Archives de catégorie : Les Vosges, un souffle magique de la Terre.

Etangs et ruines monumentales au pays de Bitche

Les 55 jours étranges vécus pendant ce printemps 2020 m’ont rappelé combien la liberté était une chose illusoire et que nous n’étions que des pantins au service des gouvernements. J’ai donc dû mettre entre parenthèses mes escapades dans « mes » montagnes proches et je n’avais qu’une hâte, c’était de repartir sur ces sentiers escarpés.

La date du déconfinement a été fixée le 11 mai. Le lendemain, un mardi ensoleillé, je suis donc partie avec Justine pour une longue marche sur les chemins boisés des Vosges du Nord. Une randonnée vivifiante de 18 km qui nous a fait découvrir deux très belles ruines de châteaux forts moyenâgeux et nous a offert de relaxantes haltes au bord d’étangs tourbières aux écosystèmes protégés.

Le parcours débute et finit par l’étang de Hanau situé au cœur du Parc Naturel Régional des Vosges du Nord.  Cet étang s’étend sur 18 hectares dont une partie est aménagée en zone de loisirs et l’autre protégée car la flore de l’étang est remarquable et d’importance patrimoniale, en particulier les tourbières acides abritant de nombreux insectes inféodés.

Le chemin se poursuit ensuite vers l’étang de Lieschbach, plus confidentiel dans son écrin boisé. Un ponton permet d’y accéder sans déranger les habitant-e-s de ses berges protégées.

C’est à partir de cet étang que débute la montée vers les ruines monumentales du Falkenstein. Ce château date du XIe siècle et il est semi-troglodytique . On y entre par un remarquable portail. Le grès qui lui sert de socle a été fortement  modelé par le vent et les intempéries au cours des siècles et lui donne des allures et des couleurs ocres de canyon exotique. On peut y voir les vestiges du donjon, les salles troglodytiques et la tour du puits, qui avait trois fonctions : protéger le puits, défendre les abords, et servir, au niveau supérieur, d’habitation. La vue d’en haut s’ouvre sur un magnifique panorama sur les collines boisées des Vosges du Nord.

La randonnée se poursuit ensuite vers l’autre ruine imposante du parcours, 5 km plus loin, celle du château du Ramstein, construit à la fin du XIIIè siècle. Elle est située sur une barre gréseuse de plus de 270 m de long et seulement 6 m de large. Au cours du XIVè siècle, les seigneurs de Ramstein, devenus des chevaliers pillards, transforment le château en repaire de brigands. Il est alors assiégé et démantelé lors d’une expédition punitive par les Strasbourgeois en 1335. Il ne sera jamais reconstruit. On peut encore y voir deux salles troglodytes ainsi que le pan du mur du logis seigneurial dont la verticalité est repérable de loin.

En contrebas, se trouve deux souterrains creusés en 1936 par le Génie militaire pour en faire le quartier général de la Ligne Maginot. Ces aménagements sont utilisés comme abri par la population pendant les combats de l’hiver 1944-1945. Actuellement, l’endroit est fermé par des grilles car hébergeant une colonie de chauve-souris protégées par un arrêté préfectoral de biotope depuis le 25-09-1988. Tout le site fait partie de la Réserve naturelle des rochers et tourbières du pays de Bitche. On y trouve 11 espèces de chauve-souris sur les 18 identifiées dont le grand murin, le murin de daubenton et les deux espèces d’oreillard.

Le cheminement continue vers le joli village de Baerenthal, classé « Station Verte » où se trouvent l’étang de Ramstein aménagé en base de loisirs. Le parcours est bucolique et conduit à l’étang suivant, celui de Schmalenthal. C’est à cet endroit que nous décidons de pique-niquer. J’appréhendais de traverser un village mais ce fut très agréable. De plus, nous avons croisé très peu de personnes et avions le sentiment d’être propulsées dans une bulle spatio-temporelle du siècle passé.

Le retour se fait par une tranquille remontée de 5 km vers le col du Petit Dunkelthal à 300 m. d’altitude. A partir de ce col, nous redescendons vers la D662 que nous traversons pour rejoindre 1 km plus loin la tourbière de l’étang de Hanau où est garée notre voiture. Sur la montée nous passons devant la source d’argent où nous faisons encore une petite halte rafraîchissante.

A l’étang, nous nous posons une dernière fois sur le ponton pour savourer les délicieux cookies de Justine, mon amie cheffe en cuisine végétale. Ce bain de verdure et d’histoire nous a revivifiées surtout que nous n’avons croisé aucun humain sur les sentiers empruntés, l’illusion d’êtres seules dans cette nature verdoyante fut enivrante.

Escapade sur les rochers de La Petite Pierre

Je ne sais pas pourquoi j’ai une tendresse particulière pour les Vosges du Nord, sans doute le fait que ses sentiers soient moins arpentés que celles du Sud y est pour beaucoup mais pas seulement. Il s’en dégage toute une poésie de conte oublié quelque part dans un coin de ma mémoire, une résurgence de l’enfance où je me dis qu’ici je peux lâcher ce qui me pèse, que ces escapades m’emportent dans leur quiétude vers d’autres rives, loin de cette humanité qui m’oppresse souvent… Mon coin d’utopie, celui où je me sens chez moi et où les limites s’évaporent.

C’est une randonnée facile et bucolique que je vous propose, sur les sommets gréseux près de La Petite Pierre, commune du Bas-Rhin située dans le parc naturel régional des Vosges du Nord.

A cet endroit, la couche de grès, formée il y a 250 millions d’années atteint environ 300 mètres d’épaisseur. La pluie et les ruisseaux ont érodé et façonné la roche formant ainsi les falaises, les pitons, les vallées et les cuvettes des Vosges du Nord.

J’y étais en février et y suis retournée début mars, une de mes dernières « sorties » avant cette étrange période de libertés supprimées. Le circuit est jalonné de rochers aux points de vue splendides.

Le départ se fait au parking de la Maison forestière Groupement Ornithologique du Refuge Nord Alsace. C’est l’entrée du site Natura 2000 « Vosges du Nord » et de la Réserve nationale de chasse et de faune sauvage de La Petite-Pierre. J’ai toujours du mal à associer tuerie (chasse) et la protection d’un espace. Mais je ne vais pas m’étendre sur ce sujet. Le lobby de la chasse est puissant et sait s’immiscer dans les plus hautes instances pour justifier ses tueries.

