elle est très calme, le lieu l’apaise aussi. Elle n’a plus de longe, elle ne vagabonde pas, ça ne l’intéresse pas. Elle va parfois jusqu’à la rivière en contrebas pour ses besoins et remonte, autonome.

Rosa est la plus curieuse et la plus attentive au voisinage, la plus vive aussi mais elle jeune. Celle qu’on entend le plus également et qui rameute les copines. Elle alterne les siestes sous ma chaise ou sous le canapé si les mouches l’agacent trop. Parfois elle va se coucher sur le carrelage des toilettes pour un maximum de fraicheur. C’est une petite gourmande qui a parfaitement compris comment communiquer avec nous pour atteindre ses objectifs. Elle est irrémissiblement fan d’Emma ce qui n’est pas du tout réciproque. Mais elle s’en fiche. Si nous partons en laissant Emma, elle ne veut pas venir avec nous, son choix est clair. Elle aime les grandes noires élancées. C’est parfois lourd pour Emma et c’est pour cette raison que lorsque je pars en weekend, je n’en prends qu’une pour qu’elle puisse souffler et savourer ce temps entre elle et moi, égoïstement pour chacune.

Quant à Suzy, elle préfère de loin la fraîcheur de ma chambre ou du salon. Son poil dense et épais qu’elle ne perd pas est clairement un handicap par fortes chaleurs. Elle me rejoint dehors le soir quand l’air est moins étouffant. Elle n’aime que les randonnées. Les petites balades du matin ou du soir l’ennuient, surtout au départ du gîte. D’ailleurs, une fois qu’elle a fait ses besoins sur les 50 premiers mètres elle s’assied et décide de nous attendre.

Ce qui est extraordinaire et reposant est qu’il n’y a jamais de tensions entre elles.

Là, Emma s’est déplacée pour se mettre au soleil, le vent est fort aujourd’hui est rend l’atmosphère supportable. Elle pousse des petits gémissements de satisfaction.

J’irai sans doute faire une dernière balade dans le vallon en début de soirée. Demain, 9 h de route nous attendent. J’avoue que je n’ai pas du tout envie de rentrer.

Finalement, les filles m’ont accompagnée pour la dernière sortie. Nous sommes montées au lieu-dit « La Licoulne » où s’arrête la route et commence le sentier conduisant à une autre entrée de mine. Mais tout le site est fermé, sans doute par sécurité. Cette balade m’a permis de savourer une dernière fois la beauté de notre vallon verdoyant.

«Un jour viendra où l’idée que, pour se nourrir, les hommes du passé élevaient et massacraient des êtres vivants et exposaient complaisamment leur chair dans les vitrines, inspirera […] la même répulsion qu’aux voyageurs du XVIe et XVIIe siècle, les repas cannibales des sauvages américains, océaniens ou africains.» –

Claude Lévi-Strauss

Les crêtes découpées du Jura suisse

Les vacances de la Toussaint sont les bienvenues dans ce premier trimestre de lycée dense en préparatifs, réunions, corrections, etc.

Cette année j’ai encore décidé de ne pas partir trop loin, moins de quatre heures de voiture de la maison. Se dépayser n’exige pas forcément de longues distances et marcher reste mon moyen le plus efficace pour me recentrer et me déconnecter des tracas du quotidien.

Jesper et Julie m’ont accompagnée pour cette escapade de cinq jours.

Samedi 29 octobre – Jour 1

J’avais réservé un gîte à la Chaux-du-Milieu en Suisse, dans un coin surnommé « La Petite Sibérie ». Le gîte est aménagé dans une ancienne ferme. Il est immense, tout en bois, rustique et préservé. Nous avions chacun et chacune notre chambre. Seul bémol, il est situé au cœur d’une région d’exploitation des vaches et nous ne pouvions pas ouvrir les fenêtre sans entendre le son de leur cloche, monotonie glaçante d’un outil de torture banalisé pour ces êtres. Outil obsolète qui les rend sourdes et n’est justifié par rien. L’espace est cloisonné en prisons à ciel ouvert, elles ne peuvent échapper à leur mort programmée.

Nous sommes arrivées le samedi 29 octobre en milieu d’après-midi. Le temps de nous installer et de prendre connaissance de notre lieu de vie pour cinq jours fut rapide. Nous sommes ensuite parties dîner à Neuchâtel, la ville importante la plus proche, à 30 mn de la maison.

Jesper avait repéré dans l’application « Happy Cow » LE restaurant végane de la cité : Eateco.

Comme nous étions un peu en avance, nous en avons profité pour monter sur les hauteurs de la ville afin de contempler le lac depuis la roche de l’Ermitage qui offre aussi un point de vue exceptionnel sur les Alpes.

Le restaurant végane fut une agréable découverte, le dîner était succulent et l’ambiance conviviale. Je me suis régalée avec un risotto complet à la courge et aux noix accompagné d’une salade de carottes à la sauce amande et de farinata de pois chiche.

Nous sommes retournées à notre gîte de nuit, croisant une multitude d’yeux brillants au détour des virages, roulant le plus lentement possible afin de préserver cette vie nocturne exceptionnelle.

Dimanche 30 octobre – Jour 2

Ma nuit fut courte. Réveillée à 3h30, j’ai eu le temps de peaufiner quelques randonnées pour le séjour.

Nous sommes parties tôt à la découverte du grand canyon suisse, le point touristique à ne pas rater de la région : le Creux-du-Van, 15 km² de nature protégée où s’épanouissent bouquetins, chamois, chevreuils, lynx et grand tétras. Les températures étaient quasi estivales. Nous avons fait un circuit de 11,5 km et de 646 m de dénivelé avec une pente abrupte. Les pentes escarpées sont le lot du Jura constitué de blocs calcaires massifs et carrés.

Dès notre montée, nous avons croisé deux puissants bouquetins qui mangeaient tranquillement sur le sentier. Nous avons donc coupé à flanc de montagne afin de ne pas les déranger. C’est la première fois que je croisais cette impressionnante chèvre sauvage, peu farouche.

Arrivées au sommet de la pente, le panorama est impressionnant. Les couches de calcaire qui forment l’extraordinaire cirque rocheux du Creux-du-Van ont été déposées par une mer primitive il y a près de 200 millions d’années. Le glacier, par alternances de gel et de dégel, puis les ruisseaux ont sculpté un spectaculaire amphithéâtre, particularité géologique typique du plissement de la chaîne du Jura.

Le sentier qui longe le cirque est balisé et étroit afin de préserver la flore fragile des lieux. Nous sommes montées jusqu’à la Croix du Soliat à 1464 m d’altitude offrant un point de vue exceptionnel sur les Alpes.

Nous avons aussi croisé un troupeau de chamois, qui se déplaçait en escaladant tant bien que mal les barbelés qui enferment ce paysage pour les besoins non vitaux de la pratique arriérée de l’élevage.

D’ailleurs, les éleveurs ont placé régulièrement des panneaux hypocrites disant que les « bovins entretiennent le paysage ». Panneaux installés parfois quelques mètres après ceux rappelant qu’il faut préserver la flore sauvage ! Il semblerait que les vaches suisses sachent faire la différence dans les plantes qu’elles vont brouter. Au-delà de cette fumisterie, la nature n’a pas besoin d’être façonnée par des bovins, de plus ces prisons bloquent et limitent la circulations des autres êtres qui y vivent. Les champs infinis de pâtures n’ont aucun lieu d’exister et n’embellissent en rien le paysage, bien au contraire.

Nous sommes redescendues tranquillement par un chemin moins escarpé pour rejoindre le parking où nous étions garées près de la Ferme Robert.

