Ce samedi matin, le ciel était lumineux, d’un beau bleu intense et pur, belle invitation pour explorer mes montagnes proches aux sommets encore enneigés. A une heure de route, au Nord-Est de Strasbourg, se trouve le Badener Höhe, l’un des principal sommet de la Nordschwarzwald, culminant à 1002 m.
Nous sommes donc parties à cinq humaines et un chien, motivé.e.s et excité.e.s à l’idée d’aller marcher dans la neige (qui fut rare, en plaine, cet hiver).
Randonnée à priori facile (nous avions omis que les pentes pouvaient être verglacées !) faisable en 3h, avec un dénivelé de 260 m. Elle se trouve dans le livre de Dominique Schuller : « 40 randonnées pour découvrir la Forêt Noire« .
Le départ de la randonnée se fait dans la montée vers Sand, après Bülherthal, à côté d’un immense hôtel aux balustrades en bois décorées de cœurs qui ne semble plus faire fonction d’hôtel d’ailleurs.Dès le départ la neige est présente, éblouissante dans la magnifique lumière de cette journée.
Nous montons vers le sommet et la Friedrichsturm par de larges sentiers agréables.
Arrivé.e.s à 1000 m d’altitude, c’est un plateau sommital, en partie dévasté par des tempêtes, qui nous accueille avec la « fameuse tour » (Friedrichsturm) qui offre une vue incroyable sur les forêts et massifs environnants et jusqu’aux Vosges. « C’est une tour en grès rose de 30 mètres de hauteur. Située sur le point haut de la commune de Baden-Baden, la première pierre fut posée le 09 juin 1890 et la tour inaugurée le 05 octobre 1891. Son accès est libre tout au long de l’année pour une vue panoramique ».
Hooli dans les escaliers de la tour.
C’est ensuite que ça se complique, la descente vers le Herrenwieser See (829m) est difficile car le chemin est étroit, sinueux, escarpé et rocheux, rendu dangereux par une neige verglacée. Du coup, notre balade va prendre plus de temps que prévu !
Elle n’en reste pas moins splendide ! C’est un décor de conte, une féérie romantique qui s’ouvrent devant nous.
Barrage de Schwarzenbach.
Cette descente nous mène vers un magnifique et très ancien lac glaciaire, encore en partie gelé, bordé d’une fragile zone de tourbières : le Herrenwieser See. C’est là que nous faisons notre pause goûter.
Le retour se fait à nouveau par de larges chemins forestiers où nous croisons une zone de tours de pierres de randonneurs.
Puis nous traversons un village éparpillé au creux d’une vallée où nous découvrons de magnifiques vaches aux poils longs avec une paire de longues cornes dressées en l’air : des highlands.
Au milieu du champ trône une énorme statue de Bouddha !
Le dernier kilomètre se fait en traversant des sapinières encore blanchies baignées par la lumière extraordinaire de ce samedi.
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Ce matin, Il y avait Des milliers De diamants Dans les champs.
Les gens ont dit : “C’est la gelée.”
Mais moi Je sais bien Que c’est la lune Qui a fait craquer Tous ses colliers.
Bad Peterstal, de l’autre côté du Rhin, au cœur de la Forêt Noire centrale, offre de beaux parcours de randonnées. A peine à une heure de Strasbourg, le dépaysement est garanti.
Nous sommes partis à six, par un matin lumineux, le 11 novembre, jour férié en France pour 5 bonnes heures de marche.
Tout le parcours est essentiellement sur de larges sentiers que bordent de majestueux pins. Une partie de la randonnée est même sur une route peu empruntée qui mène aux altitudes plus élevées.
Bad Peterstal, le départ.
On longe la vallée où se niche Bad Peterstal par des prairies d’altitude, des fermes, des pâturages et quelques hêtraies légères.
Le circuit est jalonné de fontaines. La région produit d’ailleurs une excellente eau de source > l’eau minérale PETERSTALER.
La première partie du parcours mène, au bout de 5 km, à la Haberer Turm à 691 m., tour en pierres de taille de granit rose qui offre une vue panoramique sur toute la région.
C’est au pied de la tour, sur les bancs qui agrémentent la colline, que nous avons pique-niqué.