Les milieux traversés sont rares et protégés. La balade nous emmène d’abord vers le rocher de Loosthal (367 m.) , premier point de vue sur les collines boisées de résineux et de feuillus encore dénudés au coeur de l’hiver du Spitzberg et du Brudersberg.

Le rocher suivant est le Finkenstein mais il n’est pas accessible, protégé par une corde qui en interdit l’accès pour cause de nidification. Les panneaux interdisant son accès ne sont pas plus explicites.

Très vite on arrive au Rocher du Cerf (le Hirschfels), la vue est à couper le souffle. Excepté le château de Hunebourg aucune construction humaine n’apparaît. Ce domaine est l’endroit de prédilection du cerf élaphe . Un petit kiosque s’y trouve. En mars, un sapin s’est effondré sur lui suite aux violentes tempêtes de cette période mais ne l’a pas détruit.

Le chemin se poursuit vers la route forestière du Breitschloss, nous arrivons rapidement à la zone marécageuse du Lach pour le plus grand plaisir de Suzy.

La balade continue sur de larges sentiers qui nous amènent tranquillement au Rocher du Saut du Chien (le Hundsprung) composé de trois plateformes.

De là, un magnifique panorama s’offre à nous et nous décidons de nous poser à cet endroit pour pique-niquer (début mars). Une légende raconte que certains soirs d’été, quand le temps orageux perturbe les animaux, un grand chien noir aux yeux de feu saute d’un rocher à l’autre. Malheur aux passant-e-s qui voudraient le suivre, car il ou elle tomberait dans le vide et cette chute serait fatale. Mais heureusement, depuis la construction des trois passerelles, on risque moins de tomber dans le piège de cet étrange animal.

Gaston et Colette. L’enjeu de la pomme.

Ensuite on a fait un petit aller-retour jusqu’au rocher du Bélier pour nous repaître encore de cet extraordinaire panorama boisé mais sous un autre angle. Je ne me lasse pas de ces immenses solitudes délaissées des humains.

Le retour se fait par la Cabane du Breitschloss, étrange petite maisonnée isolée au cœur de la route forestière goudronnée du même nom que nous empruntons sur quelques centaines de mètres. Ensuite nous bifurquons sur notre gauche pour suivre le chemin du Mühlkopf. Ce dernier nous amène à d’autres points de vue sur La Petite Pierre cette fois ci.

Route forestière du Breitschloss

Le retour suit, par des sentiers moussus et d’autres points de vue impressionnants, la route forestière du Breitschloss sur les deux derniers kilomètres. Nous y trouverons même un bois de cerf.

Ce qui est certain est que j’y retournerai dès la levée du confinement, histoire de découvrir ces contrées noyées dans le camaïeu vert du printemps avancé.

14 mai.

3 jours que le déconfinement est en place. Chose promise, chose faite : je suis retournée sur les sentiers boisés de cette contrée et les verts ont enchanté la forêt…

Entre landes, vignes et religion : Rosenwiller et ses tresors.

Vue sur Rosenwiller

En ces temps étranges de confinement où le présent semble s’éterniser dans une boucle d’intemporalité, j’ai pris quelques heures pour trier mes photos et je me suis dit que j’allais peupler mon blog (délaissé) de mes errances d’hiver. Ces intervalles de bonheur, dans les montagnes proches, sous des cieux chargés de sombres nuages bien loin de l’indécence de ce printemps au soleil ravageur et moqueur nous cloisonnant dans une prison de 1 km de circonférence.

En février, nous sommes parti-e-s sur les sentiers des collines du Holiesel et du Berg aux landes arides, entités naturelles les plus typiques et rares d’Alsace, préservées d’ailleurs par le Conservatoire des Sites Alsaciens. Y poussent des pelouses sèches parsemées de buissons et de quelques bouquets d’arbres qui abritent orchidées et anémones pulsatilles entre autres trésors.

La randonnée est facile et courte (11 km) à travers des collines boisées ou viticoles qui s’ouvrent sur la plaine alsacienne.

Anémone hépatique

Les chemins étaient détrempés par les pluies régulières de ce mois de février. Dans les sous bois, nous avons même pu contempler le duvet délicat et d’un magnifique bleu soutenu de l’Anémone hépatique. Nous nous étions dits que nous reviendrions au printemps pour apprécier l’explosion de la végétation…peut être en 2021 ?

Le sentier emprunté traverse pour une grande part le vignoble de Dorlisheim. Le retour s’achève sur les hauteurs de Rosenwiller par le Holiesel et par la traversée du village jusqu’au joyau que forme le cimetière israélite.

Il est situé en bordure de forêt, ceint d’un haut mur qui le protège des intrusions. Des gendarmes veillent. Ce cimetière est l’un des mieux conservés d’Alsace où la communauté juive est présente depuis de longs siècles. La date de sa création est inconnue, on sait juste qu’il existait déjà au XIVè siècle.

Un pogrom eut lieu à Strasbourg le 14 février 1349, « le massacre de la St Valentin », où la communauté juive fut faussement accusée de propager la peste noire et des familles entières furent massacrées réduisant la population juive à moins de 100 familles dans toute l’Alsace. Ce n’est qu’à partir du XVIIIè siècle qu’on enregistre une augmentation des inhumations. En 1747, une première extension est réalisée et l’endroit est clôturé.

En 1793, en pleine Terreur révolutionnaire, le cimetière est dévasté. Les registres du lieu seront détruits durant la seconde Guerre mondiale et seule une copie de 1936 permet de retracer son histoire jusqu’en 1753.

Du moyen-âge à nos jours, on estime qu’environ 7000 personnes furent inhumées en ces lieux.

« Il m’a dit que lui aussi adorait s’asseoir dans les cimetières, et qu’il trouve que ce sont les endroits les plus paisibles du monde. »

L’étrange vie de nobody owens – Neil Gaiman

Rochers de légendes aux portes du Walhalla

Rochers de légendes aux portes du Walhalla

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Dans l’exploration hebdomadaire de mes sentiers proches, je suis partie à la découverte des rochers des Vosges moyennes, entre Saverne et Sélestat.  Ces  lieux furent jadis peuplés de personnages étranges et légendaires. Des dieux, des guerriers, des elfes, des lutins ou des géants qui, au cours des siècles, se sont pour la plupart transformés en rochers porteurs de mythes nourrissant la part fantasque de notre humanité.

Sur les hauteurs d’un des 3 châteaux du site d’Ochsenstein.

