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Escapade sur les rochers de La Petite Pierre

Je ne sais pas pourquoi j’ai une tendresse particulière pour les Vosges du Nord, sans doute le fait que ses sentiers soient moins arpentés que celles du Sud y est pour beaucoup mais pas seulement. Il s’en dégage toute une poésie de conte oublié quelque part dans un coin de ma mémoire, une résurgence de l’enfance où je me dis qu’ici je peux lâcher ce qui me pèse, que ces escapades m’emportent dans leur quiétude vers d’autres rives, loin de cette humanité qui m’oppresse souvent… Mon coin d’utopie, celui où je me sens chez moi et où les limites s’évaporent.

C’est une randonnée facile et bucolique que je vous propose, sur les sommets gréseux près de La Petite Pierre, commune du Bas-Rhin située dans le parc naturel régional des Vosges du Nord.

A cet endroit, la couche de grès, formée il y a 250 millions d’années atteint environ 300 mètres d’épaisseur. La pluie et les ruisseaux ont érodé et façonné la roche formant ainsi les falaises, les pitons, les vallées et les cuvettes des Vosges du Nord.

J’y étais en février et y suis retournée début mars, une de mes dernières « sorties » avant cette étrange période de libertés supprimées. Le circuit est jalonné de rochers aux points de vue splendides.

Le départ se fait au parking de la Maison forestière Groupement Ornithologique du Refuge Nord Alsace. C’est l’entrée du site Natura 2000 « Vosges du Nord » et de la Réserve nationale de chasse et de faune sauvage de La Petite-Pierre. J’ai toujours du mal à associer tuerie (chasse) et la protection d’un espace. Mais je ne vais pas m’étendre sur ce sujet. Le lobby de la chasse est puissant et sait s’immiscer dans les plus hautes instances pour justifier ses tueries.

Les milieux traversés sont rares et protégés. La balade nous emmène d’abord vers le rocher de Loosthal (367 m.) , premier point de vue sur les collines boisées de résineux et de feuillus encore dénudés au coeur de l’hiver du Spitzberg et du Brudersberg.

Le rocher suivant est le Finkenstein mais il n’est pas accessible, protégé par une corde qui en interdit l’accès pour cause de nidification. Les panneaux interdisant son accès ne sont pas plus explicites.

Très vite on arrive au Rocher du Cerf (le Hirschfels), la vue est à couper le souffle. Excepté le château de Hunebourg aucune construction humaine n’apparaît. Ce domaine est l’endroit de prédilection du cerf élaphe . Un petit kiosque s’y trouve. En mars, un sapin s’est effondré sur lui suite aux violentes tempêtes de cette période mais ne l’a pas détruit.

Le chemin se poursuit vers la route forestière du Breitschloss, nous arrivons rapidement à la zone marécageuse du Lach pour le plus grand plaisir de Suzy.

La balade continue sur de larges sentiers qui nous amènent tranquillement au Rocher du Saut du Chien (le Hundsprung) composé de trois plateformes.

De là, un magnifique panorama s’offre à nous et nous décidons de nous poser à cet endroit pour pique-niquer (début mars). Une légende raconte que certains soirs d’été, quand le temps orageux perturbe les animaux, un grand chien noir aux yeux de feu saute d’un rocher à l’autre. Malheur aux passant-e-s qui voudraient le suivre, car il ou elle tomberait dans le vide et cette chute serait fatale. Mais heureusement, depuis la construction des trois passerelles, on risque moins de tomber dans le piège de cet étrange animal.

Gaston et Colette. L’enjeu de la pomme.

Ensuite on a fait un petit aller-retour jusqu’au rocher du Bélier pour nous repaître encore de cet extraordinaire panorama boisé mais sous un autre angle. Je ne me lasse pas de ces immenses solitudes délaissées des humains.

Le retour se fait par la Cabane du Breitschloss, étrange petite maisonnée isolée au cœur de la route forestière goudronnée du même nom que nous empruntons sur quelques centaines de mètres. Ensuite nous bifurquons sur notre gauche pour suivre le chemin du Mühlkopf. Ce dernier nous amène à d’autres points de vue sur La Petite Pierre cette fois ci.

Route forestière du Breitschloss

Le retour suit, par des sentiers moussus et d’autres points de vue impressionnants, la route forestière du Breitschloss sur les deux derniers kilomètres. Nous y trouverons même un bois de cerf.

Ce qui est certain est que j’y retournerai dès la levée du confinement, histoire de découvrir ces contrées noyées dans le camaïeu vert du printemps avancé.

14 mai.

3 jours que le déconfinement est en place. Chose promise, chose faite : je suis retournée sur les sentiers boisés de cette contrée et les verts ont enchanté la forêt…

Entre landes, vignes et religion : Rosenwiller et ses tresors.

Vue sur Rosenwiller

En ces temps étranges de confinement où le présent semble s’éterniser dans une boucle d’intemporalité, j’ai pris quelques heures pour trier mes photos et je me suis dit que j’allais peupler mon blog (délaissé) de mes errances d’hiver. Ces intervalles de bonheur, dans les montagnes proches, sous des cieux chargés de sombres nuages bien loin de l’indécence de ce printemps au soleil ravageur et moqueur nous cloisonnant dans une prison de 1 km de circonférence.

En février, nous sommes parti-e-s sur les sentiers des collines du Holiesel et du Berg aux landes arides, entités naturelles les plus typiques et rares d’Alsace, préservées d’ailleurs par le Conservatoire des Sites Alsaciens. Y poussent des pelouses sèches parsemées de buissons et de quelques bouquets d’arbres qui abritent orchidées et anémones pulsatilles entre autres trésors.

La randonnée est facile et courte (11 km) à travers des collines boisées ou viticoles qui s’ouvrent sur la plaine alsacienne.

