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Verdoyante Auvergne

Journal de vacances

  • Dimanche 9 juillet 2023 – Le Pradal, Haute-Loire.

Hameau de quelques maisons en pierre resserrées autour d’une chapelle dédiée aux mineurs, hors de toute temporalité, le présent s’est suspendu là, à 672 m d’altitude, à flanc de coteau boisé de chênes au pied duquel coule le ruisseau d’Arçon. Nous nous situons en Haute-Loire, à plus de 700 km de chez nous.

Nous sommes arrivées hier, vers 17h, après un voyage débuté à 8h. La fin fut éprouvante du fait des températures caniculaires dépassant les trente degrés. Eprouvantes surtout pour les chiennes qui nous accompagnent. La climatisation a tourné à plein régime et je n’ai pris la mesure de ses bienfaits que lorsque j’ai ouvert ma portière pour affronter le vent chaud qui assèche la moindre parcelle d’air.

Le gîte, maison en pierre épaisse blottie contre la colline, est un havre de fraîcheur.

Nous avons été accueillies par un couple âgé. La dame était très rigide, inquiète de découvrir que nous avions un grand chien avec nous, Emma. Leur prestataire leur ayant menti sur la taille de nos chiennes. Inquiète car elle pensait que nous allions les laisser divaguer et qu’Emma allait se transformer en croqueuse de poules du village. Ensuite notre numéro de réservation ne collait pas avec le leur…  parce que nous n’avions pas le même prestataire, un sketch. Heureusement, le couple habite à trois quart d’heure d’ici. Nous serons tranquilles. L’espace n’est pas clos mais encastré dans la logique de la pente et dévale sur le ruisseau qui le traverse. J’ai prévu une longe pour qu’Emma puisse rester dehors avec nous (quand nous profitons du mini jardin) sans aller croquer les poules ou les intrus.

Pas de wifi, très peu de réseau, de quoi bien se déconnecter.

Lavaudieu

La chaleur écrasante est annoncée jusqu’à mercredi. Nous avons donc décidé de partir tôt pour notre première escapade hors de notre havre. J’ai aussi choisi une randonnée, en grande partie boisée, avec des points d’eau pour amener les chiennes avec nous.

Le point de départ est à 30 mn du gîte, dans un autre village de vieilles pierres construit autour d’une remarquable abbatiale du XIè s. : Lavaudieu.

Le circuit déniché sur visorando, débute par des chemins asphaltés et des vues dégagées sur les monts d’Auvergne, les champs ont été fauchés et les ballots ronds de foin parsèment le paysage. Une source est notre premier point d’eau sur le parcours mais elle est tarie quand nous y arrivons (Buze). Notre chemin suit un tracé longeant un bois et Phlau y remarque un joli sentier s’enfonçant dans le sous-bois. La carte m’indique une sente en pointillés qui nous permettrait de raccourcir le trajet en coupant à travers bois pour accéder plus vite à la Sénouire, rivière qui longe le GR300 et me promet fraîcheur et baignades pour les chiennes. Les filles sont OK pour suivre ces pointillés et surtout le joli chemin ombragé qui s’ouvre devant nous. Très vite, le sentier est happé par les bois morts et nous cherchons son tracé à travers les insectes bourdonnants et les toiles d’araignées qui ont investi les lieux et vu, le foisonnement ambiant, on les comprend. Nous avançons malgré tout vers la rivière. Mais à quelques mètres avant de l’atteindre, la pente se fait roche en aplomb et le bois se transforme en ronces et fougères épaisses.  Nous décidons de rebrousser chemin car nous nous mettons en danger et les chiennes nous accompagnent.  On revient tant bien que mal sur nos pas pour retrouver le tracé du départ mais la chaleur est de plus en plus éprouvante. Suzy est au taquet pour être en tête avant de s’écraser dans la fraîcheur de la terre au moindre coin d’ombre. Nous sommes chargées d’eau pour les chiennes, faisons des pauses régulières et mouillons le torse de Suzy. C’est elle qui souffre le plus de ces températures hors normes, comme elle ne perd pas ses poils.

Nous arrivons enfin à la rivière, je craignais que nous n’y ayons pas accès mais son cours large est baigné de galets ronds et elle est abordable à de nombreux endroits, pour le plus grand plaisir de Suzy, Emma et Rosa. L’humidité qu’elle dégage modifie la végétation traversée, les acacias ont remplacé les chênes et des fougères immenses et élégantes ouvrent le chemin et apportent un peu de fraîcheur. Le chemin du retour longe cette rivière, remonte le long des coteaux, traverse des collines boisées aux buissons épineux où la nature touffue grésille dans le soleil qui devient de plus en plus ardent. Claudia est éprouvée par cette chaleur, Phlau me suit de près, tractée par Emma.

A l’orée du village, je sais qu’il reste un km à faire pour rejoindre la voiture mais sur l’asphalte brûlant ce n’est pas la meilleure chose à faire avec les chiennes. Je décide donc d’aller chercher la voiture et de venir les récupérer dans un coin ombragé, malgré les interdictions de circuler pour les touristes dans le village aux rues étroites. Il y a très peu de monde. Les quelques visiteurs sont agglutinés le long de l’eau pour pique-niquer à l’ombre.

