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Le Schurmsee, mon précieux.

Dans mon circuit d’eau de cet été, je continue mes explorations des lacs glaciaires du Nord de la Forêt Noire.

Cette fois ci c’est au Schurmsee que je vous emmène. En raison de son emplacement isolé il est l’un des lacs les moins visités de ces vallons boisés.  Je l’avais repéré sur mes cartes topographiques, petite tache bleue isolées au cœur du vert des forêts.

J’ai testé un circuit qui nous a amené à faire plus de 1000 m de dénivelé et 18 km. Nous avons traversé des chemins oubliés, envahis de fougères, de mousses humides et de rochers au chaos apocalyptique. Sente escarpée à flanc de falaise, obturée par des troncs gigantesques de sapins tombés là, vestiges de l’hiver qui fut rigoureux et dévastateurs pour les résineux.

Je vous ai redessiné un tracé plus faisable, moins dangereux et légèrement plus court (15 km).

La randonnée part du village d’Hundsbach, il faut prendre un chemin qui descend entre les maisons et qui est indiqué comme étant « privé » car il est interdit à la circulation des voitures. Ce chemin conduit par une forte pente à un pont au-dessus de la rivière qui coule au pied du village. A partir de là on emprunte de larges sentiers qui se font sentes au fur et à mesure de la montée, bordés d’une magnifique forêt de résineux, fougères, mousses et bruyères en fleurs parfumant notre chemin qui nous conduit au Schurmseehöhe sur 4 km.

C’est le point de vue sur le lac à 960 m d’altitude, un banc invite à une première pose contemplative.

La beauté farouche de ces cirques m’émeut toujours. Le temps semble se suspendre là, dans une éternité improbable où s’efface tout ce qui me pèse. Marcher m’allège. C’est comme si je me délestais de tout ce qui entrave mes pensées. La nature à cet effet puissant sur moi d’apaiser toutes mes colères et de me rendre juste contemplative et émerveillée par ce qui palpite autour de moi et en moi.

La descente vers le lac fut épique et dangereuse car le chemin n’a pas été déblayé depuis cet hiver, est entravé et délaissé (j’ai donc modifié le tracé).

Il est possible de faire le tour du lac, situé à 794 mètres d’altitude, ses abords proches sont inaccessibles afin de préserver le biotope, protégé par une barrière de bois. Ce lac s’est formé à la fin de la dernière période glaciaire, il y a environ 100 000 ans. C’est un des plus profonds lacs glaciaires de la Forêt Noire (13 m de profondeur). Un tiers du lac est déjà ensablé. A long terme, il sera complètement envasé. Sa couleur sombre et dorée, comme toutes les eaux de la Forêt Noire que je traverse, est due aux substances humiques. Cette couleur fuligineuse me fascine, baignée par le soleil, elle prend des reflets or miroitant dans les éclaboussures de lumière qui la rendent précieuse et incomparable.

Je pourrais rester des heures dans ces creux de nature. Juste posée là à écouter ces vibrations infimes qui résonnent dans chaque cellule de mon corps.

La forêt autour du lac est luxuriante et nuancée d’un camaïeu vert, témoin de la richesse de son écosystème.

Le retour se fait par de larges sentiers qui offrent de belles vues sur les collines avoisinantes.

Nous avons fait une dernière pause sur le chemin du retour, au pied du village, là où chante la rivière sur les rochers moussus, des bancs nous ont invité-e-s au repos.

« Nul ne peut, sans se dépasser, apprendre de lui-même qui il est. Ce qu’on croit en penser n’a aucune importance : il faut y aller voir, y aller, se risquer, jusqu’à ce que le mystère passe de notre côté. » Armel Guerne (1911-1980)

Un week-end au Bodensee

• Un week-end au Bodensee •

Première pause sur les rives du Lac de Constance, quelques kilomètres avant Lindau.

S’offrir un souffle de romantisme, le temps d’un week-end, pour recharger ses énergies et savourer d’autres lieux pour d’autres émotions. Justine & moi sommes parties découvrir les rives allemandes du Lac de Constance ou Bodensee (173 km se situent en Allemagne) pour ce premier week-end d’avril.  Découvrir un poisson bien vivant et vibrant (c’est comme ça que je préfère les poissons d’avril et ceux de tous les autres mois !) dans un des plus grands lacs d’Europe centrale.

Le Lac de Constance se situe dans les contreforts des Alpes et se découpe en deux parties reliées par le Rhin qui les traverse sur 4 km. En additionnant le lac supérieur et le lac inférieur, il a une superficie de 536 km² et est le troisième plus grand lac d’Europe centrale.

Nous avons pris la route samedi 1er avril dans l’après-midi, environ 300 km depuis Strasbourg, plus de 4h de voyage. Nous sommes arrivées, en fin d’après-midi, dans une ambiance bleutée aux cieux voilés, à Lindau, en Bavière, première étape de ce périple.

C’est un bel endroit consacré au tourisme et très urbanisé. Des rives, on peut voir les sommets enneigés des Alpes sur les versants autrichiens et suisses.