Il y a plus d’un an j’avais découvert les majestueuses ruines du château d’Ochstenstein bâti sur 3 éperons de grès, dans la forêt domaniale de Saverne. C’est l’un de mes châteaux préférés en Alsace. Ce sont des ruines qui invitent à l’escapade de l’imaginaire et me projettent immédiatement dans les contrées des contes de fées de mon enfance. C’était par un jour d’avril gris que j’avais exploré pour la première fois ces lieux. L’été, l’ambiance change et la nature luxuriante fait un écrin foisonnant à ces pierres délaissées.

La maison forestière du Schaeferplatz.

Le départ de cette randonnée d’une bonne quinzaine de kilomètres et de plus de 500 m. de dénivelé se fait à partir du parking de la maison forestière de Schaeferplatz.

Circuit de la randonnée

A partir de là, il faut emprunter le balisage rectangle rouge/blanc/rouge qui conduit rapidement  par une montée ardue au premier rocher du parcours : celui du Hibou, piton de grès isolé dans la forêt.

Le rocher du Hibou.

Le chemin continue pour nous mener au rocher voisin du Hirschberg -montagne des cerfs, alt 555m- ( où trône le siège de Wotan ou Odin , dieu du Walhalla). C’est de ce lieu qui surplombe les collines boisées qu’ Odin observe les 9 mondes de la cosmologie nordique.

Tout au loin, le rocher du Dabo.

En montant vers le Hirschberg…

Vue sur le Krappenfels.

Le généreux panorama qui s’y déploie offre une vue vers le rocher du Dabo et le Krappenfels que nous explorerons plus tard dans la journée. Nous revenons sur nos pas pour retrouver le sentier au même balisage qui s’enfonce en descente dans les sous-bois (direction Lothringer Bächel) . 

Assez vite nous rejoignons un premier carrefour, celui du Billebaum.  

Au pied du reste du hêtre foudroyé, un cœur noir.

Un hêtre remarquable, d’une circonférence de 615 cm et âgé de 350 ans environ,  s’y trouvait mais il  fût victime d’une tempête le 25 mars 1989. Il n’en reste que les bases de son tronc édifié en mausolée.

Qui connait encore le mot transistor ?

 

Le chemin continue en suivant la direction de la maison forestière du Haberacker, traversant un paysage aux verts tendres et à la végétation luxuriante. 

A partir du parking de cette maison forestière, suivre le rectangle bleu (direction Geissfels) qui conduit, par une nouvelle montée assez vigoureuse à travers des sapins, à une immense clairière où le rocher de la Spill sera indiqué.

Le raide chemin menant vers la Spill et le Geissfels.

Voilà notre deuxième rocher de légende, monolithe haut de 9 m, qui représente pour certain-e-s le fuseau de Dame Berchta pétrifié.

Un visage menaçant se découpe dans le rocher.

La Spill

Sa légende est racontée sur le site de Randoalsacevosges : Dans la mythologie germanique, puis dans la tradition alsacienne, le travail du rouet devait être interrompu entre Noël et le jour des Rois. Cette période de l’année est aussi appelée Raunächte  (nuits de l’effroi). Jusqu’au 23 décembre, les jours raccourcissent, car le soleil, fasciné par la roue des fileuses se laissait entraîner dans l’obscurité par cette roue qui tourne. Les fileuses devaient donc arrêter leur travail, pour donner au soleil le signal d’inverser sa course, sinon toute la création était condamnée. Le diable, dont le but est de détruire toute chose, était à l’affût. Il apporta donc des fils d’argent à Dame Berchta, qui ne pouvant résister, se laissa prendre au piège. Elle commença immédiatement à filer, oubliant qu’on était le 23 décembre. Dame Berchta filait et le rouet tournait et tournait. Le Créateur voyant son oeuvre menacée, déclencha un terrible orage, la foudre détruisit la maison de la fileuse. Seul subsista son rouet sous la forme d’un fuseau, la Spill. Durant ces fameuses Raunächte, si vous collez votre oreille contre le rocher; vous entendrez travailler Dame Berchta.

D’immenses pylônes balafrent le paysage près du Geissfels.

Il faut revenir sur ses pas pour continuer le circuit vers le Geissfels (rocher de la chèvre), autre lieu de légende…

On raconte que le Geissfels est une des portes qui mène vers le Walhalla.  En dessous du rocher qui surplombe le paysage se trouve une grotte où se réunissaient les guerriers défunts en attendant que leur âme rejoigne le Walhalla. Pour leur donner l’énergie nécessaire à leur passage, une chèvre, debout au dessus d’une fissure donnant sur la grotte, leur donnait le lait nutritif de l’immortalité. Le Walhalla n’est autre que le paradis des guerriers méritants. (cf : Rémy Clodong « De Wangenbourg à Urmatt – Circuits dans les Vosges »). La vue y est superbe et donne sur le rocher du Dabo dont on s’est rapproché.

La randonnée se poursuit en empruntant toujours le balisage rectangle bleu qui descend à flan de montagne et contourne par le dessous le Geissfels.

A un carrefour plus bas, il faut continuer par le rectangle rouge GR53 (sur la droite) qui nous ramène à la maison forestière du Haberacker.

C’est là qu’il faut reprendre le rectangle bleu qui va traverser tous les rochers suivants et nous conduire vers les magnifiques ruines de l’Ochstenstein où s’emmêlent promontoires rocheux et vestiges médiévaux.

 

Quelques marches nous mènent sur le plateau du Schlossberg.

Les fougères souffrent des températures caniculaires de l’été.

La ligne de crête traversée offre un admirable panorama sur la plaine d’Alsace à l’Est et les reliefs boisés de la Lorraine à l’Ouest.

La plaine d’Alsace

A un endroit, au pied d’un arbre se trouvent, Hugin (esprit) et Munin (mémoire), les 2 corbeaux d’Odin transformés également en rochers. Dans la mythologie nordiques, ces 2 messagers parcouraient le monde de l’aube au crépuscule. Le soir tombant, ils rentraient murmurer à l’oreille de leur maître ce qu’ils avaient vu et entendu durant la journée.

Nous entamons ensuite une nouvelle descente dans la forêt assombrie par les sapins qui va nous mener au col du Krappenfells et à l’imposant éperon de conglomérat du même nom qui est la sentinelle gardant l’accès au Wuestenberg, visible depuis le Schlossberg. 

Là nous entrons dans un autre pan de l’intemporalité et partons sur les chemins de la préhistoire. La vue qui s’y déploie est à couper le souffle.  J’ai envie de me poser là, de ne plus repartir, de savourer ces panoramas qui commencent à être nimbés de la lumière particulière de la fin d’après-midi, celle qui ressemble à une caresse sur les verts de la forêt.