Irina, Virginie, Thomas, Chloé, Lucile et Sébastien.
La majorité des feuillus ont perdu leur parure d’or. Seuls les pins habillent encore le paysage de leur vert sombre.
Nous sommes redescendus vers Bad Griesbach, village isolé, terminus d’une ligne de chemin de fer au creux des collines boisées, qui semblait vidé de ses habitants.
Les toilettes de la gare. Les hommes ne sont pas concernés par cette affaire !Terminus.
Nous avons un peu hésité sur la suite du chemin à prendre. C’est à cet endroit qu’il faut emprunter la route goudronnée pour monter vers Martinshof.
Nous nous sommes posés dans l’herbe des hauteurs pour savourer le soleil et la lumière après la montée plutôt physique.
De vastes fermes composent le lieu-dit, dont une qui fait un élevage de daims 🙁
Le chemin se poursuit encore sur deux collines avant de redescendre vers Bad Peterstal où la lumière de fin d’après-midi faisait un décor chatoyant à la forêt traversée et aux vallées découvertes.
D’étranges sculptures en bois jalonnent le chemin, têtes humaines, chouettes, qui tiennent compagnie à des calvaires et des crucifix.
Nous avons savouré de délicieuse pommes glanées sur le parcours.
La Forêt Noire est habitée par les humains qui veillent sur elle et la préservent mais aussi par tous les êtres fantastiques qui peuplent ses contes et légendes et maintiennent nos âmes d’enfant éveillées.
✦Autour de Grendelbruch ✦ château fort et chercheurs d’or ✦
Dimanche, 1er novembre, était jour de randonnée programmée pour les retrouvailles avec Anne-Cécile qui passe parfois par l’Alsace. J’ai rencontré Anne-Cécile lors de mon stage d’Aïkiryu à Karma Ling en juillet. Nous partageons toutes les deux une forte énergie. Elle aime les châtaignes et m’avait demandé s’il était possible d’axer ces retrouvailles dans la nature autour du glanage de ces fruits.
J’ai donc choisi une randonnée principalement en sous-bois près de Grendelbruch, où la forêt regorge de châtaigniers.
Nous nous sommes retrouvés à sept pour cette balade : Amélie, Pat, Anne-Cécile, Olivier, Guillaume, Alex et moi-même.
Dans la plaine d’Alsace, un blanc manteau de brume opacifiait la vue.
Grendelbruch, située à 1 031 m, est l’une des communes d’Alsace les plus élevées. Nous étions au-dessus du manteau de brume qui faisait une blanche parure dans la vallée proche. Un magnifique ciel bleu se déployait.
Notre premier objectif fut les ruines du château du Guirbaden situé à une bonne heure du village à travers un sous-bois rempli de châtaigners. Le sentier serpentait dans un brouillard diffus transpercé par endroits de rayons solaires qui lui faisaient une parure divine, une véritable ambiance de Toussaint. La forêt était rousse.
La terre retournée par le passage des sangliers.
Autour du château, inaccessible car trop dangereux, le sol était retourné partout par des sangliers que nous n’avons pas croisés.
La chapelle St Valentin.
Nous n’avons pu que contempler la chapelle St Valentin, excentrée et délaissée, où coulait encore une lumière divine par l’ouverture de ses fenêtres béantes.
Nous avons un peu hésité sur la suite du chemin à prendre. Nous nous sommes enfoncés dans le cœur de la forêt plus ténébreuse, ramassant les châtaignes tombées et les champignons trouvés.
Glanage des châtaignes.
Rencontrant un châtaignier tortueux et immense à l’âge sans doute séculaire, haute personnalité bienveillante des lieux.
Nous sommes descendus jusqu’au restaurant de la Fischhütte au creux de la vallée. Puis nous nous sommes dirigés vers l’autre versant de la montagne après avoir traversé la Magel, ruisseau local.
La Magel.