Le crépuscule et la lumière voilée du soleil magnifiaient le lac et nous donnaient un bel aperçu du romantisme à l’Allemande.

Pour les véganes que nous sommes, l’Allemagne regorge de trésors gustatifs sans souffrance et nous nous sommes régalées.

Nous avions réservé une chambre au « Das Mietwerk » sur le continent, à Lindau.  Très bel endroit au déjeuner copieux et bio.

Le petit-déjeuner bio et végane du « Das mietwerk », délicieux et copieux !

Nous avons exploré l’île le soir.  D’abord par ses berges aménagées qui offraient une vue échappée d’une autre époque sur la quiétude intemporel du lac puis nous avons parcouru l’intérieur de cette minuscule île d’une longueur de 1,3 km pour une largeur de 663 m, totalisant une superficie de 68 hectares, ce qui fait quand même d’elle la deuxième plus grande île du lac de Constance !

Une procession, dont une partie des participant-e-s était costumée, a traversé la rue principale, nous rappelant que nous n’étions pas dans un état laïc. Chaque Allemand doit déclarer sa religion, une dîme est prélevée au bénéfice de son Église.

Du coup, à 22h, l’église catholique était encore ouverte et …désertée pour notre plus grand plaisir de curieuses admiratives des traces du passé. L’extérieur ne paye pas de mine mais l’intérieur est à couper le souffle dans son genre : baroque remarquable ! La  « Münster Unserer Lieben Frau » a connu bien des péripéties avant de devenir ce splendide ouvrage du XVIIIè s.

Nous sommes rentrées à l’hôtel, épuisées et repues de belles sensations et de beaux panoramas de ce coin rempli de douceur de vivre.

La visite s’est poursuivie en plein jour, le lendemain matin. Découvrant une autre tradition religieuse locale : les enfants décorent les fontaines publiques pour Pâques avec de surprenants œufs en plastique, bariolés par la créativité enfantine.  C’est joyeusement kitsch.

En début d’après-midi, nous avons décidé de pousser notre périple jusqu’en Autriche à 10 km de là ! L’appel de la montagne peut être puissant.

Ce fut un peu compliqué (nous n’avions que le GPS pour nous guider et pas de carte papier à mon plus grand regret) de trouver des chemins de traverse qui pouvaient nous mener à de plus hautes altitudes. On a fini par s’éloigner du lac pour monter vers Bezau, station touristique de montagne dans les Alpes autrichiennes. Dès les premières altitudes de grandes fermes recouvertes de tuiles en bois jalonnent la route. Elles sont belles et impressionnantes.

Nous nous sommes posées dans un champ, au soleil, avec une vue splendide sur les Alpes. Nous y avons siesté et rencontré un chat, timide mais très affectueux, habitant la cabane proche de notre alpage de repos. Il s’est un peu fait prier pour s’approcher mais quand il a compris qu’il pouvait nous exploiter, il en profité et il a bien eu raison !

Puis nous sommes reparties car une centaine de kilomètres nous séparaient encore de Konstanz où nous devions passer notre 2è nuit. Nous sommes donc remontées vers les rives plus occidentales du lac. Nous avons garé la voiture à hôtel choisi pour la nuit (plus banal que celui de Lindau et situé dans une zone d’activités commerciales) et sommes parties à pied découvrir les berges de la ville au crépuscule.

Les rives qui longent le Rhin sont réhabilitées en un espace contemporain où se côtoient bars, lounges , restaurants et des berges aux pontons de bois peuplées d’une faune urbaine en mal de nature qui vient se détendre dans ces lieux, imprégnés des premières douceurs printanières. Le rivage immédiat du fleuve n’est pas aménagé, permettant la vie riche d’un écosystème protégé (ils sont forts ces Allemands pour ce genre d’exercice et nous devrions en prendre de la graine !).

Nous avons gardé l’exploration de la ville historique pour notre lundi. Nous nous sommes contentées de remonter la Seestrasse, bordée de plantureux édifices de la fin du XIXè siècle et nous nous sommes posées sur un banc, au bord du lac, pour observer les premiers vols des chauves souris sur fond bleu crépusculaire, dans la douceur du soir.

Lundi matin, nous sommes parties à la découverte de la ville historique de Konstanz, fondée par les Romains au IVè s, florissante au Moyen-Age. Il s’y tint de 1414 à 1418 un concile œcuménique (concile de Constance) qui mit fin au grand schisme d’Occident en déposant les papes Jean XXIII et Benoît XIII, en acceptant la démission du pape Grégoire XII puis en nommant le pape Martin V. C’est dans ce même concile que fut jugé et condamné au bûcher Jean Hus, précurseur du protestantisme.