Anémone hépatique

Les chemins étaient détrempés par les pluies régulières de ce mois de février. Dans les sous bois, nous avons même pu contempler le duvet délicat et d’un magnifique bleu soutenu de l’Anémone hépatique. Nous nous étions dits que nous reviendrions au printemps pour apprécier l’explosion de la végétation…peut être en 2021 ?

Le sentier emprunté traverse pour une grande part le vignoble de Dorlisheim. Le retour s’achève sur les hauteurs de Rosenwiller par le Holiesel et par la traversée du village jusqu’au joyau que forme le cimetière israélite.

Il est situé en bordure de forêt, ceint d’un haut mur qui le protège des intrusions. Des gendarmes veillent. Ce cimetière est l’un des mieux conservés d’Alsace où la communauté juive est présente depuis de longs siècles. La date de sa création est inconnue, on sait juste qu’il existait déjà au XIVè siècle.

Un pogrom eut lieu à Strasbourg le 14 février 1349, « le massacre de la St Valentin », où la communauté juive fut faussement accusée de propager la peste noire et des familles entières furent massacrées réduisant la population juive à moins de 100 familles dans toute l’Alsace. Ce n’est qu’à partir du XVIIIè siècle qu’on enregistre une augmentation des inhumations. En 1747, une première extension est réalisée et l’endroit est clôturé.

En 1793, en pleine Terreur révolutionnaire, le cimetière est dévasté. Les registres du lieu seront détruits durant la seconde Guerre mondiale et seule une copie de 1936 permet de retracer son histoire jusqu’en 1753.

Du moyen-âge à nos jours, on estime qu’environ 7000 personnes furent inhumées en ces lieux.

« Il m’a dit que lui aussi adorait s’asseoir dans les cimetières, et qu’il trouve que ce sont les endroits les plus paisibles du monde. »

L’étrange vie de nobody owens – Neil Gaiman

Au-dessus des nuages, le Melkereikopf

Au loin, la ligne bleue des Vosges.

Où ai-je passé la première journée de cette nouvelle décennie ?

Sur les larges sentiers d’un sommet allemand que j’affectionne pour ses vues dégagées qui emportent loin l’imaginaire et abritent mes rêves et mes espoirs : le Melkereikopf.

Ce sommet culmine à plus de 1000 m. d’altitude et offre de beaux panoramas sur la vallée du Rhin et les vallons voisins de la Forêt Noire.

Situé à 1h de route de Strasbourg, c’est un endroit idéal pour se déconnecter du froissement urbain et de la pollution qui stagne souvent dans la plaine d’Alsace.

En ce 1er janvier, une purée de pois, à la grisaille pesante, plombait la ville à peine éveillée des violences de cette nouvelle année. Oui, violence. Un mort humain tué dans son jardin … et je ne parle pas de toutes les vies inquiétées, terrorisées et décédées des autres animaux pour cette tradition déplorable des pétards à lancer lors de ce jour de l’an qui n’est que le choix arbitraire d’une temporalité rythmant le cycle annuel. Une impression de guerre envahit les rues strasbourgeoises à ce moment là et me décourage, à chaque fois, d’avoir foi en mon humanité.

Les trottoirs, au petit matin, étaient jonchés d’immondices.

Nous avons fui cet état sinistré, cette grisaille moribonde, cet univers apocalyptique.

Je sais que là-haut, dans mes montagnes proches, la lumière et la sérénité sont au rendez-vous.

Nous sommes parti-e-s à 6 humains et 4 chiens dans la grisaille de ce lendemain d’excès vers d’autres paysages.

Là-haut, nous avons défait et refait le monde.

Nous nous sommes gorgé-e-s des vues époustouflantes au camaïeu bleu, estampes dessinées par la nature où se perdaient nos espérances. Nous avons rêvé d’un autre monde, plus respectueux. Nous avons aussi contemplé en silence la beauté des vallons se déployant à l’infini. Nous nous sommes repu-e-s de cet air vivifiant où dansaient des éclaboussures de soleil.

« Ma bande » d’activistes prêt-e-s à œuvrer pour un monde plus juste. Tous les individus présent-e-s sur cette photo ne sont pas zoophages, en cohérence avec les actes qu’iels posent.

« Nous rêvons au bonheur universel, nous voulons l’humanité libre et fière, sans entrave, sans castes, sans frontières, sans religions, sans gouvernements, sans institutions.  » Louise Michel

Le Schurmsee, mon précieux.

Dans mon circuit d’eau de cet été, je continue mes explorations des lacs glaciaires du Nord de la Forêt Noire.

Cette fois ci c’est au Schurmsee que je vous emmène. En raison de son emplacement isolé il est l’un des lacs les moins visités de ces vallons boisés.  Je l’avais repéré sur mes cartes topographiques, petite tache bleue isolées au cœur du vert des forêts.

J’ai testé un circuit qui nous a amené à faire plus de 1000 m de dénivelé et 18 km. Nous avons traversé des chemins oubliés, envahis de fougères, de mousses humides et de rochers au chaos apocalyptique. Sente escarpée à flanc de falaise, obturée par des troncs gigantesques de sapins tombés là, vestiges de l’hiver qui fut rigoureux et dévastateurs pour les résineux.

Je vous ai redessiné un tracé plus faisable, moins dangereux et légèrement plus court (15 km).

La randonnée part du village d’Hundsbach, il faut prendre un chemin qui descend entre les maisons et qui est indiqué comme étant « privé » car il est interdit à la circulation des voitures. Ce chemin conduit par une forte pente à un pont au-dessus de la rivière qui coule au pied du village. A partir de là on emprunte de larges sentiers qui se font sentes au fur et à mesure de la montée, bordés d’une magnifique forêt de résineux, fougères, mousses et bruyères en fleurs parfumant notre chemin qui nous conduit au Schurmseehöhe sur 4 km.

