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L’automne en Vasgovie

Samedi 21 octobre 2023

Cela fait déjà un moment que j’avais envie de passer quelques jours dans la forêt au-delà de la frontière au Nord de l’Alsace. Cet espace boisé infini qui s’offre à la vue depuis le sommet des châteaux forts peuplant les Vosges du Nord. Je l’ai côtoyée parfois, lors de brèves incursions en Allemagne, quand je vais explorer ces châteaux semi troglodytes que j’aime tant.  Ces doux vallons boisés qui s’étendent à perte de vue m’invitent aux rêves loin des turpitudes du monde.

 » La forêt palatine rassemble un ensemble continu de contrées environnées de montagnes forestières dans le land de Rhénanie-Palatinat en Allemagne. Il s’agit d’un reliquat d’une vaste « foresta » placée sous l’autorité des comtes du palais impérial à la fin de la dynastie carolingienne. Ces dignitaires émancipés en partie du pouvoir régalien sont devenus les comtes palatins du Rhin, laissant à leur principauté le nom de Palatinat.

La forêt palatine forme par ailleurs un ensemble géomorphologique unique avec les Vosges du Nord, rassemblé au sein de la réserve de biosphère transfrontière des Vosges du Nord-Pfälzerwald. Cet ensemble est étroitement lié au massif des Vosges, dont il n’est séparé que par le col de Saverne. » Source : WIKIPEDIA

Pour ces trois jours de découverte, j’ai choisi un gîte au pied des vignes à Pleisweiller-Oberhofen. C’est à 1h30 de la maison, à côté donc, et c’est totalement dépaysant. Inutile de parcourir de longues distances pour se sentir ailleurs. Suzy et Rosa étaient du voyage.

Parfois, je sépare les chiennes pour offrir d’autres alchimies dans leur quotidien. Le combo Emma/Rosa est quelquefois difficile à gérer parce qu’Emma est l’idole de Rosa et que cette dernière fait un peu n’importe quoi quand Emma est en balade avec nous. En outre, pour Emma, cela lui permet de souffler aussi car « l’amour » de Rosa est, par intermittence, envahissant pour elle.

Nous avons débuté par un petit circuit de 11km à partir de Göcklingen, village viticole lové au cœur des vignes sur la route des vins du Sud du Palatinat.

De nombreux circuits de randonnées traversent la forêt, de nombreuses ruines l’habitent. La balade fut riche en points de vue, en ruines visitées. Une tour en grès, construite en 1886, la Martinsturm, était notre point culminant à plus de 500 m. d’altitude. C’est une tour d’observation de 14 m de haut . Elle a entièrement été rénovée dans les années 1990, le bâtiment est classé. Dans le passé, elle était également utilisée pour la protection contre les incendies de forêt , mais aujourd’hui, elle n’a qu’une importance touristique. Lorsque la visibilité est bonne, le panorama s’étend sur l’ Odenwald , la Forêt-Noire et les Vosges.

L’autre grande attraction de notre petit périple fut la visite du Burg Landeck, ruine du XIIe s. plutôt bien conservée, avec un remarquable donjon carré et imposant visible de loin, depuis la plaine.

Beaucoup de monde le côtoie, un samedi lumineux d’octobre en plus. Un restaurant trône à l’intérieur et offre deux plats copieux et succulents véganes, la belle surprise de fin de randonnée. Evidemment, nous avons commandé les deux plats et nous nous sommes régalées.

A 17h, découverte de notre gîte qui est parfait, propre, hyper confortable et nos hôtes sont chaleureux et accueillants. Une douche bienvenue va clore cette journée riche en découvertes et en belles surprises.

Dimanche 22 octobre 2023

Le gîte est vraiment exceptionnel, la literie est extraordinaire de confort, j’ai le sentiment de dormir sur un nuage. L’endroit est incroyablement calme. C’est une tanière de luxe où on se ressource pleinement.

Ce matin, nous sommes parties explorer de nouvelles pistes à dix minutes de notre lieu de vie temporaire. Onze kilomètres et presque cinq cent mètres de dénivelé avec un ressenti de vingt kilomètres parcourus tant les paysages sont variés et offrent des panoramas tous plus beaux les uns que les autres. Nous avons fait un circuit sur les vallons qui dominent la plaine, au départ du village viticole de Leinsweiler, sur la route des vins du Sud.

La forêt qui surplombe cette partie du paysage s’appelle la Vasgovie. Composée en grande majorité de châtaigniers, hêtres et chênes, elle est remarquable par ses vallons profondément encaissés et ses ruines médiévales qui jalonnent ses sommets boisés.

L’automne sublime ses sentiers d’ors et de bruns chatoyants.

La montée un peu rude nous a conduit à une première ruine qui offre un panorama époustouflant à 360° sur la plaine du Rhin et tous les vallons qui lui font un contrefort boisé : le Neukastel. Il ne reste qu’un promontoire rocheux de ce château du XIIè s. culminant à 459 mètres d’altitude. De forts vents activaient la course des nuages et créaient une ambiance voilée sur la plaine s’étendant à perte de vue.

Le temps suspendu à l’élan fou des nuages…

Nous avons traversé des forêts immenses, pénétrant au cœur de ces vallons encaissés où des vues incroyables se déployaient par endroit, offrant des panoramas sur les rochers et ruines que nous allions découvrir.

Chaque détour de sentiers déployait d’autres paysages, tous plus beaux les uns que les autres, loin des bruits de l’humanité.

Nous avons fini nos découvertes par les ruines du château de Scharfenberg qui n’est pas ouvert à la visite et l’impressionnant site du château rupestre d’Anebos à 463 mètres d’altitude. Ces sites font partie d’un ensemble de trois châteaux médiévaux : les Trifels. C’est également un lieu d’escalade.

Les contreforts rocheux sont colossaux et la vue qui s’y déploie est spectaculaire, notamment depuis les ruines du château d’Anebos vers le Trifels, le mieux conservé des trois.

Repues, nous sommes redescendues par de larges sentiers vers Leinsweiler que nous avons pris le temps de visiter avant de retourner au gîte.

Lundi 23 octobre 2023

Le ciel se couvre et les températures baissent, l’or des forêts et des coteaux viticoles n’en reste pas moins beau.

J’ai presque dormi 10 heures la nuit passée. C’est bien reposée que je pars pour la dernière randonnée de notre séjour. Nous allons nous enfoncer au cœur des vallons de la Vasgovie. L’objectif du jour est le site de Rötzensteinpfeiler. Il semblerait que ce soit l’un des endroits les plus impressionnants de cette forêt, il culmine à 460 m d’altitude. C’est un long récif rocheux gréseux qui s’étire en aplomb d’une montagne, son mur escarpé de 50 m. est apprécié des personnes pratiquant l’escalade. Sur sa pointe la plus extrême trône une croix qui ouvre sur un grandiose panorama.

La vue est effectivement époustouflante sur les vallons qui s’étirent dans un infini bleuté, nature insoumise à perte de vue où pointent par endroit, les vestiges des châteaux médiévaux qui rappellent le passé glorieux de ces contrées délaissées. Pas un humain sur les sentiers empruntés, le lieu est aussi désert.

C’est là que je voudrais que le temps se suspende. Bulle primitive d’émois décuplés où toute cette beauté me nourrit, je me sens repue et apaisée. Peu de paysages provoque un tel sentiment de complétude chez moi.

Même Phlau qui préfère les forêts aux panoramas est conquise !

Quand nous quittons ce lieu fascinant, c’est pour le découvrir depuis la crête voisine, 3 km plus loin, où s’étale un autre amas rocheux remarquable : les Kieungerfelsen. L’accès par le Sud est difficile, pentu et très technique, la terre et la roche sont humides, je préfère jouer la carte de la sécurité et rebrousser chemin pour retrouver les larges sentiers où abondent les châtaigniers pour retourner à la voiture.

Sur le retour, nous décidons de nous arrêter au Burg Landeck pour savourer une dernière fois leur cuisine végane découverte le premier jour.

Je fais également une cueillette de feuilles locales pour mes prochaines empreintes végétales : chênes, châtaigniers et hêtres, souvenirs de cette forêt splendide et profonde.

Je sais déjà que je reviendrai.

Verdoyante Auvergne

Journal de vacances

  • Dimanche 9 juillet 2023 – Le Pradal, Haute-Loire.

Hameau de quelques maisons en pierre resserrées autour d’une chapelle dédiée aux mineurs, hors de toute temporalité, le présent s’est suspendu là, à 672 m d’altitude, à flanc de coteau boisé de chênes au pied duquel coule le ruisseau d’Arçon. Nous nous situons en Haute-Loire, à plus de 700 km de chez nous.

Nous sommes arrivées hier, vers 17h, après un voyage débuté à 8h. La fin fut éprouvante du fait des températures caniculaires dépassant les trente degrés. Eprouvantes surtout pour les chiennes qui nous accompagnent. La climatisation a tourné à plein régime et je n’ai pris la mesure de ses bienfaits que lorsque j’ai ouvert ma portière pour affronter le vent chaud qui assèche la moindre parcelle d’air.

Le gîte, maison en pierre épaisse blottie contre la colline, est un havre de fraîcheur.

Nous avons été accueillies par un couple âgé. La dame était très rigide, inquiète de découvrir que nous avions un grand chien avec nous, Emma. Leur prestataire leur ayant menti sur la taille de nos chiennes. Inquiète car elle pensait que nous allions les laisser divaguer et qu’Emma allait se transformer en croqueuse de poules du village. Ensuite notre numéro de réservation ne collait pas avec le leur…  parce que nous n’avions pas le même prestataire, un sketch. Heureusement, le couple habite à trois quart d’heure d’ici. Nous serons tranquilles. L’espace n’est pas clos mais encastré dans la logique de la pente et dévale sur le ruisseau qui le traverse. J’ai prévu une longe pour qu’Emma puisse rester dehors avec nous (quand nous profitons du mini jardin) sans aller croquer les poules ou les intrus.

Pas de wifi, très peu de réseau, de quoi bien se déconnecter.

Lavaudieu

La chaleur écrasante est annoncée jusqu’à mercredi. Nous avons donc décidé de partir tôt pour notre première escapade hors de notre havre. J’ai aussi choisi une randonnée, en grande partie boisée, avec des points d’eau pour amener les chiennes avec nous.

Le point de départ est à 30 mn du gîte, dans un autre village de vieilles pierres construit autour d’une remarquable abbatiale du XIè s. : Lavaudieu.

Le circuit déniché sur visorando, débute par des chemins asphaltés et des vues dégagées sur les monts d’Auvergne, les champs ont été fauchés et les ballots ronds de foin parsèment le paysage. Une source est notre premier point d’eau sur le parcours mais elle est tarie quand nous y arrivons (Buze). Notre chemin suit un tracé longeant un bois et Phlau y remarque un joli sentier s’enfonçant dans le sous-bois. La carte m’indique une sente en pointillés qui nous permettrait de raccourcir le trajet en coupant à travers bois pour accéder plus vite à la Sénouire, rivière qui longe le GR300 et me promet fraîcheur et baignades pour les chiennes. Les filles sont OK pour suivre ces pointillés et surtout le joli chemin ombragé qui s’ouvre devant nous. Très vite, le sentier est happé par les bois morts et nous cherchons son tracé à travers les insectes bourdonnants et les toiles d’araignées qui ont investi les lieux et vu, le foisonnement ambiant, on les comprend. Nous avançons malgré tout vers la rivière. Mais à quelques mètres avant de l’atteindre, la pente se fait roche en aplomb et le bois se transforme en ronces et fougères épaisses.  Nous décidons de rebrousser chemin car nous nous mettons en danger et les chiennes nous accompagnent.  On revient tant bien que mal sur nos pas pour retrouver le tracé du départ mais la chaleur est de plus en plus éprouvante. Suzy est au taquet pour être en tête avant de s’écraser dans la fraîcheur de la terre au moindre coin d’ombre. Nous sommes chargées d’eau pour les chiennes, faisons des pauses régulières et mouillons le torse de Suzy. C’est elle qui souffre le plus de ces températures hors normes, comme elle ne perd pas ses poils.

Nous arrivons enfin à la rivière, je craignais que nous n’y ayons pas accès mais son cours large est baigné de galets ronds et elle est abordable à de nombreux endroits, pour le plus grand plaisir de Suzy, Emma et Rosa. L’humidité qu’elle dégage modifie la végétation traversée, les acacias ont remplacé les chênes et des fougères immenses et élégantes ouvrent le chemin et apportent un peu de fraîcheur. Le chemin du retour longe cette rivière, remonte le long des coteaux, traverse des collines boisées aux buissons épineux où la nature touffue grésille dans le soleil qui devient de plus en plus ardent. Claudia est éprouvée par cette chaleur, Phlau me suit de près, tractée par Emma.

A l’orée du village, je sais qu’il reste un km à faire pour rejoindre la voiture mais sur l’asphalte brûlant ce n’est pas la meilleure chose à faire avec les chiennes. Je décide donc d’aller chercher la voiture et de venir les récupérer dans un coin ombragé, malgré les interdictions de circuler pour les touristes dans le village aux rues étroites. Il y a très peu de monde. Les quelques visiteurs sont agglutinés le long de l’eau pour pique-niquer à l’ombre.

Nous croisons un groupe de jeunes (et beaux) séminaristes en robe noire apprêtées et splendides mais sans doute très peu confortables. Ils sont français, viennent d’une école internationale italienne (je leur ai demandé car leur tenue nous a intriguées). Nous offrons un dernier bain aux chiennes dans la Senouire avant de retrouver la fraîcheur bienfaitrice de notre gîte.

Claudia a siesté dormi 3 heures pour récupérer de notre périple ! L’après-midi est lente et paresseuse. Seule Rosa reste vive et vigilante au moindre bruit de mâchoire…

  • Lundi 10 juillet – visites des villages proches.

Nous appréhendons les températures qui ne cessent de monter. Heureusement que nous sommes dans notre vallon boisé loin du bitume et de toute circulation. Le ciel couvert de la matinée a apporté du supportable dans les mouvements. J’ai baladé les chiennes une petite demi-heure au-dessus de notre gîte. Le paysage est magnifique. Je suis impressionnée par le camaïeu de verts, cette nature ne semble pas encore être altérée par la sécheresse.

Nous sommes parties explorer les quelques villages historiques alentours. D’abord Ally culminant à 1000 m d’altitude, point central de ces lieux. D’anciennes mines de plomb, d’antimoine et d’argent parsèment la carte topographique, des moulins également, témoins d’un passé riche en histoire. Sur les hauteurs, c’est un plateau sommital qui se déploie et ne donne pas du tout l’impression d’être en montagne, les espaces sont dominés par la présence humaine et l’exploitation d’autrui.

Nous sommes redescendues vers l’Allier et sa vallée verdoyante. Deuxième arrêt à Lavoûte-Chilhac, labélisé parmi les plus beaux villages de France. C’est son ancienne abbaye des Bénédictins qui en a fait sa gloire. Il semblerait qu’elle a collectionné des reliques diverses mais, à notre grande déception, nous n’en avons vu aucune. J’aime bien le côté magique du religieux et son folklore tant qu’il ne provoque ni n’entraîne violence et meurtre.

J’aime surtout l’histoire et ses méandres, ses traces dans le paysage et j’ai un faible pour toute la période médiévale. Ici, je suis particulièrement gâtée.

Le troisième lieu du jour fut les vestiges du site castral de St Ilpize, perché en aplomb de l’Allier, magnifique forteresse agrémentée d’une chapelle romane et de sa tour seigneuriale.

On y accède depuis Villeneuve d’Allier en passant par un pont suspendu, petite prouesse architecturale plus contemporaine mais qui vaut aussi le détour. La vue est également impressionnante depuis le pont.

Nous sommes retournées vers midi au gîte. Les températures grimpent et l’air devient irrespirable. Les filles sont dans la fraîcheur de la maison, moi j’écris depuis notre jardin, abritée par un lilas foisonnant, une vigne grimpante le long des vieilles pierres et le parasol déployé. Plus tard, j’irai faire un tour en sous-bois. Emma est allongée à mes pieds et sieste. Elle n’est plus attachée par la longe. Le lieu est tellement tranquille que je ne crains pas qu’elle se sauve. Il n’est pas sur le versant boisé plus habité par les animaux de la forêt. Les papillons sont légions et les insectes saturent l’air du crissement de leurs ailes.