Là encore, nous avons cherché notre chemin et finalement avons décidé de parcourir le circuit des chercheurs d’or. Huit kilomètres aménagés sur un sentier étroit dans la forêt peuplée de grands épineux de Bischoffsheim . A une certaine époque, on cherchait des pépites dans les lits des cours d’eau aurifères, d’où le nom peu banal de ce sentier. L’itinéraire passe au pied du Purpurkopf, un ancien haut lieu celtique. Une double enceinte de pierres sèches couronne le sommet et permettait sans doute de protéger les occupants de ces lieux. Au centre, on devine les vestiges d’une citerne. La vue de ce sommet offre un paysage dégagé…par temps clair. Là, nous avions une extraordinaire ambiance de conte fantastique où l’azur du ciel nimbait la brume d’une blancheur fantomatique.
Le sommet du Purpurkopf.
Ma pause goûter.
Quand les toiles d’araignées font des papillons blancs dans la lumière rasante du soleil.
Le sommet de Purpurkopf.
La route vers le sentier des chercheurs d’or.
Cinq heures de marche dans un décor féerique, aux ambiances fabuleuses, où une lumière vive transperçait le secret des bois et de leurs brumes nous ont enchantés. La terre exhalant tous les parfums d’un automne éblouissant.
Je me suis rechargée pour aborder la mélancolie de novembre.
Profiter des couleurs flamboyantes de l’automne et d’une végétation qui vit ses dernières vibrations avant le silence de l’hiver.
En ce moment, j’aime franchir le Rhin pour me plonger dans les bois profonds de la Forêt Noire.
Aujourd’hui, c’est Liliane qui m’a accompagnée sur ces nouveaux sentiers dans un décor d’épineux sombres, de feuillus gorgés d’ors et de cieux lourds de promesses humides.
Nous étions à Riersbach, au sud d’Offenburg, et au cœur de riches pâturages et de monumentales fermes-auberges.
Les monumentales fermes de la Forêt Noire.
Le bois rangé prêt à chauffer l’hiver qui approche.
Le religieux est ancré dans les paysages, agrémenté d’autres symboles.
Les moutons curieux.
L’eau ruisselle partout, jusque dans des pédiluves aménagés aux abords des fermes.
Le nuage éléphant.
Des bornes jalonnent le chemin.
Bébé sapin.
Le cerf emblématique des lieux.
Et nous croisons des êtres familiers et toujours curieux.
En ce lundi d’octobre, une brume épaisse recouvrait la plaine d’Alsace. Manuella a eu la géniale idée de me proposer de respirer l’air plus lumineux des hauteurs proches. Nous sommes donc parties découvrir de nouveaux sentiers en Forêt Noire entre 700 et 800 m d’altitude, autour de Sasbachwalden. De Strasbourg c’est à peine à 40 mn de voiture. Un vrai luxe.
Randonnée plutôt physique sur toute la première moitié du parcours (700 m de dénivelé bien raide), la forêt nous a enchantées de ses ors et rouges de saison et de sa féerie nimbée d’une lumière extraordinaire.
Balade essentiellement en sous-bois, à faire à l’automne pour savourer toute la plénitude de cette période aux fabuleuses couleurs.
Quand la mousse fait un surprenant tapis vert sous les feuilles mortes.
Le chemin aboutit à des lieux bucoliques parsemés de traditions locales, des châtaigniers essaiment tout le début du parcours où une vue extraordinaire s’ouvre sur les vergers et la plaine proche encore noyée de brume.
Dès le départ, un premier « schnapsquelle » nous invite à une pause désaltérante. Ce sont des endroits géniaux en Forêt Noire où vous pouvez déguster les produits de la distillation locale, des sodas, des jus de fruit en moyennant une petite contribution dans un tronc commun. Ces boissons sont tenues au frais dans une fontaine et le tout est en libre-service ! C’est juste magique.
Première rencontre : des chèvres aux longues oreilles tombantes viennent nous voir et nous observer de leur œil fendu et doré. Nous prenons le temps de quelques échanges et caresses avec elles.
Nous poursuivons dans la forêt par un chemin sinueux et raide, très glissant par endroit, vers le lieu-dit Glasshütte. Le parcours est surprenant, l’or des feuillages, au dessus de nos têtes, nous fait des puits de lumière et les couleurs illuminent le sous-bois. Nous croisons des ruissellements de rochers moussus où quelques êtres fantastiques doivent sans aucun doute surveiller notre passage hésitant. La Forêt Noire regorge de légendes. Nous tombons sur deux petites grottes aménagées et portant chacune un nom : Phillip et Patrick. Il est évident que des nains y habitent !