En rentrant au gîte, Julie et moi nous sommes accordées une parenthèse danse, l’espace immense et ouvert de notre habitacle s’y prête parfaitement.

Lundi 31 octobre – Jour 3

Aujourd’hui c’est la découverte des Gorges de l’Areuse.

« L’Areuse, habituellement paisible, s’écoule avec fracas dans les gorges de l’Areuse, longues de 11 km, situées entre Noiraigue et Boudry dans le canton de Neuchâtel. Un magnifique sentier de randonnée longe le lit de la rivière, par endroits tranquille et à d’autres tumultueuse. Le sentier emprunte des ponts de pierre, des passerelles et des escaliers, traverse des étranglements rocheux et longe des parois rocheuses remarquablement abruptes. »

Ces propos recopiés du site mis en lien expriment parfaitement l’ambiance du parcours du jour. Les températures ont chuté et nous sommes parties sous un ciel gris et chargé d’humidité. Nous avons longé la voie ferrée sur deux kilomètres, l’Areuse suit également cette voie avant de bifurquer vers les falaises qui vont l’encercler. Le spectacle au « Saut du Brot » et son vieux pont de pierre très romantique est impressionnant. Par contre, l’essentiel de la randonnée se fait sur des sentiers goudronnés ce qui est moins agréable.

En fin de journée, nous sommes parties découvrir la petite cité de Neuchâtel et les rives de son lac. C’était Halloween et les maisons s’étaient habillées de décors macabres. Nous sommes retournées dîner à Eateco pour l’occasion.

Mardi 1er novembre – Jour 4

La météo annonçait des torrents de pluie dans la nuit et en matinée. Le paysage des prisons à ciel ouvert s’est davantage appesanti sous le crachin qui tombait. Le gris noyait le vert. Nous avions décidé de découvrir l’autre lieu vegane de la région : la Crème renversante se situant à la Chaux-de-Fonds. C’est un bar à chocolat qui propose aussi des petits plats salés le midi.

Des cieux plus calmes étaient prévus pour la fin de matinée. Nous avons décidé de faire une randonnée sur les hauteurs de la Chaux-de-Fonds mais la pluie ne s’est pas calmée et le paysage était noyé d’eau et de brume. Nous avons traversé une infinité de champs clos où de pauvres vaches mugissaient à fendre l’âme. Le point de vue était totalement bouché. Nous avons écourté cette randonnée pour aller nous réconforter dans un lieu chaleureux.

La Crème renversante nous a proposé une succulente tarte salée sans gluten ainsi que de savoureux desserts. Nous avons fini par déguster un délicieux et immense chocolat viennois chaud.

Rentrées tôt et repues, nous avons fini la journée devant un film léger, profitant de ce temps de repos pour nous ressourcer.

Mercredi 2 novembre – Jour 5

Pour cette dernière journée, nous sommes parties à la découverte des Aiguilles de Baulmes, au départ de Ste Croix, à trente minutes en voiture du gîte. Elles forment un ensemble de crêts dont le point le plus élevé culmine à 1 558 m d’altitude. D’ailleurs ce point le plus élevé était noyé dans une mer de nuages au départ. La montée fut rude (40% par endroit), presque à flanc de falaise entre rocailles et racines glissantes, terre gorgée d’eau des dernières pluies.

La ligne de crête s’étend sur 4 km et la vue s’est dégagée peu à peu, offrant des échappées incroyables jusqu’au lac Léman et sur les Alpes encore baignées de nuages cotonneux.

C’est une très belle randonnée aux vues toutes plus surprenantes les unes que les autres. Le versant nord abrupt est couvert d’une hêtraie-sapinière. Le versant sud est constitué par une falaise calcaire avec des ourlets de prairies et prés-bois. Une réserve forestière de 106 hectares couvre le sommet du crêt. Cet espace est bien moins fréquenté que le Creux-du-Van et d’autant plus appréciable.

Les températures ont bien baissé depuis le 1er jour et sont plus de saison. La neige est annoncée pour le week-end mais nous repartons demain tôt.

Un autre monde est possible #stopElevage

Hormis l’élevage omniprésent, pesant, les sommets restent à peu près des lieux où nous pouvons nous déconnecter de notre humanité assassine. Et puis, notre entente fut chouette pendant cette pause de cinq jours. D’ailleurs, j’ai fait le choix d’utiliser le féminin pluriel dans mes accords puisque nous étions deux filles et un garçon.

A tous les mangeurs et mangeuses de cailloux 😉 LOVE

Toute progression passe par un changement de regard sur les normes.

Explorations végétales – les cyanotypes

Bleus et végétaux

Cet été fut celui où j’ai repris mes envies d’explorer ce que la nature nous offre pour créer. La photo restant ma passion de base, je me suis penchée sur les processus intégrants cette technique et j’ai découvert les cyanotypes.

Le cyanotype est un procédé photographique monochrome négatif ancien par le biais duquel on obtient un tirage photographique bleu de Prusse, bleu cyan.

Cette technique a été mise au point en 1842 par la botaniste Anna Atkins.

Le procédé utilise deux produits chimiques :

On mélange en volumes égaux une solution à 8 % (masse sur volume) de  ferricyanure de potassium et une solution à 20 % de citrate d’ammonium ferrique.

Ce mélange photosensible est ensuite appliqué sur une surface papier. On laisse sécher dans l’obscurité ce support préparé. Une fois le papier sec, les expérimentations peuvent commencer.

Le papier devenu photosensible est exposé au soleil avec des végétaux qui vont imprimer sa surface de leur ombre. Puis il est passé sous l’eau pendant cinq minutes pour révéler le bleu si typique du cyanotype.

Les nuances mettent 24h à se révéler complètement.

J’ai exploré le processus au début de l’été et cela m’a rappelé les photograms que je créais dans les années 80-90 quand j’initiais les élèves à l’aventure photographique argentique.

Très vite, j’ai eu besoin d’aller au-delà de la monochromie bleue du cyanotype de base et j’ai découvert les « cyanotypes humides ». C’est à dire qu’on va humidifier le papier photosensible avec de l’eau, du savon, du vinaigre, etc. On va l’exposer beaucoup plus longtemps aux rayons du soleil (parfois 5 h !).

J’ai laissé mon imaginaire opérer et j’ai rajouté des épices que j’avais sous la main, puis des pigments que j’ai achetés aux Ocres de France.

A partir de là, ce fut pour moi une révélation. J’ai adoré ce qui se révélait avec chaque œuvre créée. Et je me suis mise à observer de plus près toutes les feuilles que je côtoyais. J’ai ainsi découvert des essences d’arbres dont j’ignorais l’existence. Par exemple le chêne rouge d’Amérique m’a fait découvrir que le genre Quercus comprend entre 200 et 600 espèces !!! (chiffre variable selon les classifications vu le nombre important d’hybrides).
En tout cas, pour le chêne rouge d’Amérique, ses grandes feuilles atteignent de 12 à 22 cm en moyenne et se distinguent de celles des chênes caducs européens par leurs 4 à 6 lobes anguleux à extrémité plus ou moins épineuse. Je suis tombée en amour de ses feuilles.

J’ai aussi craqué pour toutes les espèces d’érable et les feuilles de courgettes jaunes à la dentelle si délicate.

Et puis, j’ai été au-delà, je me suis appropriée chaque création, j’en ai retravaillé certaines dont je n’étais pas satisfaite, y intégrant de la peinture aquarelle ou acrylique.

J’ai entrouvert une dimension où je me suis laissée emporter, heureuse de ce que j’y découvrais.

Quelques formats carrés : 17×17 / 21×21 / 27×27

Voyage en Terre du Milieu

~Journal de voyage ~

Samedi 17 juillet

Départ de Strasbourg à 8h, Phlau, Cédrine, Emma , Suzy et moi pour découvrir la région centrale des Puys.