  • Mardi 11 juillet – randonnée à partir du gîte sur le GR 470.

Aujourd’hui la chaleur sera à son paroxysme. Des orages sont prévus dans l’après-midi. Hier soir, j’ai exploré la carte topographique pour un circuit court à partir de la maison. Je suis surprise car les divers sites de randonnée ne proposent rien dans le vallon qui nous héberge et pourtant il est truffé de sentiers menant à de vieilles mines et reliant les hameaux entre eux.  Le GR 470, à 2 km d’ici, concentre l’intérêt.

Phlau était OK pour m’accompagner, Claudia est restée au gîte avec les chiennes. Nous sommes parties à 7h30 explorer les collines proches. J’avais prévu une petite boucle de moins de 10 km qui rejoignait le GR. J’adore son nom : Robe de bure et cotte de mailles. Tout ici nous relie au moyen-âge, période historique que j’affectionne. Nous sommes revenues enchantées de ce mini périple, repue de panoramas grandioses et gorgées d’images bucoliques où nous n’avons croisé aucun humain.

Nous avons traversé le hameau de Condors qui semblait inhabité, pourtant des fenêtres fleuries aux rideaux brodés et pimpants témoignaient d’une vie intime et privée. Le village semble figé dans un autre siècle :  panneaux improvisés, chapelle improbable aménagée dans une cave pour recueillir deux sous afin de restaurer une maison locale, habitats abandonnés en ruine, vieille boite postale du siècle passé et pourtant toujours utilisée, vélos oubliés transformés en décoration florale…C’est à partir de ce lieu que nous avons parcouru un morceau du GR 470, en partie à flanc de colline s’ouvrant sur des vallons lointains et bleutés dans la lumière matinale, déjà saturée par le rayonnement cru du soleil. Au loin, le site castral de St Ilpize se découpait dans l’infini de l’horizon. La danse des insectes bourdonnants rythmait nos pas, une vie grouillait dans les buissons, les papillons virevoltaient, insouciants de la torpeur ambiante.

La flore est exceptionnelle, d’une diversité et d’une densité incroyable : lande à genêt, sainfoin, thym, molène pubescente aux épis floraux exubérants, sauge des prés, scabieuse, achillée, vipérine aux violets chatoyants, œillet du granite, fougères foisonnantes par endroit, etc.    

Parfois j’aimerais que le temps se suspende. Savourer ces instants, les étirer, m’en imprégner à jamais, bulles de quiétude dans le tumulte des mondes.

Une partie du GR emprunte aussi des sentes boisées bienvenues dans la torpeur étouffante de l’été. Nous sommes passées à côté d’un château médiéval en excellent état où la boite aux lettres indiquait : « Général et Madame Guy de Rochegonde ». Naïvement, je suis toujours fascinée que l’on puisse s’identifier d’abord par sa fonction. Cela renvoie à notre rapport au monde et à nos priorités. Et je ne parle même pas de « Madame » qui n’existe que dans le nom de son époux… En faisant des recherches, j’ai aussi compris qu’il s’agissait d’une famille noble. La nuit du 4 août a aboli les privilèges sur le papier mais 250 ans plus tard, ils persistent encore.

Notre retour s’est fait majoritairement en sous-bois, appréciable car les températures étaient déjà de 30 degrés à 10h.

J’ai repris ma place d’hier, dans notre petit jardin ouvert, pour rédiger ces phrases. Rosa et Emma me tiennent compagnie. Suzy préfère rester à l’intérieur avec les filles qui supportent beaucoup  moins la chaleur que moi.

  • Mercredi 12 juillet 2023- Boucle à partir de St Austremoine.

Au réveil, j’espérais que la pluie aurait enchantée le jardin, que nenni. Pas une goutte. L’herbe s’assèche de jour en jour et la terre se craquèle, se repliant sur ses dernières molécules d’humidité pour survivre. Les orages sont passés et nous ont oubliées. Je me demande où tout ce vallon si verdoyant puise son énergie. Je ne me lasse pas de ce lieu délaissé de l’humanité, de Michèle, notre voisine adorable aux petits soins avec nous. Hier nous avons eu droit à une énorme salade de son jardin. Elle aime savoir où nous marchons, ce que nous visitons. Elle me raconte des petites histoires de sa vie et me partage les humeurs de ses compagnons de cœur : Mimi, le chat roux adopté et Anaïs, une yorkshire aveugle qui a atteint l’âge remarquable de 20 ans.

Ici, les routes sont parfois si peu empruntées que des liserons y poussent. C’est beau.

La randonnée du jour nous a conduit à 20 mn d’ici, sur les hauteurs de St Austremoine à + de 900 m d’altitude. Les nuages offraient l’opportunité de marcher à découvert. Nous avons pris Rosa avec nous car elle était particulièrement remuante ce matin et avait besoin de se dépenser. Je savais aussi que le circuit n’était pas long et était faisable pour elle. Suzy et sa tignasse de mouton aurait souffert, quant à Emma, je lui proposerai une balade à notre retour. Vivre avec elles c’est aussi s’adapter à la personnalité de chacune. Quand Rosa a vu que son idole (Emma) ne nous accompagnait pas, elle a voulu rester au gîte mais sa jeunesse aurait fini par nous épuiser, toutes, chiennes comprises. C’est pourquoi elle a fait partie du voyage.

Le point de départ fut la petite place de la mairie, face à la belle église romane (fermée) de St Austremoine. La montée se fait par une route goudronnée, ce n’était pas précisé sur le circuit et j’aurais sans doute adapté notre petite virée. Heureusement que les nuages voilaient l’ardeur du soleil de juillet car nous n’aurions jamais pu l’emprunter par 30 degrés, cela aurait été impraticable pour les coussinets de Rosa. Cela dit les panoramas étaient époustouflants, dévoilant les combes verdoyantes d’Auvergne des versants sud. Les gris en camaïeu d’un ciel bousculé sublimaient les verts profonds des vallons boisés. Et, plus loin, dans le creux des gorges, on devinait les méandres de l’Allier. Nous avons traversé deux hameaux au même charme d’histoires révolues s’ancrant dans un passé d’un autre siècle, contant les temps plus illustres de ces vieilles pierres.

C’est en basculant sur le versant nord que nous avons quitté la route asphaltée pour cheminer enfin le long d’un large sentier sommital aux contours parfois boisés. La campagne traversée alternait des champs prodigieusement fleuris et des landes plus rudes où affleurait la roche. Partout où se perdait le regard, la nature abondait de vie.

L’air oscillait entre la torpeur des jours précédents, quand un voile de nuage se déchirait sur un creux ouvert au soleil, et une brise bienvenue quand les nuages repartaient à la conquête du ciel. Parfois les nuées dessinaient un carcan sombre et inquiétant au loin, nous faisant encore espérer une pluie salvatrice qui n’est jamais venue. Phlau a qualifié ces humeurs de « météo bipolaire », c’est assez justement défini.

Au retour à St Austremoine, nous avons baigné Rosa dans la fontaine du village et nous nous sommes posées à l’ombre d’un tilleul avant de reprendre la route.

De retour au gîte, je suis partie d’abord avec Emma, puis avec Suzy, musarder aux alentours du gîte pendant encore une petite heure.

  • Jeudi 13 juillet 2023 – boucle entre Lavoûte Chilhac et Chilhac.

Cette nuit j’ai presque eu froid et j’ai du me glisser sous le drap pour dormir, quelle merveilleuse sensation ! Ce matin, quelques nuages sont encore présents et rendent l’atmosphère agréable. Nous décidons donc d’emmener les chiennes avec nous pour la randonnée du jour.

Le départ se fait à partir de Lavoûte Chilhac que nous avons déjà visité en partie lundi. Sa particularité, outre qu’il est classé parmi les plus beaux villages de France, est la boucle que forme l’Allier, son pont dont une arche date du XIè siècle et bien sûr, son majestueux prieuré clunisien de Sainte-Croix de La Volte datant également du XIè siècle surplombant la courbe de la rivière.

Cette fois-ci, le circuit se fera essentiellement sur des sentiers souvent boisés dont une partie emprunte le GR 470. Des fontaines jalonnent le chemin et permettent de rafraîchir les chiennes. La campagne est bucolique, les blés blonds ondoient sous une légère brise et ouvrent sur des collines lointaines. Je suis surprise car je vois très peu d’élevages de vaches ou de brebis. Par contre, il y a quelques centres équestres et les champs clos de fils électriques enferment surtout des chevaux.

La montée se fait en sous-bois, le long d’un sentier à la roche ravinée. Il semblerait qu’il ait plu dans ce coin. Quelques flaques de boue font la joie des chiennes. Comme d’habitude, nous ne croisons aucun humain. J’ouvre la voie et les toiles d’araignée s’accrochent à mes bras, à mes épaules. Je suis désolée de saper ainsi leur travail de dentellières. Parfois, les branchages s’ébrasent sur une échappée dévoilant un paysage pastorale idyllique.

Tout est beau. J’ai un sentiment de plénitude.

Au niveau d’Aubazat, nous traversons la D585 pour basculer sur l’autre pan de colline qui nous mène au GR 470.  Le paysage change encore. Nous suivons une ligne de crête où affleure la roche, plus méditerranéenne dans sa végétation. Le sentier est parfois sableux, d’anciens murets témoins du passé viticole de la région bornent la ligne du chemin. La richesse de la flore est encore exceptionnelle. Cette arête nous conduit au remarquable et surprenant village de Chilhac. Dominant l’Allier de près de 70 mètres, le cœur historique du village est construit à l’aplomb d’un spectaculaire escarpement basaltique. Le bourg s’est ensuite développé en contrebas, profitant d’une exposition au sud.

Cette falaise, qui confère au site toute son originalité, est le résultat d’une coulée de lave datée de 1,6 millions d’années. A sa base, comme le feraient les fûts d’un orgue, se dresse une colonnade de prismes réguliers. Propice à la défense, ce site naturel a favorisé, au moyen-âge, l’essor d’un village fortifié. Une église d’origine romane est construite en aplomb de la falaise et son clocher carré ajouré de baies surveille la vallée. Un pont suspendu datant de 1883 permet de traverser l’Allier. Une autre fontaine bienvenue a pu désaltérer tout le monde. Les filles étaient épuisées par la montée et je suis partie seule arpenter les rues de ce village fortifié et découvrir son église et sa nef de quatre travées aux dimensions irrégulières. La lumière jouait avec des vitraux plus contemporains qui sublimaient les statues anciennes.

Nous sommes reparties sur le GR qui nous a conduites par un chemin plus large à notre point de départ.

Les chiennes ont savouré une longue baignade dans l’Allier, Claudia et Phlau se sont fait plaisir en dégustant des frites locales.

Cette après-midi c’est sieste collective sauf pour moi. Ces paysages sont si beaux qu’ils me nourrissent et m’énergisent. J’aime le moment où je me pause dans notre coin de jardin gorgé de chaleur pour écrire les instants du jour. Lézards, papillons et autres insectes me tiennent compagnie. J’ai l’impression d’avoir toujours vécu ici. Ce creux de vallon éloigné du monde me donne un sentiment de profondeur réconfortante. Je suis en amour de ces lieux.

  • Vendredi 14 juillet 2023 – Plateau sommital d’Ally

Si les appareils connectés ne me donnaient pas la date, je ne saurais pas que nous sommes le 14 juillet. C’est sans aucun doute l’un des meilleurs que j’ai passé. En fait, dans notre creux de verdure, seuls les rythmes de la nature, le vent ronronnant dans les branchages et glissant sur les pierres saturées de chaleur, les insectes laborieux, la course du soleil nous indiquent le moment du jour où nous nous trouvons. Cette tranquillité vaut tous les trésors du monde. Rien ne vient l’entraver, surtout pas l’effervescence destructrice humaine.

Ce matin, je suis partie seule découvrir le plateau sommital qui surplombe notre havre, à plus de 1000 m d’altitude. Nous avions déjà été voir la commune d’Ally et son moulin en début de semaine. Aujourd’hui j’avais décidé de faire le circuit des moulins sur tout le plateau. Une douzaine de kilomètres empruntant routes et sentiers à travers un paysage totalement prédaté par l’homme qui y a inscrit son emprise et sa violence. Pas de forêts, des prairies vouées à l’exploitation des bovins, toutes clôturées. Chaque hameau traversé avait sa ferme d’élevage. Cette prédation sur le paysage remonte à l’antiquité où un gisement de plomb et d’argent y était déjà exploité (le site de la Rodde). Redécouvert à la fin du XIXè siècle, il fut mis à profit jusqu’en 1905. Aujourd’hui on peut encore le visiter mais je déteste descendre dans les entrailles de la terre. Ce qui me rassure quand j’explore wikipédia pour trouver des informations sur le plateau, c’est que les fermes d’élevage ont diminué de 41 % depuis 1988.

Mais la France a clairement un retard qui se creuse. Pour nos courses de la semaine au Carrefour Market de Brioude, nous n’avons trouvé aucune alternative végétale excepté une tartinade « Nurish ». C’est honteux. Quand je vois comment les rayons s’étoffent de produits veganes en Allemagne, c’est un gouffre que notre pays devra surmonter. Là-bas, le mot « vegan » n’est pas un gros mot. D’ailleurs les produits carnés ont augmenté de 20 %. Le gouvernement français balance des subventions honteuses aux éléveurs, rampe devant la FNSEA, au lieu de les orienter vers une reconversion végétale qui, seule, garantira l’avenir de l’humanité. Et je ne parle pas de l’oppression systémique qu’est le spécisme qui envoie plus de trois millions d’animaux terrestres à l’abattoir chaque jour. Dans le même temps, des dizaines de millions de poissons sont sortis de l’eau et tués. 

« Selon l’ONU, près de 90 % des subventions publiques de l’agriculture dans le monde ont des effets environnementaux ou sociaux « dommageables ».

La France est, de loin, l’État de l’UE qui bénéficie le plus de la politique agricole commune : 9,5 milliards d’euros d’aides agricoles en 2018, dont 1 milliard d’euros d’aides couplées qui bénéficient à 80 % à l’élevage. » Source : https://www.viande.info/elevage-viande-subventions-aides-europeennes

Le plateau d’Ally est ouvert aux vents et recouvert d’éoliennes, 26 au total. Ce qui explique aussi la présence des moulins, cinq ont été restaurés, deux sont des gîtes ruraux. Un moulin à parole offre des contes et légendes du pays. Ces moulins, majoritairement à farine, datent du XIXè siècle et étaient à disposition des familles locales, de paysans ou de mineurs. Ce sont des tours à corps cylindrique, construits en pierres de pays avec quelques moellons de quartz. Elles offrent un décor original dans l’azur du ciel d’été. Le panorama s’étire sur les monts très lointains et on pourrait se croire en plaine tant les moindres recoins sont cultivés ou domptés.

Je suis revenue au gîte vers midi, accueilli par l’allégresse débordante des chiennes. Chacune s’est adaptée au gîte.

Emma adore passer de longues heures allongée à l’ombre ou au soleil, elle fait parfois le petit tour du propriétaire, elle aime rester dehors, comme moi. Elle est très calme, le lieu l’apaise aussi. Elle n’a plus de longe, elle ne vagabonde pas, ça ne l’intéresse pas. Elle va parfois jusqu’à la rivière en contrebas pour ses besoins et remonte, autonome.

Rosa est la plus curieuse et la plus attentive au voisinage, la plus vive aussi mais elle jeune. Celle qu’on entend le plus également et qui rameute les copines. Elle alterne les siestes sous ma chaise ou sous le canapé si les mouches l’agacent trop. Parfois elle va se coucher sur le carrelage des toilettes pour un maximum de fraicheur. C’est une petite gourmande qui a parfaitement compris comment communiquer avec nous pour atteindre ses objectifs. Elle est irrémissiblement fan d’Emma ce qui n’est pas du tout réciproque. Mais elle s’en fiche. Si nous partons en laissant Emma, elle ne veut pas venir avec nous, son choix est clair. Elle aime les grandes noires élancées. C’est parfois lourd pour Emma et c’est pour cette raison que lorsque je pars en weekend, je n’en prends qu’une pour qu’elle puisse souffler et savourer ce temps entre elle et moi, égoïstement pour chacune.

