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Le printemps en Vasgovie

Une colline, un château


Le Palatinat, cette région de châteaux médiévaux aux histoires légendaires, de rochers majestueux et d’une forêt extraordinaire classée réserve de biosphère par l’UNESCO, fait du sud de la Rhénanie-Palatinat une de mes destinations préférées.

Au Moyen Âge, la région était l’une des plus importantes politiquement du Saint Empire romain germanique. De là, les rois et les empereurs contrôlaient les destinées de la moitié de l’Europe. Mais les Celtes, les Romains et un roi bavarois y ont également laissé leur marque.

Départ pour notre semaine dans le Palatinat afin d’arpenter à nouveau les sentiers de Vasgovie. On part à 5 nanas de 2 espèces. Cédrine doit nous rejoindre en train lundi.

Ce qui est magique est que nous sommes à moins de 1h30 de Strasbourg. Nous avons pris la route à 13h car le gîte n’est disponible qu’à partir de 15h. Pour nous y rendre nous avons longé la frontière côté allemand, empruntant une route étroite au cœur d’une extraordinaire forêt : celle du Bas Mundat.

Le temps est aux giboulées et oscille entre de violentes tempêtes de grêle et des accalmies bleutées, c’est un peu n’importe quoi. Comme nous sommes au pays de la Véganie, nous nous sommes arrêtées dans un supermarché allemand pour nos courses de la semaine, pas besoin d’emporter depuis la France de quoi nous nourrir car ici le choix est juste hallucinant.

Le gîte est une maison triangulaire surprenante lovée dans un
quartier verdoyant
composé d’autres maisons triangulaires, au cœur de la forêt. Nous sommes à la fois isolées et proches de lieux de vie (25 mn de Landau). C’est tranquille et de là où j’écris j’ai vu sur les verts tendres du printemps qui égayent les bois environnants.

Quelques maisons de notre village de vacances :

Nous avons déjà exploré les alentours depuis le gîte. A 3 km, il y a les ruines médiévales du château de Lindelbrunn situé à 437 m d’altitude, offrant une vue époustouflante à 360 degrés. Comme le temps est extrêmement capricieux, les humains ont fui les lieux pour notre plus grand plaisir et les nuages, chargés de pluie, déployés sur ces contrées boisées, nous ont offert un prodigieux panorama.

Les chambres du gîte sont à l’étage et on ne peut y accéder que par un escalier étroit. Cet accès est impossible pour les chiennes. On a donc descendu un matelas des chambres afin que j’y dorme avec Rosa et Suzy, cette dernière a tout de suite monopolisé la couette à mes pieds.

Le temps est totalement inconstant et… froid. Ce matin, un mélange glacial de pluie et de neige tombait mais la météo annonçait une accalmie dans la journée. Nous sommes parties sur les chemins détrempés à la première éclaircie.

Le circuit d’une dizaine de kilomètres empruntait les sentiers proches. Nous avons d’abord découvert le Silzer See qui borde la L493.

A partir de là, le circuit monte dans la forêt par de larges chemins. Le ciel s’est dégagé et très vite les bois ont ruisselé de lumière et de verts chatoyants. C’était infiniment beau.

Nos pas nous ont conduit au promontoire rocheux du Schweinsfels à 400 m. d’altitude auquel on accède par une échelle en métal raide et étroite. La vue panoramique est aussi impressionnante que celle découverte hier. Une croix trône sur la plateforme étrécie du rocher. Partout où se perd le regard se déploient les collines boisées de cette terre de grés rouges et de ruines médiévales. Les nuages chahutent l’horizon et les caprices du temps lui font un écrin de lumières chatoyantes.

Pas un seul humain sur ces sentiers. Je suis toujours fascinée comment mon espèce se cloître à la moindre goutte de pluie. Pourtant c’est à ce moment là que ces lieux se mettent à frémir et palpiter. C’est aussi là que je peux pénétrer dans leur intimité et, enfin, y prendre part. La nature me remet à ma place, élément fragile et insignifiant qui vibre au rythme de ces soupirs.

Le circuit se poursuit le long d’impressionnantes formations gréseuses, les Kellerfels. C’est là que nous redescendons par d’étroits sentiers la colline pour rejoindre notre quartier de maisons triangulaires au cœur de ces lieux enchanteurs.