Emma a pris beaucoup de place sur les sièges arrière de la voiture. Elle a eu du mal à se poser comme toujours quand nous partons quelque part. Suzy se cale aux pieds et ne bouge plus du trajet. Elle sait s’économiser.

La route fut assez fluide. Nous sommes arrivées à Saint-Donat vers 17h. Village auvergnat de 200 hab. situé à plus de 1000m d’altitude sur le flanc Sud-ouest du Massif du Sancy. La maison est spacieuse et baignée de lumière, elle est située au bout du village. Elle est agrémentée de jolis volets rouges et ouvre sur un jardin clos, idéal pour les chiennes d’où le choix de cet endroit.

Un immense champ l’avoisine. Il sera le lieu des balades matinales et crépusculaires des chiennes. La vue se déploie sur les Monts Dore au Nord et les Monts du Cantal au Sud. Ce sont de vastes étendues où se perd le regard et où l’accompagne les pensées vagabondes. Ici, des histoires se dessinent au creux de nos imaginaires portées par ces collines verdoyantes.

Le champ avoisinant notre gîte.

L’activité principale sur laquelle repose le village est l’exploitation à outrance des vaches. Les mouches sont légions, partout et surtout dans la maison.

Sorry

Nous avons fait une première sortie de 5 km en fin de journée autour du village voisin de Chastreix. L’eau chante et ruisselle de toute part. Cédrine a sympathisé avec un chaton qu’elle a failli adopté. Mais le chaton n’était pas abandonné, il voulait juste créer du lien.

Le chaton (photo Cédrine)

Dimanche 18 juillet

Mise en  jambe pour démarrer cette semaine de marches : Découverte des lacs entre Cantal et Puy de Dôme par un circuit de 11 km.

Randonnée qui sillonne une partie du GR 30, le chemin y est partiellement boisé ou offre des vues bucoliques sur les campagnes traversées.

Il y a également de jolis panoramas sur les lacs de la Crégut, du Tact, de Laspialade et du Tauron et vers les monts du Sancy.

Une partie du sentier de randonnée était transformée en lit de ruisseau par les pluies diluviennes de ce mois de juillet. Beaucoup d’épicéas tombés encombraient le chemin. Ce fut la partie technique de notre parcours.

Nous avons traversé un champ où vivaient quatre ânes qui ont été fortement intrigués par Suzy et Emma. Du coup, ils nous ont suivies, ont tenté une approche des chiennes qui fut un total échec. Nous les avons quand même papouillés à leur demande en éloignant Emma et Suzy passablement traumatisées par l’insistance intrusive de ces quatre êtres curieux.

Aurélie, Sam et Matéo.

En fin de journée, nous étions invitées à diner chez ma filleule qui habite à 30 mn de notre gîte. Cela faisait un moment que je ne l’avais plus vue. Elle partage son quotidien avec un jeune homme charmant et tous les deux vivent dans une maison accrochée à une colline au dessus de Borg les Orgues. La revoir m’a fait infiniment plaisir. Sa grande sœur et son fils étaient aussi présents. Nous avons passé une soirée chaleureuse. Sam, ma filleule, a un pincher nain, Nouki, qui a littéralement fondu d’amour pour Emma et Suzy mais ce ne fut pas réciproque. D’ailleurs Emma a demandé à dormir dans la voiture sans doute pour être tranquille et être certaine qu’on ne l’oublierait pas en partant ! Beaucoup d’émotions pour cette première journée.

Lundi 19 juillet

Rafales à 70 km /h aujourd’hui. Elles ont chassé loin les derniers nuages.

Les rafales à plus de 70 km/h.

Phlau est restée à la maison aujourd’hui avec les chiennes. Cédrine et moi sommes parties pour découvrir les sommets autour du Puy de Sancy. Le vent nous a surpris par sa violence lorsque nous sommes arrivées au point de départ de la randonnée à Chastreix-Sancy. Nous avons quand même débuté la randonnée mais très vite nous nous sommes retrouvées à escalader des rochers et à traverser des buissons de myrtilles et de bruyères. C’était rude dans ces rafales. Nous avons donc décidé d’aller marcher ailleurs, protégées de ces vents impressionnants.

Nous avons opté pour une magnifique randonnée en partie en sous bois, du côté d’Orcival,  autour de deux surprenants pitons rocheux : la Roche Tuilière et la Roche Sanadoire et de belles vues sur le tranquille vallon du Ruisseau de Fontsalade.

La forêt traversée était verdoyante et magnifique, totalement féerique, l’eau ruisselait partout. Nous sommes passées à côté d’un monastère orthodoxe perdu au cœur des vallons boisés à Malvialle.

Je préfère de beaucoup tomber sur ce type d’endroit au détour des sentes empruntées que sur les élevages qui pullulent dans la région et, comme d’habitude, cloisonnent les paysages. J’ai évidemment beaucoup de mal avec toutes les pubs mensongères qui ventent les productions locales de St Nectaire et les vaches mises en esclavage pour leur lait.

Saviez-vous qu’une vache ne produit « naturellement » que 4 litres de lait par jour qui devrait être (évidemment) réservé à son bébé et que les modifications génétiques imposées à ces espèces leur font produire cinq fois plus de lait en bio et quinze fois plus en conventionnel ? Donc, oui, j’ai beaucoup de mal avec les publicités qui font la promotion des vaches soi-disant heureuses paissant dans les pâturages. Pâturages bien gardés par des enclos de fils barbelés ou de fils électriques qui sont en fait des prisons à ciel ouvert que peu d’humains questionnent.

En fin d’après midi, nous sommes reparties, en famille, à la station de Chartreix Sancy pour se poser sur les hauteurs et contempler la fin du jour sur le plateau de l’Artense déployé au Sud du paysage.

Mardi 20 juillet.

Au col du Pas de l’Ane vers le Sancy.

A la découverte du Puy de Sancy culminant à 1886m d’altitude.

La randonnée prévue hier s’est faite aujourd’hui. 15 km dont la majeure partie sur les crêtes à plus de 1700m d’altitude…éblouissant !

Photo Cédrine

Nous sommes parties de la station de sports d’hiver de Chastreix-Sancy et avons traversé les herbages d’altitude vers la Tour Carrée où nous avons suivi le chemin de crêtes aux vues époustouflantes. Le panorama se déploie au bout de la montée et j’ai, soudain, basculé dans un autre monde, dans une Terre du Milieu qui pourrait accompagner les plus belles épopées de temps anciens ! Ces monstres telluriques apaisés nous rappellent qu’ils furent des démons exhalant la colère des entrailles terrestres en des temps plus reculés. Leur trompeuse douceur toute en rondeur irradie une force tranquille surprenante.

Nous suivons le GR30 sur cette ligne de crêtes qui va de la Tour Carrée et passe par le Puy de Sancy. Par moment, il faut escalader quelques rochers. Une corde sécurise le trajet. Les vues se déploient de part et d’autre notamment vers la station du Mont-Dore et nous croisons des marmottes vivant sur les lieux. Un téléphérique monte jusqu’au Pas de l’Ane et permet d’escalader, par des escaliers, le Puy de Sancy.

A partir de là, c’est l’enfer. Une foule compacte se presse sur les lieux et s’agglutine au sommet du Puy de Sancy. Très vite nous fuyons cet endroit pour rejoindre les sentes plus délaissées loin des téléphériques. 