Quant à Suzy, elle préfère de loin la fraîcheur de ma chambre ou du salon. Son poil dense et épais qu’elle ne perd pas est clairement un handicap par fortes chaleurs. Elle me rejoint dehors le soir quand l’air est moins étouffant. Elle n’aime que les randonnées. Les petites balades du matin ou du soir l’ennuient, surtout au départ du gîte. D’ailleurs, une fois qu’elle a fait ses besoins sur les 50 premiers mètres elle s’assied et décide de nous attendre.

Ce qui est extraordinaire et reposant est qu’il n’y a jamais de tensions entre elles.

Là, Emma s’est déplacée pour se mettre au soleil, le vent est fort aujourd’hui est rend l’atmosphère supportable. Elle pousse des petits gémissements de satisfaction.

J’irai sans doute faire une dernière balade dans le vallon en début de soirée. Demain, 9 h de route nous attendent. J’avoue que je n’ai pas du tout envie de rentrer.

Finalement, les filles m’ont accompagnée pour la dernière sortie. Nous sommes montées au lieu-dit « La Licoulne » où s’arrête la route et commence le sentier conduisant à une autre entrée de mine. Mais tout le site est fermé, sans doute par sécurité. Cette balade m’a permis de savourer une dernière fois la beauté de notre vallon verdoyant.

«Un jour viendra où l’idée que, pour se nourrir, les hommes du passé élevaient et massacraient des êtres vivants et exposaient complaisamment leur chair dans les vitrines, inspirera […] la même répulsion qu’aux voyageurs du XVIe et XVIIe siècle, les repas cannibales des sauvages américains, océaniens ou africains.» –

Claude Lévi-Strauss

Minérale Corse

En avril 2020, nous avions prévu (Phlau, Julie et moi) de passer une semaine en Corse. Mais les circonstances en ont décidé autrement et le voyage a été décalé aux vacances de la Toussaint.

Je n’ai jamais été en Corse, c’est une première pour moi. Julie, qui nous a accompagnées, en est à son 4è séjour. Je crois qu’elle est fan, aimant la montagne et la lumière, c’est le combo gagnant.

Sentier du littoral- Désert des Agriates

Nous avions réservé des chambres dans un lieu chaleureux, : « CHAMBRES CHOCOLAT & TURQUOISE«  dans la périphérie de Bastia, où les hôtes sont végétaliens et font aussi traiteurs. Ainsi nous pouvions consacré nos journées à la randonnée et nous poser le soir autour de la table, sans avoir d’autres contraintes, ni à justifier nos choix de vie plus éthiques.

Florence et Michel, les hôtes, sont bienveillants, accueillants et cuisinent divinement bien. 5 chats, Gaby, Patrick, Cookie, Hendrix et Petit Chat, y vivent également ainsi que Cajou, le chien enthousiaste, ultra sensible et émotif de la maison que nous avons beaucoup bichonné. C’était le lieu idéal pour se ressourcer après nos marches quotidiennes.

1er jour – Mise en jambe sur les hauteurs de Biguglia

Nous sommes arrivées un dimanche lumineux, avons loué une voiture pour découvrir le Nord de l’Ile et, Florence et Michel, nous ont tout de suite proposé une mise en jambe : découvrir la chapelle romane Sant-Andria di Fabrica sur les hauteurs de Biguglia datant du XIIIè siècle. Un sentier partant de la fontaine au sud du village permet d’y accéder. Nous nous sommes tout de suite plongées dans l’ambiance méditerranéenne avec le maquis odorant exhalant les senteurs du ciste et les cactées qui jalonnent la montée vers la chapelle. Des cyclamens bordent le chemin ainsi que des chênes liège aux troncs noircis par un récent incendie qui donnent une couleur particulière aux paysages traversés.

Des décorations, petites sculptures, land art, peintures, rythment également la montée et poétisent l’espace. Il faut compter une heure de marche. Les ruines de la chapelle se dressent sur un piton rocheux à 343 m d’altitude, dominant la plaine, l’étang de Biguglia et la mer Tyrrhénienne. La lumière de fin de journée auréole les montagnes alentours où le vert domine. L’été semble encore là, si proche dans ce camaïeu de verts où les buissons ouvrent la vue sur un lointain bleuté côtoyant mer et montagnes. Seules les fougères roussies rappellent la saison en cours.

Par contre, en traversant le village de Biguglia, on a croisé un homme d’une quarantaine d’années, une carabine sur l’épaule, accompagné d’un garçon d’une dizaine d’années. Je trouve cela incroyable de voir des gens avec des fusils que ce soit dans les villages ou les zones moins habitées et, qu’en plus, cela soit un modèle éducatif. Tuer n’est pas à enseigner. C’est montrer qu’on peut dominer d’autres vies et se les approprier, ces vies qui ne nous appartiennent pas.

En fin de journée, nous sommes passées par le vieux port de Bastia,  deuxième commune la plus peuplée de Corse après Ajaccio. Ville portuaire aux immeubles écaillés dominée par la pro-cathédrale Sainte-Marie, entièrement restaurée et pimpante, dans un décor de ville latine tournée vers la mer. D’ailleurs, la majorité des églises et chapelles visitées sont rutilantes et très colorées et s’opposent bien souvent aux pierres vétustes des quartiers qu’elles dominent.

Jour 2 – Le désert des Agriates

Nous sommes parties, après le petit-déjeuner copieux, vers le Cap Corse pour notre randonnée du jour : 20 km aller-retour par le chemin des douaniers et son remarquable sentier littoral au départ du Golfe de Saint Florent.

La route qui conduit à notre point de départ passe par la montagne et offre des points de vue remarquables sur les deux versants du Cap Corse. Les panneaux de direction sont, pour beaucoup, vandalisés, troués par des balles, le nom français est tagué ou ils ont tout simplement été enlevés. Bienvenue sur cette île de l’omerta. D’ailleurs un dicton corse dit : « Un Corse ne pardonne ni pendant sa vie, ni après sa mort ». Le ton est donné.

Le désert des Agriates est situé entre le village de Saint-Florent, au Sud du Cap Corse, et la vallée de l’Ostriconi, au Nord de l’île-Rousse.

Les 16 000 hectares du désert étaient autrefois utilisés pour cultiver du blé et des oliviers.  Cette zone montagneuse n’a rien à voir avec un désert classique, on y trouve une faune et une flore abondantes, et surtout 35 km de côtes comptant des plages paradisiaques aux eaux turquoises. Les paysages sont beaux à couper le souffle et découpés par une infinités de petites criques aux eaux translucides et au sable blanc avec les montagnes en filigrane bleuté comme décor de fond.

Nous avons été jusqu’à la plage du Lotu où nous étions seules humaines et où Phlau s’est même baignée.

Baignade – Plage du Lotu

Au retour, Julie et moi avons escaladé un rocher qui devait être une ancienne tour de garde, appelées par les escaliers insérés dans la roche qui nous invitaient à aller admirer le panorama depuis sa plateforme.

Jour 3 – Apocalypse dans la vallée de la Restonica

Dans notre trio de voyage, il y a Phlau dont l’élément est sans aucun doute l’eau. Elle aime jouer, nager, se baigner. L’appel de la mer de la veille a été plus fort que tout même sans maillot de bain. Et il y a Julie. Julie aime marcher, la montagne et …le soleil. Elle rêvait de découvrir deux lacs de montagne, situés au bout de la vallée de la Restonica, qu’elle n’avait pas pu explorer lors de ses précédents voyages.

La vallée de la Restonica est souvent considérée comme l’une des plus belles routes de l’île. Cette route n’est pas facile, sinueuse sur 16 km, mais les paysages sont magnifiques, ce sont des gorges découpées par de hautes montagnes abruptes.  Nous voulions découvrir les lacs de Melu (alt  1711 m) et de Capitellu (alt  1930 m ). La météo annonçait un ciel bleu et un soleil lumineux. Mais voilà, à plus de 1000 m d’altitude, la montagne peut en décider autrement. Ce jour là, Julie allait encore rester sur sa faim. La quête des lacs…pour un autre séjour corse.

Dès le début de notre montée, à partir de la bergerie de Grotelle, un paysage alpestre, aux pentes marquées par des roches schisteuses, s’offre à nous . Nous traversons des rus alimentés par une eau furieuse qui dévale de l’aplomb des montagnes, rendant le sentier empierré dangereux et glissant. Le ciel est gris et menaçant.

Très vite, nous sommes prises dans une tempête mélangeant grêle et neige et transformant la montée en une épreuve des enfers. Le décor devient apocalyptique noyant toute couleur dans ses ruissellements venus de cieux en colère. Il est de plus en plus difficile d’avancer et nous sommes vite trempées de la tête aux pieds malgré notre équipement adapté.

Les rus se transforment en ruisseaux grondants et l’eau dévale de partout. Les sommets sont noyés dans les nuées grises qui crachent leur courroux de toute la force des éléments de la nature. A un quart d’heure du lac de Melu, nous décidons de faire demi tour car le sol est détrempé et beaucoup trop glissant. Je grelotte de froid.

Nous rebroussons chemin, la tempête ne se calmera pas. Julie est triste et déçue. Nous décidons de retourner à la chambre d’hôtes pour nous changer, nous réchauffer et repartir pour quelques kilomètres autour de Murato, surplombant la plaine de la Conca d’Oru et le golfe de Saint Florent, sous un ciel plus clément afin de finir cette journée par une note lumineuse.

Effectivement, le soleil inonde le littoral. A Murato se trouve l’une des plus jolie église romane de Corse : l‘église San Michele de style pisan   polychrome (bicolore), alternant des pierres de couleurs verte (serpentine) et blanche (calcaire), assemblées en dessinant irrégulièrement des damiers et des zébrures.

Jour 4 – Florilège de villages du Cap Corse

Aujourd’hui c’est plein soleil sur le littoral et les sommets proches. Nous décidons de partir découvrir le patrimoine urbain du Cap Corse. Nous commençons notre périple par Nonza, perché en nid d’aigle sur une falaise verticale de cent mètres de haut, surplombant la mer Méditerranée, autour de l’église rose orangé vif Santa Ghjulia. À la fin de l’époque romaine, sainte Julie, la patronne de la Corse, y aurait été martyrisée et, donc, une église, une chapelle et une source commémorent cet événement.

Dès notre arrivée, nous sommes accueillies par Frita, une chienne aux airs de cocker qui va nous guider et nous accompagner tout le temps de notre visite. Après être montées à la tour Paoline, construit au XVIIIe siècle sur l’emplacement d’un ancien château, nous descendrons par un monumental escalier de 150 marches vers la marine. Cet ancien port, aujourd’hui ruiné qui ouvre sur une surprenante plage de galets noirs et gris.

Le deuxième village visité est Canari, à peine un peu plus de 300 personnes y résident. Nous nous garons sur la place de son remarquable clocher du XVIIème siècle, agrémenté de magnifiques palmiers, jouissant d’une vue panoramique exceptionnelle sur le golfe de Saint-Florent et la pointe de la Revellata. A partir de là, nous descendons jusqu’à sa marine pour remonter par un sentier serpentant au travers d’anciennes terrasses abandonnées.

Le périple continue ensuite vers Pino, bâti à flanc de montagne et entouré de figuiers, chênes verts, platanes, cyprès et oliviers, surplombant la mer à 170 mètres. De magnifiques bâtisses l’agrémentent comme le château Piccioni ou le surprenant mausolée de la famille Piccioni qui contient, entre autres, les cendres de la fille de Gustave Eiffel, Valentine, mariée avec Camille Piccioni, diplomate et fils d’Antoine Piccioni qui fut maire de Bastia.

Nous décidons ensuite de traverser le cap pour finir sur sa façade Est avec la découverte de Meria. Nous empruntons la D35, route escarpée et sinueuse qui traverse les montagnes et nous offre de majestueux panoramas sur les sommets proches surplombants les eaux méditerranéennes de toute leur amplitude. En cette saison, il y a très peu de touristes et beaucoup de commerces sont fermés pour notre plus grand plaisir. C’est très impressionnant de se sentir seules dans ces lieux. Comme un sentiment de fin du monde …

Meria, 5 hab/km², fut un port actif au XVIIè siècle. Nous nous garons sur la place de l’église totalement désertée. Notre but est de découvrir le hameau abandonné de Caracu à proximité. Pour y parvenir nous longeons une allée bordée d’imposants tombeaux. En Corse, on trouve ainsi beaucoup de tombeaux et de cimetières privés dans les villages. C’est d’ailleurs étrange de voir ces lieux privatisés qui reflètent le pouvoir des notables en place d’une époque pas si lointaine.

Le sentier qui mène à Caracu s’enfonce dans la végétation touffue du maquis et offre, par endroit, des vues sur la cote orientale du Cap Corse. Assez vite nous arrivons au village. Les ruines sont dangereuses et peu visitables mais une étrange impression se dégage de ces lieux délaissés où la nature a repris ses droits.

Nous rentrons de nuit, épuisées et repues par tous ces endroits visités. Fin octobre, le soir arrive vite.

Jour 5 – Gorges du Tavignano

Un sentier balisé au départ de la citadelle de Corte permet d’atteindre les gorges du Tavignano, une des plus belles vallées des montagnes corses selon les guides touristiques. Le sentier s’élève sur la rive gauche du torrent.  C’est effectivement une très impressionnante vallée creusée dans les différents rochers de cette partie de l’île et qui mène aux hauts plateaux du lac de Nino et de la Punta Artica. Elle n’est accessible qu’à pied et reste en dehors des sentiers battus ce qui fait aussi tout son charme.

Le soleil et la douceur étaient au rendez-vous, nous avions décidé d’aller jusqu’à la passerelle suspendue de Rossolino, à 2h de marche. Le sentier est bien balisé et à flanc de falaise par endroit, offrant des vues à couper le souffle sur le maquis et les escarpements vertigineux de ce canyon corse. Nous avons croisé peu d’humains mais avons partagé nos miettes avec une colonie de fourmis lors de notre pause déjeuner.

Par endroit, quelques châtaigniers au feuillage or rappelaient que nous étions en automne.

Nous avons fini le périple par la visite de Corte, capitale historique et culturelle de la Corse. Elle occupe une position centrale dans l’île et sa citadelle domine les montagnes avoisinantes.

Jour 6 – Le chemin de croix de Cervione

Le soleil est de plus en plus ardent, nous choisissons pour cet avant dernier jour de découvrir les hauteurs de Cervione sur la Costa Verde. Cervione est un très joli village typique accroché en amphithéâtre sur les dernières pentes du Monte Castellu qui culmine à 1109 mètres.

Sa cathédrale Saint Erasme est remarquable, un des premiers édifices baroques de Corse.

Pour nous y rendre, nous avons pris la route sur la corniche de la Costa Verde qui a été une excellente mise en bouche de ce qui nous attendait.

Nous sommes montées sur le plateau de la Scupiccia (750m), situé à une heure de marche au-dessus de Cervione et qui offre une vue imprenable sur la plaine et les massifs alentours abritant la chapelle A Madonna di a Scupiccia. Nous décidons de nous y rendre en passant par la croix de Stupiole, dominant le littoral de son piton rocheux à 632 m d’altitude. A partir de la croix, le sentier bien balisé (heureusement !) passe par des rochers à escalader qui découvrent des vues de plus en plus époustouflantes sur l’horizon découpé entre mer et montagnes aux sommets enneigés.

Comme sur les hauteurs de Biguglia, les troncs sont noircis par un incendie, sans doute récent, mais la force vive du maquis a totalement réinvesti les sols et ces troncs calcinés habillent le paysage d’une étrange impression de chaos.

C’est sans aucun doute l’une de mes plus belles randonnées corses parce que le paysage est ouvert sur 360° et le ciel dégagé permet de savourer ces panoramas majestueux et diversifiés.

Nous nous sommes posées à la Pointe de Nevera à 801 mètres d’altitude repues par tant de beauté.

Jour 7 – Dans les nuages des crêtes de Rutali

Dernier jour, la matinée est encore lumineuse mais nous voyons poindre au loin quelques nuages. La particularité de la Corse est que le littoral peut être inondé de soleil mais le moindre nuage aime s’effilocher sur ses cimes vertigineuses . Nous décidons quand même de découvrir les crêtes proches de la chambre d’hôtes. Le point de départ est à Rutali.

Nous montons à la découverte du Monte Torriccello culminant à 834 m d’altitude. Très vite nous tombons sur un fameux nuage effiloché qui embrume le paysage et annonce la Toussaint prochain. L’ambiance de la dernière randonnée est donnée.