L’après-midi est consacré à la lecture, l’écriture, la paresse.

Vers 17h, nous irons à Landau découvrir leur restauration végane qui abonde. Nous avons réservé au « Ich bin so Frey »

Nous sommes revenues repues. Le lieu est très accueillant, vaste et lumineux. Le personnel souriant est à l’écoute. Le restaurant était complet ce qui m’a fait plaisir. L’offre végétalienne est impressionnante. Nous avons attendu plus d’une heure notre repas succulent, cela valait bien un peu de patience.

Les pâtisseries sont tout aussi incroyables.

carrot cake (délicieux) et cookie sans gluten (tout aussi délicieux).

En rentrant, j’ai exploré notre village de conte pour digérer. La lumière du soir était extraordinairement orangée nimbant les lieux, où s’étirait la brume, d’une poésie ouatée.

Cette nuit, les températures sont retombées en dessous de zéro. Ce matin, il a fallu dégivrer la voiture mais le ciel avait des promesses de lumière printanière.

Nous sommes parties à 5 km de la maison pour explorer le massif du Heichsberg culminant à 412 m. d’altitude.

On accède au plateau sommital par de larges sentiers sillonnant les bois où, aujourd’hui, nous avons croisé une biche et des chevreuils. La ligne de crête est clairsemée de bornes numérotées, de roches de gré rose plantureuses et de buissons de myrtilles denses.

De chaque côté de cette ligne de crête se dégagent des massifs gréseux offrant, au nord, une vue sur l’imposant château de Trifels près d’Annweiler et, au sud, un panorama grandiose sur les vallons verdoyants du Palatinat. Le bloc de rochers du sud porte le nom de Geiersteine. Il est aussi apprécié des personnes pratiquant l’escalade.

Aujourd’hui, comme les jours précédents, les chemins semblaient désertés par les humains.

En début d’après-midi, je suis partie chercher Cédrine à la gare de Wissembourg, nous avons fait une pause sur le chemin pour quelques courses à Edeka. De retour dans notre nid, ce fut le temps du goûter et j’ai savouré la part de carotte cake achetée à « Ich bin so Frey » que je n’avais pas mangé hier ainsi qu’un cookie sans gluten. Leurs pâtisseries sont vraiment délicieuses.

Vers 18h, Sonia, Cédrine et moi sommes retournée par la forêt aux ruines médiévales du château de Lindelbrunn. Phlau et les chiennes nous ont rejoint en voiture.

Là aussi, pas un seul humain.

Nous avons découvert le restaurant en contrebas du château qui propose à la vente des cadavres des habitants et habitantes des forêts, avec des images de « suicide food » indécentes.

La montée vers les ruines et le lieu déserté m’ont permis d’évacuer ma colère sourde qui jaillit devant tant de dissonance.

La plateforme herbeuse du château nous a offert un écrin de joie partagée. Rosa et Suzy étaient aussi enthousiastes que nous.

L’éclat du soleil tombant voilait les massifs d’une ombre satinée et adoucissait la grisaille des pierres préservées.  Au loin, on pouvait distinguer les nuages porteurs de pluie qui s’amoncelaient par endroit, concentrant des gris plus sombres dans l’éclat azuré de cette soirée quasi parfaite.

C’est le froid de plus en plus mordant qui a eu raison de notre présence et nous a renvoyées vers la voiture garée en contrebas.

Le dîner fut simple et appétissant, cuisiné par Cédrine : raviolis en conserve (je les adore) agrémentées de fromage et passées au four, accompagnées d’une salade de mâche. Le tout végane bien entendu.

Pendant que j’écris mon journal, les filles humaines lisent et celles d’une autre espèce dorment, repues d’une journée chargée d’odeurs et de jeux.

Cette nuit Rosa a partagé mon oreiller. Elle a aussi aboyé à chaque grincement de lit de mes comparses… Malgré tout, j’ai relativement bien dormi. Suzy a préféré rester sur le canapé où il y a clairement plus de place.

La rando du jour est à une vingtaine de minutes en voiture d’ici, plus à l’est, près de Landau. Le départ s’effectue à partir d’un de ces jolis villages de la route des vins du Palatinat sud : St. Johann. Les montagnes sont truffées de blocs rocheux qui leur font des promontoires aux vues grandioses où que l’on aille.  Aujourd’hui, nous sommes parties à la découverte de l’Orenfels à plus de 500m d’altitude.

