Le lac Mummel (ancienne cuvette glaciaire) est juste au bord de la schwarzwaldhochstrasse, large et confortable route des crêtes de la Forêt Noire, à 1036 m. au-dessus du niveau de la mer.
Le mummelsee
Habitant au Nord de Strasbourg, je suis à 1h à peine de cette route qui déroule de magnifiques panoramas sur les sommets pétris de légendes parfois sombres de cette forêt bien nommée.
Le lac attire un nombre impressionnant de touristes le weekend. Des bus entiers s’y rendent ! Il y a un hôtel, de quoi se restaurer (repas lourds et gargantuesques baignés de gras et de cadavres) et des marchands du temple qui vendent tous les produits et babioles du coin : liqueurs, eaux de vie, cadavres de cochons, coucous (horloges), marionnettes de sorcières…et un excellent pain cuit dans un four sur place. Tous ces touristes restent cantonnés autour du lac, en font le tour, mangent, consomment et repartent.
Les légendes racontent qu’un fantôme barbu habiterait ce lac et qu’on peut y observer une danse de jeunes elfes les nuits de pleine lune claire (mais visibles que par le promeneur hébergé à l’hôtel !)
D’ après la fable d’ Eduard Mörike, des ondines et autres esprits apparaissent au clair de lune dans la nuit paisible tandis que des sirènes mystérieuses effraient le promeneur solitaire.
Quiconque jetait une pierre dans le lac provoquait de terribles tempêtes et se retrouvait dans les profondeurs de l’eau en guise de châtiment.
Tous ces êtres fabuleux doivent être bien perturbés par l’agitation fébrile des curieux du week end (ou pas !).
Avec Malili, nous sommes parties découvrir les sentiers autour de ce point de rendez-vous touristique.
Les forêts de légendes de la Schwarzwald
La tourbière d’altitude du Hornisgrinde
Vue sur la plaine d’Alsace du Hornisgrinde
La plaine d’Alsace
Nous sommes montées, par un joli sentier de roches en gré si caractéristique de nos montagnes, au Hornisgrindeturm, tourbière d’altitude à 1164 m.
Ensuite, nous avons plongé dans les forêts d’immenses épineux aux larges chemins bordés de mousses, lichens, bruyères, fougères, myrtilles et mûres où nous nous sommes enfin retrouvées seules à savourer le souffle de cette nature emprunte de contes et de légendes. Des sources accueillantes jalonnent le sentier, des calvaires commémoratifs rappellent les fondements chrétiens de cette terre d’Europe occidentale.
Les pistes, toujours clairement signalées pour les randonneurs, sont bordées d’auberges où se poser et se désaltérer.
Les cieux étaient fantasques, prometteurs de pluie.
Notre balade de 3h, s’est achevée par la dégustation de la miche de pain encore chaude cuite au bord du lac.
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[…]Hêtres, charmes, bouleaux, vieux troncs couverts d’écailles,
Piliers géants tordant des hydres à vos pieds,
Vous qui tentez la foudre avec vos fronts altiers,
Chênes de cinq cents ans tout labourés d’entailles,
Vivez toujours puissants et toujours rajeunis ;
Déployez vos rameaux, accroissez votre écorce
Et versez-nous la paix, la sagesse et la force,
Grands ancêtres par qui les hommes sont bénis.
Hier, Judith et moi sommes parties à la découverte des forêts et panoramas du Brezouard, massif vosgien culminant à 1229 m. pour un tour de 4h15 selon le guide de Bernhard Pollmann « Vosges, 51 itinéraires » des éditions Rother.
L’itinéraire de la randonnée.
Le col des Bagenelles où débute cette randonnée est à 1h30 de Strasbourg, près de Ste Marie aux Mines, sur la route des crêtes. La journée s’annonçait fraîche (enfin !) mais pas humide.
Dès notre arrivée au col, une splendide vue se déploie vers la vallée proche. Le chemin de rando monte doucement par un joli sentier bordé de conifères, noisetiers, hêtres et très vite, d’autres panoramas se dégagent entre les branches des sapins.
Vue du col des Bagenelles.
Le club vosgien, très actif, balise correctement les sentiers et il est difficile de se perdre ou de se tromper si l’on reste attentif.