Nous croisons un groupe de jeunes (et beaux) séminaristes en robe noire apprêtées et splendides mais sans doute très peu confortables. Ils sont français, viennent d’une école internationale italienne (je leur ai demandé car leur tenue nous a intriguées). Nous offrons un dernier bain aux chiennes dans la Senouire avant de retrouver la fraîcheur bienfaitrice de notre gîte.

Claudia a siesté dormi 3 heures pour récupérer de notre périple ! L’après-midi est lente et paresseuse. Seule Rosa reste vive et vigilante au moindre bruit de mâchoire…

  • Lundi 10 juillet – visites des villages proches.

Nous appréhendons les températures qui ne cessent de monter. Heureusement que nous sommes dans notre vallon boisé loin du bitume et de toute circulation. Le ciel couvert de la matinée a apporté du supportable dans les mouvements. J’ai baladé les chiennes une petite demi-heure au-dessus de notre gîte. Le paysage est magnifique. Je suis impressionnée par le camaïeu de verts, cette nature ne semble pas encore être altérée par la sécheresse.

Nous sommes parties explorer les quelques villages historiques alentours. D’abord Ally culminant à 1000 m d’altitude, point central de ces lieux. D’anciennes mines de plomb, d’antimoine et d’argent parsèment la carte topographique, des moulins également, témoins d’un passé riche en histoire. Sur les hauteurs, c’est un plateau sommital qui se déploie et ne donne pas du tout l’impression d’être en montagne, les espaces sont dominés par la présence humaine et l’exploitation d’autrui.

Nous sommes redescendues vers l’Allier et sa vallée verdoyante. Deuxième arrêt à Lavoûte-Chilhac, labélisé parmi les plus beaux villages de France. C’est son ancienne abbaye des Bénédictins qui en a fait sa gloire. Il semblerait qu’elle a collectionné des reliques diverses mais, à notre grande déception, nous n’en avons vu aucune. J’aime bien le côté magique du religieux et son folklore tant qu’il ne provoque ni n’entraîne violence et meurtre.

J’aime surtout l’histoire et ses méandres, ses traces dans le paysage et j’ai un faible pour toute la période médiévale. Ici, je suis particulièrement gâtée.

Le troisième lieu du jour fut les vestiges du site castral de St Ilpize, perché en aplomb de l’Allier, magnifique forteresse agrémentée d’une chapelle romane et de sa tour seigneuriale.

On y accède depuis Villeneuve d’Allier en passant par un pont suspendu, petite prouesse architecturale plus contemporaine mais qui vaut aussi le détour. La vue est également impressionnante depuis le pont.

Nous sommes retournées vers midi au gîte. Les températures grimpent et l’air devient irrespirable. Les filles sont dans la fraîcheur de la maison, moi j’écris depuis notre jardin, abritée par un lilas foisonnant, une vigne grimpante le long des vieilles pierres et le parasol déployé. Plus tard, j’irai faire un tour en sous-bois. Emma est allongée à mes pieds et sieste. Elle n’est plus attachée par la longe. Le lieu est tellement tranquille que je ne crains pas qu’elle se sauve. Il n’est pas sur le versant boisé plus habité par les animaux de la forêt. Les papillons sont légions et les insectes saturent l’air du crissement de leurs ailes.

  • Mardi 11 juillet – randonnée à partir du gîte sur le GR 470.

Aujourd’hui la chaleur sera à son paroxysme. Des orages sont prévus dans l’après-midi. Hier soir, j’ai exploré la carte topographique pour un circuit court à partir de la maison. Je suis surprise car les divers sites de randonnée ne proposent rien dans le vallon qui nous héberge et pourtant il est truffé de sentiers menant à de vieilles mines et reliant les hameaux entre eux.  Le GR 470, à 2 km d’ici, concentre l’intérêt.

Phlau était OK pour m’accompagner, Claudia est restée au gîte avec les chiennes. Nous sommes parties à 7h30 explorer les collines proches. J’avais prévu une petite boucle de moins de 10 km qui rejoignait le GR. J’adore son nom : Robe de bure et cotte de mailles. Tout ici nous relie au moyen-âge, période historique que j’affectionne. Nous sommes revenues enchantées de ce mini périple, repue de panoramas grandioses et gorgées d’images bucoliques où nous n’avons croisé aucun humain.

Nous avons traversé le hameau de Condors qui semblait inhabité, pourtant des fenêtres fleuries aux rideaux brodés et pimpants témoignaient d’une vie intime et privée. Le village semble figé dans un autre siècle :  panneaux improvisés, chapelle improbable aménagée dans une cave pour recueillir deux sous afin de restaurer une maison locale, habitats abandonnés en ruine, vieille boite postale du siècle passé et pourtant toujours utilisée, vélos oubliés transformés en décoration florale…C’est à partir de ce lieu que nous avons parcouru un morceau du GR 470, en partie à flanc de colline s’ouvrant sur des vallons lointains et bleutés dans la lumière matinale, déjà saturée par le rayonnement cru du soleil. Au loin, le site castral de St Ilpize se découpait dans l’infini de l’horizon. La danse des insectes bourdonnants rythmait nos pas, une vie grouillait dans les buissons, les papillons virevoltaient, insouciants de la torpeur ambiante.