Une montée de 4 km, à travers les magnifiques forêts de Vasgovie, depuis le village, nous conduit à cette terrasse de grés en surplomb, habitée depuis le haut moyen-âge. La vue y est grandiose et ouvre sur la plaine du Rhin mais aussi sur les vallons, que j’aime tant, de ces paysages boisés où trône le Trifels, ce château imposant qui est le point de convergence de quasi toutes les plateformes visitées à ce jour.

Ces vues époustouflantes m’emportent dans un imaginaire féerique peuplé de dragons, de quêtes impossibles et de secrets farouchement gardés.

Je suis gueuse, va-nu-pieds, truande, chevalière, guerrière, je suis tous ces possibles et plus encore. Ce qui me ravit est ce sentiment que là, dans ces espaces aux vallons infinis gorgés d’histoire et de forêts profondes, un autre monde onirique s’entrouvre.

Sur le sentier qui monte à ces remarquables roches, se trouve un gîte nature à flanc de colline où des gamelles d’eau fraiche étaient proposées à Suzy et Rosa : Naturfreundehaus Kiesbuckel.  Visiblement c’est une auberge ouverte les week-ends où on peut loger et demander des repas adaptés aux engagements de chacun et chacune (vous me voyez venir ?)

Le retour se fait par la forêt et la dernière partie dans les vignes où nous avons profité de la lumière du jour pour nous recharger en bonne humeur.  

Nous sommes aussi passées devant une maison au portail clos qui avait posé un panneau à son entrée, rempli d’autocollants aux messages antispécistes. C’était l’autre moment joie du jour.

J’ai glissé quelques autocollants dans leur portail. Ma petite contribution.

Les après-midis sont paisibles, nous vaquons à nos diverses occupations dans notre maison de conte où le chauffage au gaz crépite comme un feu de bois. Plus tard, j’irai me dégourdir une dernière fois les jambes dans notre hameau si particulier.

Le temps oscillant entre une pluie légère et une neige fondante glacée, nous avons décidé de consacrer la journée à la visite du Trifels, le château restauré, star du coin et visible de partout. Ensuite nous visiterons Landau et testerons un autre restaurant vegan : le VELO, identifié grâce à la formidable application Happy Cow.

Nous nous sommes garées sur le parking au pied du château édifié sur le mont Sonnenberg (494 m). Il se dresse sur un triple piton gréseux, long de 145 m, large de 40 m et surélevé de 50 m. et surplombe, majestueusement, toute la région. Le temps humide a contribué à enchanter les lieux en enrobant de brumes mouvantes les bois et collines alentours où apparaissaient, par moments fugaces, les autres ruines des environs. Ici chaque sommet semble porter un château médiéval.

Entre 1088 et 1330, le Trifels fut un château impérial, l’un des centres de pouvoir les plus importants sous les Hohenstaufen et les Saliens. Les insignes impériaux tels que la couronne, le sceptre et l’orbe impérial y étaient toujours conservés. Aujourd’hui, ce sont leurs répliques qu’on peut encore admirer.

Le château servait également de prison pour des personnalités importantes tel que le roi anglais Richard Cœur de Lion, otage du Saint Empire.

Aujourd’hui il est le résultat d’une alternance de phases d’expansion, de délabrement et de reconstruction sur près de 1000 ans – depuis ses débuts au XIe siècle jusqu’à un passé récent.

Il regorge d’escaliers que Cédrine a exploré avec enthousiasme et ses plateformes s’ouvrent sur de grandioses points de vue.  L’entrée est payante : 4€50.

L’après-midi nous avions réservé une table au VELO restaurant. En allemand, le mot vélo français se dit Fahrrad donc ce nom n’a rien à voir avec une bicyclette. C’est un mélange des lettres du mot « LOVE ». Le lieu est vaste et élégant, la décoration est épurée.

Le repas était succulent. Le restaurant a des menus du midi et du soir et propose une « petite » restauration à tout heure de la journée.

Les propositions sont élaborées et gustativement excellentes, la quasi-totalité des suggestions sont faites maison à partir de produits frais.