1ere intersection, nous cherchons notre balise « rectangle rouge ». Et nous nous engageons sur un sentier déjà emprunté mais qui monte tout droit vers le sommet avec une pente hyper raide où la terre meuble constitue l’essentiel de ce chemin.
Je dis à Judith que je trouve ça bizarre. Les montées à flan de colline se font en zigzag et pas sur des chemins où tu glisses tous les deux pas avec une telle pente. Surtout que le guide ne parle pas de difficultés majeures dans cette balade. Mais, comme nous aimons transpirer, nous montons gaillardement toutes les deux. Pas de rectangle rouge le long de cette montée sportive (heureusement que Phlau n’était pas là, elle m’aurait maudite et bannie de ses ami-e-s à jamais !).
En arrivant, suantes et essoufflées, en haut, nous retrouvons le balisage mais qui s’étire sur deux côtés. Nous décidons de suivre celui de droite. Le guide nous avait promis de beaux panoramas durant cette montée, je trouve vraiment bizarre que nous n’ayons eu que la terre et les racines comme vision ! En suivant le chemin de droite, nous passons devant un beau point de vue sur l’énigmatique Taennchel.
Vue sur le Taennchel.
Les Vosges sont magiques et regorgent de lieux chargés en énergie et de recoins où vivent les elfes et les sorcières. C’est sans doute pour cette raison que je m’y sens particulièrement bien.
Sur le sommet, la bruyère est en fleur et exhibe un joli tapis violacé.
Notre chemin redescend (normalement pour remonter vers le petit Brezouard). Joli sentier qui longe la montagne, très agréable. Et je trouve qu’il redescend beaucoup pour finalement nous reconduire à notre premier croisement… {soupir}.
Je me dis que Judith et moi devons aimer les montées pour que l’Univers nous en propose une seconde pour le même prix. Évidemment nous remontons par le joli sentier et non la première montée abrupte.
Et là tout reprend son sens et sa logique. Le guide ne mentait pas {ouf}.
Les chemins de racines de hêtres font un escalier naturel agréable, la mousse adoucit l’écorce des arbres et la dureté des roches, l’air est chargé de délicieuses senteurs boisées.
Le plus beau point de vue arrive enfin, du haut du petit Brezouard, avec ses quelques sapins calcinés et morts qui lui font un collier tourmenté et apocalyptique. De son hauteur, le paysage se déploie à 360°, vers la plaine d’Alsace, le Taennchel… Les nuages s’accumulent à l’ouest, couvrant les reliefs d’ombres fantasques. C’est beau à couper le souffle.
Nous redescendons, imprégnées de cette nature forte et généreuse. Nous nous enfonçons dans une forêt de résineux, sombres et silencieuses, vigilantes sur le balisage.
Au bout de 3 h de marche, nous nous posons dans un champ pour pique-niquer, dans un site de pâturages à l’orée d’un bois. Puis nous reprenons notre balade vers le hameau de Faurupt où une nouvelle montée par un large chemin nous conduit vers le parking d’arrivée.
De grands fermes vosgiennes jalonnent le chemin, certaines décorées de façon fantaisiste et joyeuse, d’autres plus pastorales et bucoliques, de jolies vaches rousses, noires et blanches, saupoudrées de pois qui leur font une surprenante robe bariolée observent nos déambulations champêtres.
Nous retrouvons la voiture, heureuses et satisfaites et là…la poche où j’avais mis les clefs de contact était ouverte ! Pas de trace de clefs, évaporées, volées par les lutins farceurs des Vosges.
Immédiatement, j’élabore un plan de sauvetage. Il est 16h. Attendre que Phlau rentre du boulot, prenne mon double des clefs (dont je ne suis plus tout à fait sûre de l’endroit où il est), trouve ce col (elle n’a AUCUN sens de l’orientation). Judith propose que plutôt d’attendre inutilement sur le parking, nous refaisions un bout de chemin. Je réfléchis, les deux endroits où j’ai posé mon sac à dos sont ma pause pipi et le déjeuner, à une heure du col des Bagenelles.
Nous reprenons donc notre sentier à travers les pâturages, motivées. Là, les vaches se sont échappées de leur champ pour mon plus grand plaisir où je peux aller en papouiller une ou deux pas trop craintive et qui aime mon enthousiasme tactile.