La flore est exceptionnelle, d’une diversité et d’une densité incroyable : lande à genêt, sainfoin, thym, molène pubescente aux épis floraux exubérants, sauge des prés, scabieuse, achillée, vipérine aux violets chatoyants, œillet du granite, fougères foisonnantes par endroit, etc.    

Parfois j’aimerais que le temps se suspende. Savourer ces instants, les étirer, m’en imprégner à jamais, bulles de quiétude dans le tumulte des mondes.

Une partie du GR emprunte aussi des sentes boisées bienvenues dans la torpeur étouffante de l’été. Nous sommes passées à côté d’un château médiéval en excellent état où la boite aux lettres indiquait : « Général et Madame Guy de Rochegonde ». Naïvement, je suis toujours fascinée que l’on puisse s’identifier d’abord par sa fonction. Cela renvoie à notre rapport au monde et à nos priorités. Et je ne parle même pas de « Madame » qui n’existe que dans le nom de son époux… En faisant des recherches, j’ai aussi compris qu’il s’agissait d’une famille noble. La nuit du 4 août a aboli les privilèges sur le papier mais 250 ans plus tard, ils persistent encore.

Notre retour s’est fait majoritairement en sous-bois, appréciable car les températures étaient déjà de 30 degrés à 10h.

J’ai repris ma place d’hier, dans notre petit jardin ouvert, pour rédiger ces phrases. Rosa et Emma me tiennent compagnie. Suzy préfère rester à l’intérieur avec les filles qui supportent beaucoup  moins la chaleur que moi.

  • Mercredi 12 juillet 2023- Boucle à partir de St Austremoine.

Au réveil, j’espérais que la pluie aurait enchantée le jardin, que nenni. Pas une goutte. L’herbe s’assèche de jour en jour et la terre se craquèle, se repliant sur ses dernières molécules d’humidité pour survivre. Les orages sont passés et nous ont oubliées. Je me demande où tout ce vallon si verdoyant puise son énergie. Je ne me lasse pas de ce lieu délaissé de l’humanité, de Michèle, notre voisine adorable aux petits soins avec nous. Hier nous avons eu droit à une énorme salade de son jardin. Elle aime savoir où nous marchons, ce que nous visitons. Elle me raconte des petites histoires de sa vie et me partage les humeurs de ses compagnons de cœur : Mimi, le chat roux adopté et Anaïs, une yorkshire aveugle qui a atteint l’âge remarquable de 20 ans.

Ici, les routes sont parfois si peu empruntées que des liserons y poussent. C’est beau.

La randonnée du jour nous a conduit à 20 mn d’ici, sur les hauteurs de St Austremoine à + de 900 m d’altitude. Les nuages offraient l’opportunité de marcher à découvert. Nous avons pris Rosa avec nous car elle était particulièrement remuante ce matin et avait besoin de se dépenser. Je savais aussi que le circuit n’était pas long et était faisable pour elle. Suzy et sa tignasse de mouton aurait souffert, quant à Emma, je lui proposerai une balade à notre retour. Vivre avec elles c’est aussi s’adapter à la personnalité de chacune. Quand Rosa a vu que son idole (Emma) ne nous accompagnait pas, elle a voulu rester au gîte mais sa jeunesse aurait fini par nous épuiser, toutes, chiennes comprises. C’est pourquoi elle a fait partie du voyage.

Le point de départ fut la petite place de la mairie, face à la belle église romane (fermée) de St Austremoine. La montée se fait par une route goudronnée, ce n’était pas précisé sur le circuit et j’aurais sans doute adapté notre petite virée. Heureusement que les nuages voilaient l’ardeur du soleil de juillet car nous n’aurions jamais pu l’emprunter par 30 degrés, cela aurait été impraticable pour les coussinets de Rosa. Cela dit les panoramas étaient époustouflants, dévoilant les combes verdoyantes d’Auvergne des versants sud. Les gris en camaïeu d’un ciel bousculé sublimaient les verts profonds des vallons boisés. Et, plus loin, dans le creux des gorges, on devinait les méandres de l’Allier. Nous avons traversé deux hameaux au même charme d’histoires révolues s’ancrant dans un passé d’un autre siècle, contant les temps plus illustres de ces vieilles pierres.

C’est en basculant sur le versant nord que nous avons quitté la route asphaltée pour cheminer enfin le long d’un large sentier sommital aux contours parfois boisés. La campagne traversée alternait des champs prodigieusement fleuris et des landes plus rudes où affleurait la roche. Partout où se perdait le regard, la nature abondait de vie.

L’air oscillait entre la torpeur des jours précédents, quand un voile de nuage se déchirait sur un creux ouvert au soleil, et une brise bienvenue quand les nuages repartaient à la conquête du ciel. Parfois les nuées dessinaient un carcan sombre et inquiétant au loin, nous faisant encore espérer une pluie salvatrice qui n’est jamais venue. Phlau a qualifié ces humeurs de « météo bipolaire », c’est assez justement défini.

Au retour à St Austremoine, nous avons baigné Rosa dans la fontaine du village et nous nous sommes posées à l’ombre d’un tilleul avant de reprendre la route.

De retour au gîte, je suis partie d’abord avec Emma, puis avec Suzy, musarder aux alentours du gîte pendant encore une petite heure.