Nous avons commencé par le port où l’histoire du Concile est rappelée par une gigantesque statue d’amazone sortie tout droit d’un comics du XXè s ! L’IMPERIA : 9 mètres, 18 tonnes, tournant autour de son axe une fois toutes les quatre minutes, créée par Peter Lenk et érigée en 1993.  Deux petits personnages nus sont assis dans ses mains ouvertes et portent les insignes de leur puissance qui permettent de les identifier. Le sculpteur a dit à leur sujet :

« … Les personnes de l’Imperia ne sont pas le pape ni l’empereur, mais des saltimbanques qui se sont emparés des insignes du pouvoir séculaire et spirituel. Libre à l’interprétation historique de l’observateur de dire dans quelle mesure les vrais papes et empereurs ont été, eux aussi, des saltimbanques. … » (Peter Lenk dans une interview (en allemand) avec Jasmin Hummel >   » 20 Jahre Imperia. … und sie dreht sich immer noch ». Dans: Labhards Bodensee Magazin 2013, pages 44-45.)

La ville historique est un beau mélange de rues étroites, sereines, de passages souterrains joliment graffés et de belles bâtisses art nouveau s’ouvrant sur des avenues plus larges.

Poisson d’avril !

Ma passion non secrète pour les pois est comblée !

Des pois, une voiture qui raconte des histoires, je suis fan !

Le véganisme nous fait des clins d’œil partout, jusque sur les poteaux des rues  :

Au centre, trône la cathédrale Notre-Dame de Constance qui, d’un point de vue architectural, est une des plus grandes églises romanes du sud-ouest de l’Allemagne. A l’intérieur de l’église le mobilier des époques baroque, classique et néo-gothique se superpose.

Après avoir bien arpenté les rues de la vieille ville, nous avons récupéré la voiture et sommes remontées vers Litzelstetten à une dizaine de kilomètres plus au nord. Petit havre de paix au bord de l’eau où nous avons dévoré une plaque de chocolat en regardant le bleu quasi tropical de l’eau et où Justine a osé tremper ses pieds (trop tentant mais froid en cette saison !).

 

Le retour s’est fait sous un ciel d’orage. Nous avons traversé des paysages grandioses de la Forêt Noire, nimbée de nuages et de contes fantasmagoriques.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Autour du Mummelsee {Seebach- route des crêtes de la Forêt Noire}

Le lac Mummel (ancienne cuvette glaciaire) est juste au bord de la schwarzwaldhochstrasse, large et confortable route des crêtes de la Forêt Noire, à 1036 m. au-dessus du niveau de la mer.

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Le mummelsee
Le mummelsee

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Habitant au Nord de Strasbourg, je suis à 1h à peine de cette route qui déroule de magnifiques panoramas sur les sommets pétris de légendes parfois sombres de cette forêt bien nommée.

Le lac attire un nombre impressionnant de touristes le weekend. Des bus entiers s’y rendent ! Il y a un hôtel, de quoi se restaurer (repas lourds et gargantuesques baignés de gras et de cadavres) et des marchands du temple qui vendent tous les produits et babioles du coin : liqueurs, eaux de vie, cadavres de cochons, coucous (horloges), marionnettes de sorcières…et un excellent pain cuit dans un four sur place. Tous ces touristes restent cantonnés autour du lac, en font le tour, mangent, consomment et repartent.

Les légendes racontent qu’un fantôme barbu habiterait ce lac et qu’on peut y observer une danse de jeunes elfes les nuits de pleine lune claire (mais visibles que par le promeneur hébergé à l’hôtel !)

D’ après la fable d’ Eduard Mörike, des ondines et autres esprits apparaissent au clair de lune dans la nuit paisible tandis que des sirènes mystérieuses effraient le promeneur solitaire.
Quiconque jetait une pierre dans le lac provoquait de terribles tempêtes et se retrouvait dans les profondeurs de l’eau en guise de châtiment.

Tous ces êtres fabuleux doivent être bien perturbés par l’agitation fébrile des curieux du week end (ou pas !).

Avec Malili, nous sommes parties découvrir les sentiers autour de ce point de rendez-vous touristique.

 

Nous sommes montées, par un joli sentier de roches en gré si caractéristique de nos montagnes, au Hornisgrindeturm, tourbière d’altitude à 1164 m.

Ensuite, nous avons plongé dans les forêts d’immenses épineux aux larges chemins bordés de mousses, lichens, bruyères, fougères, myrtilles et mûres où nous nous sommes enfin retrouvées seules à savourer le souffle de cette nature emprunte de contes et de légendes. Des sources accueillantes jalonnent le sentier, des calvaires commémoratifs rappellent les fondements chrétiens de cette terre d’Europe occidentale.

Les pistes, toujours clairement signalées pour les randonneurs, sont bordées d’auberges où se poser et se désaltérer.

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Les cieux étaient fantasques, prometteurs de pluie.

Notre balade de 3h, s’est achevée par la dégustation de la miche de pain encore chaude cuite au bord du lac.

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[…]Hêtres, charmes, bouleaux, vieux troncs couverts d’écailles,
Piliers géants tordant des hydres à vos pieds,
Vous qui tentez la foudre avec vos fronts altiers,
Chênes de cinq cents ans tout labourés d’entailles,

Vivez toujours puissants et toujours rajeunis ;
Déployez vos rameaux, accroissez votre écorce
Et versez-nous la paix, la sagesse et la force,
Grands ancêtres par qui les hommes sont bénis.

(octobre 1896)

Albert Samain, Symphonie héroïque