En arrivant à Faurupt, nous croisons des randonneurs qui nous demandent quelques indications. Après les avoir renseignés, je leur demande s’ils n’ont pas trouvé des clefs de voiture à tout hasard. Et là, ils me disent « Oui ! près d’une stère de bois coupés. Nous les avons posé sur la première boîte aux lettres. »
J’ai eu envie de les embrasser, je me suis contentée de dire que je les aimais.
Judith et moi courrons vers la fameuse boîte aux lettres, ou nous ne trouvons rien ! Nouveau dépit.
Judith va sonner chez le propriétaire du lieu, lui expliquant nos déboires. Cette personne bien intentionnée avait récupéré les clefs en allant chercher son courrier.
Quand j’étais à Karmaling, chacun pouvait laisser ses objets n’importe où, personne n’y touchait, car « chaque objet a sa place » donc on retrouve toujours ce que l’on a oublié volontairement ou involontairement.
Je savais que les clefs pouvaient être tombées près de ma pause pipi, c’est là où je les aurais chercher après l’endroit de la pause déjeuner. Si nous n’avions pas croisé ces randonneurs, je n’aurais jamais retrouvé mes clefs car trop de personnes bien intentionnées s’étaient occupées de mes clefs > à méditer !
Je remercie quand même l’Univers de les avoir récupérées .
Sur le retour, nous avons rencontré un chat bavard affamé de câlins, un coq et ses deux poules se baladant tranquillement sur un bout de colline et, courageuses, l’esprit allégé, « re-monté » la dernière pente !
Au final, une randonnée de plus de 5h avec de forts dénivelés et beaucoup d’émotions mais nous aimons ça ♥.
Italie ~Val d’Aoste ~ou comment tutoyer les nuages.
Journal - Août 2015
Jour 1 – 3 août 2015 – Pila Gorraz
Gilda me lèche consciencieusement les mollets que j’ai enduit de mon macérât huileux au millepertuis. Nous sommes proches du soleil et son ardeur est bien présente. L’altitude le rend agréable mais pas moins mordant !
Douche réparatrice après ce premier jour à découvrir les montagnes alentours.
Hier, en arrivant, j’ai immédiatement été explorer le versant de notre massif. J’ai déniché un bar d’altitude posé au bord d’un mini lac vêtu du beau bleu du ciel avec une vue extraordinaire sur les Alpes alentours (1h30 aller-retour).
Partout où porte le regard, ça monte. Phlau pense qu’on nous a posé un immense poster devant notre fenêtre.
Aujourd’hui suis partie escalader la Punta MONPERS à 2794 m (1000 m de dénivelé), pointe escarpée en dents de scie que j’ai grimpé à flan de roche et de terre meuble. Paysage époustouflant où se déploient des sommets enneigés qui culminent à plus de 3500 m. Sentiment de plénitude, d’un temps suspendu.
Ce que j’aime dans la montagne c’est qu’elle tutoie les nuages et j’ai aussi ce sentiment puissant de ne faire qu’un avec la terre, l’air et l’espace.
Vue de l’appartement.
Vue occidentale de l’appartement sur le Mont Blanc
Mon lac d’altitude et son bar isolé à 2500 m.
Jour 2 – AOSTE
Trop chaud : 39°.
Trop de monde dans ses ruelles étroites, temple de la consommation.
Trop de Français (j’aime bien entendre parler une langue étrangère quand je suis dans un autre pays, bon j’avoue, je n’ai pas choisi l’endroit le plus exotique pour me dépayser au niveau de la langue !).
Quel contraste avec ma solitude de flan de montagne d’hier. Aoste est une ancienne ville romaine pleine de vestiges dans un décor totalement fantastique, cernée de massifs qui lui font un extraordinaire écrin de verdure. Nous avons repéré un restaurant vg, Cibo, nous le testerons peut être cette semaine (pari perdu de Phlau).
12° de différence entre le fond de vallée et notre havre à 1700 m d’altitude.
Le dîner de ce soir est composé de drôles de pâtes, les trofie liguri. Elles ont une forme allongée, sont fines et torsadées. Nous allons les dévorer avec des aubergines à la niçoise.