Dans cette brume, nous atteignons la chapelle Santa Chiara. Nous poursuivons vers la cime proche où paissent quelques vaches et un troupeau de chèvres.

En Corse, il n’y a pas d’élevage de vaches pour leur voler leur lait. Elles sont majoritairement errantes sur les routes et les sentiers (souvent dangereux d’ailleurs pour elles) et finiront assassinées pour leur « viande ». Elles sont efflanquées et cherchent à l’infini de quoi manger sur ces sols arides et épineux. Non, leur liberté sous conditionnelle n’est pas plus enviable que ce que vivent les vaches enfermées. La finalité reste la même et aucune jouissance d’un espace libre n’excuse une mise à mort programmée.

C’est quand nous atteignons la croix marquant le sommet du Monte Torriccello que le nuage se déchire enfin pour nous offrir une magnifique vue sur la baie de Saint Florent dans le lointain. La face Est reste bouchée mais nous pouvons voir le chemin de crête qui se dessine devant nous. L’objectif suivant est la cime de Stella à 1010 m d’altitude.

Nous replongeons assez vite dans un nouveau nuage ou peut être est-ce le même qui a ralenti sa course. Et là je suis surprise car nous ne sommes plus dans le maquis mais dans une incroyable forêt de châtaigniers totalement baignée par cette brume qui lui confère un charme onirique imprégné de féérie. J’ouvre la voie et les croassements des corbeaux qui s’envolent à mon approche accentuent encore cette impression. Et soudain, nous dérangeons quatre sangliers affolés qui s’éparpillent dans les fougères, le cadeau du jour. Les sangliers corses sont petits. Des rayons percent difficilement l’opacité de la brume et nimbent davantage encore le sous bois de magie. Nous poursuivons le chemin, heureuses de nos rencontres et arrivons à la cime suivante mais la vue reste bouchée.

Nous redescendrons accompagnée par cette nébulosité. Nous traversons d’autres sous bois émaillés de murs empierrés et moussus.

Les nuages ont également investi le littoral. Notre dernière journée corse aura été dans l’ambiance de la saison en cours.

Le retour au monde fou va être difficile.

Vue depuis la Pointe de Nevera à 801 m d’altitude

Terre d’encre et de papier

dans l’enclos du poème

et pourtant rose chair

Terre d’azur d’émeraude

en pleine page

et pourtant noir profond

Terre pastel sur la marge

ténue entre les lignes

touchée du doigt pourtant

Terre désincarnée

dans l’enclos du poème

et pourtant dans mes bras

Marie-Ange SEBASTI, Cette parcelle inépuisable,  Jacques André éditeur, 2013

Dans la minéralité des causses

Sur les hauteurs du Causse Méjean.

Pour ces vacances de la Toussaint, j’ai passé six jours dans un décor grandiose de canyons époustouflants et de tempêtes sur les hauteurs minérales des causses.

Gorges de la Jonte.

Trajet 19 oct – de Strasbourg à St-Pierre-des-Tripiers

Nous sommes parties à 7h de Strasbourg, la pluie était dense toute la matinée. Le ciel s’est dégagé à partir de midi. Le trajet est facile car les autoroutes sillonnent tout le parcours et le trafic était fluide.

On est arrivées à 18h, accueillies par nos deux charmants hôtes, par Finette, la chatte des lieux ultra câline et leurs deux petits-enfants, curieux et intimidés.

Finette.

J’ai évidemment tout de suite craqué pour Finette, hyper sociable qui est venue immédiatement réclamer des caresses et me pétrir les cuisses où elle s’est installée.

La dernière heure de trajet est sur des départementales qui traversent les Gorges du Tarn. 20 km en 1 h dans un décor fabuleux de falaises vertigineuses traversées par l’or de forêts somptueuses accrochées aux versants de ces roches.

Gorges du Tarn.

La vue de ma chambre semble sortie d’un conte du XIXè siècle. Tout pourrait être idyllique mais nous sommes au cœur d’un pays d’élevage de brebis laitières à la terre rude et hostile.

Vue de la fenêtre de ma chambre à St-Pierre-des-Tripiers.

Le gîte est une maison typique en lauze qui peut accueillir 5 personnes. Nous avons 2 immenses chambres.

Une courte balade en soirée nous a permis d’apprécier le décor. Nous nous sommes posées sur une colline proche pour regarder tomber la nuit.

Jour 1 -20 oct- Le Rozier

J’ai dormi 12h ! Incroyable ! Je crois que je décompense et que j’avais grandement besoin de cette pause. Gérer les tensions et toujours être à l’écoute finit par être éprouvant surtout que je suis seule dans cette gestion de 11 antennes à l’échelle nationale. Je suis entourée de remarquables personnes qui me comprennent et dont la compassion est immense et heureusement. Les équipes au sein de l’association sont aussi exceptionnelles et bienveillantes et font un formidable boulot d’investissement.  C’est grâce à ces équipes mais aussi aux personnes qui partagent mon quotidien et me soutiennent d’un amour inconditionnel sans oublier ceux et celles qui, de loin, m’envoient leurs pensées positives qui sont autant de petits morceaux d’amour que je tiens, car je dois gérer un nombre incalculable de messages qui exigent explications, critiquent, jugent, condamnent et sont autant intrusifs que maladroits.

D’où l’importance de cette coupure dans un bout de monde.

Ici, aujourd’hui c’est la tempête. La pluie brouille le paysage et les vents soufflent à plus de 80 km/h. Le rythme va être lent, il l’est déjà. Pendant que j’écris Phlau et  Suzy se partagent le canapé, l’une lit, l’autre somnole. Chacune son oreiller.

Vers 15h nous avons bougé, histoire de s’aérer un peu. Nous avons suivi la sinueuse départementale 996 jusqu’au Rozier à 30 mn de la maison. La route longe les gorges de la Jonte où se déploie un panorama grandiose, véritable canyon, avec des falaises à corniches noyées dans une luxuriance boisée aux couleurs de l’automne. J’ai vu mes premiers vautours avec leur vol circulaire de rapaces, au-delà des promontoires calcaires surplombant la vallée encaissée.  Au Rozier, bourg frontière avec l’Aveyron, une impressionnante tempête à noyer le paysage.

Au retour, l’horizon était embrumé, rendant encore plus oniriques ces lieux sauvages. L’eau ruisselait  abondamment sur la route jonchée de gros cailloux détachés des corniches.

Vue de la voiture sur l’église romane du Rozier.

Jour 2 – 21 oct – Au cœur du causse Méjean

Ce matin je me suis réveillée à mon heure habituelle : 7h. Tout était silencieux. J’ai ouvert mes volets et un spectacle de brume et de lumière s’est offert à mes yeux. Je me suis habillée rapidement pour aller savourer sur la colline proche ce spectacle féerique. J’aime quand les nuages s’accrochent au paysage et lui font un habit de brume déchiquetée alors que l’aube vient de s’estomper.

A mon retour, j’ai croisé le berger amenant ses brebis au pré. Elles étaient toutes tondues, les mamelles pleines. Je n’ai vu aucun agneau. Certaines ont été intriguées par ma présence et mon cœur s’est déchiré comme les lambeaux des nuages de cette matinée. Je ne peux pas faire abstraction de leur sort. Je ne peux pas m’extasier sur cette pratique ancestrale qui n’a plus lieu d’être. D’ailleurs les paysages d’ici sont cloisonnés et ont été façonnés par et pour l’élevage. Je suis au cœur d’un paradoxe éprouvant, tant de beauté côtoyant une inutile cruauté.  On peut fuir la réalité, elle nous rattrape toujours. Aucune rudesse, aucune tradition ne justifie une exploitation d’êtres sentients. L’histoire de l’humanité est marquée par une infinité de métiers qui ont disparu face aux évolutions et aux prises de conscience de nos sociétés. Déconstruisons nos archaïsmes pour un monde plus juste.

Aucune rudesse, aucune tradition ne justifie une exploitation d’êtres sentients.

Le petit-déjeuner a été pris rapidement, nous sommes parties explorer le causse Méjean. Il y a une enceinte protohistorique à 1107m d’altitude, ouvrage défensif édifié au VIIIè s. avant JC, à proximité d’un col, d’une draille et d’une source : la Rodo de Drigas. Une position idéale pour ces humains d’autres temps. Le rempart elliptique mesure  150 m sur 115 m, le mur d’origine en pierre sèche était vertical et devait mesurer 4m de haut, doté de 2 portes. Il n’a pas résisté à l’empreinte du temps et à la force des vents. Ce lieu fut habité de 750 avant JC  jusqu’au 2e siècle de notre ère. La vue devait être panoramique à 360° mais nous étions dans un nuage avec le sentiment d’être hors de toute chronologie, peut être même proches d’âmes étranges peuplant ces lieux. La nature vibrait, Suzy était la plus attentive de nous trois et grondait au rythme du frémissement des buissons. D’autres êtres nous observaient, bien cachés, elle les sentait.

Nous avons repris notre sentier de randonnée vers le hameau du Buffre, traversant des forêts de pins noirs d’Autriche habillés de lichens. Les maisons des villages sont en lauses, de leurs fondations à la cheminée du toit où trône une pierre en son sommet. Ici, le bâti reste particulièrement préservé. On dirait des maisons de contes. En fait, l’omniprésence de la roche calcaire a généré dans la culture caussenarde, tout cet art de la construction en pierre sèche.

Nous avons suivi à partir de là le chemin de St Guilhem surnommé aussi le Camin Ferrat qui conduit à l’abbaye de Gellone, à St Guilhem le Désert, centre majeur de dévotion au moyen-âge. Des chemins empierrés d’origine antique sillonnent ainsi les collines érodées par les vents et les humains qui se sont approprié les terres.  A la sortie du hameau se trouve le plus vieux calvaire des causses : la croix du Buffre où les pèlerins se recueillaient.  Son socle cylindrique s’élève sur trois marches (XIIè s.) et représente d’ailleurs deux pèlerins vêtus de tuniques, porteurs de bâtons surmontés de croix. Un senhadou (bénitier) en forme de visage humain contenait l’eau bénite. Aujourd’hui c’est l’eau de pluie qui le remplit.  

Nous avons continué sur le sentier qui traverse la Causse vers le hameau de Hures. Le ciel s’est dégagé pour nous offrir un impressionnant panorama sur les sommets alentours : le Serre du Bon Matin, le travers des Aures et le mont Aigoual. Le paysage est aride, à vif, jonché d’un chaos de pierres blanches, se perd dans l’infini où les nuages s’emmêlent au bleu des massifs lointains. Le causse Méjean est une immense table de calcaire jurassique d’une superficie d’environ 45000 hectares sans eau, sans arbres, ayant une altitude moyenne de plus de 1000 mètres et des couronnes qui atteignent jusqu’à 1278 mètres dans sa partie orientale. Nous nous sommes posées pour contempler cet impressionnant panorama, simple dans sa nudité, aride et beau. Nous avons aussi vu notre premier troupeau de brebis toujours sans agneau dans un champ en contrebas et sans patou.

Au hameau de Hures, nous avons suivi les indications pour trouver l’aven du village. En fait, nous ignorions ce qu’était un aven. Je ne suis pas du tout attirée par la spéléologie et légèrement claustrophobe.  Quelle ne fut pas notre surprise de dénicher un affaissement dans les prés qui donnait sur une faille oblongue d’environ 3-4 mètres béant dans un abîme de la terre.  Dans mes lectures, j’ai découvert que par le passé les bergers y jetaient leurs brebis mortes (voire les humains gênants) et écoutaient en frissonnant le dévalement sans fin des cailloux, que de sinistres légendes accompagnaient ces lieux puisqu’ils renvoient aux entrailles du monde.

Au retour, nous sommes passées à Meyrueis, ville la plus proche des lieux pour faire le plein d’essence. La route sillonne les extraordinaires gorges de la Jonte qui délimitent la partie méridionale du causse. En cette saison, les couleurs de l’automne leur donnent une parure incroyable d’ors et de rouges flamboyants. C’est beau à couper le souffle.

Les villes traversées semblent désœuvrées, elles doivent être plus animées l’été. Les rues désertées et étroites de ces bourgs de creux de vallées donnent un sentiment de mélancolie comme si elles  cherchaient un souffle de vie éteint à jamais. Une certaine tristesse se dégage de leurs façades décrépies.

Jour 3 – 22 oct. Aven Armand

Il pleut, une pluie  légère qui froisse le paysage et conte l’automne. La découverte de l’aven d’hier et des histoires qui l’accompagnent m’ont donné envie d’en (sa)voir davantage. Nous sommes à quelques kilomètres de l’Aven Armand, merveille souterraine, indiqué sur tous les panneaux des routes proches. Il fut découvert en 1897 par 3 spéléologues dont Martel et Armand. Armand était serrurier forgeron au Rozier, il devint le fidèle compagnon d’exploration de Martel qui nomma ainsi cet abyme pour lui rendre l’hommage de la découverte car Louis Armand fut le premier à avoir repéré le maître-trou et le premier à y descendre.

L’endroit est immense (un stade olympique tient dans ce lieu, la cathédrale Notre-Dame peut y entrer) et fantasmagorique. Les gouttes d’eau filtrées par l’épaisseur calcaire de la voûte et chargées de calcite cisèlent depuis des millénaires une irréelle et vénérable forêt bien plus âgée que notre jeune humanité. Draperies magnifiques, méduses de calcaire, dentelle baroque, feuille d’albâtre transparent agglomérées alternent avec des aiguilles et d’immenses stalactites en pendentif qui rejoignent presque les colonnes dressées à terre. La plus élevée atteint 30m et détient le record du monde de hauteur des stalagmites. Trente autres atteignent 25 m. Certaines mesurent 3m de diamètre. Le décor est cyclopéen et merveilleux, la visite d’une heure est trop courte.  J’aurais aimé me poser au cœur de ce monde fabuleux pour m’imprégner de toute la démesure de cette œuvre naturelle.

L’après-midi fut plus lent, la pluie tombait drue par moment, l’orage a même tonné. Nous sommes parties faire le tour des gorges de la Jonte en voiture. La route qui relie St Pierre des Tripiers au Truel est étroite et sinue à flanc de falaises dans un décor monumental. J’en ai fait une partie à pied car je ne me lasse pas de ces fabuleux paysages où s’accrochent le souffle des nuages et où l’automne fait une parure mirifique aux forêts de ces vallées encaissées. La pluie poétise ce décor et lui donne une dimension romantique époustouflante.

Jour 4 – 23 oct – Tempête

L’orage gronde depuis l’aube, les éclairs sillonnaient le mur de ma chambre d’éclaboussures fantomatiques. Le ciel est bas et lourd et a anéanti le causse dans sa grisaille tourmentée. Les éléments semblent déchainés. Je me dis qu’avec la force du vent d’ici ce soir plus aucune feuille dorée ne parera les feuillus de leur manteau d’automne. Toute cette eau ruisselle dans le calcaire de ces collines, immédiatement bue par la roche poreuse. Le paysage est plus dénudé que jamais et le blond des prairies desséchées contraste avec la pesanteur des nuées.

Nous avons tenté une sortie mais la fureur du tonnerre nous a repliées dans notre chaumière de pierre sèche. Une soupe de légumes mitonne sur les plaques en vitrocéramique. Lectures, jeux avec Suzy, tri des photos… la journée sera cosy.

En fond sonore la voix suave de Youn Sun Nah : « uncertain weather »… L’ambiance est posée.

Jour 5 – 24 oct – Sur les corniches du causse de Sauveterre

Hier soir, Pierre nous a rejoint au gîte, visite impromptue qui m’a fait plaisir. Ce matin, nous sommes parti-e-s tous les 4 explorer les hauteurs proches côtoyées par les vautours fauves et autres rapaces.

Nous sommes au cœur des failles qui délimitent les vaisseaux des causses, au bord de ces somptueux précipices faits de promontoires gigantesques et de rivières bouillonnantes. Tout y est infiniment beau et infiniment grand.

Notre randonnée nous a conduit-e-s par une sente pierreuse et escarpée sur la corniche du causse de Sauveterre, au roc des Agudes offrant une vue à 180° sur les gorges du Tarn et de la Jonte. Paysage époustouflant où dansaient les vautours.