C’est le point de vue sur le lac à 960 m d’altitude, un banc invite à une première pose contemplative.

La beauté farouche de ces cirques m’émeut toujours. Le temps semble se suspendre là, dans une éternité improbable où s’efface tout ce qui me pèse. Marcher m’allège. C’est comme si je me délestais de tout ce qui entrave mes pensées. La nature à cet effet puissant sur moi d’apaiser toutes mes colères et de me rendre juste contemplative et émerveillée par ce qui palpite autour de moi et en moi.

La descente vers le lac fut épique et dangereuse car le chemin n’a pas été déblayé depuis cet hiver, est entravé et délaissé (j’ai donc modifié le tracé).

Il est possible de faire le tour du lac, situé à 794 mètres d’altitude, ses abords proches sont inaccessibles afin de préserver le biotope, protégé par une barrière de bois. Ce lac s’est formé à la fin de la dernière période glaciaire, il y a environ 100 000 ans. C’est un des plus profonds lacs glaciaires de la Forêt Noire (13 m de profondeur). Un tiers du lac est déjà ensablé. A long terme, il sera complètement envasé. Sa couleur sombre et dorée, comme toutes les eaux de la Forêt Noire que je traverse, est due aux substances humiques. Cette couleur fuligineuse me fascine, baignée par le soleil, elle prend des reflets or miroitant dans les éclaboussures de lumière qui la rendent précieuse et incomparable.

Je pourrais rester des heures dans ces creux de nature. Juste posée là à écouter ces vibrations infimes qui résonnent dans chaque cellule de mon corps.

La forêt autour du lac est luxuriante et nuancée d’un camaïeu vert, témoin de la richesse de son écosystème.

Le retour se fait par de larges sentiers qui offrent de belles vues sur les collines avoisinantes.

Nous avons fait une dernière pause sur le chemin du retour, au pied du village, là où chante la rivière sur les rochers moussus, des bancs nous ont invité-e-s au repos.

« Nul ne peut, sans se dépasser, apprendre de lui-même qui il est. Ce qu’on croit en penser n’a aucune importance : il faut y aller voir, y aller, se risquer, jusqu’à ce que le mystère passe de notre côté. » Armel Guerne (1911-1980)

Mitteltal, le village aux milles sources

Je vous invite à parcourir un circuit empreint de poésie où les larges chemins empierrés parsemés de framboisiers sauvages et de myrtilles (nous nous sommes régalées) alternent avec des sentes à flanc de coteaux tapissées de racines qui font de noueux escaliers pour monter vers les sommets aux vues panoramiques. Les chemins traversent des forêts où les mousses et les fougères forment de généreux tapis verts. L’eau ruisselle partout sous diverses expressions et rafraîchit les jours d’été caniculaires.

Vue sur Mitteltal.

Ce circuit débute à Mitteltal souvent désignée, en raison de ses nombreuses eaux, comme village de sources.

Le circuit de cette randonnée de 16 km est téléchargeable.

Circuit de la randonnée.

Les premiers kilomètres se font le long d’une rivière, la Boserellbach et sont parsemés de fontaines et de chalets où s’abreuver et se poser.  Cette surprenante rivière a été aménagée en escalier par l’humain, ce qui lui fait des paliers chantants et parfois elle se transforme en cascade joyeuse, dévalant gaillardement ces marches empierrées surprenantes.

Vers le 5è km, un pont en bois la traverse et nous conduit vers les hauteurs ravagées en 1999 par l’ouragan Lothar en passant devant la Sauerbrunnen (qui signifie puits acide). La pierre où s’écoule l’eau a pris une surprenante couleur or car c’est une source de soufre.

La Sauerbrunnen

Le décor de cette montée est impressionnant. La jeune végétation y est vigoureuse et dense.

Vue en arrivant en haut de la montée.

On arrive très vite au sommet, le chemin s’élargit, deux, trois bancs sur ce parcours invitent à la contemplation des collines boisées enchanteresses qui se déploient sous nos yeux. On reste sur ce sentier de crête un bon kilomètre avant de reprendre la descente toujours par de larges pistes caillouteuses. Sur les panneaux, on suit la direction de Mitteltal, 7,5 km.

Après le 8è kilomètre, on pénètre à nouveau dans la forêt magique. Au détour d’un virage, les Rosshimmel Wasserfall nous surprennent. Cascade toute en hauteur, grandiose, au cœur de toute cette verdure.

Rosshimmel Wasserfall

Le chemin se poursuit tranquillement vers l’Ellbachsee, lac glacière située dans une réserve naturelle régie par la législation européenne sur la protection de la nature, Natura 2000.

Ce lac, niché dans un cirque boisé, est en phase d’envasement, des îles de tourbe y flottent. Il est peu profond, ses eaux noires content à l’imaginaire de fabuleuses histoires habitées par les sorcières qui peuplent ces espaces. La Forêt Noire la bien nommée.

L’Ellbachsee.

La randonnée se poursuit à travers le Gutellbachtal vers Mitteltal. Près du 11è kilomètre, il faut être attenti-ve-f, soit on passe à gauche d’un ru et on continue sur un chemin « facile », soit on traverse ce ru et on prend un tout petit sentier nommé « Abenteuerpfad » sur la carte, quasi caché mais indiqué par un losange blanc cerclé de bleu et vert. Cette sente s’enfonce dans les résineux, traverse des bosquets de myrtilles, des eaux ruisselantes, des forêts impressionnantes de fougères, serpente dans la montagne, chemin sans doute emprunté par quelques êtres d’un monde fantasque mais visiblement par peu d’humains.