Gilda a un super appétit, elle dort beaucoup, soigne mes mollets régulièrement et a récupéré ses kilos perdus ! Elle a fait sien notre mini appartement de montagne.
St Anselme défiant la vallée du haut de la cathédrale d’Aoste.
Théâtre romain.
Ruines romaines
San Sebastian – Collégiale St Ours
Collégiale St Ours – détail
Collégiale St Ours – détail
Cloître de la collégiale St Ours – détail de chapiteau XIIIè s.
J’ai commencé un roman d’Isabel Allende « Le cahier de Maya ». Suis emportée par l’écriture et les personnages. Gilda m’a réveillée à 7h pour son casse-croûte et sa tournée pipi. J’ai lu ensuite, j’ai été transportée par l’émotion de cette écriture qui parle à mon âme. J’ai même pleuré. J’aime les livres qui sont vivants, cela faisait longtemps que je n’avais plus pleuré en lisant un livre. Bref, j’adore !
Vers midi nous sommes parties prendre le télésiège à Pila pour monter vers le lac de Chamolé, autre pan de montagne à explorer. C’était chouette ce petit tour dans les airs, comme un long manège en pleine nature avec des soubresauts inquiétants à chaque poteau passé (autre émotion du jour).
Le lac de Chamolé à 2300 m. d’altitude est la piscine du coin bien qu’on n’y trempe que les pieds. C’est là que viennent se poser les touristes et les randonneurs, étape vers les sommets qui cernent ce petit lac d’altitude. De minuscules grenouilles peuplent ses rives. J’ai un truc avec les batraciens. Je rêve de croiser des loups et je me retrouve toujours autour d’une multitude de grenouilles souvent minuscules.
Les pieds dans l’eau- Lac de Chamolé
Du lac nous avons grimpé le sentier abrupt qui monte en zigzag jusqu’au col de Chamolé. La vue était encore fantastique avec des panoramas majestueux où se déployaient les montagnes à perte de regard.
Phlau au col de Chamolé.
Un soleil vaillant nous a tenu compagnie mais l’altitude l’a rendu agréable. En redescendant nous avons décidé de dîner au restaurant vg d’Aoste, le CIBO.
Lac Arbolle.
Mont Emilius.
Jour 4 – Parc National « Gran Paradiso »
Matin
Le dîner était délicieux. C’est chouette de pouvoir trouver des restaurants sans cadavre (ni cadavre de poisson !). J’ai savouré un carpaccio de fenouil et orange en entrée et une paella végétalienne ensuite. A Aoste la température est pesante. L’amplitude thermique entre la montagne et la vallée est impressionnante.
Aujourd’hui nous allons prendre la voiture pour découvrir le parc national « Gran Paradiso » et monter jusqu’à Cogne.
Soir
Que dire ? Sinon que ce parc porte bien son nom. Je m’attendais à des espaces ouverts sur des sommets enneigés (certains massifs culminent à plus de 3500 m) et c’est une vallée encaissée et profonde que nous avons traversée où chante la Grande Eyvia, rivière impétueuse jalonnée de torrents multiples qui ruissellent de partout. Les conifères qui habillent cette vallée sont gigantesques, les sommets enneigés semblent lointains, le paysage ressemble au grand Nord canadien (du moins dans mon imaginaire d’Européenne qui n’a jamais exploré le gd Nord canadien). Les quelques villages traversés (Cogne, Valnontey, hameau de Valmiana, Lillaz) sont typiques et déploient des maisons de montagne aux grosses pierres grises agrémentées de bois, aux toits pentus. L’eau est présente partout, joyeuse et vive. Par contre, il y a plus de touristes que sur notre flan de montagne. L’étiquette « parc national » attire davantage de monde que les pistes de ski de Pila.
J’ai le visage cramoisi. Les nuages et le fond de vallée sont trompeurs. Nous étions bien à plus de 1500 m d’altitude mais nous n’avons escaladé aucune pente. La balade du jour s’est faite le long du sentier qui borde la rivière, à plat, au grand soulagement de Phlau qui ne sent plus ses cuisses.
Détail de la vitrine du libraire de Cogne.
& partout chantent les ruisseaux…
A un bar du minuscule village de Lillaz, comme quoi c’est possible !
A Lillaz, poule à sa fenêtre.
Jour 5 – Couis I – 2700 m.