 

Un arbre foudroyé.

Le plateau du Wuestenberg était un refuge préhistorique dont subsistent encore des vestiges de murailles aux endroits non protégés par la ceinture naturelle des rochers.  Aujourd’hui, on appelle ces murailles, le « mur païen », comme à peu près toutes les constructions datant d’avant la naissance du Christ.  Les restes de ce mur païen (environ 1m de haut sur 1,5 m d’épaisseur) coupe le plateau dans le sens Est-Ouest. Des tuiles gallo-romaines et des fragments de meules datant de la tène (2ème âge de fer allant de -400 à -58 ) ont été découvert-e-s au XIXè s. Une grande partie, de ce mur païen en pierres sèches, sera transportée vers le Schlossberg et réutilisée pour la construction du château d’Ochsenstein.

Le mur païen

Le mur païen

Pierre des druides

Vestiges d’un habitat très ancien.

La forêt habitée.

D’autres vestiges marquent cet endroit : une énigmatique Pierre des Druides, un soubassement d’habitat… Des meules dormantes sont également disséminées sur le plateau du Wuestenberg, preuve que les humain-e-s occupaient cette montagne de façon durable. Une puissante force tellurique habite cet endroit.

Cairn

Dans l’enthousiasme de nos découvertes nous avons manqué le sentier de descente et nous nous sommes un peu égarées dans les bois de feuillus alentours♥.

On a finalement retrouvé le rectangle bleu empruntant une sente qui plonge à travers la forêt sombre,  à un moment il y a un croisement de chemins et il faut suivre la direction « maisonnette de pierres », qui bifurque sur la gauche et qui nous mène à la fontaine HaemmerlinJ’ai entendu de loin chanter son mince filet d’eau. Par ces fortes chaleurs estivales, nous y avons trempé nos bras, lavé nos mains et notre visage et sa fraîcheur fut revigorante.

La fontaine Haemmerlin

La descente se poursuit et conduit à un petit pont de bois qu’il faut traverser au dessus du ruisseau Langenthalbach.

A partir de là il faut suivre le balisage rectangle bleu/blanc/bleu sur la droite qui remonte en pente douce vers notre point de départ (en 20 minutes).

♥ Je suis retournée sur les lieux la semaine suivante et j’ai trouvé le sentier que nous n’avions pas vu la première fois et pour cause, nous étions littéralement happée par l’attraction du site néolithique. Le sentier descend quasiment à flan de paroi au début du site, juste avant le panneau qui indique la Pierre des Druides. Un cairn en marque le passage. Ce sentier traverse la forêt en zigzaguant et plusieurs cairns aux formes amusantes égrènent le chemin.

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LES ARBRES ME PARLENT, DIT IDIR

Que racontent donc ces végétaux en leur majesté ombrageante ?
Quelles vertus relatent-ils à travers leur douce chorégraphie…
ainsi menée par le vent ?
Sont-ce des paroles augurantes ou le récit de leur trace séculaire ?

Ces arbres demeurent le symbole d’une nature meurtrie qui s’époumone
reclus dans un bastion précaire, à l’abri de « celui » qui la saccage puis la préserve

Zéphyr et brise bousculent alors les feuillages de leur souffle salvateur
Que racontent donc ces murmures ?

Nadia Ben Slima, 2015

 

 

 

 

Aux portes des contes : le Rocher de Mutzig

Aux portes des contes : le Rocher de Mutzig

Il y a plusieurs lieux que j’affectionne dans les Vosges, le Rocher de Mutzig, ses panoramas grandioses et ses lieux imprégnés de contes et légendes en font partie.

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Comme le dit Wikipédia >  » Ce rocher est une montagne gréseuse du massif des Vosges, la plus haute des Vosges gréseuses. Ce sommet tabulaire est situé dans le Grand Est, dans le département du Bas-Rhin sur la commune de Lutzelhouse, à environ un kilomètre à l’est de la ligne de crête formant la limite avec la Moselle. Il culmine à 1 010 mètres d’altitude, soit un mètre de plus que son grand sommet voisin, le Donon qui appartient à la même corniche résistante en grès triasique du Buntsandstein. Les formations sommitales, très résistantes à l’érosion, sont souvent en poudingues ou conglomérats gréseux ».

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Vue sur le Donon.

Pour cette randonnée nous sommes parties du refuge du Schliffstein au-dessus de Lutzelhouse en prenant la route forestière du Kegelplatz puis celle du Pré du Narion.

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En suivant le cercle jaune, c’est une randonnée de moins de 4h avec 440 m. de dénivelé.

Jusqu’au Rocher de Mutzig, des vues dégagées et magnifiques, entrecoupées par des bois de feuillus, jalonnent la montée.

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Le premier sommet, à 831 m d’altitude, est l’enceinte du Jardin des Fées, extraordinaire et très beau lieu :

« Dominant le val de Bruche, la Grande Côte antérieure est considérée par certains comme l’un des plusieurs anciens lieux de culte celtique en Alsace.

Ce sommet, surnommé « le Jardin des Fées », présente une curieuse enceinte circulaire et les vestiges d’un cromlech où, selon la légende, les fées venaient danser la nuit.

Elles auraient entrepris la construction d’un pont gigantesque pour enjamber la vallée, comme en témoignent les nombreux blocs de grès dispersés sur les hauteurs. Mais cet ouvrage ne put être mené à bien car la puissance magique des fées s’arrêta trop tôt. » [en raison de la naissance du Christ].

Source > http://fr.topic-topos.com/le-jardin-des-fees-lutzelhouse

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Une seconde légende raconte que « certaines nuits, les fées se rassemblent dans le Jardin des Fées pour y danser. Dans le ciel nocturne, apparait alors un char de lumière tiré par des chevaux de feu. Ce char va décrire des cercles autour du Jardin des Fées. A l’apparition du char, la plus jeune des fées quitte la danse et va prier dans la collégiale de Niederhaslach. Lorsque le premier rayon de soleil frappe les vitraux de la collégiale, la fée retourne au Jardin des Fées et donne au char de lumière le signal du départ. Le char se fond dans le ciel et les fées se dispersent lentement. D’après l’archéologue Armand Kieffer, cette légende illustre l’utilisation que faisaient les peuples préchrétiens du site. Les fées seraient en faites les « savants » ou prêtres qui interprétaient les mouvements des astres et du soleil représentés par le char de lumière. Ces prêtres, à l’aide de la position des menhirs du cromlech, pouvaient déterminer la date des semailles et d’autres dates importantes pour les agriculteurs du néolithique. La fée qui va prier à l’église serait le symbole du triomphe du christianisme qui fait fuir le char, symbole des divinités païennes. »

De ce sommet, nous sommes descendues pour rejoindre le sommet voisin où trône le Rocher de Mutzig, en passant par la route forestière du Jardin des Fées.