Sur le retour, nous sommes passé-e-s par le village abandonné d’Eglazines, accroché aux roches des gorges dans un décor de pierre et de forêts d’épineux et de chênes. Bâti contre le roc, ses maisons sont semi-troglodytiques (elles n’ont bien souvent que 3 murs adossés à la falaise). Bien qu’en ruine on devine les anciennes terrasses tout autour et on imagine la difficulté de la vie en ce lieu. Jusque dans les années 60 une vieille dame a habité ce hameau.

Jour 6 – 25 oct – sur la corniche du causse Noir.

La journée fut bleue et or. Bleu comme la lumière qui a rougi mes joues, or comme le ruissellement de l’automne dans les forêts humides du causse noir.

La randonnée du jour fut encore fantastique entre vieilles pierres délaissées (prieuré de St Jean des Balmes, ermitage St Michel, Ferme résinière abandonnée) et ces panoramas grandioses sur ces gorges dont je ne me lasse pas avec échappées sur le plateau et les corniches du causse Méjean, rochers ruiniformes en aplomb au-dessus de la Jonte et réserve naturelle du cirque de Madasse, écrin boisé de pins, de chênes et de hêtres où chantent les fées.

La première étape est le prieuré de St Jean des Balmes, ruine de style roman. L’endroit fut peuplé depuis des millénaires car c’est un croisement de voies de communication, notamment la route de Meyrueis à Millau et le chemin de l’Auvergne au Languedoc qui passait par Peyreleau. Des légendes circulent autour de ces ruines. L’église fût bâtie sur un ancien temple gaulois voué au dieu Soleil et il y a sous ses murs deux tunnels antiques, dont les directions indiquent les quatre points cardinaux. Malgré son altitude – 960 m – l’endroit est habitable, comportant plusieurs sources, des terres exploitables et des bois ce qui est une véritable richesse dans ces contrées dénudées. L’église est mentionnée dès le XIè s. C’est au XVIIè s. qu’elle sera désaffectée et se délabra peu à peu dans le contexte des guerres de religion.

Le sentier que nous suivons ensuite nous amène à la réserve biologique intégrale du cirque de Madasse aux portes duquel se tient l’ermitage St Michel, autre ruine occupant quatre pitons dominant les gorges de la Jonte. Il s’agit de l’ancienne forteresse de Montorsier des XIè et XIIè s. L’accès s’effectue par des échelles en métal fixées dans la roche. La vue depuis les terrasses est à couper le souffle. 

Toute la suite de la randonnée se fait sur la corniche, le plus souvent en sous-bois, le chemin est étroit, les feuilles mortes le rendent glissant et il est entrecoupé de racines. Il s’ouvre régulièrement sur des vues époustouflantes : l’ermitage, les Vases de Chine et de Sèvres deux imposants monolithes surplombant le paysage, le rocher de Capluc et le village de Peyreleau avec le confluent de la Jonte et du Tarn.  

La remontée sur la ligne de crête aboutit au Champignon préhistorique,  rocher ruiniforme imposant. Les sentiers se font chemins forestiers et traversent les très belles forêts moussues des hauteurs. Nos pas nous mènent vers le dernier rocher-point de vue, le Point Sublime, le bien nommé où j’ai encore pu observer le vol des vautours fauves dans le bleu frontal de cette journée lumineuse.

 
CAUSSE
 
Le plateau sans limite étale son désert,
Sa grisaille de plomb sans voix, sans feu, sans onde:
Il semble que l’on ait atteint au bout du monde
La région maudite aux portes des enfers.
 
 
L’implacable soleil brûle et luit sans ombrage,
Où pourrait-on trouver la source qui sourit,
La branche qui chuchote et balance son nid,
La rose dont la grâce émeut le paysage…
 
 
Rares troupeaux broutant les cailloux gris du sol,
Buis et genévriers, chardons plats, herbe rase,
Chaque être et chaque fleur sous le vent qui l’écrase
Courbe son morne front et rampe sans envol.
 
 
Je l’aime cependant ton visage farouche
Sous ton ciel inclément, Causse déshérité,
Pour le silence amer et l’air de liberté
Que l’on peut respirer là-haut à pleine bouche.

Jeanne Foulquier

La sentience (du latin sentio, sentis « percevoir par les sens ») désigne la capacité d’éprouver des choses subjectivement, d’avoir des expériences vécues ce qui implique respect et sollicitude.

	

5 jours au bout d’un monde – La pointe de la Hague

Lundi 15 avril – jour 1

Omaha Beach

Ce fut une longue journée de voyage pour traverser le nord de la France. Le ciel était bleu, sans faille, un ciel éclatant de printemps. Nous sommes parties à 5h, la nuit était encore bien encrée.  Arrivées presque au but, nous n’avons pas pu nous empêcher de faire une courte pause sur les plages du débarquement, histoire de voir le sable et la mer avant la fin du voyage comme nous devions traverser le Cotentin.

Premiers pas sur le sable de Suzy…

Mardi 16 avril – jour 2

Face à l’Atlantique (puisque la Manche est une mer épicontinentale).

Juste devant la maison.

La Côte des Isles, dans la Manche, je la connais pour l’avoir découverte dans mon autre vie. Elle porte son nom car elle fait face aux îles anglo-normandes situées à une quarantaine de km au large (dont Jersey et Guernesey sont les plus célèbres).

La plage « de la maison ». Barneville.
Vue depuis le cap de Carteret sur Barneville.

Il y a des lieux qui m’ont imprégnée et dont la trace est enracinée dans ma mémoire, nimbée de douceur et source d’apaisement.  Je n’aime pas particulièrement les paysages maritimes que je trouve souvent trop fades. Je m’en lasse vite. Contempler la mer ne m’émeut pas plus que cela.  Cette monotonie n’a pas d’effet lénifiant sur mon énergie. Mais, ici, ces longues plages de sable fin désertées en cette saison, abritées des houles de l’Atlantique par les îles proches et réchauffées par le Gulf Stream, ces cordons dunaires et ces vents d’Ouest dominants, ces paysages de vasières et prés salés, et ces roches égayées d’une myriade de fleurs printanières m’apaisent et me ressourcent. Outre le fait qu’elles soient délaissées par les foules ce qui contribue énormément à leur attrait. Le printemps est la saison idéale pour parcourir ce bout de monde.

L’appartement où nous logeons à Barneville est au bord de l’océan, lumineux, calme et a même un petit jardin où savourer les embruns marins dans la quiétude du jour. Ma chambre est à l’étage avec une immense baie qui donne sur les marées et la plage de sable blond. Cela fait bien longtemps que je n’ai plus dormi seule et j’ai pu ainsi apprécier cet immense lit aux draps blancs (impossible les draps blancs quand on partage son quotidien avec d’autres animaux). J’ai un sentiment de luxe et d’une grande sérénité loin des chaos du monde.

Je suis comme dans une bulle intemporelle. Le temps s’est figé dans l’instant. Juste savourer.

Emma, trop énergivore est restée avec Jesper à la maison où il la bichonne ainsi que Colette qui ne peut pas cotoyer le sable avec ses yeux opérés. Suzy a décidé de dormir pour sa première nuit au rez-de-chaussée avec Phlau. Ce matin, elle est venue se poser à mes côtés pour contempler l’océan tandis que j’écris mon journal de voyage.

Le souffle du monde est quand même venu jusqu’à nous pour raconter Notre-Dame en flammes. Triste et déplorable incendie, cependant cela reste de la pierre, construite en de sombres temps où des humains ont été exploités et ont donné leur vie pour ce gigantisme orgueilleux et présomptueux d’une époque où le christianisme s’imposait comme culture dominante. Oui, c’est notre patrimoine, oui cela a ouvert la voie à l’évolution architecturale mais tout est impermanence. Il n’y a aucune mort d’humains à déplorer. Les oisillons nichés dans ses creux auront péri mais cela importe peu notre humanité accrochée à ses fantasmes et ses émotions …à ses traditions. C’est incroyable ce que cela cristallise. En fait cela me fascine et me fait douter de notre potentiel à poser des actes pour avancer. S’accrocher aux vestiges semble plus rassurant. Le vide à combler est angoissant, pourtant il est riche de tous les possibles.

Pas d’inquiétude, des dons en centaines de millions d’€ arrivent déjà et elle sera reconstruite, j’espère sans sa forêt ! Parce qu’abattre encore des écosystèmes au nom d’un dieu…

Mais plus important dans mes échelles de valeur, cette nuit huit individus ont été sauvés de la mort à  Girona en Espagne.

Mercredi 17 avril – Jour 3

Eglise en ruine, dunes d’Hattainville.

Hier, nous avons passé notre après-midi dans les dunes d’Hattainville, site naturel classé de 400 hectares considéré comme un massif de « dunes perchées » qui culmine jusqu’à 80 m d’altitude sur plusieurs kilomètres de profondeurs. Autrefois mobiles, les dunes ont été stabilisées par l’édification de clôtures en bois et la plantation massive d’oyats, plante vivace au système racinaire très profond. Elles suivent cependant le mouvement des vents qui les caressent et les modèlent.

Sémaphore de Carteret.
Confidences dans les dunes.

Très belle randonnée avec pas mal de petites montées et descentes notamment dans le sable ce qui en a fait une balade assez physique de 13 km. Nous sommes parties des falaises de Barneville en empruntant le sentier des douaniers balisé GR223.

L’or des ajoncs.

Cette saison est parfaite, avec la douceur qui règne, les roches et dunes sont égayées de myriades de fleurs colorées, des mousses et lichens déclinées dans toute la gamme des verts et des ors, c’est aussi la pleine saison de la floraison des ajoncs, leur jaune ruisselle sur les falaises rejoignant les éclaboussures de soleil sur les pierres grises.  Il y a très peu d’humains, les plages sont vides et les sentiers désertés. Tout semble angélique, doux, délicat, nonchalant et facile. Une parenthèse inscrite dans une époque qui semble révolue.


La plage de la Potinière, à Carteret, on trouve aussi de jolies cabines de bain, blanches et bleues.

Et sur ces falaises nous avons rencontré deux chèvres. C’est là que je me dis « heureusement que je n’ai pas pris Emma ! ». Ce sont des chèvres libres qui arpentent le chemin des douaniers. Elles permettent l’entretien nécessaire de la lande et sont, à ce titre, protégées par le Conservatoire du Littoral. Elles y vivent depuis une vingtaine d’années. Traditionnellement, chaque ferme avait quelques chèvres  afin de nettoyer landes et haies. L’usage se perdant avec la mécanisation, ces chèvres ont été laissées à la vie libre. Les dunes sont truffées de terriers et nous y avons croisé plein de lapins de garenne. A la frange des dunes, il y a d’ailleurs des panneaux où est écrit « limite lapin » à la main. Je me demande à qui sont destinés ces panneaux. Avec toute cette vie dense autour de nous, autre qu’humaine, cela fait longtemps que nous aurions perdu Emma. De plus, là, nous avons tout le loisir de l’observer.

Chèvre libre

Le temps reste agréable, les cieux sont magnifiques et les vents d’Ouest portent les nuages et  offrent des lumières changeantes et toutes plus magnifiques les unes que les autres. J’ai parfois le sentiment d’être posée dans une œuvre picturale.

Le soir, nous n’avons qu’à nous poser sur le banc dans les dunes, face à notre logement, pour contempler la course lente du soleil descendre dans l’océan et enflammer une dernière fois le cap de Carteret.

jeudi 18 avril 2019 jour 4

Anse de Sciotot
Anse de Sciotot

Hier, les températures furent printanières et le soleil a accompagné nos pas sur les falaises du cap de Flamanville. Nous nous sommes posées sur l’immense et magnifique plage de 4km, protégée des vents dominants,  de l’anse de Sciotot, avons couru sur les franges des vagues quand elles viennent s’échouer sur le sable. Suzy a nagé dans les piscines naturelles des rochers où l’eau était d’une incroyable transparence.  Ici, l’intemporalité règne. Pas de fronts de mer, pas de boutiques à touristes, pas de bars qui dénaturent le paysage. Il y a une douceur dans l’air qui lénifie le mental. Tout y est bucolique et serein. Ici on pourrait presque croire que tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes.

Anse de Sciotot

Au retour nous sommes passées par le bocage et par une jolie zone boisée, le sentier chemine le long d’un ruisseau, le Rond Marais, traverse un étang et nous ramène à notre point de départ au château de Flamanville, imposante bâtisse du XVIIè s.

Château de Flamanville

Ce matin, j’ai ramassé quelques galets sur la plage juste en face de notre lieu de vie. Il n’y avait personne pourtant ce n’était pas aux aurores. Suzy s’est éclatée en jouant avec les algues. La marée était haute.  Le temps ne semble avoir aucune prise sur le rythme de l’océan. Il est binaire et lent. Il est calé sur le rythme des vagues et cette frange bleue de l’horizon qui occupe tout l’espace.

Suzy jouant sur la plage, le matin.

Vendredi 19 avril jour 5

Hier nous sommes parties vers la pointe de la Hague pour un circuit au pays de Millet (vous savez ce peintre réaliste, pastelliste spécialiste des scènes champêtres et paysannes du XIXè s) au départ du Port Coquignolet du Hâble à Omonville-la-Rogue. L’ambiance était étrange, vaporeuse avec un ciel voilé et par intermittence des vents froids qui m’ont fait regretté ma veste plus épaisse laissée à l’appartement.

Le circuit passait dans les bocages des collines qui surplombent ce bout de terre, par des chemins serpentant entre les murets de pierres blanches typiques de cette région, tous habillés d’une végétation luxuriante, d’arbres enracinées dans ces pierres et qui en scellent la structure.  Avec l’ambiance légèrement brumeuse, cela donnait l’impression d’avancer dans un conte, les branches tortueuses des immenses arbres nous ouvrant la voie, des ruisseaux chantant traversés de petits ponts de pierre rythmaient nos pas. On a fini ce circuit par le GR 223, ce sentier des douaniers quasi aérien, serpentant entre falaises déchiquetées par les marées, baies et landes jonchées de fougères et bruyères  séchées ou d’ajoncs  à l’or éclatant. Les cormorans huppés, fulmars et goélands argentés volant au dessus des îlets du Hablet en quête d’un éventuel repas, des ruines de masures posées comme des squelettes empierrés gardiennes de ces lieux accaparés par les vents et les eaux, rudes et puissants. Il faut dire que ces roches sont parmi les plus anciennes d’Europe. Elles ont plus de deux milliards et quelques millions d’années.

Après cette marche, nous sommes encore passées par le cap de la Hague jusqu’au phare de Goury, vaillant gardien de cette pointe du monde depuis 1837, signalant le raz Blanchard, l’un des courants les plus forts d’Europe ainsi que le passage de la déroute entre le cap de la Hague et l’île d’Aurigny.

Le phare de Goury au cap de la Hague
Le Nez de Jobourg, parmi les falaises les plus hautes d’Europe.
Le Nez de Jobourg

Aujourd’hui, nous avons arpenté le GR 223 autour du Nez de Jobourg, imposant promontoire rocheux  dont les falaises culminent à 128 m. (parmi les plus hautes d’Europe), situé à l’extrémité méridionale du cap de la Hague.

L’humain a un étrange concept de la liberté… Avec des barbelés. Réfléchissons aux mots que nous galvaudons. Une prison peut être à l’air libre mais reste une prison à partir du moment où l’espace est cloisonné et l’individu contraint de s’y tenir pour être exploité. Cela ne s’appelle pas « liberté ».

Le soleil inondait le paysage et ce soir je sens sa brûlure sur mes épaules et mes joues. Cette randonnée fut impressionnante de par les vertigineux précipices au détour de chaque courbe du sentier parcouru mais aussi par les eaux turquoise de la Manche inondées de lumière. Nous avons aussi traversé des hameaux plein de charme éparpillés dans le bocage voisinant les côtes. La randonnée s’est achevée par une dernière pause sur une des plus jolies plages du coin, celle de la baie d’Ecalgrain. C’est une plage de sable et de galets encadrée par un paysage verdoyant où s’entremêlent landes, bruyères et ajoncs.

En fait, depuis le Nez de Jobourg en remontant vers le nordague, les falaises abruptes s’adoucissent pour laisser place au platier rocheux du cap de la Hague. Le paysage est à chaque fois renouvelé et infiniment puissant et grandiose. Il me rappelle les côtes irlandaises.

En repartant vers notre station balnéaire de Barneville, nous avons fait une courte pause au cimetière d’Omonville la Petite pour saluer Prévert.