  • Jeudi 13 juillet 2023 – boucle entre Lavoûte Chilhac et Chilhac.

Cette nuit j’ai presque eu froid et j’ai du me glisser sous le drap pour dormir, quelle merveilleuse sensation ! Ce matin, quelques nuages sont encore présents et rendent l’atmosphère agréable. Nous décidons donc d’emmener les chiennes avec nous pour la randonnée du jour.

Le départ se fait à partir de Lavoûte Chilhac que nous avons déjà visité en partie lundi. Sa particularité, outre qu’il est classé parmi les plus beaux villages de France, est la boucle que forme l’Allier, son pont dont une arche date du XIè siècle et bien sûr, son majestueux prieuré clunisien de Sainte-Croix de La Volte datant également du XIè siècle surplombant la courbe de la rivière.

Cette fois-ci, le circuit se fera essentiellement sur des sentiers souvent boisés dont une partie emprunte le GR 470. Des fontaines jalonnent le chemin et permettent de rafraîchir les chiennes. La campagne est bucolique, les blés blonds ondoient sous une légère brise et ouvrent sur des collines lointaines. Je suis surprise car je vois très peu d’élevages de vaches ou de brebis. Par contre, il y a quelques centres équestres et les champs clos de fils électriques enferment surtout des chevaux.

La montée se fait en sous-bois, le long d’un sentier à la roche ravinée. Il semblerait qu’il ait plu dans ce coin. Quelques flaques de boue font la joie des chiennes. Comme d’habitude, nous ne croisons aucun humain. J’ouvre la voie et les toiles d’araignée s’accrochent à mes bras, à mes épaules. Je suis désolée de saper ainsi leur travail de dentellières. Parfois, les branchages s’ébrasent sur une échappée dévoilant un paysage pastorale idyllique.

Tout est beau. J’ai un sentiment de plénitude.

Au niveau d’Aubazat, nous traversons la D585 pour basculer sur l’autre pan de colline qui nous mène au GR 470.  Le paysage change encore. Nous suivons une ligne de crête où affleure la roche, plus méditerranéenne dans sa végétation. Le sentier est parfois sableux, d’anciens murets témoins du passé viticole de la région bornent la ligne du chemin. La richesse de la flore est encore exceptionnelle. Cette arête nous conduit au remarquable et surprenant village de Chilhac. Dominant l’Allier de près de 70 mètres, le cœur historique du village est construit à l’aplomb d’un spectaculaire escarpement basaltique. Le bourg s’est ensuite développé en contrebas, profitant d’une exposition au sud.

Cette falaise, qui confère au site toute son originalité, est le résultat d’une coulée de lave datée de 1,6 millions d’années. A sa base, comme le feraient les fûts d’un orgue, se dresse une colonnade de prismes réguliers. Propice à la défense, ce site naturel a favorisé, au moyen-âge, l’essor d’un village fortifié. Une église d’origine romane est construite en aplomb de la falaise et son clocher carré ajouré de baies surveille la vallée. Un pont suspendu datant de 1883 permet de traverser l’Allier. Une autre fontaine bienvenue a pu désaltérer tout le monde. Les filles étaient épuisées par la montée et je suis partie seule arpenter les rues de ce village fortifié et découvrir son église et sa nef de quatre travées aux dimensions irrégulières. La lumière jouait avec des vitraux plus contemporains qui sublimaient les statues anciennes.

Nous sommes reparties sur le GR qui nous a conduites par un chemin plus large à notre point de départ.

Les chiennes ont savouré une longue baignade dans l’Allier, Claudia et Phlau se sont fait plaisir en dégustant des frites locales.

Cette après-midi c’est sieste collective sauf pour moi. Ces paysages sont si beaux qu’ils me nourrissent et m’énergisent. J’aime le moment où je me pause dans notre coin de jardin gorgé de chaleur pour écrire les instants du jour. Lézards, papillons et autres insectes me tiennent compagnie. J’ai l’impression d’avoir toujours vécu ici. Ce creux de vallon éloigné du monde me donne un sentiment de profondeur réconfortante. Je suis en amour de ces lieux.

  • Vendredi 14 juillet 2023 – Plateau sommital d’Ally

Si les appareils connectés ne me donnaient pas la date, je ne saurais pas que nous sommes le 14 juillet. C’est sans aucun doute l’un des meilleurs que j’ai passé. En fait, dans notre creux de verdure, seuls les rythmes de la nature, le vent ronronnant dans les branchages et glissant sur les pierres saturées de chaleur, les insectes laborieux, la course du soleil nous indiquent le moment du jour où nous nous trouvons. Cette tranquillité vaut tous les trésors du monde. Rien ne vient l’entraver, surtout pas l’effervescence destructrice humaine.

Ce matin, je suis partie seule découvrir le plateau sommital qui surplombe notre havre, à plus de 1000 m d’altitude. Nous avions déjà été voir la commune d’Ally et son moulin en début de semaine. Aujourd’hui j’avais décidé de faire le circuit des moulins sur tout le plateau. Une douzaine de kilomètres empruntant routes et sentiers à travers un paysage totalement prédaté par l’homme qui y a inscrit son emprise et sa violence. Pas de forêts, des prairies vouées à l’exploitation des bovins, toutes clôturées. Chaque hameau traversé avait sa ferme d’élevage. Cette prédation sur le paysage remonte à l’antiquité où un gisement de plomb et d’argent y était déjà exploité (le site de la Rodde). Redécouvert à la fin du XIXè siècle, il fut mis à profit jusqu’en 1905. Aujourd’hui on peut encore le visiter mais je déteste descendre dans les entrailles de la terre. Ce qui me rassure quand j’explore wikipédia pour trouver des informations sur le plateau, c’est que les fermes d’élevage ont diminué de 41 % depuis 1988.