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Un vaste sentier herbeux relie les deux montagnes.

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L’ascension vers le Rocher de Mutzig se fait à partir de la monumentale et surprenante Porte de Pierre, gardienne des lieux de 7 m de large et 5 m de hauteur. C’est un rocher formé de trois piliers et surmonté d’un linteau, travaillé par les éléments qui ont façonné ses rondeurs tourmentées lui donnant un statut de porte de conte. Les fées veillent.

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La montée en pente plutôt douce est agréable, empruntant des chemins larges bordés de fougères où se déploient les montagnes alentours.

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C’est au sommet, sur le « Rocher de Mutzig », que nous décidons de nous poser pour savourer notre déjeuner et les panoramas beaux à couper le souffle.

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Et ça mange quoi les randonneurs et randonneuses véganes ?
– des fruits à profusion
– des tartinades souvent faites maison (ici houmous)
– des muffins à la courgette (merci Cédrine)
– des légumes à croquer ou en salades variées
– des graines germées (amandes/ noisettes…)
– du chocolat (j’ai une faiblesse pour les crus de Lovechock !)
– etc !

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La descente se fait en sous-bois, appréciable par les chaleurs d »été. Des petits cairns guident notre retour. Avant l’arrivée au refuge du Schliffstein, nous traversons une forêt d’épineux qui a acidifié les sols. L’ambiance est étrange car toute vie semble avoir disparu et le gris dominant rappelle les paysages hivernaux. Le conte se poursuit avec son élément perturbateur qui lui donne sa dimension anxiogène et permet d’intensifier les émotions traversées.

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Une source nous accueillera au bout du chemin. J’y puiserai ma nouvelle énergie pour partir à la découverte d’autres sommets fabuleux.

« Vivre du vert des prés et du bleu des collines,
Des arbres racineux qui grimpent aux ravines,
Des ruisseaux éblouis de l’argent des poissons ;
Vivre du cliquetis allègre des moissons,
Du clair halètement des sources remuées,
Des matins de printemps qui soufflent leurs buées,
Des octobres semeurs de feuilles et de fruits
Et de l’enchantement lunaire au long des nuits
Que disent les crapauds sonores dans les trèfles… »

Cécile SauvageTandis que la Terre tourne.

chloeka- Lutzelhouse Rocher de Mutzig- juillet 2016-45

Le Geisfels & le château d’Ochsenstein

Le Geisfels & le Chateau d’Ochsenstein

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 Randonnée dans les Vosges du Nord

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L’humeur de ce mois d’avril est pluvieuse et plutôt fraîche et n’a pas rassasié ma soif de bain de nature.

Je reprenais le chemin de l’école ce lundi mais je débutais en douceur avec 2 h de cours. Après mes cours et avoir consulté la météo qui annonçait une journée de grisaille, je suis partie vers le Nord-Ouest pour m’oxygéner les poumons et découvrir un nouveau coin des Vosges, frontalier de l’Alsace et la Lorraine aux alentours de Dabo, accompagnée de deux ami.e.s.

Vue sur le rocher du Dabo.
Vue sur le rocher du Dabo.

J’ai trouvé un nouveau site pour choisir mes randonnées : visorando.

C’est là que j’ai déniché la proposition du jour : 13 km- 4h30 de marche et 370 m de dénivelé. Nous sommes parti.e.s à trois.

Le départ de la randonnée se fait près du col du Valsberg, juste avant la commune de La Hoube. Les sentiers sont bien balisés et la nature est en pleine explosion ce qui donne d’extraordinaires variétés de verts. Nous avons traversé des zones de mélèzes en pleine éclosion et avons été surpris.e.s par les fleurs de pommes de pin minuscules d’un joli rouge attrayant.

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Foisonnement des forces vives des mélèzes.

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chloeka- La Hoube Geisfels chateau d'Ochsenstein- avril 2016-29 chloeka- La Hoube Geisfels chateau d'Ochsenstein- avril 2016-28Assez vite nous montons vers le Geisfels (rocher de la chèvre).

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chloeka- La Hoube Geisfels chateau d'Ochsenstein- avril 2016-38Petit bémol, deux immenses pylônes électriques cohabitent sur ce sommet.

Nous nous posons pour partager notre repas végane, réalisé en grande partie par les soins de mes compagnons.

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Pain et pesto à l’ail des ours faits maison, truffes au chocolat et graines de tournesol, galettes tendres de bananes et flocons d’épeautre, dattes fraîches…des délices gustatifs !

La vue y est extraordinaire côté lorrain :

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chloeka- La Hoube Geisfels chateau d'Ochsenstein- avril 2016-34Il faut passer sous les pylônes pour continuer notre cheminement vers les ruines du château d’Ochsenstein (prononcer Oxenchtein et cela signifie la pierre du bœuf).

chloeka- La Hoube Geisfels chateau d'Ochsenstein- avril 2016-32Nous traversons la forêt et son infinité de chemins parfois accompagnés de surprenantes sculptures improvisées par les promeneurs précédents.

La deuxième montée, à partir de la maison forestière du Haberacker, perdue au creux des vallons,  nous conduit aux vestiges du château fort d’Ochsenstein, composé en fait de trois châteaux séparés étalés sur trois éperons rocheux. Ce site vaut le détour. Ruines et rochers s’emmêlent dans un décor de conte où s’offrent de fabuleux panoramas.

La randonnée se poursuit sur la crête à la vue dégagée de part et d’autre où bancs et rochers invitent à la contemplation et à la méditation.

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La descente annonce le chemin du retour où nous repassons devant la maison forestière du Haberacker.

chloeka- La Hoube Geisfels chateau d'Ochsenstein- avril 2016-20Nous traversons, par un autre sentier, les bois de l’aller.

chloeka- La Hoube Geisfels chateau d'Ochsenstein- avril 2016-22 Et finissons le parcours par une dernière pause au cœur de la forêt.