J’ai quand même pris deux desserts dont une part de tarte à la mousse de fraise hyper légère et fondante. Chaque bouchée était une explosion de délice dans la bouche. Servie avec des fruits et de la crème chantilly ! Et, comme c’était léger, j’ai aussi savouré leur mousse au chocolat également accompagnée d’un coulis de fraise et de chantilly.

Après cette pause gourmande, nous avons fait un petit tour dans le centre-ville de Landau, ville fondée au XIIIè siècle. Elle est le chef-lieu de l’arrondissement de la Route-du-Vin-du-Sud du Palatinat.

En rentrant au gîte, Sonia, Cédrine, Rosa, Suzy et moi sommes reparties pour un petit tour sur la colline proche de la maison où trône un imposant rocher de 34 m. de haut, le Kriemhildenstein avec vue sur les forêts et notre village particulier en contrebas. Nous sommes montées jusqu’à la croix en pierre Steinernes et son banc qui offrent cette fois ci une vue sur le rocher précédent et toujours sur les reliefs environnants. La pluie avait cessé et le soleil du soir irradiait la forêt d’ombres longues satinant les vallons boisés du lointain. Les chiennes que nous n’avions pas prises avec nous aujourd’hui (interdites au Trifels et compliqué en ville) étaient ravies de cette sortie post méridienne.

Ce matin le ciel gris couronnait de morosité les bois alentours. Nous sommes parties à cinq pour une randonnée de 13 km depuis le parking du Trifelsruhe près d’Annweiler en empruntant une partie du sentier « Richard cœur de Lion », l’otage célèbre du coin.

Rosa et Suzy étaient visiblement ravies de faire partie du périple. Hier était leur journée de récupération où elles n’ont été qu’une heure en balade.

Une grêle fine est tombée pendant une dizaine de minutes sinon nous avons évité l’humidité.

Le circuit conduit à une tour sur la colline du Rehberg qui offre une vue panoramique complète sur la forêt méridionale du Palatinat, la trinité des châteaux de Trifels, Anebos et Scharfenberg (Münz), la plaine du Rhin et la bordure orientale de la Forêt Noire et des montagnes de l’Odenwald. La structure actuelle de la tour s’élève sur un socle de 2 m de haut et atteint une hauteur de 14 m avec le parapet. Un escalier extérieur de neuf marches mène à la porte en arc brisé de la tour , et un escalier en colimaçon de 49 marches mène à sa plate-forme panoramique avec son mur extérieur crénelé. La tour est classée monument historique et fut inaugurée le 17 septembre 1862 après cinq mois de construction.

En somme, en Allemagne, sur chaque colline on trouve soit une ruine de château-fort, soit une croix, soit une tour. On sent l’appropriation forte de l’humain homme sur le paysage par ce besoin de dresser des monuments toujours plus haut que la montagne elle-même.

L’objectif suivant de la randonnée était le Kleiner Hahnstein, « petit rocher » à escalader pour découvrir une nouvelle vue époustouflante sur la région. Encore plus belle que la précédente !

Et tout le long du circuit nous traversons de magnifiques forêts de hêtres, ormes, châtaigniers et chênes aux verts printaniers intenses qui illuminent les sous-bois et accentuent la couleur foncée des troncs, les rendant quasi noirs.

La suite du circuit devait nous mener au pied d’un gigantesque bloc rocheux (400 m de haut) découpé en trois parties : l’Asselstein néanmoins fermé pour cause de nidification des faucons pèlerins qui habitent ces lieux. Il est considéré comme l’une des formations rocheuses les plus puissantes de la région rocheuse de Vasgovie et est donc également appelé le « roi des roches du Palatinat ». Une fois à ses pieds on comprend pourquoi.

En face de cette masse rocheuse impressionnante se trouvait un large banc en demi-cercle faisant face à une sculpture commémorative avec une citation de B. Brecht dont j’ai cherché la signification en rentrant :

– Pour commémorer la rencontre à Asselstein entre socialistes et sociaux-démocrates de différents groupes de résistance du Palatinat le 6 mai 1934, une pierre commémorative et un banc avec vue sur le rocher ont été érigés en 2019.