Mais la France a clairement un retard qui se creuse. Pour nos courses de la semaine au Carrefour Market de Brioude, nous n’avons trouvé aucune alternative végétale excepté une tartinade « Nurish ». C’est honteux. Quand je vois comment les rayons s’étoffent de produits veganes en Allemagne, c’est un gouffre que notre pays devra surmonter. Là-bas, le mot « vegan » n’est pas un gros mot. D’ailleurs les produits carnés ont augmenté de 20 %. Le gouvernement français balance des subventions honteuses aux éléveurs, rampe devant la FNSEA, au lieu de les orienter vers une reconversion végétale qui, seule, garantira l’avenir de l’humanité. Et je ne parle pas de l’oppression systémique qu’est le spécisme qui envoie plus de trois millions d’animaux terrestres à l’abattoir chaque jour. Dans le même temps, des dizaines de millions de poissons sont sortis de l’eau et tués. 

« Selon l’ONU, près de 90 % des subventions publiques de l’agriculture dans le monde ont des effets environnementaux ou sociaux « dommageables ».

La France est, de loin, l’État de l’UE qui bénéficie le plus de la politique agricole commune : 9,5 milliards d’euros d’aides agricoles en 2018, dont 1 milliard d’euros d’aides couplées qui bénéficient à 80 % à l’élevage. » Source : https://www.viande.info/elevage-viande-subventions-aides-europeennes

Le plateau d’Ally est ouvert aux vents et recouvert d’éoliennes, 26 au total. Ce qui explique aussi la présence des moulins, cinq ont été restaurés, deux sont des gîtes ruraux. Un moulin à parole offre des contes et légendes du pays. Ces moulins, majoritairement à farine, datent du XIXè siècle et étaient à disposition des familles locales, de paysans ou de mineurs. Ce sont des tours à corps cylindrique, construits en pierres de pays avec quelques moellons de quartz. Elles offrent un décor original dans l’azur du ciel d’été. Le panorama s’étire sur les monts très lointains et on pourrait se croire en plaine tant les moindres recoins sont cultivés ou domptés.

Je suis revenue au gîte vers midi, accueilli par l’allégresse débordante des chiennes. Chacune s’est adaptée au gîte.

Emma adore passer de longues heures allongée à l’ombre ou au soleil, elle fait parfois le petit tour du propriétaire, elle aime rester dehors, comme moi. Elle est très calme, le lieu l’apaise aussi. Elle n’a plus de longe, elle ne vagabonde pas, ça ne l’intéresse pas. Elle va parfois jusqu’à la rivière en contrebas pour ses besoins et remonte, autonome.

Rosa est la plus curieuse et la plus attentive au voisinage, la plus vive aussi mais elle jeune. Celle qu’on entend le plus également et qui rameute les copines. Elle alterne les siestes sous ma chaise ou sous le canapé si les mouches l’agacent trop. Parfois elle va se coucher sur le carrelage des toilettes pour un maximum de fraicheur. C’est une petite gourmande qui a parfaitement compris comment communiquer avec nous pour atteindre ses objectifs. Elle est irrémissiblement fan d’Emma ce qui n’est pas du tout réciproque. Mais elle s’en fiche. Si nous partons en laissant Emma, elle ne veut pas venir avec nous, son choix est clair. Elle aime les grandes noires élancées. C’est parfois lourd pour Emma et c’est pour cette raison que lorsque je pars en weekend, je n’en prends qu’une pour qu’elle puisse souffler et savourer ce temps entre elle et moi, égoïstement pour chacune.

Quant à Suzy, elle préfère de loin la fraîcheur de ma chambre ou du salon. Son poil dense et épais qu’elle ne perd pas est clairement un handicap par fortes chaleurs. Elle me rejoint dehors le soir quand l’air est moins étouffant. Elle n’aime que les randonnées. Les petites balades du matin ou du soir l’ennuient, surtout au départ du gîte. D’ailleurs, une fois qu’elle a fait ses besoins sur les 50 premiers mètres elle s’assied et décide de nous attendre.

Ce qui est extraordinaire et reposant est qu’il n’y a jamais de tensions entre elles.

Là, Emma s’est déplacée pour se mettre au soleil, le vent est fort aujourd’hui est rend l’atmosphère supportable. Elle pousse des petits gémissements de satisfaction.

J’irai sans doute faire une dernière balade dans le vallon en début de soirée. Demain, 9 h de route nous attendent. J’avoue que je n’ai pas du tout envie de rentrer.

Finalement, les filles m’ont accompagnée pour la dernière sortie. Nous sommes montées au lieu-dit « La Licoulne » où s’arrête la route et commence le sentier conduisant à une autre entrée de mine. Mais tout le site est fermé, sans doute par sécurité. Cette balade m’a permis de savourer une dernière fois la beauté de notre vallon verdoyant.