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Lionel & Justine

 

 

Le Donon • Montagne sacrée

˜*• Une sacrée montagne : le Donon •*˜

Le Donon est un sommet majeur le plus septentrional des Vosges gréseuses, haut lieu de vie depuis des millénaires où y fut célébré bien des cultes : Teutatès, Mercure, Taranis…

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Il culmine à 1009 m. d’altitude.

Il est plutôt facile d’accès puisqu’un large chemin constitué de roches de grès ou de sable de ce même grès y conduit en moins d’une heure à partir du col portant le même nom. Ce chemin est le GR5.

En 1869, un bâtiment imitant un temple gallo-romain y fut construit pour abriter quelques trouvailles archéologiques, il domine le sommet de cette montagne sacrée.

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Dès la préhistoire, parce qu’il est visible de loin, on lui attribue ce caractère sacré qui ne le quittera plus. Sa situation à l’écart des foyers favorise le développement des légendes, mêlant mythe et réalité. Les Romains, mystérieusement séduits, consacrent le site à Mercure.

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A son sommet, d’immenses rochers dominent les montagnes environnantes et j’aime y aller pour m’y ressourcer. C’est ma fontaine à énergie.

Ce lundi de Pâques nous y sommes montées à trois, par un vent impétueux et des cieux chargés de lourds nuages et de promesses apocalyptiques.

chloeka- Le Donon- mars 2016-Déborah entre terre et ciel

« …Et sur ces sommets clairs où le silence vibre,
Dans l’air inviolable, immense et pur, jeté,
Je crois entendre encor le cri d’un homme libre ! »
{José-Maria de HEREDIA (1842-1905)}

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Autour de Grendelbruch ✦ château fort et chercheurs d’or ✦

✦Autour de Grendelbruch ✦ château fort et chercheurs d’or ✦

chloeka- panneau Grendelbruch 1er nov 2015_Dimanche, 1er novembre, était jour de randonnée programmée pour les retrouvailles avec Anne-Cécile qui passe parfois par l’Alsace. J’ai rencontré Anne-Cécile lors de mon stage d’Aïkiryu à Karma Ling en juillet. Nous partageons toutes les deux une forte énergie. Elle aime les châtaignes et m’avait demandé s’il était possible d’axer ces retrouvailles dans la nature autour du glanage de ces fruits.

J’ai donc choisi une randonnée principalement en sous-bois près de Grendelbruch, où la forêt regorge de châtaigniers.

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Nous nous sommes retrouvés à sept pour cette balade : Amélie, Pat, Anne-Cécile, Olivier, Guillaume, Alex et moi-même.

chloeka- Guirbaden sous bois roux 1er nov 2015 nb

Dans la plaine d’Alsace, un blanc manteau de brume opacifiait la vue.

Grendelbruch, située à 1 031 m,  est l’une des communes d’Alsace les plus élevées. Nous étions au-dessus du manteau de brume qui faisait une blanche parure dans la vallée proche. Un magnifique ciel bleu se déployait.

chloeka- grendelbruch rousseurs 1er nov 2015-3

Notre premier objectif fut les ruines du château du Guirbaden situé à une bonne heure du village à travers un sous-bois rempli de châtaigners. Le sentier serpentait dans un brouillard diffus transpercé par endroits de rayons solaires qui lui faisaient une parure divine, une véritable ambiance de Toussaint. La forêt était rousse.

La terre retournée par le passage des sangliers.
La terre retournée par le passage des sangliers.

Autour du château, inaccessible car trop dangereux, le sol était retourné partout par des sangliers que nous n’avons pas croisés.

La chapelle St Valentin.
La chapelle St Valentin.

Nous n’avons pu que contempler la chapelle St Valentin, excentrée et délaissée, où coulait encore une lumière divine par l’ouverture de ses fenêtres béantes.

chloeka- Guirbaden tronc indicatif 1er nov 2015 chloeka- grendelbruch sous bois 1er nov 2015-3 chloeka- Guirbaden branche, toile et lumière 1er nov 2015chloeka- Guirbaden sous bois panneau 1er nov 2015 chloeka- Guirbaden panneau mangé 1er nov 2015 nb

Nous avons un peu hésité sur la suite du chemin à prendre. Nous nous sommes enfoncés dans le cœur de la forêt plus ténébreuse, ramassant les châtaignes tombées et les champignons trouvés.

chloeka- Soleil dans la brume Guirbaden nov 2015

Glanage des châtaignes.
Glanage des châtaignes.

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Rencontrant un châtaignier tortueux et immense à l’âge sans doute séculaire, haute personnalité bienveillante des lieux.

chloeka- Chataigner Guirbaden nov 2015 chloeka- châtaignier 1er nov 2015_ chloeka- châtaignier 1er nov 2015_-2 chloeka- châtaignier panneau informatif 1er nov 2015_

Nous sommes descendus jusqu’au restaurant de la Fischhütte au creux de la vallée. Puis nous nous sommes dirigés vers l’autre versant de la montagne après avoir traversé la Magel, ruisseau local.

La Magel.
La Magel.

chloeka-circuit des chercheurs d'or 1er nov 2015_-5

Là encore, nous avons cherché notre chemin et finalement avons décidé de parcourir le circuit des chercheurs d’or. Huit kilomètres aménagés sur un sentier étroit dans la  forêt peuplée de grands épineux de Bischoffsheim .  A une certaine époque, on cherchait des pépites dans les lits des cours d’eau aurifères, d’où le nom peu banal de ce sentier.  L’itinéraire passe au pied du Purpurkopf, un ancien haut lieu celtique. Une double enceinte de pierres sèches couronne le sommet et permettait sans doute de protéger les occupants de ces lieux. Au centre, on devine les vestiges d’une citerne.  La vue de ce sommet offre un paysage dégagé…par temps clair. Là, nous avions une extraordinaire ambiance de conte fantastique où l’azur du ciel nimbait la brume d’une blancheur fantomatique.

Cinq heures de marche dans un décor féerique, aux ambiances  fabuleuses, où une lumière vive transperçait le secret des bois et de leurs brumes nous ont enchantés. La terre exhalant tous les parfums d’un automne éblouissant.

chloeka- Guirbaden chemin entre la lumière et la brume 1er nov 2015

Je me suis rechargée pour aborder la mélancolie de novembre.

 

Le Gazon du Faing, chaume d’altitude vosgienne

Depuis le temps que j’avais envie d’explorer cette chaume d’altitude dans les Vosges « méridionales », voilà chose faite. Elle culmine à plus de 1300 m. et offre de fabuleux panoramas sur les flans orientaux et occidentaux des Vosges.