Suis K.O. Je sors d’un bain réparateur. Le soleil est plus virulent que les autres jours.
Phlau est descendue à Pila pour prendre le télésiège vers Chamolé. Suis montée à pied afin de découvrir un nouveau sentier vers l’Alpe Chamolé que je n’ai trouvé que sur un misérable kilomètre. Du coup, me suis farcie la montée en ligne droite sous le télésiège, 500 m. de dénivelé en plein cagnard !
Nous nous sommes retrouvées devant le bar qui côtoie l’arrivée du télésiège. Un christ délirant le surplombe. On a l’impression qu’un violent coup de vent a déstabilisé la statue et qu’il est prêt à s’envoler mais ses mains et pieds cloués le maintiennent à sa terrible croix.
Le Christ envolé.
Nous sommes parties prendre le télésiège suivant vers Couis I, longue promenade branlante suspendue dans les airs pour atteindre cette fameuse ligne de crête qui me nargue depuis la fenêtre de notre appartement, l’envers du poster qui nous sert de vue.
Mirifique vision du sommet de notre « petit » monde où s’est enfin déployé un panorama à 360° avec une vue plongeante sur Cogne (où nous étions hier) et le détail de tous les monts enneigés de Gran Paradiso à portée de souffle ainsi que le Mont Blanc à la pointe de cette crête et le Mont Emilius de l’autre côté.
J’ai fait ma salutation au soleil sur ce toit de monde. Nous avons marché sur la ligne de crête, en équilibre entre deux versants où la roche schisteuse affleure partout. J’aurais pu rester la journée à respirer ce paysage fantastique de mousses, de lichens, de rochers et de pointes enneigées.
J’ai fini mon (génial) roman d’Allende ce matin et j’étais triste de devoir quitter tous ces personnages auxquels me suis attachée. Face à la grandeur de ce panorama, j’ai eu le même sentiment, envie que cette contemplation s’éternise, que le souffle gigantesque de la Terre me nourrisse sans fin (faim) !
Vue plongeante sur Cogne.
Le petit point sur la ligne de crête : Phlau.
Au fond, dans le prolongement de la ligne de crête, le mont Blanc.
Jour 6 – nuages- orage
De gros nuages blancs et cotonneux se sont blottis dans le val d’Aoste qui semble illuminé de la terre. Le spectacle est plutôt fascinant. Les milliers de minuscules fenêtres des habitations de la vallée reflètent les éclats d’or du soleil et scintillent comme des étoiles.
Les sommets où nous nous trouvons se sont couverts de nuages plus sombres et plus opaques.
Nous avons fait une balade à flan de coteaux vers une bergerie abandonnée, Lioutegsaz (2077 m.). Nous avons tenté de faire des photos en posant l’appareil sur un support pierreux et en sautant devant l’objectif. Ca nous a fait rire et ça nous a épuisées. Ensuite, nous avons fait deux groupes de un. Phlau qui peste toujours contre la moindre montée est revenue sur ses pas. J’ai poursuivi un peu plus haut vers une croix et une bergerie en activité, Grimandet, point de vue exceptionnel sur Aoste. L’orage grondait sur les sommets. Il a éclaté pendant ma descente, pluie bénie qui a fait chanter les fossés et nourri la terre.
Nous irons plus tard boire un dernier verre dans un bar de Pila, là nous contemplons l’orage depuis notre studio en savourant une tasse brûlante d’herbes bienfaitrices.
Lieu du Karma, somme de ce qui est fait, est en train de se faire ou se fera. Situé en Savoie, dans le hameau de St Hugon, là où des Pères chartreux avaient déjà posé leur intention/attention dès le XIIè siècle, au creux de la chaine de montagnes Belledonne.
Bout de monde accueillant, ouvert, où l’esprit se libère et la pensée s’apaise. Fabuleuse énergie qui circule. Une maison, ma maison, ma famille retrouvée.
Les sourires croisés sont complices, chaque regard qui s’interpelle est chargé de sens, tout y est dit : » Bonjour », « Je t’accueille », « Tu es la bienvenue », « Je te vois et te reconnais »…
Les silences sont pleins et la joie est palpable. Tout y est simple, humble et relié à une terre préservée riche de son passé spirituel.