«Un jour viendra où l’idée que, pour se nourrir, les hommes du passé élevaient et massacraient des êtres vivants et exposaient complaisamment leur chair dans les vitrines, inspirera […] la même répulsion qu’aux voyageurs du XVIe et XVIIe siècle, les repas cannibales des sauvages américains, océaniens ou africains.» –

Claude Lévi-Strauss

Voyage en Terre du Milieu

~Journal de voyage ~

Samedi 17 juillet

Départ de Strasbourg à 8h, Phlau, Cédrine, Emma , Suzy et moi pour découvrir la région centrale des Puys.

Emma a pris beaucoup de place sur les sièges arrière de la voiture. Elle a eu du mal à se poser comme toujours quand nous partons quelque part. Suzy se cale aux pieds et ne bouge plus du trajet. Elle sait s’économiser.

La route fut assez fluide. Nous sommes arrivées à Saint-Donat vers 17h. Village auvergnat de 200 hab. situé à plus de 1000m d’altitude sur le flanc Sud-ouest du Massif du Sancy. La maison est spacieuse et baignée de lumière, elle est située au bout du village. Elle est agrémentée de jolis volets rouges et ouvre sur un jardin clos, idéal pour les chiennes d’où le choix de cet endroit.

Un immense champ l’avoisine. Il sera le lieu des balades matinales et crépusculaires des chiennes. La vue se déploie sur les Monts Dore au Nord et les Monts du Cantal au Sud. Ce sont de vastes étendues où se perd le regard et où l’accompagne les pensées vagabondes. Ici, des histoires se dessinent au creux de nos imaginaires portées par ces collines verdoyantes.

Le champ avoisinant notre gîte.

L’activité principale sur laquelle repose le village est l’exploitation à outrance des vaches. Les mouches sont légions, partout et surtout dans la maison.

Sorry

Nous avons fait une première sortie de 5 km en fin de journée autour du village voisin de Chastreix. L’eau chante et ruisselle de toute part. Cédrine a sympathisé avec un chaton qu’elle a failli adopté. Mais le chaton n’était pas abandonné, il voulait juste créer du lien.

Le chaton (photo Cédrine)

Dimanche 18 juillet

Mise en  jambe pour démarrer cette semaine de marches : Découverte des lacs entre Cantal et Puy de Dôme par un circuit de 11 km.

Randonnée qui sillonne une partie du GR 30, le chemin y est partiellement boisé ou offre des vues bucoliques sur les campagnes traversées.

Il y a également de jolis panoramas sur les lacs de la Crégut, du Tact, de Laspialade et du Tauron et vers les monts du Sancy.

Une partie du sentier de randonnée était transformée en lit de ruisseau par les pluies diluviennes de ce mois de juillet. Beaucoup d’épicéas tombés encombraient le chemin. Ce fut la partie technique de notre parcours.

Nous avons traversé un champ où vivaient quatre ânes qui ont été fortement intrigués par Suzy et Emma. Du coup, ils nous ont suivies, ont tenté une approche des chiennes qui fut un total échec. Nous les avons quand même papouillés à leur demande en éloignant Emma et Suzy passablement traumatisées par l’insistance intrusive de ces quatre êtres curieux.

Aurélie, Sam et Matéo.

En fin de journée, nous étions invitées à diner chez ma filleule qui habite à 30 mn de notre gîte. Cela faisait un moment que je ne l’avais plus vue. Elle partage son quotidien avec un jeune homme charmant et tous les deux vivent dans une maison accrochée à une colline au dessus de Borg les Orgues. La revoir m’a fait infiniment plaisir. Sa grande sœur et son fils étaient aussi présents. Nous avons passé une soirée chaleureuse. Sam, ma filleule, a un pincher nain, Nouki, qui a littéralement fondu d’amour pour Emma et Suzy mais ce ne fut pas réciproque. D’ailleurs Emma a demandé à dormir dans la voiture sans doute pour être tranquille et être certaine qu’on ne l’oublierait pas en partant ! Beaucoup d’émotions pour cette première journée.

Lundi 19 juillet

Rafales à 70 km /h aujourd’hui. Elles ont chassé loin les derniers nuages.

Les rafales à plus de 70 km/h.

Phlau est restée à la maison aujourd’hui avec les chiennes. Cédrine et moi sommes parties pour découvrir les sommets autour du Puy de Sancy. Le vent nous a surpris par sa violence lorsque nous sommes arrivées au point de départ de la randonnée à Chastreix-Sancy. Nous avons quand même débuté la randonnée mais très vite nous nous sommes retrouvées à escalader des rochers et à traverser des buissons de myrtilles et de bruyères. C’était rude dans ces rafales. Nous avons donc décidé d’aller marcher ailleurs, protégées de ces vents impressionnants.

Nous avons opté pour une magnifique randonnée en partie en sous bois, du côté d’Orcival,  autour de deux surprenants pitons rocheux : la Roche Tuilière et la Roche Sanadoire et de belles vues sur le tranquille vallon du Ruisseau de Fontsalade.

La forêt traversée était verdoyante et magnifique, totalement féerique, l’eau ruisselait partout. Nous sommes passées à côté d’un monastère orthodoxe perdu au cœur des vallons boisés à Malvialle.