Côté "français", l'Ouest.
Côté « français », l’Ouest.

Côté alsacien, l'Est.
Côté alsacien, l’Est.

Le point de départ de cette randonnée de 5 h se fait au col de la Schlucht (prononcez « chlourt »). Immédiatement, une montée raide sillonne un chemin semé de rochers à travers une jolie forêt de petits hêtres.

chloeka- Randonnée Gazon de Faing - Aout 2015-2 chloeka- Randonnée Gazon de Faing - Aout 2015

Assez vite, nous atteignons la crête, dégagée où les vents sculptent les rares arbres et modèlent les chaumes. Le sentier est large, sableux, semé par endroit de gros cailloux patinés par les pas des marcheurs. La roche affleure partout et fait de magnifiques promontoires aux vues époustouflantes. Nous marchons deux heures sur ce GR5.

chloeka- Randonnée Gazon de Faing - Aout 2015 -GR5

La flore est composée de bruyères, massifs de myrtilles, gentianes en fin de floraison, d’herbes aux magnifiques couleurs dégradées qui font un tapis automnal à ces grandes étendues sauvages interdites aux divagations des promeneurs afin de les respecter.

Nous pique-niquons dans le creux d’un rocher du bastion granitique du Gazon, avec un point du vue exceptionnel sur le lac des Truites et le carillon cristallin des cloches des vaches qui paissent dans les alpages en contrebas.

"Vegan power" © photo > Judith (merci pour ce bel angle de prise de vue !)
« Vegan power » © photo > Judith (merci pour ce bel angle de prise de vue !)

Déjeuner de randonneuse végane, amandes & noix germées - cake à la farine de châtaigne aux courgettes et son cœur de pistou d'estragon - salade courgettes crues soja germé et sa sauce à l’échalote & à la coco - carottes à croquer - dattes fraîches - pommes.
Déjeuner de randonneuse végane, amandes & noix germées – cake à la farine de châtaigne aux courgettes et son cœur de pistou d’estragon – salade courgettes crues soja germé et sa sauce à l’échalote & à la coco – carottes à croquer – dattes fraîches – pommes.

Point de vue de notre pique-nique.
Point de vue de notre pique-nique.

Arrivées au bastion panoramique du Gazon du Faing, nous redescendons sur le flan oriental du massif par une pente assez raide pour rejoindre ce lac des Truites (le plus haut lac des Vosges) et sa ferme-auberge dans un prodigieux cadre entre tourbière, parois rocheuses abruptes, éboulis de pierres, eaux ruisselantes et chantantes, arbres et sapins.

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Le chemin se poursuit à travers des forêts de conifères et de gigantesques arbres semés d’embûches. [Ce qui est pratique avec les bucherons c’est qu’ils te signifient que tu ne peux plus emprunter le chemin mais ils ne te proposent pas de « déviation »].

chloeka- Randonnée Gazon de Faing - Aout 2015 - panneau-5Comme nous n’avons aucunement envie de faire demi-tour, nous poursuivons sur le chemin interdit (où nous croisons d’autres randonneurs rebelles).

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Nous faisons une pause boisson, sur la terrasse de la ferme auberge Gaertlesrain puis reprenons notre randonnée à travers bois où surgit de façon incroyable le lac Vert, surprenant pas sa couleur très particulière.  La légende raconte que le diable y aurait jeté son château provoquant cette couleur émeraude. Parce qu’il était vert de rage ? (Je me pose la question car je ne vois pas le rapport avec le château et la couleur).

Explication de la couleur verte du lac.
Explication de la couleur verte du lac.

Lac Vert.
Lac Vert.

L’accès au lac est facile depuis la route des crêtes. Du coup il y avait plein de monde (surtout des personnes âgées) autour de ce lac.

Lac Vert.
Lac Vert.

L’itinéraire se poursuit sur des sentiers de racines et remonte vers le point de départ par des chemins larges et boisés, tranquilles.

A un moment, deux voies différentes s’ouvrent à notre choix. Nous décidons de prendre par le point de vue de l’ HIRSCHSTEINE. Le guide parle de « sentiers rocailleux et raides qui exigent un pied sûr ».

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Le belvédère Hirschsteine.
Le belvédère Hirschsteine.

Vue du belvédère Hirschsteine.
Vue du belvédère Hirschsteine.

Un panneau sur place confirme la  difficulté.

Immédiatement après le panneau, un escalier raide en métal descend à flan de roche, remplacé ensuite par une rampe métallique qui court le long de la paroi que nous devons remonter par un sentier parfois inexistant (remplacé par de gros éboulis de cailloux) ou semé de troncs pour compliquer notre tâche. Le précipice est sur notre flan gauche. C’est impressionnant. Je me dis que par temps humide cette voie est impraticable. La vue porte sur les massifs boisés des Vosges vers la vallée de Munster, splendide comme toujours.

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Et là, en arrivant au bout de cet escarpement, dans une forêt de conte de fées où les fougères et les mousses font une atmosphère enchanteresse, je me trouve face un chamois. Nos regards se croisent le souffle d’une seconde puis il détalle dans ce prodigieux décor, englouti par le vert soyeux et protecteur des lieux.

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Et je reste éblouie par cette rencontre.

Le sentier se poursuit dans la forêt magique, remonte vers le dernier point de vue sur la vallée, le Spitzenfels à 1190 m. et bifurque pour rejoindre notre point de départ.

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Dernier point de vue de la randonnée, Spitzenfels.
Dernier point de vue de la randonnée, Spitzenfels.

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Les Vosges et leurs rencontres magiques…

 

 

 

 

 

 

Le Brezouard & ses aventures

Hier, Judith et moi sommes parties à la découverte des forêts et panoramas du Brezouard, massif vosgien culminant à 1229 m. pour un tour de 4h15 selon le guide de Bernhard Pollmann « Vosges, 51 itinéraires » des éditions Rother.

L'itinéraire de la randonnée.
L’itinéraire de la randonnée.

Le col des Bagenelles où débute cette randonnée est à 1h30 de Strasbourg, près de Ste Marie aux Mines, sur la route des crêtes. La journée s’annonçait fraîche (enfin !) mais pas humide.

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Dès notre arrivée au col, une splendide vue se déploie vers la vallée proche. Le chemin de rando monte doucement par un joli sentier bordé de conifères, noisetiers, hêtres et très vite, d’autres panoramas se dégagent entre les branches des sapins.