Nous passons à côté du Puy Gros et redescendons, tranquillement, par les alpages verdoyants incroyablement fleuris avec vue sur le plateau de l’Artense qui se déploie sur l’horizon azuré. Les gentianes abondent. L’espace reste tristement cloisonné pour l’exploitation des vaches. C’est fou comment l’humain s’approprie toujours tout. Dans ces hauteurs vivent des chamois et des mouflons corses et, sans conteste, beaucoup d’autres animaux, c’est avant tout leur lieu de vie que les éleveurs ont électrifié à tout va. Ces magnifiques paysages sont en fait de gigantesques prisons électrifiées au nom d’une tradition mortifère.

Nous finissons notre parcours par la traversée du cirque de la Fontaine Salée culminant à 1400m d’altitude. Paysage alpin de carte postale. Les derniers kilomètres nous ramènent à travers d’autres pâtures électrifiées à notre point de départ. Nous sommes repues par la beauté des lignes de crêtes de  ces anciens volcans.

Mercredi 21 juillet

Cascade des Essarts et visite de La Bourboule.

Ce matin, nous sommes parties toutes les cinq à la découverte de la cascade des Essarts à Chastreix. Située à côté du village, un sentier boisé y conduit.  La cascade est nichée dans un creux et ruisselle sur des colonnes prismatiques dues aux coulées de lave sur le ruisseau de la Gagne. Nous y étions seules et avons savouré ce moment hors temporalité.

L’après-midi fut plus urbaine avec visite de La Bourboule. Dans la 1ere moitié du XXè siècle elle fut l’une des stations thermales les plus importantes du Massif Central.  Elle a accueilli une élite bourgeoise de toute l’Europe comme en témoigne ses villas pour la plupart abandonnées de nos jours ou reconverties en appartements de vacances.  Buster Keaton y a même séjourné. Au cours des Trente Glorieuse elle se reconvertit pour devenir la plus importante station thermale de France pour enfants sous l’impulsion de la Sécurité Sociale. Dire que petite j’ai failli y aller en cure ! C’était d’ailleurs ma hantise. Je ne voulais pas partir seule loin de mes parents et je pense que cela aurait été traumatisant. En passant, je les remercie de ne pas avoir écouté le médecin de l’époque. Je n’ai aucun problème aux poumons, j’ai juste grandi dans une famille de fumeurs et fumeuses…

Nous sommes montées à la Roche aux Fées qui offre un très beau panorama sur la ville lovée dans un élargissement de la vallée glaciaire de la Hte Dordogne à 852m d’altitude.

La Bourboule

Jeudi 22 juillet 21

Découverte des Puys de la Védrine et du Baladou entre 1311 et 1455 m d’altitude.

La randonnée choisie suit une partie du GR 4 par un sentier large et agréable. Nous sommes montées avec Phlau en haut du Puy du Baladou à l’accès difficile car clos par ces barbelés des champs prisons. Cédrine nous a attendues à l’ombre d’un sapin avec Emma et Suzy.

Quand nous avons repris notre parcours, je suis tombée sur Emma qui se roule tous les 200m sur le dos. Là, elle avait décidé de le faire juste devant moi pendant que j’observais le paysage sur ma gauche. Elle s’en est beaucoup mieux sortie que moi, j’ai mon genou gauche écorché ainsi que ma main gauche…plus de surprise que de mal.

Le GR 4 chemine vers la chaîne des Puys. Les paysages sont splendides et ouverts sur l’espace des sommets arrondis qu’ont formé les anciens cratères des volcans assoupis.

A un moment on quitte le GR pour passer par une forêt de sapins datant du XIXè s. Ici aussi on a rasé les forêts primaires pour s’accaparer la matière première et exploiter les espaces. La traversée de la forêt, en grande partie à l’ombre, fait du bien. Au lieu dit Le Buron du Creux, une vieille bâtisse est à l’abandon et une chouette a établi son repaire dans la cheminée. Nous avons pu la voir subrepticement avant qu’elle ne retourne dans sa cheminée.

Une grande partie de la forêt a été déboisée récemment. Du coup, marcher sous un soleil ardent est assez éprouvant pour Suzy. J’ai veillé à ce qu’il y ait des points d’eau sur tout le parcours.

Après notre pause déjeuner, nous n’avons pas trouvé le sentier indiqué et avons improvisé avec la carte topo. Ce fut l’aventure sur 500m où nous avons traversé une mini jungle locale de fougères verdoyantes, d’arbres déracinés par les dernières tempêtes, tout en longeant un ru moussu. C’était beau… les chiennes sont revenues pleines de tiques (c’était moins poétique du coup !).

Le retour s’est fait pas un sentier à découvert de hautes herbes. Les paysages déployés avaient un goût de Provence. Heureusement que ce chemin n’était que sur la fin du tracé car c’est assez pénible de marcher dans les hautes graminées, surtout pour les chiennes. Nous nous sommes toutes rafraichies une dernière fois à la fontaine du village de Pessade (où des gens utilisent l’eau pour laver leur salade).

Sur le retour, nous nous sommes arrêtées au lac de Chauvet mais n’y avons trouvé aucun intérêt particulier. Nous sommes rentrées pour nous gaver de melon, pastèque et brugnon.

Vendredi 23 juillet

Notre ligne de Puys du jour.

Notre randonnée d’hier nous a donné envie de remonter sur les lignes de crêtes des Puys, autour du Sancy, où les vues m’avaient tellement émue, mardi dernier, quand j’ai découvert ces sommets arrondis et herbeux surplombant les plateaux de cette terre du Milieu qu’est finalement le Massif Central. Les chiennes sont interdites afin de ne pas stresser les autres animaux, notamment les chamois qui peuvent avorter spontanément de peur. Donc, elles sont restées tranquillement dans notre gîte, qu’elles ont totalement adopté, et ont ainsi pu récupérer de leur journée d’hier. De plus, les températures ont dépassé les 30 degrés et il n’y a pas une auréole d’ombres sur ces Puys.

Cabine du téléphérique de la Perdrix.

Nous sommes montées par le téléphérique de la Perdrix, notre temps étant compté du fait de ne pas laisser Emma et Suzy plus de 5h seules. En même temps, cela nous a permis de suivre la ligne de crêtes des Puys, autour du Sancy, sur une dizaine de kilomètres en comptant l’aller et le retour et nos pauses contemplatives pour absorber la beauté de ces sommets herbeux et verdoyants.

Nous avons emprunté le GR4 vers le Puy de Cacadogne culminant à 1785 m d’altitude, sur son versant  Sud s’étend la luxuriante vallée de Chaudefour, réserve naturelle sur laquelle veillent deux rochers impressionnants : la Dent de la Rancune et la Crête de Coq. Nous avons pu y voir, au loin, des chamois. Nous avons aussi observé une marmotte qui a fait de même avec nous.

Nous sommes passées par le Puy des Crebasses et avons continué à proximité du Col de Cuzeau où nous nous sommes posées pour une première halte contemplative. A partir de là, nous sommes revenues sur nos pas. Vers 11h la montagne commence à se peupler de touristes, c’est le temps pour nous de quitter les lieux. Nous avons fait une dernière pause au Puy de la Perdrix culminant à 1825m d’altitude. Engranger un maximum de paysages dans notre boite à souvenirs…

Je suis littéralement tombée en amour de ces sommets.

Ego Portraits souvenirs après 80 km et 3500 m de dénivelé + en 6 jours.

« L’Auvergne… C’est un secret plus qu’une province. Elle vous tourmente toujours d’un tendre songe. C’est quand on l’a trouvée qu’on la cherche le plus. »

Chroniques de La Montagne d’Alexandre Vialatte

Si les rochers m’étaient contés…

Aujourd’hui je vous emmène au cœur de la forêt domaniale de Saverne.