L’arrivée sur Glasshütte est étonnante. Nous découvrons une roue de moulin agrémentée d’un petit pont suspendu au-dessus d’un ruisseau chantant et un mini barrage où nous accueillent treize oies extrêmement bruyantes. Un panneau indique des mouvements de stretching à faire avec ses bâtons de randonneur (que nous n’avons pas).
Une autre pancarte placardée sur la porte d’une grande ferme, sur le chemin, nous prévient qu’il y aurait un chien en liberté dont il faudrait se méfier. Manuella et moi hésitons sur le sens à donner à cet affichage, n’étant ni l’une ni l’autre familière avec la langue allemande, nous finissons par comprendre que c’est de l’humour !
» Prudence- Chien en liberté – Si le chien vient, allongez-vous et attendez. Si aucune aide ne vient : BONNE CHANCE !!! »
Nous poursuivons, toujours à travers les bois, vers le Schindelskopf, point culminant de notre randonnée. Nous nous égarons un peu car moins attentives à la carte, revenons sur nos pas, retrouvons les bons sentiers toujours bien indiqués.
Après 3 heures de marche, nous nous posons dans une clairière, baignée de soleil, pour savourer notre pique-nique.
Nous redescendons vers Brandmatt, charmant village accroché à flan de colline, où nous tombons sur notre deuxième « schnapsquelle » qui propose même des confitures à acheter en libre-service.
La fin du parcours est extraordinaire. Nous découvrons le paysage romanesque des chutes d’eau de Gaishöll agrémenté de 13 ponts de bois, de 200 marches dans un décor digne des œuvres de Caspar David Friedrich. Manuella et moi, émerveillées, descendons ces gorges gardées par de puissants pitons rocheux granitiques antédiluviens.
Cinq heures de marche dans un univers de contes et de légendes nous ont rechargées en énergie positive.
Le lac Mummel (ancienne cuvette glaciaire) est juste au bord de la schwarzwaldhochstrasse, large et confortable route des crêtes de la Forêt Noire, à 1036 m. au-dessus du niveau de la mer.
Le mummelsee
Habitant au Nord de Strasbourg, je suis à 1h à peine de cette route qui déroule de magnifiques panoramas sur les sommets pétris de légendes parfois sombres de cette forêt bien nommée.
Le lac attire un nombre impressionnant de touristes le weekend. Des bus entiers s’y rendent ! Il y a un hôtel, de quoi se restaurer (repas lourds et gargantuesques baignés de gras et de cadavres) et des marchands du temple qui vendent tous les produits et babioles du coin : liqueurs, eaux de vie, cadavres de cochons, coucous (horloges), marionnettes de sorcières…et un excellent pain cuit dans un four sur place. Tous ces touristes restent cantonnés autour du lac, en font le tour, mangent, consomment et repartent.
Les légendes racontent qu’un fantôme barbu habiterait ce lac et qu’on peut y observer une danse de jeunes elfes les nuits de pleine lune claire (mais visibles que par le promeneur hébergé à l’hôtel !)
D’ après la fable d’ Eduard Mörike, des ondines et autres esprits apparaissent au clair de lune dans la nuit paisible tandis que des sirènes mystérieuses effraient le promeneur solitaire.
Quiconque jetait une pierre dans le lac provoquait de terribles tempêtes et se retrouvait dans les profondeurs de l’eau en guise de châtiment.
Tous ces êtres fabuleux doivent être bien perturbés par l’agitation fébrile des curieux du week end (ou pas !).
Avec Malili, nous sommes parties découvrir les sentiers autour de ce point de rendez-vous touristique.
Les forêts de légendes de la Schwarzwald
La tourbière d’altitude du Hornisgrinde
Vue sur la plaine d’Alsace du Hornisgrinde
La plaine d’Alsace
Nous sommes montées, par un joli sentier de roches en gré si caractéristique de nos montagnes, au Hornisgrindeturm, tourbière d’altitude à 1164 m.