J’écris ces mots de ma chambre idéale avec vue sur le bleu de la mer, l’eau scintillant des milliards d’éclaboussures solaires…l’illusion d’un paradis sur terre le temps de quelques jours.

Le Jura et ses ruisseaux contés – été 2018

Le Jura et ses ruisseaux contés – été 2018

•Journal de voyage•

Jour 1 – 19 juillet • Découverte de l’ « autre » Alésia

Mouchard, la commune où nous logeons est dans le Jura. C’est un petit bourg charmant mais trop bétonné à mon goût. Nous sommes hébergées dans une immense maison franc-comtoise que Monsieur Louis, le charmant monsieur retraité des lieux, a séparée en trois appartements indépendants. Un immense jardin clos est à notre disposition avec des arbres fruitiers qui font le bonheur des chiennes.  L’église et son clocher typique de la région est à côté et rythme nos journées de façon décalée (les cloches sonnent de manière impromptue et à des moments improbables). La chaleur est écrasante.

Comme Suzy nous réveille aux aurores (6h ce matin), nous sommes parties découvrir les sentiers de la région tôt et c’est beaucoup plus agréable.  Avant de partir, je promène Colette car sa morphologie ne lui permet pas de nous accompagner. Elle a droit à ses balades matinales et aussi en soirée, là où les heures sont plus fraîches et respirables.

A ½  h d’ici, il y a le hameau d’Alaise qui revendique le nom d’Alésia, l’oppidum où Vercingétorix a mené sa dernière bataille. C’est Alphonse Delacroix, siégeant à la Société d’Emulation du Doubs, en 1855 qui aurait spécifié cette extravagance historique. Le patrimoine archéologique est composé de tumuli des âges du fer et de vestiges gallo-romains.  Une boucle bien nommée « La Gauloise » permet de faire le tour de ces vestiges. Elle traverse un joli bois moussu et empierré et conduit à un belvédère à la vue époustouflante sur les plateaux verdoyants du Jura et les gorges du Lison. Les vestiges sont constitués d’abris sous roche et de restes de murailles blanches.

La roche calcaire affleure partout, et des amoncellements de pierre dessinent le paysage. La sente descend le long des falaises crayeuses. Tous les troncs des arbres sont recouverts de cette mousse épaisse qui donne des airs de conte aux chemins parcourus. Les papillons accompagnent nos pas. C’est féerique. Nous sommes seules dans ce décor intemporel.  Au bout de presque 1h de cette descente magique, nous arrivons au Lison.  Pause bienvenue pour Emma et Suzy qui s’éclatent dans l’eau fraîche de la rivière.

Le retour se fait par le GR 590 sur large un chemin forestier  mais qui semble totalement abandonné des vicissitudes de l’humanité… épilobes et balsamines ont envahi ses pierres et nous font une haie délicate entre les sapins immenses où respire la forêt.  C’est beau et puissant et je me sens infiniment petite et en même temps infiniment complète dans cette respiration.

Le retour au hameau est plus rude car midi est avancé et la chaleur est de plus en plus étouffante quand on quitte les bois.

L’après-midi sera plus lente : lecture, sieste et rêveries au gîte sauf pour Emma qui veille !

Jour 2 – 20 juillet  •  Le grand méandre de la Loue

« Vers le sud, point n’était besoin de mur de bois ni de pierre : la tour seigneuriale déploie ses ailes dépareillées au sommet d’une falaise abrupte au pied de laquelle coule la Loue. La tranquille rivière continue de lécher l’escarpement rocheux, s’appliquant à dessiner depuis toujours les mêmes boucles vertes sur la terre ».

                                                    Carole Martinez – Du domaine des murmures.

Un vent tiède apaise la torpeur du jour. Des orages sont annoncés pour la fin de journée.

Ce matin, c’est la Loue que nous sommes parties découvrir, plus vers le Nord. Une mini randonnée de 8 km sur les bords de cette large rivière caressée par des plantes aquatiques fleuries qui lui font une poétique et printanière coiffure blanche.

Emma est particulièrement pénible aujourd’hui. Sa truffe a dicté ses émotions et elle n’écoute RIEN ! Elle a d’abord commencé par chasser un troupeau de vaches apeurées (les pauvres) dans un immense champ clôturé.  Peu d’espaces sont ouverts et c’est regrettable. Les paysages sont façonnés par l’élevage qui cloisonne la nature.  Je dois particulièrement veiller justement à Emma qui ne comprend pas le principe d’une clôture.

Quand elle est lancée, conditionnée par son odorat, plus rien n’a d’importance. Dans ce pays de falaises et de fils barbelés, j’essaye d’être particulièrement vigilante.

Les filles se sont baignées dans la Loue.

La 2e partie du parcours s’est faite sur les hauteurs de Chenecey-Buillon, dans un joli sous bois peuplés de hêtres moussus et de murgers, ces murs de pierres sèches construits par les paysans d’antan, quand, labourant leurs champs jonchés de ces grosses pierres blanches, ils les déposaient à la limite de leur propriété. Tous les bois alentours en possèdent et ils jalonnent les chemins de randonnée. Un belvédère offre une vue panoramique sur ce méandre de la Loue à un peu plus de 400 m d’altitude.  On y voit aussi la tour en ruine d’un château féodal du IXè s. dévoré par la verdure, le château de Charencey.

Le chemin du retour s’effectue par un large sentier en sous-bois découpé par des trouées champêtres de part et d’autre. Emma sent toutes les bêtes libres qui peuplent ces lieux, elle est constamment à l’affût, vieil instinct de survie qui conditionne ses états d’âme quand nous sommes dans ces paysages boisés.  J’ai du la tenir en laisse une bonne partie du parcours.

Jour 3 – 21 juillet • Découverte de la reculée des Planches

La matinée a débuté doucement.  Hier soir il a plu et le ciel du matin était gris avec le fond de l’air humide. Du coup j’en ai profité pour balader Colette plus longuement avec Suzy. Nous sommes montées sur la colline avoisinante où sont cultivées les vignes de l’Arbois. Un immense Christ est posé à flanc de pente, une plaque précise qu’il est installé là, à surveiller la vallée, tel un mage aux supers pouvoirs, en commémoration de la seconde Guerre Mondiale. Au-delà des vignes, un bois couvre le sommet des lieux. Ici les bois ont tous des airs mélancoliques et ténébreux peuplés d’êtres invisibles.  Colette et Suzy ont apprécié.

Phlau n’était pas motivée pour bouger. Vers 15h, je l’ai convaincue de partir découvrir un lieu qui me faisait de l’œil sur ma carte de randonnée du pays d’Arbois (3325 OT) : une « fameuse » reculée du Jura. Les géographes ont officialisé ce terme : c’est « une longue vallée qui pénètre à l’intérieur d’un plateau calcaire à couches horizontales, et qui se termine brutalement en bout de monde, au fond d’un cirque calcaire, au pied duquel jaillit une résurgence ». Le Jura possède plusieurs reculées, celle de La Planche est typique.

La Cuisance coule dans cette curiosité géographique. Ce bout du monde est un paradis. La végétation y est dense, quasi tropicale, les arbres s’accrochent aux lapiaz et montent à l’assaut des falaises calcaires. Des trous sombres ouvrent la roche et des profils inquiétants découpent ses promontoires et habitent la forêt d’émotions étranges.  Le cirque du Fer à Cheval clos cet univers.  Cette forêt est composée de chênes sessiles, de taillis de charmes abondants et de quelques hêtres. Le tapis herbeux est riche et diversifié.  Les bryophytes foisonnent où chantent la rivière et créent cet univers féérique particulier des forêts jurassiennes.  Les tufs ou travertins délimitent les paliers de la Cuisance qui a des eaux bleues turquoise par endroit et qui enchantent le paysage. C’est paradisiaque !

La première source, la Petite Source de la Cuisance, est située au fond du Cirque du Fer à Cheval et donne naissance à la Petite Cuisance qui descend la reculée sur 1,7 km avant de confluer avec la Grande Cuisance dans le village de Les Planches-près-Arbois.

Dans le village des Planches, il y a un bar qui fait restauration bio et qui propose des menus végétaliens. Nous y avons dégusté de divins sorbets.

Au retour, nous sommes montées sur les hauteurs pour admirer cette reculée à partir de belvédères. Nous avons fini avec le château en ruines (dont il ne reste qu’un mur ouvert sur quelques pierres vestiges et une pièce au milieu de la végétation) de La Châtelaine où a vécu Mahaut d’Artois au XIII- XIVè s. (connue du grand public pour son rôle dans la suite romanesque Les Rois maudits de Maurice Druon). La lumière du soir faisait des ombres longues sur les fougères et les pierres amoncelées.

Jour 4 – 22 juillet • Port-Lesney et l’ermitage de Notre Dame de Lorette

Ce dimanche fut un dimanche à la campagne…tout en lenteur et quiétude, accentué encore par la torpeur estivale. J’aime l’ambiance de ces villages francs-comtois, échappée d’une bulle temporelle des années 50. Aujourd’hui, nous avons investi le jardin immense du 2 rue de la Fontaine. Petit-déjeuner tardif sous le poirier puis nous avons étalé un drap sous ce même poirier et avons paressé avec des lectures variées.

Après 16h, je suis partie seule avec Suzy, explorer les hauteurs du village voisin, Port-Lesney où coule la Loue.

Une jolie balade de deux heures dans un massif boisé aux beaux sentiers traversant les forêts profondes de ce pays. Cette promenade nous a conduites vers l’Ermitage de Notre-Dame-De-Lorette perché à l’à-pic de la vallée. Suzy est parfaite, elle me suit avec application, parfois me devance un peu mais garde toujours un œil vigilant sur mes mouvements. Et quand nous faisons des pauses elle surveille continuellement les alentours. Je craignais que la chaleur ne l’épuise trop vite et j’ai veillé  ce que nous restions toujours dans les sous-bois. Nous sommes revenues par un sentier plus étroit faisant une trouée magique dans ces frondaisons denses où coulait un ru qui a fait la joie de Suzy et apparemment celles des moustiques ambiants.

Un poème était accroché à un tronc d’arbre.

A notre retour au village, Suzy s’est jointe aux touristes locaux pour se baigner dans la Loue au pied du pont en fer qui la traverse. L’ambiance respire la simplicité, des familles profitent des joies de la rivière. Cette atmosphère  a presque le goût de mon enfance et c’est sans doute pour cette raison que je me sens si bien dans ces lieux quasiment décalés.

Jour 5 – 23 juillet • Le belvédère du Vieux-Château, le Pont du Diable et les Sources du Lison.

Aujourd’hui nous sommes reparties tôt explorer les campagnes alentours afin de profiter un peu de la fraicheur qui se fait de plus en plus rare. De Crouzet-Migette, un joli bourg étalé aux vieilles maisons empierrées, nous sommes descendues par un sentier qui traversait encore de magnifiques sous-bois. Ici, sous les sapins, la forêt respire et déploie tout une variété d’arbustes qui lui font de somptueux dégradés de verts sous la majesté des conifères. Comme pour toutes nos randonnées, nous n’avons croisé personne sur les chemins empruntés.

La montée vers le belvédère du Vieux-Château est assez rude car pentue et semée de rochers détachés des falaises qui surplombent le paysage. J’ai déjà constaté qu’Emma a un puissant flair (de chasseuse) et que quand elle a flairé un autre animal, plus rien n’existe sauf cet autre être. Elle finit toujours par revenir car c’est également une craintive viscérale (ce qui me rassure) mais avec ces contrées où les falaises tombent à pic, son impulsivité me fait craindre le pire donc je la garde en laisse à mes côtés.

Après la pause méritée sur les hauteurs, nous sommes redescendues vers les campagnes aux champs clos typiques de cette région. Il y a des barbelés partout. Quand on y pense et qu’on change son regard sur les choses c’est infiniment triste de se dire que ces magnifiques espaces sont cloisonnés pour une mise en esclavage et pour l’exploitation d’êtres sensibles. Finalement, moi randonneuse, je ne suis pas libre de savourer pleinement ces belles étendues car je suis aussi contrainte par ces cloisonnements. J’ai appris plus petite que ma liberté finissait là où commence celle d’autrui. Autrui est qui dans ce contexte ? L’exploitant-e agricole… et on revient toujours à notre société patriarcale inscrite jusque dans nos paysages ruraux.

Après la traversée du village de Ste Anne, nous avons emprunté un bout de départementale pour arriver au Pont du Diable. Impressionnant pont qui surplombe un précipice étroit où coule le ruisseau de Château-Renaud. Quelques marches nous conduisent sous le pont, un peu plus encore au bord du précipice, où trône l’impressionnant visage du diable sculpté dans la clef de voûte du pont. Son nom provient d’une légende selon laquelle l’entrepreneur chargé de sa construction, un nommé Babet de Salins-les-Bains, désespéré de ne pouvoir tenir le délai annoncé après plusieurs effondrements en cours de construction, accepte un pacte avec le Diable pour terminer le chantier à temps.

Le pont du diable

Suzy a fait une collecte remarquable de tiques ! Les deux louloutes sont épuisées et la chaleur commence à être pénible. Elles ont pu se rafraichir dans une baignoire naturelle au creux du lit quasi sec du ruisseau.

Le retour se fait en longeant la lisière de champs encore clos.

Nous finissons notre périple du jour par la découverte de la source du Lison, fantastique jaillissement en une cascade tumultueuse à même la falaise où quelques vacancièr-e-s se baignent, savourant la fraîcheur bienfaitrice de l’eau vive.

 

Nous rentrons par les jolis méandres des routes de montagne où chaque tournant invite à d’autres escapades de l’imaginaire.

Ce soir, Cyrille, le cousin de Phlau vient dîner au gîte.

Jour 6 –24 juillet  • Retour à la reculée des Planches

Je suis définitivement conquise par la Cuisance et sa résurgence dans la reculée des Planches, ses cascades à tufs (travertins) et la froideur bénéfique de ses eaux par ces températures caniculaires.  Nous y sommes retournées ce matin, avec les trois chiennes, idéal pour Colette qui peut ainsi savourer les joies d’une balade sans souffrir. Nous y avons croisé quelques rares touristes. Nous avons profité de l’espace ouvert du champ du Toux pour nous poser, apprécier encore les hautes falaises blanches et boisées de cette splendide reculée. Les chiennes s’en sont données à cœur joie (j’aime cette expression) dans les prés, dans l’eau vive…

Nous avons déjeuné au Bistrot des Planches où nous avions réservé deux menus végétaliens, savoureux. Nous sommes retournées tremper nos pieds, nos jambes dans la Cuisance. Je ne me lasse pas de ses eaux translucides, turquoises par endroit, de son décor paradisiaque gorgé de verts où les racines des arbres font des entrelacs fantasmagoriques, où l’eau chante inlassablement semblant se moquer des températures infernales des campagnes voisines.

Nous y passerons encore la journée de demain, c’est tellement revivifiant !

Au retour nous avons fait une pause à Arbois, minuscule et charmante ville au creux des vignes. Là aussi le temps semble s’être figé. Il y a encore des panneaux signalétiques qui annoncent la direction des… P.T.T. !  Certaines rues sont joyeusement ornées par des bulles gigantesques aériennes aux décorations scintillantes qui rappellent les fêtes de Noël, pleines de poésie, la place centrale est également égayée de guirlandes qui l’habillent à partir de sa fontaine qui trône en son milieu.

Oui, je suis ailleurs, dans un ailleurs « vieille France » où le temps prend un autre rythme et où les personnes croisées ont toutes  le sourire aux lèvres.  Ici les gens sont tous aimables et accueillants.

Jour 7- 25 juillet • La Roche du Feu (Mesnay)

La chaleur est de plus en plus écrasante. Nous décidons que cette dernière matinée sera consacrée à Colette qui peut s’éclater avec bonheur dans la fraicheur de la Cuisance. Nous repartons vers Arbois, définitivement conquises par cet endroit. Le matin, la reculée est déserte et c’est une véritable grâce de pouvoir en jouir ainsi. Nous quittons les lieux aux environs de 11h pour retrouver notre gîte dont les murs épais garantissent le frais des pièces. Ce n’est que vers 17h que Phlau et moi repartons (sans les chiennes) pour une dernière découverte des forêts et hauteurs des parages. J’ai décidé d’explorer un autre emplacement de cette reculée : la Roche du Feu, falaise située à l’Est de cette vallée. Une dernière et courte randonnée (7 km) pour saluer une ultime fois ces lieux. La lumière du soir irise les paysages et traverse les feuillages de ses rayons obliques, lénifiant les sous-bois. Chaque forme caressée par cette lumière miellée prend une texture ciselée qui la magnifie. Les forêts ont vraiment une densité particulière. La vie irradie partout et sous une infinité de formes.