Un endroit que j’affectionne particulièrement car isolé des habitations. Un endroit qui me laisse croire que je ne vis pas dans une des zones les plus urbanisées de la planète. Un endroit où m’évader est possible. Un endroit où je peux avoir l’illusion, pour quelques heures, d’être seule humaine sur les sentiers parcourus. Un endroit où je peux oublier les dérives de l’espèce à laquelle j’appartiens. Un endroit qui peut protéger mes rêves et nourrir mes espérances d’un monde plus juste.

J’ai tracé ce circuit au début du printemps.

Julie et Emma m’ont accompagnée dans mes découvertes par une radieuse journée d’avril.

Le point de départ est le parking proche de la maison forestière du Haberacker. A partir de là, on suit le triangle bleu jusqu’au carrefour de La Seeb d’où partent de multiples chemins de randonnée.

Nous décidons de monter vers les Seebfels, premier piton rocheux qui offre une vue sur le Schlossberg, juste en face, où se situent les ruines d’un château que j’aime particulièrement : l’Ochstenstein.

Ensuite nous continuons vers le deuxième promontoire rocheux, le Schweizerberg : celui qui abrite la Gloriette de Neubaufels, construite en 2006, où il est possible de se réfugier par temps pluvieux.  Le chemin serpente sur le petit plateau rocheux au milieu de fougères asséchées par l’hiver rigoureux.

On redescend ensuite, en suivant le cercle bleu, sur un chemin forestier qui bifurque très vite en une sente à flanc de rocher ouvrant un panorama boisé sur le plateau voisin.

Cette sente rejoint le chemin des pionniers (cercle rouge) qui mène, après 3 km, à la jolie maison forestière abandonnée du Baerenbach. Ce long chemin se déploie dans un décor boisé de toute beauté, révélant par endroits, le plateau du Wuestenberg, haut lieu de mythes nordiques. Le chemin doit son nom au 157è bataillon de pionniers qui l’a construit en 1895.

La maison forestière est au creux d’une petite vallée encaissée où coule le ru qui lui a donné son nom : le Baerenbach. Emma peut s’y désaltérer.

A partir de là, on entame une longue montée vers la grotte des Francs Tireurs dans un décor tout aussi enchanteur où le vert tendre des premiers feuillages irisent les verts plus sombres des épicéas recouvrant les vallons traversés.

La grotte des Francs Tireurs est un vaste abri-sous-roche de 28 m de largeur ouvert au pied d’une paroi de grès. Elle aurait servi de cache aux habitants et habitantes de Garrebourg au début de la guerre de 1870. Nous y croisons un couple qui alimente un feu de camp. Le moment semble hors de toute temporalité.

Assez vite, nous les laissons à leur complicité et continuons vers le sommet et ses rochers prometteurs en empruntant le chemin forestier du Margaretenweg.

A partir de là, roches monumentales, pitons rocheux, amas gréseux sont légions et offrent des panoramas tous plus beaux les uns que les autres : rocher Marguerite, Kelchfels, Pfannenfels.

C’est sur ce dernier que nous nous posons pour déjeuner. La vue sur le rocher de Dabo et les collines avoisinantes nourrit notre désir d’évasion.

Je me délecte du cake à l’orange que Julie a apporté dans ses sacoches.

Les derniers kilomètres descendent et montent plus sportivement en suivant le balisage triangle bleu.

Nous traversons une nouvelle fois le Baerenbach à la grande joie d’Emma et rejoignons, au bout d’un kilomètre, le carrefour de la Seeb, point de notre départ, où nous nous arrêtons pour savourer une dernière fois la magie de cette forêt et du moment partagé.

« Gravir

Prendre le pouls de la terre

Accrocher son regard aux ronces

Viser pentes abruptes

Repousser la satisfaction

Un peu

Plus loin

Grandir dans l’étirement »

Tania Tchénio « Pop-corn », 2020.

Minérale Corse

En avril 2020, nous avions prévu (Phlau, Julie et moi) de passer une semaine en Corse. Mais les circonstances en ont décidé autrement et le voyage a été décalé aux vacances de la Toussaint.

Je n’ai jamais été en Corse, c’est une première pour moi. Julie, qui nous a accompagnées, en est à son 4è séjour. Je crois qu’elle est fan, aimant la montagne et la lumière, c’est le combo gagnant.

Sentier du littoral- Désert des Agriates

Nous avions réservé des chambres dans un lieu chaleureux, : « CHAMBRES CHOCOLAT & TURQUOISE«  dans la périphérie de Bastia, où les hôtes sont végétaliens et font aussi traiteurs. Ainsi nous pouvions consacré nos journées à la randonnée et nous poser le soir autour de la table, sans avoir d’autres contraintes, ni à justifier nos choix de vie plus éthiques.

Florence et Michel, les hôtes, sont bienveillants, accueillants et cuisinent divinement bien. 5 chats, Gaby, Patrick, Cookie, Hendrix et Petit Chat, y vivent également ainsi que Cajou, le chien enthousiaste, ultra sensible et émotif de la maison que nous avons beaucoup bichonné. C’était le lieu idéal pour se ressourcer après nos marches quotidiennes.

1er jour – Mise en jambe sur les hauteurs de Biguglia

Nous sommes arrivées un dimanche lumineux, avons loué une voiture pour découvrir le Nord de l’Ile et, Florence et Michel, nous ont tout de suite proposé une mise en jambe : découvrir la chapelle romane Sant-Andria di Fabrica sur les hauteurs de Biguglia datant du XIIIè siècle. Un sentier partant de la fontaine au sud du village permet d’y accéder. Nous nous sommes tout de suite plongées dans l’ambiance méditerranéenne avec le maquis odorant exhalant les senteurs du ciste et les cactées qui jalonnent la montée vers la chapelle. Des cyclamens bordent le chemin ainsi que des chênes liège aux troncs noircis par un récent incendie qui donnent une couleur particulière aux paysages traversés.

Des décorations, petites sculptures, land art, peintures, rythment également la montée et poétisent l’espace. Il faut compter une heure de marche. Les ruines de la chapelle se dressent sur un piton rocheux à 343 m d’altitude, dominant la plaine, l’étang de Biguglia et la mer Tyrrhénienne. La lumière de fin de journée auréole les montagnes alentours où le vert domine. L’été semble encore là, si proche dans ce camaïeu de verts où les buissons ouvrent la vue sur un lointain bleuté côtoyant mer et montagnes. Seules les fougères roussies rappellent la saison en cours.

Par contre, en traversant le village de Biguglia, on a croisé un homme d’une quarantaine d’années, une carabine sur l’épaule, accompagné d’un garçon d’une dizaine d’années. Je trouve cela incroyable de voir des gens avec des fusils que ce soit dans les villages ou les zones moins habitées et, qu’en plus, cela soit un modèle éducatif. Tuer n’est pas à enseigner. C’est montrer qu’on peut dominer d’autres vies et se les approprier, ces vies qui ne nous appartiennent pas.

En fin de journée, nous sommes passées par le vieux port de Bastia,  deuxième commune la plus peuplée de Corse après Ajaccio. Ville portuaire aux immeubles écaillés dominée par la pro-cathédrale Sainte-Marie, entièrement restaurée et pimpante, dans un décor de ville latine tournée vers la mer. D’ailleurs, la majorité des églises et chapelles visitées sont rutilantes et très colorées et s’opposent bien souvent aux pierres vétustes des quartiers qu’elles dominent.

Jour 2 – Le désert des Agriates

Nous sommes parties, après le petit-déjeuner copieux, vers le Cap Corse pour notre randonnée du jour : 20 km aller-retour par le chemin des douaniers et son remarquable sentier littoral au départ du Golfe de Saint Florent.