Ensuite, nous avons plongé dans les forêts d’immenses épineux aux larges chemins bordés de mousses, lichens, bruyères, fougères, myrtilles et mûres où nous nous sommes enfin retrouvées seules à savourer le souffle de cette nature emprunte de contes et de légendes. Des sources accueillantes jalonnent le sentier, des calvaires commémoratifs rappellent les fondements chrétiens de cette terre d’Europe occidentale.
Les pistes, toujours clairement signalées pour les randonneurs, sont bordées d’auberges où se poser et se désaltérer.
Les cieux étaient fantasques, prometteurs de pluie.
Notre balade de 3h, s’est achevée par la dégustation de la miche de pain encore chaude cuite au bord du lac.
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[…]Hêtres, charmes, bouleaux, vieux troncs couverts d’écailles,
Piliers géants tordant des hydres à vos pieds,
Vous qui tentez la foudre avec vos fronts altiers,
Chênes de cinq cents ans tout labourés d’entailles,
Vivez toujours puissants et toujours rajeunis ;
Déployez vos rameaux, accroissez votre écorce
Et versez-nous la paix, la sagesse et la force,
Grands ancêtres par qui les hommes sont bénis.
Depuis le temps que j’avais envie d’explorer cette chaume d’altitude dans les Vosges « méridionales », voilà chose faite. Elle culmine à plus de 1300 m. et offre de fabuleux panoramas sur les flans orientaux et occidentaux des Vosges.
Côté « français », l’Ouest.Côté alsacien, l’Est.
Le point de départ de cette randonnée de 5 h se fait au col de la Schlucht (prononcez « chlourt »). Immédiatement, une montée raide sillonne un chemin semé de rochers à travers une jolie forêt de petits hêtres.
Assez vite, nous atteignons la crête, dégagée où les vents sculptent les rares arbres et modèlent les chaumes. Le sentier est large, sableux, semé par endroit de gros cailloux patinés par les pas des marcheurs. La roche affleure partout et fait de magnifiques promontoires aux vues époustouflantes. Nous marchons deux heures sur ce GR5.
Borne décorée.
Judith sur les sentiers d’altitude.
Le lac des Truites.
Les panneaux réinvestis sur le chemin.
Balise de pierre.
La flore est composée de bruyères, massifs de myrtilles, gentianes en fin de floraison, d’herbes aux magnifiques couleurs dégradées qui font un tapis automnal à ces grandes étendues sauvages interdites aux divagations des promeneurs afin de les respecter.
Myrtilles
Gentiane.
« Sapinou » dans la bryère.
Bruyères.
Le chemin sur la crête du gazon.
Nous pique-niquons dans le creux d’un rocher du bastion granitique du Gazon, avec un point du vue exceptionnel sur le lac des Truites et le carillon cristallin des cloches des vaches qui paissent dans les alpages en contrebas.
Arrivées au bastion panoramique du Gazon du Faing, nous redescendons sur le flan oriental du massif par une pente assez raide pour rejoindre ce lac des Truites (le plus haut lac des Vosges) et sa ferme-auberge dans un prodigieux cadre entre tourbière, parois rocheuses abruptes, éboulis de pierres, eaux ruisselantes et chantantes, arbres et sapins.
Le chemin se poursuit à travers des forêts de conifères et de gigantesques arbres semés d’embûches. [Ce qui est pratique avec les bucherons c’est qu’ils te signifient que tu ne peux plus emprunter le chemin mais ils ne te proposent pas de « déviation »].
Comme nous n’avons aucunement envie de faire demi-tour, nous poursuivons sur le chemin interdit (où nous croisons d’autres randonneurs rebelles).
Nous faisons une pause boisson, sur la terrasse de la ferme auberge Gaertlesrain puis reprenons notre randonnée à travers bois où surgit de façon incroyable le lac Vert, surprenant pas sa couleur très particulière. La légende raconte que le diable y aurait jeté son château provoquant cette couleur émeraude. Parce qu’il était vert de rage ? (Je me pose la question car je ne vois pas le rapport avec le château et la couleur).
Explication de la couleur verte du lac.Lac Vert.
L’accès au lac est facile depuis la route des crêtes. Du coup il y avait plein de monde (surtout des personnes âgées) autour de ce lac.
Lac Vert.
L’itinéraire se poursuit sur des sentiers de racines et remonte vers le point de départ par des chemins larges et boisés, tranquilles.