Je préfère de beaucoup tomber sur ce type d’endroit au détour des sentes empruntées que sur les élevages qui pullulent dans la région et, comme d’habitude, cloisonnent les paysages. J’ai évidemment beaucoup de mal avec toutes les pubs mensongères qui ventent les productions locales de St Nectaire et les vaches mises en esclavage pour leur lait.

Saviez-vous qu’une vache ne produit « naturellement » que 4 litres de lait par jour qui devrait être (évidemment) réservé à son bébé et que les modifications génétiques imposées à ces espèces leur font produire cinq fois plus de lait en bio et quinze fois plus en conventionnel ? Donc, oui, j’ai beaucoup de mal avec les publicités qui font la promotion des vaches soi-disant heureuses paissant dans les pâturages. Pâturages bien gardés par des enclos de fils barbelés ou de fils électriques qui sont en fait des prisons à ciel ouvert que peu d’humains questionnent.

En fin d’après midi, nous sommes reparties, en famille, à la station de Chartreix Sancy pour se poser sur les hauteurs et contempler la fin du jour sur le plateau de l’Artense déployé au Sud du paysage.

Mardi 20 juillet.

Au col du Pas de l’Ane vers le Sancy.

A la découverte du Puy de Sancy culminant à 1886m d’altitude.

La randonnée prévue hier s’est faite aujourd’hui. 15 km dont la majeure partie sur les crêtes à plus de 1700m d’altitude…éblouissant !

Photo Cédrine

Nous sommes parties de la station de sports d’hiver de Chastreix-Sancy et avons traversé les herbages d’altitude vers la Tour Carrée où nous avons suivi le chemin de crêtes aux vues époustouflantes. Le panorama se déploie au bout de la montée et j’ai, soudain, basculé dans un autre monde, dans une Terre du Milieu qui pourrait accompagner les plus belles épopées de temps anciens ! Ces monstres telluriques apaisés nous rappellent qu’ils furent des démons exhalant la colère des entrailles terrestres en des temps plus reculés. Leur trompeuse douceur toute en rondeur irradie une force tranquille surprenante.

Nous suivons le GR30 sur cette ligne de crêtes qui va de la Tour Carrée et passe par le Puy de Sancy. Par moment, il faut escalader quelques rochers. Une corde sécurise le trajet. Les vues se déploient de part et d’autre notamment vers la station du Mont-Dore et nous croisons des marmottes vivant sur les lieux. Un téléphérique monte jusqu’au Pas de l’Ane et permet d’escalader, par des escaliers, le Puy de Sancy.

A partir de là, c’est l’enfer. Une foule compacte se presse sur les lieux et s’agglutine au sommet du Puy de Sancy. Très vite nous fuyons cet endroit pour rejoindre les sentes plus délaissées loin des téléphériques. 

Nous passons à côté du Puy Gros et redescendons, tranquillement, par les alpages verdoyants incroyablement fleuris avec vue sur le plateau de l’Artense qui se déploie sur l’horizon azuré. Les gentianes abondent. L’espace reste tristement cloisonné pour l’exploitation des vaches. C’est fou comment l’humain s’approprie toujours tout. Dans ces hauteurs vivent des chamois et des mouflons corses et, sans conteste, beaucoup d’autres animaux, c’est avant tout leur lieu de vie que les éleveurs ont électrifié à tout va. Ces magnifiques paysages sont en fait de gigantesques prisons électrifiées au nom d’une tradition mortifère.

Nous finissons notre parcours par la traversée du cirque de la Fontaine Salée culminant à 1400m d’altitude. Paysage alpin de carte postale. Les derniers kilomètres nous ramènent à travers d’autres pâtures électrifiées à notre point de départ. Nous sommes repues par la beauté des lignes de crêtes de  ces anciens volcans.

Mercredi 21 juillet

Cascade des Essarts et visite de La Bourboule.

Ce matin, nous sommes parties toutes les cinq à la découverte de la cascade des Essarts à Chastreix. Située à côté du village, un sentier boisé y conduit.  La cascade est nichée dans un creux et ruisselle sur des colonnes prismatiques dues aux coulées de lave sur le ruisseau de la Gagne. Nous y étions seules et avons savouré ce moment hors temporalité.

L’après-midi fut plus urbaine avec visite de La Bourboule. Dans la 1ere moitié du XXè siècle elle fut l’une des stations thermales les plus importantes du Massif Central.  Elle a accueilli une élite bourgeoise de toute l’Europe comme en témoigne ses villas pour la plupart abandonnées de nos jours ou reconverties en appartements de vacances.  Buster Keaton y a même séjourné. Au cours des Trente Glorieuse elle se reconvertit pour devenir la plus importante station thermale de France pour enfants sous l’impulsion de la Sécurité Sociale. Dire que petite j’ai failli y aller en cure ! C’était d’ailleurs ma hantise. Je ne voulais pas partir seule loin de mes parents et je pense que cela aurait été traumatisant. En passant, je les remercie de ne pas avoir écouté le médecin de l’époque. Je n’ai aucun problème aux poumons, j’ai juste grandi dans une famille de fumeurs et fumeuses…

Nous sommes montées à la Roche aux Fées qui offre un très beau panorama sur la ville lovée dans un élargissement de la vallée glaciaire de la Hte Dordogne à 852m d’altitude.

