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Les tourbières de Kaltenbronn

Les tourbières de Kaltenbronn

Au sud-est de Gernsbach, au-dessus du district de Reichental et au milieu d’une vaste zone forestière se trouvent les tourbières de Kaltenbronn  à plus de 900 mètres d’altitude. C’est la plus grande zone de haute montagne naturelle en Allemagne. Elle est classée réserve naturelle depuis plus de 60 ans.

 

Le développement des tourbières remonte à environ 10 000 ans, lors de la dernière période glacière.
Écosystème sensible où il est interdit de marcher, le parcours est balisé par une passerelle en bois qui protège ces marécages saturés d’eau sur des centaines de mètres et nous permet de découvrir tranquillement, sans avoir les pieds mouillés, cette terre meuble et gorgée d’humidité qui abrite de précieux lacs solitaires et sauvages :

Nous sommes parties de Strasbourg , Cédrine et moi, vers 7h. Il a fallu 1h30 pour atteindre le parking de départ de la randonnée à Kaltenbronn, près de Baden-Baden.

Un lundi, sous une bruine matinale, les sentiers étaient désertés par les humain-e-s pour notre plus grand bonheur.  Nous avons d’abord pris la direction du Hohlohsee, belle montée à travers une forêt où la brume drapait les frondaisons de lambeaux de mystère.

Avec le sentiment que tout palpite plus intensément et que nous sommes étreintes par un monde instinctif et secret. C’était magnifique. L’eau perlait et chantait partout avec cette indicible couleur dorée et transparente particulière aux ruisseaux de la Forêt Noire.

 

 

Le Hohlohsee

Après le lac, il y a une tour de 28,6 mètres qui permet d’admirer le panorama à 984 mètre d’altitude. Mais comme nous traversions des nuages, j’ai pu contempler en hauteur le mouvement de ces nuées qui noyaient le paysage d’une dense limite laiteuse.

Vue de la Hohlohturm
Vue de la Hohlohturm

Nous sommes redescendues vers Kaltenbronn afin d’emprunter le chemin qui mène au second espace de marécages et qui le traverse : le « Naturerlebnispfad Kaltbronn« .

Naturerlebnispfad Kaltbronn

La traversée est longue et surprenante sur ces planches de bois. Le paysage est habité par de nombreux pins et des bouleaux et toute une végétation de mousses, lichens, d’airelles et de carex jaunis par l’automne avancé.  Le Wildsee apparaît comme par enchantement entre deux souffles de brume, inaccessible et insondable. Écrin liquide baigné de poésie.

Le Wildsee
Le Wildsee

Nous poursuivons plus loin, notre cheminement. Le Hornsee est encore plus inaccessible, caché au milieu d’une végétation de début de monde ou de chaos de fin des temps.

Nos pas nous conduisent au delà des tourbières, sur des sentiers plus larges, bordés de variétés surprenantes, toutes plus colorées les unes que les autres, de champignons inattendus et saisissants. Les fougères brunies font un cordon dentelé aux pieds des majestueux épicéas de la forêt traversée.

Sur le chemin du retour, le soleil a même réussi a percé les nuages. Des milliers de gouttes, accrochées aux branchages des arbres, miroitent dans ses furtives apparitions.

Nous retrouvons la voiture après 5 heures (environ 20 km) de marche, repues d’émotions denses et nourricières.

« Regarde le ciel, il te voit,
Embrasse la terre, elle t’aime. »

George Sand- A Aurore.

 

Le Wildsee, le bien nommé.

Le Wildsee, le bien nommé.

J’aime la pluie. J’aime la pluie dans ce qu’elle a d’intime et de nourrissant, dans son potentiel à créer des moments de solitude particuliers qui forcent le repli sur soi. J’aime la pluie dans sa dimension mélancolique aussi, ce vague à l’âme qui s’ouvre et laisse couler un état de l’être plus lent et plus attentif.

Mais j’aime surtout la pluie au cœur de la nature où elle devient chantante, palpitante et magnifie les paysages, créant des univers de contes, fantasques et fantastiques. Le trésor de ces ondées est que les humains les esquivent. L’être humain n’aime pas être mouillé de façon générale. Pourtant c’est là qu’une autre dimension s’ouvre avec la nature. C’est dans ces moments, qui sont de grâce pour moi, que je peux totalement me fondre avec le macrocosme. Je suis l’herbe qui vibre, l’eau qui ruisselle de partout, chantante et joyeuse, la feuille qui s’égoutte, l’oiseau qui continue son chant au-delà du chant de l’ondée, la brume qui habille les paysages de voiles mouvants et les fougères qui chuchotent au vent leur ravissement de pouvoir s’épanouir à nouveau, repue et exaucée.