L’inscription se lit comme suit :

« À la mémoire des sociaux-démocrates qui se sont réunis illégalement à Asselstein le 6 mai 1934 pour discuter des options de résistance contre le régime nazi. » SPD-Palatinat 

Cette citation de Bertold Brecht est magnifique. Un bel hommage à l’humilité.

Ne pouvant accéder à l’Asselstein, nous avons rebroussé chemin pour reprendre, sur deux kilomètres, le large sentier au cœur des bois qui nous a ramené au parking.

Le long du parking, il y avait une aire boisée avec des petites étoiles gravées sur les arbres. Cet endroit est un cimetière pour les cendres de notre espèce. Cela m’a rappelé le lieu de souvenirs au cœur de la forêt de Esch sur Alzette, au Luxembourg, que j’avais découvert avec Gabriel.

Cette randonnée nous a bien affamées, j’ai nourri Suzy et Rosa à la voiture. Nous n’avions qu’une quinzaine de minutes pour rejoindre le gîte, notre faim fut aussi vite comblée.

L’après-midi sera consacrée au repos et à nos menues occupations personnelles.

Nous sommes indubitablement dans une bulle de tendresse où chacune veille sur l’autre et où nos échanges sont drôles, attentionnés et sereins.

Aujourd’hui, départ à 9h pour Dahn, à environ 30 mn du gîte, pour un circuit de 12 km afin de découvrir ce coin défini par ses rochers monumentaux.

La randonnée débute par une montée vers un cimetière militaire comprenant plus de 2 000 soldats morts lors de la Seconde Guerre mondiale. Les noms des soldats sont notés sur de petites pierres – la plupart des pierres portent la mention « inconnu ». Au-dessus de ce lieu de recueillement se trouve une petite chapelle commémorative et au-delà le premier bloc colossal de roches de grés : le Hoschstein. Il fait partie du vaste Dahner Felsenland et se trouve à la limite sud de la petite ville. Un chemin sécurisé et très pentu monte sur la crête et offre encore une vue fantastique sur les montagnes et les autres formations rocheuses.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, les habitants et habitantes de Dahn se sont cachées dans ces niches rocheuses naturelles et les grottes sur le Hochstein. La plus grande est « la cabane du soldat », ouverte des deux côtés, elle offre une belle vue sur la ville.

Ce circuit passe par un des chemins de St Jacques de Compostelle.

Nous avons poursuivi notre randonnée vers le Dahner Burgengruppe, un immense complexe de trois châteaux médiévaux semi-troglodytes de toute beauté, composés de Tanstein à l’ouest, du Grafendahn au milieu et de l’Altdahn à l’est.

Il s’agit du plus grand complexe de châteaux du Palatinat construit sur des rochers abrupts et ses parties les plus anciennes remontent au XIe siècle.

Le mieux conservé est l’Altdahn qui offre un dédale d’escaliers, chambres et couloirs creusés dans la roche où on pourrait presque se perdre.

Au retour, j’ai même vu un troupeau de chevreuils qui est passé juste devant Suzy et moi, ce qui a bien intrigué Suzy d’ailleurs qui aurait aimé les suivre… mais non.

Nous sommes rentrées en début d’après-midi, petite pause post-méridienne avant de repartir pour dîner une dernière fois à Landau au « Ich bin so Frey ».

Le luxe de partir à une centaine de km de chez soi c’est que nous avons pris deux voitures.  Demain, Cédrine et moi irons faire une dernière randonnée du côté de Dahn tandis que les filles rentreront directement à Strasbourg.

Nous nous disions aujourd’hui combien ce territoire de vallons et de roches prodigieuses est époustouflant de beauté et nul besoin de partir à l’autre bout du monde pour être au cœur d’une nature généreuse et exceptionnelle.

Jour de départ. Premier réel jour de printemps.

Le gîte doit être libéré pour 10h. Nous nous scindons en deux groupes, l’opportunité d’avoir deux voitures. Tandis que Phlau, Rosa, Sonia et Suzy rentrent à Strasbourg, Cédrine et moi partons une dernière fois randonner dans cette terre d’histoire et de nature.

Le circuit est sur le territoire de Dahn, il part d’un château conservé dont la visite est payante mais que nous ne visiterons pas : le Burg Berwartstein. Aujourd’hui nous avons envie d’espaces et de ruines, loin des foules et du brouhaha de l’humanité.