Quand la sente rejoint l’allée plus large, en bas, un panneau indique qu’il s’agit d’un « Chemin d’aventure », il met en garde que ce chemin doit être « emprunté par des randonneurs et randonneuses expérimentées et bien équipées ». Et bien, nous sommes ravies de l’apprendre après la traversée. C’est sans doute mieux ainsi, notre pas est resté sûr et confiant alors que si j’avais découvert ce panneau au départ, j’aurais été plus craintive.

Chemin d’aventure – ce chemin doit être emprunté par des randonneurs et randonneuses expérimentées et bien équipées  !

Après le 12e km, il faut être attenti-ve-f pour prendre un autre petit sentier sur la gauche qui traverse une zone moussue, tapissée de fougères et peuplée de résineux qui conduit à un campement dans une large clairière où nous trouvons des bancs installés autour d’un foyer, une boite étanche contenant un carnet noir où laisser une trace. Nous nous posons. Il s’agit du trekking camp de Gutellbach.

Les derniers kilomètres se font le long d’une autre rivière, la Guter Ellbach, au cheminement tout aussi bucolique. Les framboisiers sauvages y foisonnent. L’eau continue de ruisseler de partout. Le village porte bien son surnom.

Ego portrait à la fenêtre.

« A l’échelle cosmique, l’eau est plus rare que l’or. » 
Hubert Reeves

Sur les rives des lacs glaciaires : le Huzenbachersee

Cet été pas de voyage prévu. En fait, l’été est le moment où je peux profiter du jardin, flâner, paresser et être totalement libre de mes désirs dans un lieu que j’aime et qui m’est familier : ma maison.

Huzenbach, du haut du village…contempler.

Les derniers mois ont été très laborieux et harassants, le militantisme me prend beaucoup de temps et d’énergie et mon enquête dans une pisciculture locale alsacienne m’a très fortement éprouvée. Je navigue entre la colère et la tristesse. Me résigner est impossible. Alors j’ai besoin de m’évader et j’ai la chance de vivre à côté de montagnes légendaires où je peux y perdre mes pas et me retrouver entière au cœur d’une nature dont chaque vibration fait écho aux palpitations de mes pensées.

Pour choisir mes destinations, je pars de mes cartes topographiques que j’étale sur la table de mon salon et je peux passer des heures à les parcourir, me projetant avec bonheur dans les courbes de relief, les tracés et les noms qui sont déjà mon début d’aventure. Par ces éprouvantes chaleurs, mes choix sont guidés par la présence soit d’un lac, soit d’une cascade. Rester en zone urbaine est étouffant et il y a toujours plus d’air et de fraîcheur sur les sentiers boisés de la Forêt Noire ou des Vosges, bien que j’aie une tendresse très particulière pour la première.

Aujourd’hui je vous emmène à la découverte d’un un petit lac glaciaire à 747 m d’altitude, niché dans un cirque verdoyant, formé il y a environ 25 000 à 30 000 ans : le Huzenbachersee. Il est au cœur de la forêt, à quelques kilomètres du joli village de montagne qui porte le même nom : Huzenbach, rattaché à la municipalité de Baiersbronn. Beaucoup de légendes lui sont liées.

C’est un tour circulaire de 11 km et un peu plus de 600 m de dénivelé. Les sentiers empruntés sont larges, faciles et enrésinés.

Tracé de la randonnée

La pluie a même été présente un moment, un cadeau par ces températures caniculaires. Je ne l’attendais pas. J’étais en sandales (oui je randonne parfois en sandales car je n’aime pas me sentir emprisonnée dans le carcan des chaussettes + chaussures). D’ailleurs je n’ai pas de chaussures de randonnée. C’est soit sandales, soit mes baskets légères que j’utilise aussi pour courir.

La seule difficulté de cette marche est la descente vers le lac. C’est aussi le moment le plus beau et le plus féerique. La sente est étroite, raide et sinueuse, elle sillonne le flanc de montagne avec quelques troncs d’arbres en obstacles et beaucoup de racines noueuses et de fougères luxuriantes. Une petite cascade, malheureusement à sec quand nous y étions, la traverse, au bout de ce chemin, le lac à la surprenante géométrie.

Une île circulaire s’y trouve, pelouse flottante constituée d’un réseau dense de racines, de mousses et de jeunes bouleaux. Le tarn est habité par une myriade de nénuphars jaunes dont les fleurs sont becquetées par les canards.

On s’est posé là et on a déjeuné.

La végétation autour du lac est surprenante. En 2012, une tempête a détruit près de la moitié de la population d’arbres. On a le sentiment d’une fin de monde, d’un chaos apocalyptique déjà englouti par une nature puissante qui reprend ses marques. Les troncs brisés, écorchés, blanchis font des fantômes immobiles qui témoignent de leur grandiose vie passée.

Le retour se fait en traversant cette lande renaissante, puis le long d’un ruisseau, le Seebach, bienvenu pour rafraîchir Suzy qui nous accompagne. Les résineux reprennent très vite la prééminence dans la forêt.

Rochers de légendes aux portes du Walhalla

Rochers de légendes aux portes du Walhalla

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Dans l’exploration hebdomadaire de mes sentiers proches, je suis partie à la découverte des rochers des Vosges moyennes, entre Saverne et Sélestat.  Ces  lieux furent jadis peuplés de personnages étranges et légendaires. Des dieux, des guerriers, des elfes, des lutins ou des géants qui, au cours des siècles, se sont pour la plupart transformés en rochers porteurs de mythes nourrissant la part fantasque de notre humanité.

Sur les hauteurs d’un des 3 châteaux du site d’Ochsenstein.