La route qui conduit à notre point de départ passe par la montagne et offre des points de vue remarquables sur les deux versants du Cap Corse. Les panneaux de direction sont, pour beaucoup, vandalisés, troués par des balles, le nom français est tagué ou ils ont tout simplement été enlevés. Bienvenue sur cette île de l’omerta. D’ailleurs un dicton corse dit : « Un Corse ne pardonne ni pendant sa vie, ni après sa mort ». Le ton est donné.

Le désert des Agriates est situé entre le village de Saint-Florent, au Sud du Cap Corse, et la vallée de l’Ostriconi, au Nord de l’île-Rousse.

Les 16 000 hectares du désert étaient autrefois utilisés pour cultiver du blé et des oliviers.  Cette zone montagneuse n’a rien à voir avec un désert classique, on y trouve une faune et une flore abondantes, et surtout 35 km de côtes comptant des plages paradisiaques aux eaux turquoises. Les paysages sont beaux à couper le souffle et découpés par une infinités de petites criques aux eaux translucides et au sable blanc avec les montagnes en filigrane bleuté comme décor de fond.

Nous avons été jusqu’à la plage du Lotu où nous étions seules humaines et où Phlau s’est même baignée.

Baignade – Plage du Lotu

Au retour, Julie et moi avons escaladé un rocher qui devait être une ancienne tour de garde, appelées par les escaliers insérés dans la roche qui nous invitaient à aller admirer le panorama depuis sa plateforme.

Jour 3 – Apocalypse dans la vallée de la Restonica

Dans notre trio de voyage, il y a Phlau dont l’élément est sans aucun doute l’eau. Elle aime jouer, nager, se baigner. L’appel de la mer de la veille a été plus fort que tout même sans maillot de bain. Et il y a Julie. Julie aime marcher, la montagne et …le soleil. Elle rêvait de découvrir deux lacs de montagne, situés au bout de la vallée de la Restonica, qu’elle n’avait pas pu explorer lors de ses précédents voyages.

La vallée de la Restonica est souvent considérée comme l’une des plus belles routes de l’île. Cette route n’est pas facile, sinueuse sur 16 km, mais les paysages sont magnifiques, ce sont des gorges découpées par de hautes montagnes abruptes.  Nous voulions découvrir les lacs de Melu (alt  1711 m) et de Capitellu (alt  1930 m ). La météo annonçait un ciel bleu et un soleil lumineux. Mais voilà, à plus de 1000 m d’altitude, la montagne peut en décider autrement. Ce jour là, Julie allait encore rester sur sa faim. La quête des lacs…pour un autre séjour corse.

Dès le début de notre montée, à partir de la bergerie de Grotelle, un paysage alpestre, aux pentes marquées par des roches schisteuses, s’offre à nous . Nous traversons des rus alimentés par une eau furieuse qui dévale de l’aplomb des montagnes, rendant le sentier empierré dangereux et glissant. Le ciel est gris et menaçant.

Très vite, nous sommes prises dans une tempête mélangeant grêle et neige et transformant la montée en une épreuve des enfers. Le décor devient apocalyptique noyant toute couleur dans ses ruissellements venus de cieux en colère. Il est de plus en plus difficile d’avancer et nous sommes vite trempées de la tête aux pieds malgré notre équipement adapté.

Les rus se transforment en ruisseaux grondants et l’eau dévale de partout. Les sommets sont noyés dans les nuées grises qui crachent leur courroux de toute la force des éléments de la nature. A un quart d’heure du lac de Melu, nous décidons de faire demi tour car le sol est détrempé et beaucoup trop glissant. Je grelotte de froid.

Nous rebroussons chemin, la tempête ne se calmera pas. Julie est triste et déçue. Nous décidons de retourner à la chambre d’hôtes pour nous changer, nous réchauffer et repartir pour quelques kilomètres autour de Murato, surplombant la plaine de la Conca d’Oru et le golfe de Saint Florent, sous un ciel plus clément afin de finir cette journée par une note lumineuse.

Effectivement, le soleil inonde le littoral. A Murato se trouve l’une des plus jolie église romane de Corse : l‘église San Michele de style pisan   polychrome (bicolore), alternant des pierres de couleurs verte (serpentine) et blanche (calcaire), assemblées en dessinant irrégulièrement des damiers et des zébrures.

Jour 4 – Florilège de villages du Cap Corse

Aujourd’hui c’est plein soleil sur le littoral et les sommets proches. Nous décidons de partir découvrir le patrimoine urbain du Cap Corse. Nous commençons notre périple par Nonza, perché en nid d’aigle sur une falaise verticale de cent mètres de haut, surplombant la mer Méditerranée, autour de l’église rose orangé vif Santa Ghjulia. À la fin de l’époque romaine, sainte Julie, la patronne de la Corse, y aurait été martyrisée et, donc, une église, une chapelle et une source commémorent cet événement.

Dès notre arrivée, nous sommes accueillies par Frita, une chienne aux airs de cocker qui va nous guider et nous accompagner tout le temps de notre visite. Après être montées à la tour Paoline, construit au XVIIIe siècle sur l’emplacement d’un ancien château, nous descendrons par un monumental escalier de 150 marches vers la marine. Cet ancien port, aujourd’hui ruiné qui ouvre sur une surprenante plage de galets noirs et gris.

Le deuxième village visité est Canari, à peine un peu plus de 300 personnes y résident. Nous nous garons sur la place de son remarquable clocher du XVIIème siècle, agrémenté de magnifiques palmiers, jouissant d’une vue panoramique exceptionnelle sur le golfe de Saint-Florent et la pointe de la Revellata. A partir de là, nous descendons jusqu’à sa marine pour remonter par un sentier serpentant au travers d’anciennes terrasses abandonnées.

Le périple continue ensuite vers Pino, bâti à flanc de montagne et entouré de figuiers, chênes verts, platanes, cyprès et oliviers, surplombant la mer à 170 mètres. De magnifiques bâtisses l’agrémentent comme le château Piccioni ou le surprenant mausolée de la famille Piccioni qui contient, entre autres, les cendres de la fille de Gustave Eiffel, Valentine, mariée avec Camille Piccioni, diplomate et fils d’Antoine Piccioni qui fut maire de Bastia.

Nous décidons ensuite de traverser le cap pour finir sur sa façade Est avec la découverte de Meria. Nous empruntons la D35, route escarpée et sinueuse qui traverse les montagnes et nous offre de majestueux panoramas sur les sommets proches surplombants les eaux méditerranéennes de toute leur amplitude. En cette saison, il y a très peu de touristes et beaucoup de commerces sont fermés pour notre plus grand plaisir. C’est très impressionnant de se sentir seules dans ces lieux. Comme un sentiment de fin du monde …

Meria, 5 hab/km², fut un port actif au XVIIè siècle. Nous nous garons sur la place de l’église totalement désertée. Notre but est de découvrir le hameau abandonné de Caracu à proximité. Pour y parvenir nous longeons une allée bordée d’imposants tombeaux. En Corse, on trouve ainsi beaucoup de tombeaux et de cimetières privés dans les villages. C’est d’ailleurs étrange de voir ces lieux privatisés qui reflètent le pouvoir des notables en place d’une époque pas si lointaine.

Le sentier qui mène à Caracu s’enfonce dans la végétation touffue du maquis et offre, par endroit, des vues sur la cote orientale du Cap Corse. Assez vite nous arrivons au village. Les ruines sont dangereuses et peu visitables mais une étrange impression se dégage de ces lieux délaissés où la nature a repris ses droits.

Nous rentrons de nuit, épuisées et repues par tous ces endroits visités. Fin octobre, le soir arrive vite.