A un moment, deux voies différentes s’ouvrent à notre choix. Nous décidons de prendre par le point de vue de l’ HIRSCHSTEINE. Le guide parle de « sentiers rocailleux et raides qui exigent un pied sûr ».
Le belvédère Hirschsteine.Vue du belvédère Hirschsteine.
Un panneau sur place confirme la difficulté.
Immédiatement après le panneau, un escalier raide en métal descend à flan de roche, remplacé ensuite par une rampe métallique qui court le long de la paroi que nous devons remonter par un sentier parfois inexistant (remplacé par de gros éboulis de cailloux) ou semé de troncs pour compliquer notre tâche. Le précipice est sur notre flan gauche. C’est impressionnant. Je me dis que par temps humide cette voie est impraticable. La vue porte sur les massifs boisés des Vosges vers la vallée de Munster, splendide comme toujours.
Em-bûche de Dama Nature.
Et là, en arrivant au bout de cet escarpement, dans une forêt de conte de fées où les fougères et les mousses font une atmosphère enchanteresse, je me trouve face un chamois. Nos regards se croisent le souffle d’une seconde puis il détalle dans ce prodigieux décor, englouti par le vert soyeux et protecteur des lieux.
Et je reste éblouie par cette rencontre.
Le sentier se poursuit dans la forêt magique, remonte vers le dernier point de vue sur la vallée, le Spitzenfels à 1190 m. et bifurque pour rejoindre notre point de départ.
Dernier point de vue de la randonnée, Spitzenfels.
Hier, Judith et moi sommes parties à la découverte des forêts et panoramas du Brezouard, massif vosgien culminant à 1229 m. pour un tour de 4h15 selon le guide de Bernhard Pollmann « Vosges, 51 itinéraires » des éditions Rother.
L’itinéraire de la randonnée.
Le col des Bagenelles où débute cette randonnée est à 1h30 de Strasbourg, près de Ste Marie aux Mines, sur la route des crêtes. La journée s’annonçait fraîche (enfin !) mais pas humide.
Dès notre arrivée au col, une splendide vue se déploie vers la vallée proche. Le chemin de rando monte doucement par un joli sentier bordé de conifères, noisetiers, hêtres et très vite, d’autres panoramas se dégagent entre les branches des sapins.
Vue du col des Bagenelles.
Le club vosgien, très actif, balise correctement les sentiers et il est difficile de se perdre ou de se tromper si l’on reste attentif.
1ere intersection, nous cherchons notre balise « rectangle rouge ». Et nous nous engageons sur un sentier déjà emprunté mais qui monte tout droit vers le sommet avec une pente hyper raide où la terre meuble constitue l’essentiel de ce chemin.
Je dis à Judith que je trouve ça bizarre. Les montées à flan de colline se font en zigzag et pas sur des chemins où tu glisses tous les deux pas avec une telle pente. Surtout que le guide ne parle pas de difficultés majeures dans cette balade. Mais, comme nous aimons transpirer, nous montons gaillardement toutes les deux. Pas de rectangle rouge le long de cette montée sportive (heureusement que Phlau n’était pas là, elle m’aurait maudite et bannie de ses ami-e-s à jamais !).
En arrivant, suantes et essoufflées, en haut, nous retrouvons le balisage mais qui s’étire sur deux côtés. Nous décidons de suivre celui de droite. Le guide nous avait promis de beaux panoramas durant cette montée, je trouve vraiment bizarre que nous n’ayons eu que la terre et les racines comme vision ! En suivant le chemin de droite, nous passons devant un beau point de vue sur l’énigmatique Taennchel.
Vue sur le Taennchel.
Les Vosges sont magiques et regorgent de lieux chargés en énergie et de recoins où vivent les elfes et les sorcières. C’est sans doute pour cette raison que je m’y sens particulièrement bien.
Sur le sommet, la bruyère est en fleur et exhibe un joli tapis violacé.
Notre chemin redescend (normalement pour remonter vers le petit Brezouard). Joli sentier qui longe la montagne, très agréable. Et je trouve qu’il redescend beaucoup pour finalement nous reconduire à notre premier croisement… {soupir}.