Il y a plus d’un an j’avais découvert les majestueuses ruines du château d’Ochstenstein bâti sur 3 éperons de grès, dans la forêt domaniale de Saverne. C’est l’un de mes châteaux préférés en Alsace. Ce sont des ruines qui invitent à l’escapade de l’imaginaire et me projettent immédiatement dans les contrées des contes de fées de mon enfance. C’était par un jour d’avril gris que j’avais exploré pour la première fois ces lieux. L’été, l’ambiance change et la nature luxuriante fait un écrin foisonnant à ces pierres délaissées.

La maison forestière du Schaeferplatz.

Le départ de cette randonnée d’une bonne quinzaine de kilomètres et de plus de 500 m. de dénivelé se fait à partir du parking de la maison forestière de Schaeferplatz.

Circuit de la randonnée

A partir de là, il faut emprunter le balisage rectangle rouge/blanc/rouge qui conduit rapidement  par une montée ardue au premier rocher du parcours : celui du Hibou, piton de grès isolé dans la forêt.

Le rocher du Hibou.

Le chemin continue pour nous mener au rocher voisin du Hirschberg -montagne des cerfs, alt 555m- ( où trône le siège de Wotan ou Odin , dieu du Walhalla). C’est de ce lieu qui surplombe les collines boisées qu’ Odin observe les 9 mondes de la cosmologie nordique.

Tout au loin, le rocher du Dabo.

En montant vers le Hirschberg…

Vue sur le Krappenfels.

Le généreux panorama qui s’y déploie offre une vue vers le rocher du Dabo et le Krappenfels que nous explorerons plus tard dans la journée. Nous revenons sur nos pas pour retrouver le sentier au même balisage qui s’enfonce en descente dans les sous-bois (direction Lothringer Bächel) . 

Assez vite nous rejoignons un premier carrefour, celui du Billebaum.  

Au pied du reste du hêtre foudroyé, un cœur noir.

Un hêtre remarquable, d’une circonférence de 615 cm et âgé de 350 ans environ,  s’y trouvait mais il  fût victime d’une tempête le 25 mars 1989. Il n’en reste que les bases de son tronc édifié en mausolée.

Qui connait encore le mot transistor ?

 

Le chemin continue en suivant la direction de la maison forestière du Haberacker, traversant un paysage aux verts tendres et à la végétation luxuriante. 

A partir du parking de cette maison forestière, suivre le rectangle bleu (direction Geissfels) qui conduit, par une nouvelle montée assez vigoureuse à travers des sapins, à une immense clairière où le rocher de la Spill sera indiqué.

Le raide chemin menant vers la Spill et le Geissfels.

Voilà notre deuxième rocher de légende, monolithe haut de 9 m, qui représente pour certain-e-s le fuseau de Dame Berchta pétrifié.

Un visage menaçant se découpe dans le rocher.

La Spill

Sa légende est racontée sur le site de Randoalsacevosges : Dans la mythologie germanique, puis dans la tradition alsacienne, le travail du rouet devait être interrompu entre Noël et le jour des Rois. Cette période de l’année est aussi appelée Raunächte  (nuits de l’effroi). Jusqu’au 23 décembre, les jours raccourcissent, car le soleil, fasciné par la roue des fileuses se laissait entraîner dans l’obscurité par cette roue qui tourne. Les fileuses devaient donc arrêter leur travail, pour donner au soleil le signal d’inverser sa course, sinon toute la création était condamnée. Le diable, dont le but est de détruire toute chose, était à l’affût. Il apporta donc des fils d’argent à Dame Berchta, qui ne pouvant résister, se laissa prendre au piège. Elle commença immédiatement à filer, oubliant qu’on était le 23 décembre. Dame Berchta filait et le rouet tournait et tournait. Le Créateur voyant son oeuvre menacée, déclencha un terrible orage, la foudre détruisit la maison de la fileuse. Seul subsista son rouet sous la forme d’un fuseau, la Spill. Durant ces fameuses Raunächte, si vous collez votre oreille contre le rocher; vous entendrez travailler Dame Berchta.

D’immenses pylônes balafrent le paysage près du Geissfels.

Il faut revenir sur ses pas pour continuer le circuit vers le Geissfels (rocher de la chèvre), autre lieu de légende…

On raconte que le Geissfels est une des portes qui mène vers le Walhalla.  En dessous du rocher qui surplombe le paysage se trouve une grotte où se réunissaient les guerriers défunts en attendant que leur âme rejoigne le Walhalla. Pour leur donner l’énergie nécessaire à leur passage, une chèvre, debout au dessus d’une fissure donnant sur la grotte, leur donnait le lait nutritif de l’immortalité. Le Walhalla n’est autre que le paradis des guerriers méritants. (cf : Rémy Clodong « De Wangenbourg à Urmatt – Circuits dans les Vosges »). La vue y est superbe et donne sur le rocher du Dabo dont on s’est rapproché.

La randonnée se poursuit en empruntant toujours le balisage rectangle bleu qui descend à flan de montagne et contourne par le dessous le Geissfels.

A un carrefour plus bas, il faut continuer par le rectangle rouge GR53 (sur la droite) qui nous ramène à la maison forestière du Haberacker.

C’est là qu’il faut reprendre le rectangle bleu qui va traverser tous les rochers suivants et nous conduire vers les magnifiques ruines de l’Ochstenstein où s’emmêlent promontoires rocheux et vestiges médiévaux.

 

Quelques marches nous mènent sur le plateau du Schlossberg.

Les fougères souffrent des températures caniculaires de l’été.

La ligne de crête traversée offre un admirable panorama sur la plaine d’Alsace à l’Est et les reliefs boisés de la Lorraine à l’Ouest.