Jour 5 – Gorges du Tavignano

Un sentier balisé au départ de la citadelle de Corte permet d’atteindre les gorges du Tavignano, une des plus belles vallées des montagnes corses selon les guides touristiques. Le sentier s’élève sur la rive gauche du torrent.  C’est effectivement une très impressionnante vallée creusée dans les différents rochers de cette partie de l’île et qui mène aux hauts plateaux du lac de Nino et de la Punta Artica. Elle n’est accessible qu’à pied et reste en dehors des sentiers battus ce qui fait aussi tout son charme.

Le soleil et la douceur étaient au rendez-vous, nous avions décidé d’aller jusqu’à la passerelle suspendue de Rossolino, à 2h de marche. Le sentier est bien balisé et à flanc de falaise par endroit, offrant des vues à couper le souffle sur le maquis et les escarpements vertigineux de ce canyon corse. Nous avons croisé peu d’humains mais avons partagé nos miettes avec une colonie de fourmis lors de notre pause déjeuner.

Par endroit, quelques châtaigniers au feuillage or rappelaient que nous étions en automne.

Nous avons fini le périple par la visite de Corte, capitale historique et culturelle de la Corse. Elle occupe une position centrale dans l’île et sa citadelle domine les montagnes avoisinantes.

Jour 6 – Le chemin de croix de Cervione

Le soleil est de plus en plus ardent, nous choisissons pour cet avant dernier jour de découvrir les hauteurs de Cervione sur la Costa Verde. Cervione est un très joli village typique accroché en amphithéâtre sur les dernières pentes du Monte Castellu qui culmine à 1109 mètres.

Sa cathédrale Saint Erasme est remarquable, un des premiers édifices baroques de Corse.

Pour nous y rendre, nous avons pris la route sur la corniche de la Costa Verde qui a été une excellente mise en bouche de ce qui nous attendait.

Nous sommes montées sur le plateau de la Scupiccia (750m), situé à une heure de marche au-dessus de Cervione et qui offre une vue imprenable sur la plaine et les massifs alentours abritant la chapelle A Madonna di a Scupiccia. Nous décidons de nous y rendre en passant par la croix de Stupiole, dominant le littoral de son piton rocheux à 632 m d’altitude. A partir de la croix, le sentier bien balisé (heureusement !) passe par des rochers à escalader qui découvrent des vues de plus en plus époustouflantes sur l’horizon découpé entre mer et montagnes aux sommets enneigés.

Comme sur les hauteurs de Biguglia, les troncs sont noircis par un incendie, sans doute récent, mais la force vive du maquis a totalement réinvesti les sols et ces troncs calcinés habillent le paysage d’une étrange impression de chaos.

C’est sans aucun doute l’une de mes plus belles randonnées corses parce que le paysage est ouvert sur 360° et le ciel dégagé permet de savourer ces panoramas majestueux et diversifiés.

Nous nous sommes posées à la Pointe de Nevera à 801 mètres d’altitude repues par tant de beauté.

Jour 7 – Dans les nuages des crêtes de Rutali

Dernier jour, la matinée est encore lumineuse mais nous voyons poindre au loin quelques nuages. La particularité de la Corse est que le littoral peut être inondé de soleil mais le moindre nuage aime s’effilocher sur ses cimes vertigineuses . Nous décidons quand même de découvrir les crêtes proches de la chambre d’hôtes. Le point de départ est à Rutali.

Nous montons à la découverte du Monte Torriccello culminant à 834 m d’altitude. Très vite nous tombons sur un fameux nuage effiloché qui embrume le paysage et annonce la Toussaint prochain. L’ambiance de la dernière randonnée est donnée.

Dans cette brume, nous atteignons la chapelle Santa Chiara. Nous poursuivons vers la cime proche où paissent quelques vaches et un troupeau de chèvres.

En Corse, il n’y a pas d’élevage de vaches pour leur voler leur lait. Elles sont majoritairement errantes sur les routes et les sentiers (souvent dangereux d’ailleurs pour elles) et finiront assassinées pour leur « viande ». Elles sont efflanquées et cherchent à l’infini de quoi manger sur ces sols arides et épineux. Non, leur liberté sous conditionnelle n’est pas plus enviable que ce que vivent les vaches enfermées. La finalité reste la même et aucune jouissance d’un espace libre n’excuse une mise à mort programmée.

C’est quand nous atteignons la croix marquant le sommet du Monte Torriccello que le nuage se déchire enfin pour nous offrir une magnifique vue sur la baie de Saint Florent dans le lointain. La face Est reste bouchée mais nous pouvons voir le chemin de crête qui se dessine devant nous. L’objectif suivant est la cime de Stella à 1010 m d’altitude.

Nous replongeons assez vite dans un nouveau nuage ou peut être est-ce le même qui a ralenti sa course. Et là je suis surprise car nous ne sommes plus dans le maquis mais dans une incroyable forêt de châtaigniers totalement baignée par cette brume qui lui confère un charme onirique imprégné de féérie. J’ouvre la voie et les croassements des corbeaux qui s’envolent à mon approche accentuent encore cette impression. Et soudain, nous dérangeons quatre sangliers affolés qui s’éparpillent dans les fougères, le cadeau du jour. Les sangliers corses sont petits. Des rayons percent difficilement l’opacité de la brume et nimbent davantage encore le sous bois de magie. Nous poursuivons le chemin, heureuses de nos rencontres et arrivons à la cime suivante mais la vue reste bouchée.

Nous redescendrons accompagnée par cette nébulosité. Nous traversons d’autres sous bois émaillés de murs empierrés et moussus.

Les nuages ont également investi le littoral. Notre dernière journée corse aura été dans l’ambiance de la saison en cours.

Le retour au monde fou va être difficile.

Vue depuis la Pointe de Nevera à 801 m d’altitude

Terre d’encre et de papier

dans l’enclos du poème

et pourtant rose chair

Terre d’azur d’émeraude

en pleine page

et pourtant noir profond

Terre pastel sur la marge

ténue entre les lignes

touchée du doigt pourtant

Terre désincarnée

dans l’enclos du poème

et pourtant dans mes bras

Marie-Ange SEBASTI, Cette parcelle inépuisable,  Jacques André éditeur, 2013

Etangs et ruines monumentales au pays de Bitche

Les 55 jours étranges vécus pendant ce printemps 2020 m’ont rappelé combien la liberté était une chose illusoire et que nous n’étions que des pantins au service des gouvernements. J’ai donc dû mettre entre parenthèses mes escapades dans « mes » montagnes proches et je n’avais qu’une hâte, c’était de repartir sur ces sentiers escarpés.

La date du déconfinement a été fixée le 11 mai. Le lendemain, un mardi ensoleillé, je suis donc partie avec Justine pour une longue marche sur les chemins boisés des Vosges du Nord. Une randonnée vivifiante de 18 km qui nous a fait découvrir deux très belles ruines de châteaux forts moyenâgeux et nous a offert de relaxantes haltes au bord d’étangs tourbières aux écosystèmes protégés.

Le parcours débute et finit par l’étang de Hanau situé au cœur du Parc Naturel Régional des Vosges du Nord.  Cet étang s’étend sur 18 hectares dont une partie est aménagée en zone de loisirs et l’autre protégée car la flore de l’étang est remarquable et d’importance patrimoniale, en particulier les tourbières acides abritant de nombreux insectes inféodés.

Le chemin se poursuit ensuite vers l’étang de Lieschbach, plus confidentiel dans son écrin boisé. Un ponton permet d’y accéder sans déranger les habitant-e-s de ses berges protégées.