Nous rentrons, repues.  Les bois sont une nourriture certaine et inépuisable pour recharger mes batteries.

Le retour se fera demain par 30°C. Heureusement qu’il n’y a que 300 km à parcourir et que la voiture est climatisée ce qui permet à Colette de dormir tranquille à la place du passager…

Un week-end au Bodensee

• Un week-end au Bodensee •

Première pause sur les rives du Lac de Constance, quelques kilomètres avant Lindau.

S’offrir un souffle de romantisme, le temps d’un week-end, pour recharger ses énergies et savourer d’autres lieux pour d’autres émotions. Justine & moi sommes parties découvrir les rives allemandes du Lac de Constance ou Bodensee (173 km se situent en Allemagne) pour ce premier week-end d’avril.  Découvrir un poisson bien vivant et vibrant (c’est comme ça que je préfère les poissons d’avril et ceux de tous les autres mois !) dans un des plus grands lacs d’Europe centrale.

Le Lac de Constance se situe dans les contreforts des Alpes et se découpe en deux parties reliées par le Rhin qui les traverse sur 4 km. En additionnant le lac supérieur et le lac inférieur, il a une superficie de 536 km² et est le troisième plus grand lac d’Europe centrale.

Nous avons pris la route samedi 1er avril dans l’après-midi, environ 300 km depuis Strasbourg, plus de 4h de voyage. Nous sommes arrivées, en fin d’après-midi, dans une ambiance bleutée aux cieux voilés, à Lindau, en Bavière, première étape de ce périple.

C’est un bel endroit consacré au tourisme et très urbanisé. Des rives, on peut voir les sommets enneigés des Alpes sur les versants autrichiens et suisses.

Le crépuscule et la lumière voilée du soleil magnifiaient le lac et nous donnaient un bel aperçu du romantisme à l’Allemande.

Pour les véganes que nous sommes, l’Allemagne regorge de trésors gustatifs sans souffrance et nous nous sommes régalées.

Nous avions réservé une chambre au « Das Mietwerk » sur le continent, à Lindau.  Très bel endroit au déjeuner copieux et bio.

Le petit-déjeuner bio et végane du « Das mietwerk », délicieux et copieux !

Nous avons exploré l’île le soir.  D’abord par ses berges aménagées qui offraient une vue échappée d’une autre époque sur la quiétude intemporel du lac puis nous avons parcouru l’intérieur de cette minuscule île d’une longueur de 1,3 km pour une largeur de 663 m, totalisant une superficie de 68 hectares, ce qui fait quand même d’elle la deuxième plus grande île du lac de Constance !

Une procession, dont une partie des participant-e-s était costumée, a traversé la rue principale, nous rappelant que nous n’étions pas dans un état laïc. Chaque Allemand doit déclarer sa religion, une dîme est prélevée au bénéfice de son Église.

Du coup, à 22h, l’église catholique était encore ouverte et …désertée pour notre plus grand plaisir de curieuses admiratives des traces du passé. L’extérieur ne paye pas de mine mais l’intérieur est à couper le souffle dans son genre : baroque remarquable ! La  « Münster Unserer Lieben Frau » a connu bien des péripéties avant de devenir ce splendide ouvrage du XVIIIè s.

Nous sommes rentrées à l’hôtel, épuisées et repues de belles sensations et de beaux panoramas de ce coin rempli de douceur de vivre.

La visite s’est poursuivie en plein jour, le lendemain matin. Découvrant une autre tradition religieuse locale : les enfants décorent les fontaines publiques pour Pâques avec de surprenants œufs en plastique, bariolés par la créativité enfantine.  C’est joyeusement kitsch.

En début d’après-midi, nous avons décidé de pousser notre périple jusqu’en Autriche à 10 km de là ! L’appel de la montagne peut être puissant.

Ce fut un peu compliqué (nous n’avions que le GPS pour nous guider et pas de carte papier à mon plus grand regret) de trouver des chemins de traverse qui pouvaient nous mener à de plus hautes altitudes. On a fini par s’éloigner du lac pour monter vers Bezau, station touristique de montagne dans les Alpes autrichiennes. Dès les premières altitudes de grandes fermes recouvertes de tuiles en bois jalonnent la route. Elles sont belles et impressionnantes.

Nous nous sommes posées dans un champ, au soleil, avec une vue splendide sur les Alpes. Nous y avons siesté et rencontré un chat, timide mais très affectueux, habitant la cabane proche de notre alpage de repos. Il s’est un peu fait prier pour s’approcher mais quand il a compris qu’il pouvait nous exploiter, il en profité et il a bien eu raison !

Puis nous sommes reparties car une centaine de kilomètres nous séparaient encore de Konstanz où nous devions passer notre 2è nuit. Nous sommes donc remontées vers les rives plus occidentales du lac. Nous avons garé la voiture à hôtel choisi pour la nuit (plus banal que celui de Lindau et situé dans une zone d’activités commerciales) et sommes parties à pied découvrir les berges de la ville au crépuscule.

Les rives qui longent le Rhin sont réhabilitées en un espace contemporain où se côtoient bars, lounges , restaurants et des berges aux pontons de bois peuplées d’une faune urbaine en mal de nature qui vient se détendre dans ces lieux, imprégnés des premières douceurs printanières. Le rivage immédiat du fleuve n’est pas aménagé, permettant la vie riche d’un écosystème protégé (ils sont forts ces Allemands pour ce genre d’exercice et nous devrions en prendre de la graine !).

Nous avons gardé l’exploration de la ville historique pour notre lundi. Nous nous sommes contentées de remonter la Seestrasse, bordée de plantureux édifices de la fin du XIXè siècle et nous nous sommes posées sur un banc, au bord du lac, pour observer les premiers vols des chauves souris sur fond bleu crépusculaire, dans la douceur du soir.

Lundi matin, nous sommes parties à la découverte de la ville historique de Konstanz, fondée par les Romains au IVè s, florissante au Moyen-Age. Il s’y tint de 1414 à 1418 un concile œcuménique (concile de Constance) qui mit fin au grand schisme d’Occident en déposant les papes Jean XXIII et Benoît XIII, en acceptant la démission du pape Grégoire XII puis en nommant le pape Martin V. C’est dans ce même concile que fut jugé et condamné au bûcher Jean Hus, précurseur du protestantisme.

Nous avons commencé par le port où l’histoire du Concile est rappelée par une gigantesque statue d’amazone sortie tout droit d’un comics du XXè s ! L’IMPERIA : 9 mètres, 18 tonnes, tournant autour de son axe une fois toutes les quatre minutes, créée par Peter Lenk et érigée en 1993.  Deux petits personnages nus sont assis dans ses mains ouvertes et portent les insignes de leur puissance qui permettent de les identifier. Le sculpteur a dit à leur sujet :

« … Les personnes de l’Imperia ne sont pas le pape ni l’empereur, mais des saltimbanques qui se sont emparés des insignes du pouvoir séculaire et spirituel. Libre à l’interprétation historique de l’observateur de dire dans quelle mesure les vrais papes et empereurs ont été, eux aussi, des saltimbanques. … » (Peter Lenk dans une interview (en allemand) avec Jasmin Hummel >   » 20 Jahre Imperia. … und sie dreht sich immer noch ». Dans: Labhards Bodensee Magazin 2013, pages 44-45.)

La ville historique est un beau mélange de rues étroites, sereines, de passages souterrains joliment graffés et de belles bâtisses art nouveau s’ouvrant sur des avenues plus larges.

Poisson d’avril !

Ma passion non secrète pour les pois est comblée !

Des pois, une voiture qui raconte des histoires, je suis fan !

Le véganisme nous fait des clins d’œil partout, jusque sur les poteaux des rues  :

Au centre, trône la cathédrale Notre-Dame de Constance qui, d’un point de vue architectural, est une des plus grandes églises romanes du sud-ouest de l’Allemagne. A l’intérieur de l’église le mobilier des époques baroque, classique et néo-gothique se superpose.

Après avoir bien arpenté les rues de la vieille ville, nous avons récupéré la voiture et sommes remontées vers Litzelstetten à une dizaine de kilomètres plus au nord. Petit havre de paix au bord de l’eau où nous avons dévoré une plaque de chocolat en regardant le bleu quasi tropical de l’eau et où Justine a osé tremper ses pieds (trop tentant mais froid en cette saison !).

 

Le retour s’est fait sous un ciel d’orage. Nous avons traversé des paysages grandioses de la Forêt Noire, nimbée de nuages et de contes fantasmagoriques.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Accueillir le printemps dans le Gard

Accueillir le printemps dans le Gard

SANILHAC – GORGES du GARDON- 2017

Jour 1 : Samedi 18 février – Départ d’Hoenheim à 6h, arrivée à 15h30.

Après Lyon, les arbres sont en fleurs… Surprenant pour moi qui marchait encore dans  la neige il y a cinq jours. Le printemps est là. Sanilhac est un tout petit village d’Occitanie, aux rues étroites pleines de chats. La maison de Tom et Charlotte est encaissée dans une ruelle, elle est grande, toute en recoins, petits escaliers, passerelles, terrasses.

Aspérule, lierre terrestre, globulaires buissonnantes, crocus, cerisiers, amandiers sont en pleine floraison et les oiseaux s’en donnent à cœur joie.

 

 

Jour 2 : Dimanche 19 février – Gorges du Gardon

Le ciel est d’un bleu infini. Sarah et moi sommes parties à la découverte des Gorges du Gardon. Nous avons fait 19 km sous un soleil radieux et une végétation luxuriante, les romarins sont en fleurs et tapissent les hauteurs des Gorges, des cactus s’y déploient aussi, des euphorbes, du thym, les buissons violets des globulaires… J’ai laissé tomber ma veste, mon pull et j’ai savouré ma première rando de l’année épaules nues !

Ce soir mes joues sont chaudes et repues du soleil cueilli tout le long du jour (mes épaules aussi !). A un passage délicat, nous avons même mis les pieds dans l’eau (très fraîche) du Gardon.

Au retour, nous avons retrouvé Julie et Phlau sur les berges de La Baume et nous nous sommes étalées sur les rochers au bord de l’eau.

Les sentiers de pierres blanchies aux arêtes parfois dures me rappellent les chemins de la Drôme, le buis présent partout également. Au bord du Gardon d’immenses roches accueillent nos pauses. Ossature terrestre patinée par les eaux qui me donne le sentiment concret de marcher sur la colonne vertébrale de la terre, chaos minéral qui parle à mon instinct et me projette dans de fantasques rêveries de pays fabuleux et paradisiaques où l’humain serait réconcilié avec sa part végétale et insoumise.

 

Ce soir nous sommes installées toutes les quatre avec Gilda et Colette au salon. Colette dort profondément, on a l’impression qu’elle nous a accompagné dans la rando.

En fait, c’est une chienne pleine d’empathie qui s’épuise à notre place.

Le dîner fut délicieux : potée de légumes variés au lait de coco, salade chou chinois et yaourt soja citron.

(Seul bémol, des battues sont organisées sur les chemins de randonnée et je trouve ça toujours monstrueux que la mort programmée puisse côtoyer les espaces naturels où nous cherchons la sérénité et la complicité avec la nature > l’humain, première espèce invasive !)

Jour 3 : Lundi 20 février – Pont du Gard

Ce matin, nous avons testé l’embrayage de la voiture qui pose quelques soucis. Le barbu, garagiste local non officiel est venu voir. J’ai appelé Julian aussi. C’est un souci d’air dans le récepteur(ou l’émetteur) de la pédale d’embrayage. Il suffit de pomper avec la pédale. Nous avons donc pu partir vers 11h pour St Bonnet du Gard.

Randonnée facile de 14 km pour découvrir le Pont du Gard sous toutes ses faces ainsi que son environnement de buissons denses typique des maquis de la région. Le pont date de 50 ap. JC. Impressionnante structure qui traverse le paysage et a résisté aux assauts du temps ! Aux pieds de ces arches monumentales coule le Gardon entre d’immenses roches où fleurissent des violettes (quand je dis que le printemps est déjà là !).

Sarah et Julie ont fait des roulades dans l’herbe tandis que Phlau les filmait pendant que je m’extasiais sur les violettes. Des orchidées poussent sur les collines calcaires plus en hauteur.

Orchis à longues bractées ou Barlie (Himantoglossum robertianum ou Barlia Robertiana), assez commune en région méditerranéenne, très commune en Provence.

Nous avons traversé le pont et sommes allées jusqu’à une chapelle romane quasiment fendue en deux, délaissée, dans un immense champ en pleine floraison : la chapelle St- Pierre.

Le chemin du retour à partir du pont du Gard est particulièrement beau, c’est une trouée étroite dans les buissons denses de buis, chênes liège où la roche affleure partout et crée un escalier naturel où s’entremêlent les racines. Le soleil intense de la journée perçait cette belle densité végétale et dardait ses rayons lumineux dans un joli décor de poussière féerique. La roche est sableuse par endroit. En retrouvant la voiture à St Bonnet, nous sommes encore montées à l’église fortifiée du IXe s. Plantureuse bâtisse qui surplombe de ses pierres restaurées les vallons proches où tous les arbres fruitiers semblent en fleurs.

C’est la première rando aussi longue de Julie. Le vent était intense. Ce soir nous sommes toutes les 4 gorgées de soleil, de lumière et je sens dans les muscles de mes jambes ces plus de 30 km parcourus depuis hier. Le silence de la maison est lénifiant.

Jour 4 : Mardi 21 février – 19° – Ermitage de Collias (in love ♥)

Magnifique randonnée dans la garrigue, au départ de Collias qui emprunte un pittoresque sentier pierreux où les chênes verts et les buis font une frondaison ombragée appréciable par cette extraordinaire luminosité.

Nous avons même cueilli des feuilles de laurier pour notre potée du soir, avons rencontré deux crapauds, enregistré le chant délicat d’un ruisseau  presque tari. Le chemin serpente entre deux falaises recouvertes de garrigue dans un décor abrupt et sauvage. Il conduit au bout de 3 km au site de l’ermitage, précieuses ruines monastiques dans leur écrin boisé. Ce site est habité depuis près de 40 000 ans ! L’homme de Néanderthal l’avait déjà investi. Au VIIIè s. on y a construit un monastère. Une chapelle trône sur l’endroit, de beaux vestiges de fresques décorent son plafond, des ex-voto « familiers », petits bouts de pensées positives sont éparpillés sur son autel baigné par la lumière qui ruisselle de ses fenêtres.

Notre-Dame-de-Laval.

Nous nous sommes posées dans le pré, au bord des vestiges d’un jardin en terrasse, y avons pique-niqué, lu et siesté. Moment de grâce et de plénitude.

Puis nous sommes reparties, poursuivant le chemin à flan de vallon, montée rude et raide vers le plateau sommital. La suite de la randonnée s’effectue sur les hauteurs offrant une très belle vue jusqu’au Mont Ventoux au sommet encore enneigé. Des orchidées égrènent le chemin.

J’ai vraiment beaucoup aimé la diversité, le calme et la beauté des paysages traversés. Au retour nous avons longé le Gardon pour nous poser sur ses rives et savourer encore l’instant présent.

« Je n’ai pas résisté. Je me suis adapté à l’eau sans attendre qu’elle s’adapte à moi » –  philosophe taoïste chinois Tchouang Tseu- IVè s. avant J-C.

Jour 5 : Mercredi 22 février – Uzès

Le ciel est toujours bleu, Gilda n’a demandé à boire qu’une fois cette nuit ! J’ai dormi jusqu’à 8h30.

Le rez de chaussée de la maison est peuplé de fantômes, je les sens. Nous cohabitons de façon pacifiée.

Nous sommes parties vers midi à Uzès. C’était jour de marché local que nous avons dévalisé (chocolat noir à la châtaigne soufflée, pâte de fruits à la mûre (pour Justine), hydrolats locaux, olives vertes, noires, verveine,… graines de moutarde & radis germées), j’ai aussi craqué pour deux robes légères et un sac en peau de nounours violet.