La plaine d’Alsace

A un endroit, au pied d’un arbre se trouvent, Hugin (esprit) et Munin (mémoire), les 2 corbeaux d’Odin transformés également en rochers. Dans la mythologie nordiques, ces 2 messagers parcouraient le monde de l’aube au crépuscule. Le soir tombant, ils rentraient murmurer à l’oreille de leur maître ce qu’ils avaient vu et entendu durant la journée.

Nous entamons ensuite une nouvelle descente dans la forêt assombrie par les sapins qui va nous mener au col du Krappenfells et à l’imposant éperon de conglomérat du même nom qui est la sentinelle gardant l’accès au Wuestenberg, visible depuis le Schlossberg. 

Là nous entrons dans un autre pan de l’intemporalité et partons sur les chemins de la préhistoire. La vue qui s’y déploie est à couper le souffle.  J’ai envie de me poser là, de ne plus repartir, de savourer ces panoramas qui commencent à être nimbés de la lumière particulière de la fin d’après-midi, celle qui ressemble à une caresse sur les verts de la forêt.

 

Un arbre foudroyé.

Le plateau du Wuestenberg était un refuge préhistorique dont subsistent encore des vestiges de murailles aux endroits non protégés par la ceinture naturelle des rochers.  Aujourd’hui, on appelle ces murailles, le « mur païen », comme à peu près toutes les constructions datant d’avant la naissance du Christ.  Les restes de ce mur païen (environ 1m de haut sur 1,5 m d’épaisseur) coupe le plateau dans le sens Est-Ouest. Des tuiles gallo-romaines et des fragments de meules datant de la tène (2ème âge de fer allant de -400 à -58 ) ont été découvert-e-s au XIXè s. Une grande partie, de ce mur païen en pierres sèches, sera transportée vers le Schlossberg et réutilisée pour la construction du château d’Ochsenstein.

Le mur païen

Le mur païen

Pierre des druides

Vestiges d’un habitat très ancien.

La forêt habitée.

D’autres vestiges marquent cet endroit : une énigmatique Pierre des Druides, un soubassement d’habitat… Des meules dormantes sont également disséminées sur le plateau du Wuestenberg, preuve que les humain-e-s occupaient cette montagne de façon durable. Une puissante force tellurique habite cet endroit.

Cairn

Dans l’enthousiasme de nos découvertes nous avons manqué le sentier de descente et nous nous sommes un peu égarées dans les bois de feuillus alentours♥.

On a finalement retrouvé le rectangle bleu empruntant une sente qui plonge à travers la forêt sombre,  à un moment il y a un croisement de chemins et il faut suivre la direction « maisonnette de pierres », qui bifurque sur la gauche et qui nous mène à la fontaine HaemmerlinJ’ai entendu de loin chanter son mince filet d’eau. Par ces fortes chaleurs estivales, nous y avons trempé nos bras, lavé nos mains et notre visage et sa fraîcheur fut revigorante.

La fontaine Haemmerlin

La descente se poursuit et conduit à un petit pont de bois qu’il faut traverser au dessus du ruisseau Langenthalbach.

A partir de là il faut suivre le balisage rectangle bleu/blanc/bleu sur la droite qui remonte en pente douce vers notre point de départ (en 20 minutes).

♥ Je suis retournée sur les lieux la semaine suivante et j’ai trouvé le sentier que nous n’avions pas vu la première fois et pour cause, nous étions littéralement happée par l’attraction du site néolithique. Le sentier descend quasiment à flan de paroi au début du site, juste avant le panneau qui indique la Pierre des Druides. Un cairn en marque le passage. Ce sentier traverse la forêt en zigzaguant et plusieurs cairns aux formes amusantes égrènent le chemin.

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LES ARBRES ME PARLENT, DIT IDIR

Que racontent donc ces végétaux en leur majesté ombrageante ?
Quelles vertus relatent-ils à travers leur douce chorégraphie…
ainsi menée par le vent ?
Sont-ce des paroles augurantes ou le récit de leur trace séculaire ?

Ces arbres demeurent le symbole d’une nature meurtrie qui s’époumone
reclus dans un bastion précaire, à l’abri de « celui » qui la saccage puis la préserve

Zéphyr et brise bousculent alors les feuillages de leur souffle salvateur
Que racontent donc ces murmures ?

Nadia Ben Slima, 2015

 

 

 

 

Le Wildsee, le bien nommé.

Le Wildsee, le bien nommé.

J’aime la pluie. J’aime la pluie dans ce qu’elle a d’intime et de nourrissant, dans son potentiel à créer des moments de solitude particuliers qui forcent le repli sur soi. J’aime la pluie dans sa dimension mélancolique aussi, ce vague à l’âme qui s’ouvre et laisse couler un état de l’être plus lent et plus attentif.

Mais j’aime surtout la pluie au cœur de la nature où elle devient chantante, palpitante et magnifie les paysages, créant des univers de contes, fantasques et fantastiques. Le trésor de ces ondées est que les humains les esquivent. L’être humain n’aime pas être mouillé de façon générale. Pourtant c’est là qu’une autre dimension s’ouvre avec la nature. C’est dans ces moments, qui sont de grâce pour moi, que je peux totalement me fondre avec le macrocosme. Je suis l’herbe qui vibre, l’eau qui ruisselle de partout, chantante et joyeuse, la feuille qui s’égoutte, l’oiseau qui continue son chant au-delà du chant de l’ondée, la brume qui habille les paysages de voiles mouvants et les fougères qui chuchotent au vent leur ravissement de pouvoir s’épanouir à nouveau, repue et exaucée.

C’est donc sous une pluie continue que je suis partie explorer d’autres sentiers de la Forêt Noire.

Sarah

En ce moment, je me glisse avec plaisir dans les cartes topographiques qui s’amoncellent sur mon bureau. J’aime cette lecture particulière qui m’invite à transposer mon imaginaire au delà des courbes de dénivelés, des chemins qui se croisent et s’entremêlent, des espaces hachurés, bleutés, blancs ou noyés de vert. J’y cherche encore et toujours l’eau.