Le temps pouvait s’arrêter, je me suis suspendue à son souffle et j’ai savouré.
Chuter, se relever, chuter, se relever… Parcours de vie. Accepter de chuter dans un mouvement fluide. La chute naît d’une attaque, la mienne, vis à vis d’un adversaire qui a juste détourné ma violence pour en faire cette énergie qui coule et s’envole, transformée.
« – Le conflit est créateur.
– La seule victoire juste est celle qui ne fait ni vainqueur ni vaincu. »
C’est ma première rencontre avec un art martial et c’est une rencontre « sacrée », dans ce lieu qu’est Karma Ling, en pleine conscience, en pleine présence.
Cinq jours pour tomber en amour de cette pratique, il m’en aura fallu trois.
Le premier jour, c’est ma violence que j’ai pris à bras le corps, le cœur, qui m’a projeté dans le flot de certains souvenirs douloureux. A la fin de la journée, je me suis posée plein de questions. Ces peurs refoulées qui resurgissent. Que faire ? Affronter ces peurs ? Passer à côté ? Ne pas les ignorer.
Je sais que la peur est ce qui m’empêche de progresser, de me libérer. J’aime mon sentiment de liberté. Quand je sens poindre une peur, j’essaye de la mettre en lumière. Transcendance.
De toute façon, je m’étais engagée pour cinq jours de pratique autant aller au bout.
Deuxième jour.
La nuit est portée par des anges qui veillent, le mien est particulièrement bienveillant.
J’ai pratiqué sans me poser de questions. J’ai laissé faire.
Chuter, se relever, chuter, se relever…
Troisième jour.
Tous les exercices sont devenus trop courts, j’avais envie (besoin ?) que chaque application d’un mouvement dure plus longtemps. Un sentiment de ne pas avoir le temps d’explorer les infinies possibilités de chaque geste m’a traversé. J’étais trop dans le mental pour comprendre le côté « technique », je n’avais pas le temps de savourer mon ressenti. Je n’ai pas vu filer le temps.
Quand Isabelle a annoncé la fin du cours, j’étais étonnée et surprise d’être triste. J’étais conquise, traversée par tout ce que mobilise l’Aïkiryu.
Puis le temps a filé et je reste avec un extraordinaire sentiment de bien être. Et un besoin de poursuivre ce chemin emprunté.
Chuter, se relever, chuter, se relever…
Les rituels font partie de la discipline, le cadre où laisser son énergie se libérer :
Isabelle, lumière intense aux éclats de velours, toute en énergie maîtrisée, regard qui vous transperce et vous accueille. Femme puissante qui écoute et accompagne, attentive aux énergies de chacun. L’âme d’une Amérindienne a du la traverser, un guide relié à la Terre.
Isabelle, la Vie, l’Amour, le Souffle, l’Energie, la Présence…
Chuter, se relever, chuter, se relever…
Rencontre avec un groupe de belles âmes > Kareen, Finn, Sarra, Christine, Odile, Brigitte, Nicolas, Xavier, Caroline, Oriane, Anne-Cécile, Virginie (désolée pour les orthographes que j’écorche).
Je vous remercie pour ce séjour que vous avez rendu encore plus beau par votre partage et votre disponibilité.
Le mouvement dansé.
Rechercher son hara.
La terre, le feu, l’eau, vision d’Anne-Cécile
La chandelle de l’aurore
Quand Brigitte se sent pousser des ailes.
Quand les bols chantent…
La pleine présence
Je n’oublie pas Malili, l’organisatrice du stage, sans elle je n’aurais pas saisi cette chance de ces remarquables rencontres.
Malili
Et le lunaire Lama Lhundroup, souriant et attentionné dans sa pleine présence et dans sa grande vacuité.
Bref, je vous aime.
Quand le bois nous regarde – spéciale dédicace à Sarra !
L’été 2013 fut consacré aux eaux & forêts de Suède. Nous avions loué une maison en bois rouge perdue au cœur de la nature. Un bout de monde. Un bout de paradis.
La Suède est une passoire à lac. Chaque détour de chemin, de route, conduit à un point d’eau.
Tous les paysages sont immenses et les forêts bienveillantes accueillent un univers foisonnant qui réconcilie nos rêves d’enfant à notre imaginaire d’adulte.