Nous nous sommes perdues dans les étroites ruelles autour de la Place aux Herbes où nous avons déjeuné, sur une terrasse gorgée de soleil.

Découverte aussi de la cathédrale St Theodorit de style toscan, très belle avec des fresques bleues magnifiques sur ses chapelles latérales et de jolies balustrades en fer forgé ouvragé tout autour de ses bas-côtés.

Nous sommes rentrées vers 16h. Phlau est partie en quête de bois pour activer le poêle disponible dans la cuisine. Elle a eu beaucoup de chance car elle est tombée sur l’élagueur du coin, Dédé, qui nous a fourni en bois sec pour notre première flambée du soir.

Corinne est passée savourer notre tisane du dîner, moment sympathique où nous avons échangé sur nos mêmes valeurs mais dans des lieux différents. Elle nous expliquait que le Gard est peu végane (nous nous en étions rendues compte avec la recherche d’un restaurant ce midi !) et truffé de chasseurs (là ce sont les battues du we passé où nous l’avions constaté- et qui m’ont bien énervée).

Gilda apprécie grandement la flambée de ce soir (et pas que elle), elle dort apaisée près du poêle.

Jour 6 : Jeudi 23 février – Boucle du pont St Nicolas – ♥

« La sagesse comprend tout, le beau, le vrai, le bien, l’enthousiasme par conséquent. Elle nous apprend à voir hors de nous quelque chose de plus élevé que ce qui est en nous, et à nous de l’assimiler peu à peu par la contemplation et l’admiration. » – Lettre de G. Sand à G. Flaubert.

Encore une magnifique randonnée de 15 km entre les plateaux crayeux recouverts de garrigue et les falaises abruptes ouvrant sur les boucles bleues des gorges du Gardon. Ce matin le ciel était aussi crayeux. La randonnée a débuté par de grands sentiers qui longent les vignes.

L’ambiance était laiteuse, toute la nature semblait figée dans des cocons filaires d’araignées ou de chenilles, réceptacles naturels de l’humidité ambiante.

Une atmosphère automnale nous accompagnait. Au bout d’une heure nous sommes arrivées au premier village, Vic, tout en pierres apparentes et habité par une chatte tricolore sauvageonne.

Le sentier s’est poursuivi entre herbages et buissons jusqu’à Russan. Là nous avons entamé la montée vers les falaises du point de vue du Castellas, offrant un panorama sur les méandres du Gardon. Une montée un peu rude (Julie confirmera) nous a conduit au plateau sommital par des sentes herbeuses jalonnées de cairns pour ne pas s’égarer. Le soleil est apparu. Nous avons un peu hésité avant de trouver la Grotte de Baume-Latrone, à flan de falaise, impressionnant trou habité par des humains du paléolithique supérieur. Je m’y suis immédiatement sentie bien, enveloppée de douceur. Un creux à vivre. Je n’ai jamais ressenti un tel bien être dans une grotte. Je comprends qu’elle fut un refuge, elle le reste à travers les millénaires traversés.

Vue de la grotte.

Nous avons repris notre cheminement sur le plateau jusqu’au point de vue du Castellas, grandiose panorama sur ces gorges, dernier bastion des Cévennes. Le chemin du retour s’effectue entre les bords des falaises du Gardon et la garrigue monotone de l’immense plateau isolé St Nicolas.

Par endroit la roche du chemin fait d’étranges trous, des pièges à bâton… les hauteurs sont parsemées d’orchidées et de minuscules jonquilles en pleine floraison ainsi que des imposants massifs des globulaires buissonnantes.

Ce soir nous sommes lentes, agglutinées autour du feu au pied duquel ronflent les chiennes également avachies par la chaleur bienfaisante des flammes.

André dit Dédé vient dîner avec nous ce soir. Nous lui rendons grâce pour nous avoir trouvé du bois et rendre ainsi nos soirées beaucoup plus chaleureuses !

Jour 7 : Vendredi 24 février – découvertes  des capitelles de Blauzac.

 

[capitelle (en languedocien capitèlo) est une cabane en pierre sèche, c’est-à-dire sans mortier, servant autrefois d’abri temporaire à des outils, des produits agricoles ou des petits propriétaires dans les anciennes garrigues des villes du département du Gard.]

A une dizaine de km de Sanilhac se trouve la côte de Malaigue et le pittoresque village perché de Blauzac aux belles maisons de pierres.

Phlau découvre un vestige fonctionnant : une cabine téléphonique !

Ce village est placé sur l’ancienne voie romaine qui reliait Nîmes à Uzès. Notre balade du jour nous a conduit sur les coteaux N-E de Blauzac à la découverte de ces surprenantes capitelles.

Elles sont délimitées par d’impressionnants murs de pierres très épais de plus d’un mètre de large qui séparent chaque champ.  La majorité de la randonnée se fait sur des chemins bordés de ces murets de pierres sèches et à l’ombre d’une végétation luxuriante. Elle se termine par le passage sur un vieux pont romain qui ouvre sur les vignes environnantes (malheureusement traitées).

Le vent nous a tenu compagnie, rafraichissant l’air, il est tombé après midi. Nous sommes rentrées à 15h à Sanilhac, avons  savouré la lumière à l’étage de la maison où toutes les portes sont ouvertes afin que les pièces s’imprègnent de la douceur printanière du jour.

Jour 8 : Samedi 25 février – retour

Retour rapide (7h-15h) où nous avons jonglé avec la 3è et la 5è vitesse de ma voiture militante (puisqu’il y avait toujours le souci d’embrayage !).

Nous sommes revenues repues de soleil, de lumière et de nature ♥.

 

 

S’évader entre lavande et montagnes : la Drôme provençale.

S’évader entre lavande et montagnes :

la Drôme provençale.

•Journal de voyage•

chloeka-- Montguers Drôme - montagne de Chamouse - 7 aout 2016-44

Samedi 6 août

Somme parties à 5h du mat pour arriver 17h pour moins de 700 km ! Oui c’est possible.  Mon GPS est farceur. Le gîte de Corinne, ancienne bergerie, est situé dans le hameau de Montguers le Haut, sur un bout de chemin, au bout de tout, posé au bord d’un ravin où coule un ruisselet quasi asséché en cette saison. Un petit paradis de tranquillité. Je n’aurais pas imaginé mieux.

chloeka- Montguers Drôme Lever de soleil col de Perty -11 aout 2016-187

Les nains de Corinne qui veillent !
Les nains de Corinne qui veillent, un accueil chaleureux avec une divine confiture d’abricots et de lavande !

chloeka- Montguers Drôme Lever de soleil col de Perty -11 aout 2016-208
La ravine personnelle du gîte, juste en contrebas de la maison, lieu sauvage et préservé !

Dimanche  7 août

Première randonnée vers les sommets proches, direction le col de Perty. Jolie balade sur la crête de la montagne de Chamouse à 1498m. d’altitude, entre lavande, papillons, et buis buissonnants. Nous nous sommes un peu perdues en redescendant, avons écrit des mots doux dans le cahier du cabanon Laugier.  Les paysages traversés sont tous plus beaux les uns que les autres.

Lundi 8 août

Les matins sont lents. Nous faisons une séance de yoga face aux collines qui se déploient alentours, à l’ombre des arbres fruitiers. Colette aime particulièrement ces instants et en profite pour jouer, nous rapporter tous les bâtons qui trainent (et il y en a un paquet !) et se rouler frénétiquement dessus grognant de plaisir. Gilda affectionne la serviette de Cédrine et se pose dessus pour y dormir.

Avec Cédrine, nous sommes allées à Buis les Baronnies pour une randonnée de 5h entre les Gorges d’Ubrieux et les cols des Baronnies. Magnifiques paysages traversés. Ce qui est surprenant c’est que nous sommes montées à 900 m et les montagnes côtoyées à cette altitude sont pointues, dentelées et accidentées. Rien à voir avec les rondeurs vosgiennes. Les panoramas sont grandioses, secs, épineux, broussailleux et les crêtes des montagnes forment de prodigieuses dentelles de pierre blanche.

chloeka-- Montguers Drôme - Journée 2 Gorges et Cols dans les Baronnies - 8 aout 2016-37
Un vieil et splendide olivier.

chloeka-- Montguers Drôme - Journée 2 Gorges et Cols dans les Baronnies - 8 aout 2016-29
Là-bas, au fond, le Ventoux !

chloeka-- Montguers Drôme - Journée 2 Gorges et Cols dans les Baronnies - 8 aout 2016-20 chloeka-- Montguers Drôme - Journée 2 Gorges et Cols dans les Baronnies - 8 aout 2016-26 chloeka-- Montguers Drôme - Journée 2 Gorges et Cols dans les Baronnies - 8 aout 2016-30

Mardi 9 août

Nyons – Sommes passées à la coopérative pour faire le plein d’huile d’olive bio !

Dieulefit – Sentiment que la ville se déserte. Beaucoup de boutiques, restaurants à vendre, fermés entre midi et quinze heures en pleine saison touristique ! Nous avons cherché désespérément des pêches bio… Tout le monde semble avoir un désir de pêche & je suis perplexe de constater que mon désir est partagé par tous les touristes « locaux » !

chloeka-- Montguers Drôme - Journée 3 Dame Catherine et Dieulefit - 9 aout 2016-15

Ai craqué sur le travail d’une céramiste : Lena von Busse qui a son atelier dans une usine désaffectée réhabilitée en ateliers d’artistes sur la départementale menant à Le Poët-Laval, un très beau lieu.  Elle travaille la porcelaine et crée des décors floraux délicats qui m’ont fait fondre.

Céramique de Lena von Busse.
Céramique de Lena von Busse.

Le soir Dame Catherine nous a invitées à partager sa table pleine de réjouissances végétales et…il y avait des pêches en dessert. L’univers m’a-t-il entendu ? Et Catherine nous a donné plein de pêches quand nous sommes reparties. Des pêches ENORMES et SUCCULENTES ! J’ai aussi retrouvé avec joie Ursule, en pleine forme !

Ursule, compagne de Dame Catherine.
Ursule, compagne de Dame Catherine.

La route qui va de Montguers à Mérindol-les-Oliviers est splendide mais très sinueuse, empruntant une infinité de cols. Ici, tout est loin et les kilomètres avalés demandent une attention de chaque instant. C’est Cédrine, la courageuse, qui a roulé de nuit pour le retour !

Mercredi 10 août

Le ciel est bleu et un vent fort souffle. Nous prenons notre petit déjeuner sur la magnifique table en pierre où nous avons ôté la nappe afin d’en apprécier toute la belle minéralité. A l’ombre du tilleul.  Nous sommes emmitouflées dans nos foulards et polaires.

Royal petit-déjeuner : fruits locaux, amandes & graines de tournesol germées, lait de soja à la vanille, copeaux de chocolat. Un bol de joie, de saveurs et d'énergie !
Royal petit-déjeuner : fruits locaux, amandes & graines de tournesol germées, lait de soja à la vanille, copeaux de chocolat. Un bol de joie, de saveurs et d’énergie !

Yoga dans une heure dans le pré pour savourer le paysage et se nourrir de la lumière.

Aujourd’hui nous allons faire une randonnée entre vignes, lavandes, oliviers, dentelles de pierre, chapelle (Notre-Dame des champs) et village perché à partir du moulin de Vercoiran.

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Chapelle Notre-Dame des Champs.

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20 h 45

Le vent est intense et ne faiblit pas. Il a chassé les nuages. Il m’a as séchée et ce soir je suis cuite ! Le fond de l’air est très frais et nous avons diné sous le tilleul avec nos polaires et nos coupe-vent, rapidement.  La soirée sera courte. Cédrine et moi avons décidé de nous lever à 5h demain pour aller contempler le lever de soleil du col de Perty et faire une randonnée sur la montagne de l’Arsuc voisine du col.chloeka- Montguers Drôme Balade en Baronnies -10 aout 2016-49

Ce qui est impressionnant dans les paysages côtoyés ce sont ces sommets peu élevés qui manquent totalement d’humilité et ont des arêtes pointues de haute montagne. Du coup les paysages traversés ont des airs de Far West aux routes caillouteuses et empoussiérées où tout semble grandiose et infini. Les derniers temps de la récolte de la lavande sont maintenant. Un parfum de lavande a accompagné notre pause à la chapelle de Notre Dame des Champs. La lumière était tout aussi intense à 19h qu’à 14h.

Jeudi 11 août

Levées à 5h, Cédrine & moi sommes parties ½ h + tard pour cueillir le soleil au col de Perty, promesse faite le 1er jour de notre séjour. La nuit est particulièrement froide à cette heure matinale. A 6h15 nous étions au sommet du col, dans la nuit étoilée où un peu de jour pointait timidement.

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Fabuleux moments de recueillement et d’émerveillement avec la lumière solaire qui vient d’abord caresser les quelques nuages présents de sa tendresse rosée annonciatrice de l’astre qui a pointé ses premières rondeurs à 6h37 exactement ! Immédiatement l’air est devenu moins froid et les monts alentours se sont parés d’une douce couleur dorée. Les montagnes se sont déployées sans fin dans la ligne d’horizon, dans un extraordinaire camaïeu de bleus. Les ombres longues nous ont raconté des histoires fabuleuses.  J’ai peu vu de paysages aussi beaux !

Nous avons continué notre ascension sur la montagne de l’Arsuc, à 1451m. d’altitude, le long d’une très longue ligne de crête alternant des forêts de conifères et de chênes liège, des prairies dorées remplies de cairns, de lavande, de chardons bleus et de papillons avec des vues toutes plus belles les unes que les autres sur les sommets bleus des Alpes déployés dans une aurore infinie.

Les cairns, précieux amas de pierres qui nous guident sur les sentiers "flous" des sommets.
Les cairns, précieux amas de pierres qui nous guident sur les sentiers « flous » des sommets.

Je suis en amour de cette nature et de ces paysages traversés.

Nous sommes rentrées au bout de 4h de marche, complètement subjuguées et heureuses.

Les matins sont vraiment plus beaux que les soirs et offrent une énergie totalement différente. Chaque minute du matin est en fait un cadeau précieux car elle annonce une journée dense et riche en vibrations, le sentiment jouissif d’être vivante.

En rentrant, nous avons dévoré une orgie de fruits !

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En fin d’après-midi, Aurélie et Jessica nous rejoignent pour passer la soirée sous le tilleul avec nous.

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Légumes grillés au four légèrement caramélisés et saupoudrés du thym libre cueilli sur les sentiers !
Légumes grillés au four légèrement caramélisés et saupoudrés du thym libre cueilli sur les sentiers !

Vendredi 12 août

Ce matin nous sommes parties explorer les sommets à l’Est de St Auban sur l’Ouvèze, joli village perché. Nous avons marché sur la crête de la Serre de Rioms jusqu’à 914 m. d’altitude avec de belles vues sur les monts alentours et sommes redescendues vers la combe à travers un panorama verdoyant et « deshumanisé » comme je les aime.

Quelques champs de lavande trouaient la forêt. J’ai vu une biche le long du large sentier qui traversait ces bois luxuriant et des fleurs à profusion accompagnées de la danse gracieuse de leurs papillons butineurs.  chloeka- vacances Montguers Drôme - randonnée à partir de St Auban sur l'Ouvèze 12 aout 2016-46 chloeka- vacances Montguers Drôme - randonnée à partir de St Auban sur l'Ouvèze 12 aout 2016-59

Pois vivace, origan, oursin bleu, chicorée sauvage, jasione, knautie, scabieuse faisant un joli dégradé de bleu violacé le long du sentier accompagnés des gracieuses ombellifères du fenouil libre.

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En retrouvant la voiture après nos 3h de marche, nous sommes allées à Brantes, traversant d’autres montagnes et les Gorges du Toulourenc avec encore de très beaux paysages naturels. A Brantes, je suis évidemment passée à la librairie de l’Esprit des lieux et chez « mes » céramistes aimés où j’ai craqué pour un petit gobelet vert anis à gros pois blancs. Nous avons savouré un délicieux jus d’abricot local sur une terrasse avec une vue époustouflante sur le Ventoux tout près et tout haut.

Nous sommes rentrées vers 14h pour nous prélasser dans le hamac et à l’ombre bienveillante du tilleul.

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Savourer les dernières heures de cette pause estivale où chantent les cigales et où rôtissent les herbes matures des près avant de prendre le chemin du retour demain matin !

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