C’est la rondeur bleue et minuscule de ce lac appelé le Wildsee qui a attiré mon oeil sur la carte Kompass 877.

J’ai donc dessiné une boucle de randonnée pour découvrir ce lac d’origine glaciaire situé au cœur d’un environnement quasi intact, préservé.  Boucle d’une quinzaine de kilomètres et d’environ 500 m de dénivelé.

Sarah m’a accompagnée dans la découverte de ces nouveaux sentiers.  Comme moi, elle aime entendre chanter la nature sous la pluie.

Nous sommes parties du parking de Seibelsecke (à côté du Mummelsee), empruntant une sente en descente entre les conifères et les fougères denses pour rejoindre le ruisseau tumultueux du Kesselbach.  Une eau dorée et vive déferle sur des cailloux moussus et rebondit gaillardement sur tous les obstacles qui entravent son impétuosité.

La sente de la toute première descente menant au Kesselbach.

Le ruisseau du Kesselbach.

Le chemin suit son parcours en direction d’Hinterer Langenbach. A un moment, nous avons traversé un large pont de bois et poursuivi sur un sentier longeant un enclos de biches curieuses où trônait également un magnifique cerf.

Au hameau d’Hinterer Langenbach, la direction du Wildsee est indiquée à 5 km vers le Sud. C’est là que débute la montée. Les chemins s’élargissent. Tous sont noyés par l’eau de pluie. Nos pieds sont trempés mais peu importe. Chaque nouvelle perspective déploie une infinie de panoramas tous plus beaux les uns que les autres. Nous avons même croisé une salamandre.

C’est sur les plus hautes altitudes que les sentiers se rétrécissent à nouveau, traversés de racines noueuses et glissantes, de flaques frissonnantes sous le martèlement régulier de la pluie qui ne faiblit pas.

L’arrivée au lac est soudaine, il apparaît dans une échancrure de paysage, discret et solitaire, beauté farouche protégée par des sapins sombres à la cime noyée de brume. Nous y restons un moment savourant la plénitude de l’instant. Un abri de bois nous offre le refuge.

La remontée se fait par un sentier étroit et raide semé d’embûches et de rochers.

Quand les traces de la terre forment des cœurs…

Les hauteurs gardent les séquelles de la tempête Lothar de décembre 1999.

La pluie a cessé mais le paysage est clos par un habit de brume dense. Sur la crête, nous rejoignons une route forestière plus large où les nuances infinies des verts de l’été s’emmêlent au violet des bruyères en fleurs.

C’est par cette piste plus large que nous retrouvons le parking du départ en passant devant l’imposante Darmstädter Hütte.

Darmstädter Hütte

« chers randonneurs, faites attention à ce que vous laissez en forêt et dans la prairie. bouteilles, boites ( de conserves) et papier, nous vous le demandons, ne laissez pas ces choses ici. les emballages se laissent facilement rapporter chez vous, si son contenu se retrouve dans l’estomac. ramenez-les à la maison, jetez-le là bas, car les déchets sont en forêt ou dans la prairie au mauvais endroit. » (Merci Jean-Marc pour la traduction.)

Panneau se situant près de la Darmstädter Hütte > « Que tout ce qui a du souffle ( qui respire ), loue le Seigneur » (extrait de la Bible) « Notre pays avec sa splendeur, ses montagnes, ses campagnes, sont les témoins de ta puissance, les traces de ta bonté paternelle tout en nous adore, tu nous as fais quelque chose de Grand » – Kaspar von Greyerz- (et encore Merci à Jean-Marc pour la traduction !)

Trempées mais heureuses !

Etant tombée en amour de ce lac, j’y retourne avec grand plaisir d’autant qu’il n’est qu’à 3/4 d’heure de ma maison. Voici quelques photos prises dans la lumière solaire de l’été.

WE à BELCHENBACH au cœur de la Nature

Belchenbach- Deux jours  chez Alain & Sabine

17/18 juin 2017

C’est avec un immense plaisir que j’ai retrouvé Alain et Sabine dans leur maison accrochée à flan de colline au pied du Petit Ballon des Vosges. Ce lieu est classé  gîte PANDA de WWF cela signifie qu’il est au plus près de la nature : toilettes sèches, autonome en électricité, permaculture, nourriture végane et pour s’y rendre il y a ½ heure de sentier à grimper car la voiture n’y a pas accès.

WWF accorde son label lorsqu’un gîte répond à trois conditions :

  • La Biodiversité & la protection de la nature : les jardins et espaces naturels sont de véritables refuges pour la faune et flore. ;
  • Eco habitat : matériaux sains et naturels utilisés dans la rénovation du bâti, dispositifs à économie d’énergie, etc.;
  • Ecocitoyenneté : tri des déchets, compost, récupération des eaux de pluie, produits d’entretien biodégradables, mobilités douces valorisées, etc..

Belchenbach est un petit havre intégrant le réseau Natura 2000, réseau européen de sites abritant entre autre des milieux naturels. L’objectif de ce réseau de sites est de concourir à la conservation de la biodiversité.

Je l’avais découvert l’an passé lors d’un we organisé par l’Association Végétarienne de France. Je suis restée en lien avec Alain et Sabine dont les choix de vie me parlent. J’aime ce qu’ils sont, cela résonne en moi. Justine partant rejoindre le Monde dans moins d’un mois, nous avons décidé de nous offrir cette pause au cœur de la nature afin d’ancrer encore davantage (si c’est possible) ce lien qui nous unit.

C’est dans ces moments que je trouve toute la force de continuer mon militantisme. La nature est puissante et les êtres qui font le choix de la respecter apportent des énergies hautes dans leur quotidien.