La Bourboule

Jeudi 22 juillet 21

Découverte des Puys de la Védrine et du Baladou entre 1311 et 1455 m d’altitude.

La randonnée choisie suit une partie du GR 4 par un sentier large et agréable. Nous sommes montées avec Phlau en haut du Puy du Baladou à l’accès difficile car clos par ces barbelés des champs prisons. Cédrine nous a attendues à l’ombre d’un sapin avec Emma et Suzy.

Quand nous avons repris notre parcours, je suis tombée sur Emma qui se roule tous les 200m sur le dos. Là, elle avait décidé de le faire juste devant moi pendant que j’observais le paysage sur ma gauche. Elle s’en est beaucoup mieux sortie que moi, j’ai mon genou gauche écorché ainsi que ma main gauche…plus de surprise que de mal.

Le GR 4 chemine vers la chaîne des Puys. Les paysages sont splendides et ouverts sur l’espace des sommets arrondis qu’ont formé les anciens cratères des volcans assoupis.

A un moment on quitte le GR pour passer par une forêt de sapins datant du XIXè s. Ici aussi on a rasé les forêts primaires pour s’accaparer la matière première et exploiter les espaces. La traversée de la forêt, en grande partie à l’ombre, fait du bien. Au lieu dit Le Buron du Creux, une vieille bâtisse est à l’abandon et une chouette a établi son repaire dans la cheminée. Nous avons pu la voir subrepticement avant qu’elle ne retourne dans sa cheminée.

Une grande partie de la forêt a été déboisée récemment. Du coup, marcher sous un soleil ardent est assez éprouvant pour Suzy. J’ai veillé à ce qu’il y ait des points d’eau sur tout le parcours.

Après notre pause déjeuner, nous n’avons pas trouvé le sentier indiqué et avons improvisé avec la carte topo. Ce fut l’aventure sur 500m où nous avons traversé une mini jungle locale de fougères verdoyantes, d’arbres déracinés par les dernières tempêtes, tout en longeant un ru moussu. C’était beau… les chiennes sont revenues pleines de tiques (c’était moins poétique du coup !).

Le retour s’est fait pas un sentier à découvert de hautes herbes. Les paysages déployés avaient un goût de Provence. Heureusement que ce chemin n’était que sur la fin du tracé car c’est assez pénible de marcher dans les hautes graminées, surtout pour les chiennes. Nous nous sommes toutes rafraichies une dernière fois à la fontaine du village de Pessade (où des gens utilisent l’eau pour laver leur salade).

Sur le retour, nous nous sommes arrêtées au lac de Chauvet mais n’y avons trouvé aucun intérêt particulier. Nous sommes rentrées pour nous gaver de melon, pastèque et brugnon.

Vendredi 23 juillet

Notre ligne de Puys du jour.

Notre randonnée d’hier nous a donné envie de remonter sur les lignes de crêtes des Puys, autour du Sancy, où les vues m’avaient tellement émue, mardi dernier, quand j’ai découvert ces sommets arrondis et herbeux surplombant les plateaux de cette terre du Milieu qu’est finalement le Massif Central. Les chiennes sont interdites afin de ne pas stresser les autres animaux, notamment les chamois qui peuvent avorter spontanément de peur. Donc, elles sont restées tranquillement dans notre gîte, qu’elles ont totalement adopté, et ont ainsi pu récupérer de leur journée d’hier. De plus, les températures ont dépassé les 30 degrés et il n’y a pas une auréole d’ombres sur ces Puys.

Cabine du téléphérique de la Perdrix.

Nous sommes montées par le téléphérique de la Perdrix, notre temps étant compté du fait de ne pas laisser Emma et Suzy plus de 5h seules. En même temps, cela nous a permis de suivre la ligne de crêtes des Puys, autour du Sancy, sur une dizaine de kilomètres en comptant l’aller et le retour et nos pauses contemplatives pour absorber la beauté de ces sommets herbeux et verdoyants.

Nous avons emprunté le GR4 vers le Puy de Cacadogne culminant à 1785 m d’altitude, sur son versant  Sud s’étend la luxuriante vallée de Chaudefour, réserve naturelle sur laquelle veillent deux rochers impressionnants : la Dent de la Rancune et la Crête de Coq. Nous avons pu y voir, au loin, des chamois. Nous avons aussi observé une marmotte qui a fait de même avec nous.

Nous sommes passées par le Puy des Crebasses et avons continué à proximité du Col de Cuzeau où nous nous sommes posées pour une première halte contemplative. A partir de là, nous sommes revenues sur nos pas. Vers 11h la montagne commence à se peupler de touristes, c’est le temps pour nous de quitter les lieux. Nous avons fait une dernière pause au Puy de la Perdrix culminant à 1825m d’altitude. Engranger un maximum de paysages dans notre boite à souvenirs…

Je suis littéralement tombée en amour de ces sommets.

Ego Portraits souvenirs après 80 km et 3500 m de dénivelé + en 6 jours.

« L’Auvergne… C’est un secret plus qu’une province. Elle vous tourmente toujours d’un tendre songe. C’est quand on l’a trouvée qu’on la cherche le plus. »

Chroniques de La Montagne d’Alexandre Vialatte