C’est donc sous une pluie continue que je suis partie explorer d’autres sentiers de la Forêt Noire.

Sarah

En ce moment, je me glisse avec plaisir dans les cartes topographiques qui s’amoncellent sur mon bureau. J’aime cette lecture particulière qui m’invite à transposer mon imaginaire au delà des courbes de dénivelés, des chemins qui se croisent et s’entremêlent, des espaces hachurés, bleutés, blancs ou noyés de vert. J’y cherche encore et toujours l’eau.

C’est la rondeur bleue et minuscule de ce lac appelé le Wildsee qui a attiré mon oeil sur la carte Kompass 877.

J’ai donc dessiné une boucle de randonnée pour découvrir ce lac d’origine glaciaire situé au cœur d’un environnement quasi intact, préservé.  Boucle d’une quinzaine de kilomètres et d’environ 500 m de dénivelé.

Sarah m’a accompagnée dans la découverte de ces nouveaux sentiers.  Comme moi, elle aime entendre chanter la nature sous la pluie.

Nous sommes parties du parking de Seibelsecke (à côté du Mummelsee), empruntant une sente en descente entre les conifères et les fougères denses pour rejoindre le ruisseau tumultueux du Kesselbach.  Une eau dorée et vive déferle sur des cailloux moussus et rebondit gaillardement sur tous les obstacles qui entravent son impétuosité.

La sente de la toute première descente menant au Kesselbach.
Le ruisseau du Kesselbach.

Le chemin suit son parcours en direction d’Hinterer Langenbach. A un moment, nous avons traversé un large pont de bois et poursuivi sur un sentier longeant un enclos de biches curieuses où trônait également un magnifique cerf.

Au hameau d’Hinterer Langenbach, la direction du Wildsee est indiquée à 5 km vers le Sud. C’est là que débute la montée. Les chemins s’élargissent. Tous sont noyés par l’eau de pluie. Nos pieds sont trempés mais peu importe. Chaque nouvelle perspective déploie une infinie de panoramas tous plus beaux les uns que les autres. Nous avons même croisé une salamandre.

C’est sur les plus hautes altitudes que les sentiers se rétrécissent à nouveau, traversés de racines noueuses et glissantes, de flaques frissonnantes sous le martèlement régulier de la pluie qui ne faiblit pas.

L’arrivée au lac est soudaine, il apparaît dans une échancrure de paysage, discret et solitaire, beauté farouche protégée par des sapins sombres à la cime noyée de brume. Nous y restons un moment savourant la plénitude de l’instant. Un abri de bois nous offre le refuge.

La remontée se fait par un sentier étroit et raide semé d’embûches et de rochers.

Quand les traces de la terre forment des cœurs…

Les hauteurs gardent les séquelles de la tempête Lothar de décembre 1999.

La pluie a cessé mais le paysage est clos par un habit de brume dense. Sur la crête, nous rejoignons une route forestière plus large où les nuances infinies des verts de l’été s’emmêlent au violet des bruyères en fleurs.

C’est par cette piste plus large que nous retrouvons le parking du départ en passant devant l’imposante Darmstädter Hütte.

Darmstädter Hütte

« chers randonneurs, faites attention à ce que vous laissez en forêt et dans la prairie. bouteilles, boites ( de conserves) et papier, nous vous le demandons, ne laissez pas ces choses ici. les emballages se laissent facilement rapporter chez vous, si son contenu se retrouve dans l’estomac. ramenez-les à la maison, jetez-le là bas, car les déchets sont en forêt ou dans la prairie au mauvais endroit. » (Merci Jean-Marc pour la traduction.)
Panneau se situant près de la Darmstädter Hütte > « Que tout ce qui a du souffle ( qui respire ), loue le Seigneur » (extrait de la Bible) « Notre pays avec sa splendeur, ses montagnes, ses campagnes, sont les témoins de ta puissance, les traces de ta bonté paternelle tout en nous adore, tu nous as fais quelque chose de Grand » – Kaspar von Greyerz- (et encore Merci à Jean-Marc pour la traduction !)
Trempées mais heureuses !

Etant tombée en amour de ce lac, j’y retourne avec grand plaisir d’autant qu’il n’est qu’à 3/4 d’heure de ma maison. Voici quelques photos prises dans la lumière solaire de l’été.