Le club vosgien, très actif, balise correctement les sentiers et il est difficile de se perdre ou de se tromper si l’on reste attentif.

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1ere intersection, nous cherchons notre balise « rectangle rouge ». Et nous nous engageons sur un sentier déjà emprunté mais qui monte tout droit vers le sommet avec une pente hyper raide où la terre meuble constitue l’essentiel de ce chemin.

chloeka-rando au Brezouard Aout 2015-12Je dis à Judith que je trouve ça bizarre. Les montées à flan de colline se font en zigzag et pas sur des chemins où tu glisses tous les deux pas avec une telle pente.  Surtout que le guide ne parle pas de difficultés majeures dans cette balade. Mais, comme nous aimons transpirer, nous montons gaillardement toutes les deux. Pas de rectangle rouge le long de cette montée sportive (heureusement que Phlau n’était pas là, elle m’aurait maudite et bannie de ses ami-e-s à jamais !).

En arrivant, suantes et essoufflées, en haut, nous retrouvons le balisage mais qui s’étire sur deux côtés. Nous décidons de suivre celui de droite. Le guide nous avait promis de beaux panoramas durant cette montée, je trouve vraiment bizarre que nous n’ayons eu que la terre et les racines comme vision ! En suivant le chemin de droite, nous passons devant un beau point de vue sur l’énigmatique Taennchel.

Vue sur le Taennchel.
Vue sur le Taennchel.

Les Vosges sont magiques et regorgent de lieux chargés en énergie et de recoins où vivent les elfes et les sorcières. C’est sans doute pour cette raison que je m’y sens particulièrement bien.

Sur le sommet, la bruyère est en fleur et exhibe un joli tapis violacé.

Notre chemin redescend (normalement pour remonter vers le petit Brezouard). Joli sentier qui longe la montagne, très agréable. Et je trouve qu’il redescend beaucoup pour finalement nous reconduire à notre premier croisement… {soupir}.

Je me dis que Judith et moi devons aimer les montées pour que l’Univers nous en propose une seconde pour le même prix. Évidemment nous remontons par le joli sentier et non la première montée abrupte.

Et là tout reprend son sens et sa logique. Le guide ne mentait pas {ouf}.

Les chemins de racines de hêtres font un escalier naturel agréable, la mousse adoucit l’écorce des arbres et la dureté des roches, l’air est  chargé de délicieuses senteurs boisées.

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Le plus beau point de vue arrive enfin, du haut du petit Brezouard, avec ses quelques sapins calcinés et morts qui lui font un collier tourmenté et apocalyptique. De son hauteur, le paysage se déploie à 360°, vers la plaine d’Alsace, le Taennchel… Les nuages s’accumulent à l’ouest, couvrant les reliefs d’ombres fantasques. C’est beau à couper le souffle.

chloeka-rando au Brezouard Aout 2015 Judith

Nous redescendons, imprégnées de cette nature forte et généreuse. Nous nous enfonçons dans une forêt de résineux, sombres et silencieuses, vigilantes sur le balisage.

Au bout de 3 h de marche, nous nous posons dans un champ pour pique-niquer, dans un site de pâturages à l’orée d’un bois. Puis nous reprenons notre balade vers le hameau de Faurupt où une nouvelle montée par un large chemin nous conduit vers le parking d’arrivée.

De grands fermes vosgiennes jalonnent le chemin, certaines décorées de façon fantaisiste et joyeuse, d’autres plus pastorales et bucoliques, de jolies vaches rousses, noires et blanches, saupoudrées de pois qui leur font une surprenante robe bariolée observent nos déambulations champêtres.

Nous retrouvons la voiture, heureuses et satisfaites et là…la poche où j’avais mis les clefs de contact était ouverte ! Pas de trace de clefs, évaporées, volées par les lutins farceurs des Vosges.

Immédiatement, j’élabore un plan de sauvetage. Il est 16h. Attendre que Phlau rentre du boulot, prenne mon double des clefs (dont je ne suis plus tout à fait sûre de l’endroit où il est), trouve ce col (elle n’a AUCUN sens de l’orientation). Judith propose que plutôt d’attendre inutilement sur le parking, nous refaisions un bout de chemin. Je réfléchis, les deux endroits où j’ai posé mon sac à dos sont ma pause pipi et le déjeuner, à une heure du col des Bagenelles.

Nous reprenons donc notre sentier à travers les pâturages, motivées. Là, les vaches se sont échappées de leur champ pour mon plus grand plaisir où je peux aller en papouiller une ou deux pas trop craintive et qui aime mon enthousiasme tactile.

chloeka-rando au Brezouard Aout 2015- Mmes Vaches échappées de leur champ

En arrivant à Faurupt, nous croisons des randonneurs qui nous demandent quelques indications. Après les avoir renseignés, je leur demande s’ils n’ont pas trouvé des clefs de voiture à tout hasard. Et là, ils me disent « Oui ! près d’une stère de bois coupés. Nous les avons posé sur la première boîte aux lettres. »

J’ai eu envie de les embrasser, je me suis contentée de dire que je les aimais.

Judith et moi courrons vers la fameuse boîte aux lettres, ou nous ne trouvons rien ! Nouveau dépit.

Judith va sonner chez le propriétaire du lieu, lui expliquant nos déboires. Cette personne bien intentionnée avait récupéré les clefs en allant chercher son courrier.

Quand j’étais à Karmaling, chacun pouvait laisser ses objets n’importe où, personne n’y touchait, car « chaque objet a sa place » donc on retrouve toujours ce que l’on a oublié volontairement ou involontairement.

Je savais que les clefs pouvaient être tombées près de ma pause pipi, c’est là où je les aurais chercher après l’endroit de la pause déjeuner. Si nous n’avions pas croisé ces randonneurs, je n’aurais jamais retrouvé mes clefs car trop de personnes bien intentionnées s’étaient occupées de mes clefs > à méditer !

Je remercie quand même l’Univers de les avoir récupérées .

Sur le retour, nous avons rencontré un chat bavard affamé de câlins, un coq et ses deux poules se baladant tranquillement sur un bout de colline et, courageuses, l’esprit allégé, « re-monté » la dernière pente !

chloeka-rando au Brezouard Aout 2015 chloeka-rando au Brezouard Aout 2015- Judith et M. Chat chloeka-rando au Brezouard Aout 2015-

Au final, une randonnée de plus de 5h avec de forts dénivelés et beaucoup d’émotions mais nous aimons ça ♥.

chloeka-rando au Brezouard Aout 2015- message Gandhi