Chacune des palpitations de cette Nature vibre dans toutes les parcelles de mes cellules. Elle me nourrissent et me libèrent.

Nous sommes arrivées en fin d’après-midi le samedi. Notre première nuit fut profonde et réparatrice. Au réveil, nous avons pris notre petit déjeuner dans la lumière du matin, Alain et Sabine avaient préparé deux grands saladiers de groseilles et de cassis.

Vers 11h, nous sommes parties vers le Petit Ballon, à une heure de la maison. Nous l’avons escaladé à partir d’un magnifique champ fleuri versant Sud.

Sur ses hauteurs des vaches paissaient. J’ai toujours un pincement au cœur quand je vois ces splendides êtres à l’incroyable puissance si doux et si pacifiques ! Leur plénitude d’êtres vivants m’envahit et mon cœur saigne de leur future agonie. J’ai envie de hurler en regardant tou-te-s ces randonneurs et randonneuses qui arpentent ce sommet vosgien et qui les ignorent, voire les craignent car ils et elles en ont fait leur objet de consommation. Je voudrais toutes les étreindre, leur donner toute la reconnaissance qu’elles n’ont pas. Sur les sommets, lieux de pâturages, tous les sentiers empruntent ces « champs » de vaches.

Le petit Ballon n’a rien d’extraordinaire en soi sauf son panorama à 360°. Une vierge à son point culminant (1272 m.) rappelle nos origines chrétiennes.

Le dimanche, du monde s’y presse. L’humain aime escalader les points culminants, cela lui donne sans doute l’illusion de maîtriser l’univers.

Nous avons fuit cette foule pour prendre le sentier menant au Steinberg, ligne de crête rocheuse au paysage chaotique  plus désertée où les pensées « sauvages », les scabieuses, les géraniums, les rares épervières orangées, les boutons d’or, les rhinantes, l’origan et des orchidées locales enchantent les prés. Des chèvres broutaient au pied de ce massif. Elles portaient un collier avec leur prénom, elles allaient libres sur les routes.

Nous avons croisé une multitude de papillons et d’insectes bourdonnants ou rampants. C’est là que nous avons pique-niqué, sur un rocher immense avec vue sur les vallées environnantes. Cette montagne est un des hauts lieux énergétiques des Vosges. Des cérémonies religieuses y étaient célébrées lors des solstices. Elle fait partie des sommets dédiés à Belenos, le dieu du soleil des Celtes.

Le chemin de retour, en contrebas, traversait des bosquets d’églantiers en pleine floraison. Nous nous sommes rafraîchies à une fontaine. La vue s’est dégagée jusqu’à voir les sommets enneigés des Alpes. Posées sur le sentier, nous nous sommes repues de ce fantastique paysage et d’une tablette de chocolat noir à la noix de coco.

Nous avons retrouvé le gîte vers 17H. Justine s’est posée pour une sieste réparatrice dans la chaise longue.

Le dîner du soir fut composé en partie par des plantes libres cueillies par Sabine autour du gîte.

Assiette végane sans gluten.

Alain, qui organise des stages de permaculture, nous a fait une visite commentée et instructive de son jardin habité et heureux.

Nature, notre mère nourricière.

Et si vous y rendre vous intéresse, tous les renseignements et la réservation sont par là > http://belchenbach.free.fr/ 

 

Nos hôtes.

Hornberg & ses rochers aux vues romantiques

Hornberg & ses rochers aux vues romantiques

20 km – 600 m de dénivelé.

Hornberg (361 m. d’altitude) est une ville de Bade-Wurtemberg (Allemagne), située dans l’arrondissement de l’Ortenau, dans le district de Fribourg-en-Brisgau. C’était, anciennement, une gare importante de la Schwarzwaldbahn (ligne ferroviaire de la Forêt-Noire), qui la traverse en viaduc.

Vendredi nous sommes parti-e-s à six découvrir les sentiers qui jalonnent cette ville au cœur de la Forêt Noire.

Le départ se fait en prenant la direction de Reichenbach.  Aller jusqu’aux poteaux indicateurs Hornberg Postwies (suivre le losange bleu) et prendre le Gustav Mangold Weg qu’il faut suivre sur plusieurs kilomètres.

Ce fut une splendide randonnée de 20 km dans un décor digne de Caspar David Friedrich, le romantisme allemand exacerbé que j’aime !

Nous en avons pris plein les mirettes, entre les plateaux d’altitude aux champs éclatants de taraxacum ouvrant sur des vallons infinis de part et d’autre, entre des rochers suspendus à flan de colline où chaque paysage est beau à couper le souffle, dans les chemins étroits des sapinières traversées où s’est glissée la douce lumière de ce jour particulier. Nous avons même nourri des chèvres sur notre passage.

La première partie de la randonnée est une montée assez physique, à couvert, parmi d’ imposants conifères jusqu’au lieu-dit Am Krächer puis cette grimpée s’adoucit jusqu’au sommet du Windkapf à 926 m d’altitude. Des éoliennes ponctuent le paysage.

C’est après ce sommet que les vues se découvrent, au Birkenbühl, nous avons traversé un beau plateau d’altitude qui offre des panoramas de tous les côtés.

Le chemin devient plus étroit et abrupt à certains passages dans la 2è moitié de la randonnée. C’est là que se succèdent falaises, rochers et magnifiques points de vue : Rappenfelsen & Obererschlossfelsen.

Au niveau des Faierabendfelssen, des travaux forestiers ont quasiment détruit le sentier (troncs coupés, branches s’amoncelant sur la descente que nous devons emprunter). Nous persévérons. A travers les branchages, les montagnes et la lumière de cette belle fin d’après-midi découpent d’extraordinaires perspectives.