C’est à partir de cet étang que débute la montée vers les ruines monumentales du Falkenstein. Ce château date du XIe siècle et il est semi-troglodytique . On y entre par un remarquable portail. Le grès qui lui sert de socle a été fortement  modelé par le vent et les intempéries au cours des siècles et lui donne des allures et des couleurs ocres de canyon exotique. On peut y voir les vestiges du donjon, les salles troglodytiques et la tour du puits, qui avait trois fonctions : protéger le puits, défendre les abords, et servir, au niveau supérieur, d’habitation. La vue d’en haut s’ouvre sur un magnifique panorama sur les collines boisées des Vosges du Nord.

La randonnée se poursuit ensuite vers l’autre ruine imposante du parcours, 5 km plus loin, celle du château du Ramstein, construit à la fin du XIIIè siècle. Elle est située sur une barre gréseuse de plus de 270 m de long et seulement 6 m de large. Au cours du XIVè siècle, les seigneurs de Ramstein, devenus des chevaliers pillards, transforment le château en repaire de brigands. Il est alors assiégé et démantelé lors d’une expédition punitive par les Strasbourgeois en 1335. Il ne sera jamais reconstruit. On peut encore y voir deux salles troglodytes ainsi que le pan du mur du logis seigneurial dont la verticalité est repérable de loin.

En contrebas, se trouve deux souterrains creusés en 1936 par le Génie militaire pour en faire le quartier général de la Ligne Maginot. Ces aménagements sont utilisés comme abri par la population pendant les combats de l’hiver 1944-1945. Actuellement, l’endroit est fermé par des grilles car hébergeant une colonie de chauve-souris protégées par un arrêté préfectoral de biotope depuis le 25-09-1988. Tout le site fait partie de la Réserve naturelle des rochers et tourbières du pays de Bitche. On y trouve 11 espèces de chauve-souris sur les 18 identifiées dont le grand murin, le murin de daubenton et les deux espèces d’oreillard.

Le cheminement continue vers le joli village de Baerenthal, classé « Station Verte » où se trouvent l’étang de Ramstein aménagé en base de loisirs. Le parcours est bucolique et conduit à l’étang suivant, celui de Schmalenthal. C’est à cet endroit que nous décidons de pique-niquer. J’appréhendais de traverser un village mais ce fut très agréable. De plus, nous avons croisé très peu de personnes et avions le sentiment d’être propulsées dans une bulle spatio-temporelle du siècle passé.

Le retour se fait par une tranquille remontée de 5 km vers le col du Petit Dunkelthal à 300 m. d’altitude. A partir de ce col, nous redescendons vers la D662 que nous traversons pour rejoindre 1 km plus loin la tourbière de l’étang de Hanau où est garée notre voiture. Sur la montée nous passons devant la source d’argent où nous faisons encore une petite halte rafraîchissante.

A l’étang, nous nous posons une dernière fois sur le ponton pour savourer les délicieux cookies de Justine, mon amie cheffe en cuisine végétale. Ce bain de verdure et d’histoire nous a revivifiées surtout que nous n’avons croisé aucun humain sur les sentiers empruntés, l’illusion d’êtres seules dans cette nature verdoyante fut enivrante.

Escapade sur les rochers de La Petite Pierre

Je ne sais pas pourquoi j’ai une tendresse particulière pour les Vosges du Nord, sans doute le fait que ses sentiers soient moins arpentés que celles du Sud y est pour beaucoup mais pas seulement. Il s’en dégage toute une poésie de conte oublié quelque part dans un coin de ma mémoire, une résurgence de l’enfance où je me dis qu’ici je peux lâcher ce qui me pèse, que ces escapades m’emportent dans leur quiétude vers d’autres rives, loin de cette humanité qui m’oppresse souvent… Mon coin d’utopie, celui où je me sens chez moi et où les limites s’évaporent.

C’est une randonnée facile et bucolique que je vous propose, sur les sommets gréseux près de La Petite Pierre, commune du Bas-Rhin située dans le parc naturel régional des Vosges du Nord.

A cet endroit, la couche de grès, formée il y a 250 millions d’années atteint environ 300 mètres d’épaisseur. La pluie et les ruisseaux ont érodé et façonné la roche formant ainsi les falaises, les pitons, les vallées et les cuvettes des Vosges du Nord.

J’y étais en février et y suis retournée début mars, une de mes dernières « sorties » avant cette étrange période de libertés supprimées. Le circuit est jalonné de rochers aux points de vue splendides.

Le départ se fait au parking de la Maison forestière Groupement Ornithologique du Refuge Nord Alsace. C’est l’entrée du site Natura 2000 « Vosges du Nord » et de la Réserve nationale de chasse et de faune sauvage de La Petite-Pierre. J’ai toujours du mal à associer tuerie (chasse) et la protection d’un espace. Mais je ne vais pas m’étendre sur ce sujet. Le lobby de la chasse est puissant et sait s’immiscer dans les plus hautes instances pour justifier ses tueries.

Les milieux traversés sont rares et protégés. La balade nous emmène d’abord vers le rocher de Loosthal (367 m.) , premier point de vue sur les collines boisées de résineux et de feuillus encore dénudés au coeur de l’hiver du Spitzberg et du Brudersberg.

Le rocher suivant est le Finkenstein mais il n’est pas accessible, protégé par une corde qui en interdit l’accès pour cause de nidification. Les panneaux interdisant son accès ne sont pas plus explicites.

Très vite on arrive au Rocher du Cerf (le Hirschfels), la vue est à couper le souffle. Excepté le château de Hunebourg aucune construction humaine n’apparaît. Ce domaine est l’endroit de prédilection du cerf élaphe . Un petit kiosque s’y trouve. En mars, un sapin s’est effondré sur lui suite aux violentes tempêtes de cette période mais ne l’a pas détruit.

Le chemin se poursuit vers la route forestière du Breitschloss, nous arrivons rapidement à la zone marécageuse du Lach pour le plus grand plaisir de Suzy.

La balade continue sur de larges sentiers qui nous amènent tranquillement au Rocher du Saut du Chien (le Hundsprung) composé de trois plateformes.

De là, un magnifique panorama s’offre à nous et nous décidons de nous poser à cet endroit pour pique-niquer (début mars). Une légende raconte que certains soirs d’été, quand le temps orageux perturbe les animaux, un grand chien noir aux yeux de feu saute d’un rocher à l’autre. Malheur aux passant-e-s qui voudraient le suivre, car il ou elle tomberait dans le vide et cette chute serait fatale. Mais heureusement, depuis la construction des trois passerelles, on risque moins de tomber dans le piège de cet étrange animal.

Gaston et Colette. L’enjeu de la pomme.

Ensuite on a fait un petit aller-retour jusqu’au rocher du Bélier pour nous repaître encore de cet extraordinaire panorama boisé mais sous un autre angle. Je ne me lasse pas de ces immenses solitudes délaissées des humains.

Le retour se fait par la Cabane du Breitschloss, étrange petite maisonnée isolée au cœur de la route forestière goudronnée du même nom que nous empruntons sur quelques centaines de mètres. Ensuite nous bifurquons sur notre gauche pour suivre le chemin du Mühlkopf. Ce dernier nous amène à d’autres points de vue sur La Petite Pierre cette fois ci.

Route forestière du Breitschloss

Le retour suit, par des sentiers moussus et d’autres points de vue impressionnants, la route forestière du Breitschloss sur les deux derniers kilomètres. Nous y trouverons même un bois de cerf.

Ce qui est certain est que j’y retournerai dès la levée du confinement, histoire de découvrir ces contrées noyées dans le camaïeu vert du printemps avancé.

14 mai.

3 jours que le déconfinement est en place. Chose promise, chose faite : je suis retournée sur les sentiers boisés de cette contrée et les verts ont enchanté la forêt…