Je me dis que Judith et moi devons aimer les montées pour que l’Univers nous en propose une seconde pour le même prix. Évidemment nous remontons par le joli sentier et non la première montée abrupte.
Et là tout reprend son sens et sa logique. Le guide ne mentait pas {ouf}.
Les chemins de racines de hêtres font un escalier naturel agréable, la mousse adoucit l’écorce des arbres et la dureté des roches, l’air est chargé de délicieuses senteurs boisées.
Le plus beau point de vue arrive enfin, du haut du petit Brezouard, avec ses quelques sapins calcinés et morts qui lui font un collier tourmenté et apocalyptique. De son hauteur, le paysage se déploie à 360°, vers la plaine d’Alsace, le Taennchel… Les nuages s’accumulent à l’ouest, couvrant les reliefs d’ombres fantasques. C’est beau à couper le souffle.
Nous redescendons, imprégnées de cette nature forte et généreuse. Nous nous enfonçons dans une forêt de résineux, sombres et silencieuses, vigilantes sur le balisage.
Au bout de 3 h de marche, nous nous posons dans un champ pour pique-niquer, dans un site de pâturages à l’orée d’un bois. Puis nous reprenons notre balade vers le hameau de Faurupt où une nouvelle montée par un large chemin nous conduit vers le parking d’arrivée.
De grands fermes vosgiennes jalonnent le chemin, certaines décorées de façon fantaisiste et joyeuse, d’autres plus pastorales et bucoliques, de jolies vaches rousses, noires et blanches, saupoudrées de pois qui leur font une surprenante robe bariolée observent nos déambulations champêtres.
Nous retrouvons la voiture, heureuses et satisfaites et là…la poche où j’avais mis les clefs de contact était ouverte ! Pas de trace de clefs, évaporées, volées par les lutins farceurs des Vosges.
Immédiatement, j’élabore un plan de sauvetage. Il est 16h. Attendre que Phlau rentre du boulot, prenne mon double des clefs (dont je ne suis plus tout à fait sûre de l’endroit où il est), trouve ce col (elle n’a AUCUN sens de l’orientation). Judith propose que plutôt d’attendre inutilement sur le parking, nous refaisions un bout de chemin. Je réfléchis, les deux endroits où j’ai posé mon sac à dos sont ma pause pipi et le déjeuner, à une heure du col des Bagenelles.
Nous reprenons donc notre sentier à travers les pâturages, motivées. Là, les vaches se sont échappées de leur champ pour mon plus grand plaisir où je peux aller en papouiller une ou deux pas trop craintive et qui aime mon enthousiasme tactile.
En arrivant à Faurupt, nous croisons des randonneurs qui nous demandent quelques indications. Après les avoir renseignés, je leur demande s’ils n’ont pas trouvé des clefs de voiture à tout hasard. Et là, ils me disent « Oui ! près d’une stère de bois coupés. Nous les avons posé sur la première boîte aux lettres. »
J’ai eu envie de les embrasser, je me suis contentée de dire que je les aimais.
Judith et moi courrons vers la fameuse boîte aux lettres, ou nous ne trouvons rien ! Nouveau dépit.
Judith va sonner chez le propriétaire du lieu, lui expliquant nos déboires. Cette personne bien intentionnée avait récupéré les clefs en allant chercher son courrier.
Quand j’étais à Karmaling, chacun pouvait laisser ses objets n’importe où, personne n’y touchait, car « chaque objet a sa place » donc on retrouve toujours ce que l’on a oublié volontairement ou involontairement.
Je savais que les clefs pouvaient être tombées près de ma pause pipi, c’est là où je les aurais chercher après l’endroit de la pause déjeuner. Si nous n’avions pas croisé ces randonneurs, je n’aurais jamais retrouvé mes clefs car trop de personnes bien intentionnées s’étaient occupées de mes clefs > à méditer !
Je remercie quand même l’Univers de les avoir récupérées .
Sur le retour, nous avons rencontré un chat bavard affamé de câlins, un coq et ses deux poules se baladant tranquillement sur un bout de colline et, courageuses, l’esprit allégé, « re-monté » la dernière pente !
Au final, une randonnée de plus de 5h avec de forts dénivelés et beaucoup d’émotions mais nous aimons ça ♥.