La première étape nous mène au pied d’un promontoire rocheux, le Schlüsselfels. Nous n’avons pas trouvé le sentier et sommes montées à même la pente au travers d’amoncellements d’arbres chus et de terre glissante. Parcours éprouvant et technique néanmoins gratifiant une fois arrivées sur la plateforme. Il s’agit d’une des parois rocheuses parmi les plus hautes de Vasgovie.  La vue y est époustouflante (comme toujours) et s’épanouit sur ces paysages aux vallons boisés qui m’émeuvent tant.

Nous poursuivons sur le Heidenberg jusqu’au Buchkammerfelsen qui est, à lui seul, un point culminant. Le sentier traverse des falaises de grès parées d’arbres noueux aux racines entrelacées où le pied doit être sûr et l’œil vigilant. À l’intérieur de ces rochers se trouvent des chambres sculptées datant de l’Antiquité. La porte d’entrée est située à environ 8 m de hauteur sur le versant nord du massif, inaccessible pour un ou une marcheuse.

L’étape suivante sont les ruines du Drachenfels (le château dragon) où j’ai eu un réel coup de cœur pour ces vestiges. De loin, on distingue un gros rocher avec une plateforme accessible par un escalier mais en s’en approchant, on découvre un château monumental dont l’exploration est une véritable aventure. Il regorge d’escaliers, de pièces troglodytes et de passages de liaisons. Il a probablement été construit peu après 1200. En 1523, le château a été presque entièrement détruit. Deux rochers de grès rouge, abrupts et très étroits, portent ces impressionnantes ruines.

Partout il y a des terrasses aux vues dégagées sur les forêts, sur les Buchkammerfelsen et sur le village proche. Au loin, on y voit également l’ensemble rocheux des ruines du Dahner Burgengruppe visitées la veille.

Nous rentrons par le sentier boisé de St Jacques de Compostelle pour retrouver la voiture.

Le retour à Strasbourg se fait par la même route qui traverse l’extraordinaire forêt du Bas Mundat sous un soleil radieux.

Ce qui me réjouit c’est la proximité de ces lieux enchanteurs et que je peux y retourner pour m’y replonger quand j’en ressens le besoin. Ce n’est réellement qu’un aurevoir.


Les crêtes découpées du Jura suisse

Les vacances de la Toussaint sont les bienvenues dans ce premier trimestre de lycée dense en préparatifs, réunions, corrections, etc.

Cette année j’ai encore décidé de ne pas partir trop loin, moins de quatre heures de voiture de la maison. Se dépayser n’exige pas forcément de longues distances et marcher reste mon moyen le plus efficace pour me recentrer et me déconnecter des tracas du quotidien.

Jesper et Julie m’ont accompagnée pour cette escapade de cinq jours.

Samedi 29 octobre – Jour 1

J’avais réservé un gîte à la Chaux-du-Milieu en Suisse, dans un coin surnommé « La Petite Sibérie ». Le gîte est aménagé dans une ancienne ferme. Il est immense, tout en bois, rustique et préservé. Nous avions chacun et chacune notre chambre. Seul bémol, il est situé au cœur d’une région d’exploitation des vaches et nous ne pouvions pas ouvrir les fenêtre sans entendre le son de leur cloche, monotonie glaçante d’un outil de torture banalisé pour ces êtres. Outil obsolète qui les rend sourdes et n’est justifié par rien. L’espace est cloisonné en prisons à ciel ouvert, elles ne peuvent échapper à leur mort programmée.

Nous sommes arrivées le samedi 29 octobre en milieu d’après-midi. Le temps de nous installer et de prendre connaissance de notre lieu de vie pour cinq jours fut rapide. Nous sommes ensuite parties dîner à Neuchâtel, la ville importante la plus proche, à 30 mn de la maison.

Jesper avait repéré dans l’application « Happy Cow » LE restaurant végane de la cité : Eateco.

Comme nous étions un peu en avance, nous en avons profité pour monter sur les hauteurs de la ville afin de contempler le lac depuis la roche de l’Ermitage qui offre aussi un point de vue exceptionnel sur les Alpes.

Le restaurant végane fut une agréable découverte, le dîner était succulent et l’ambiance conviviale. Je me suis régalée avec un risotto complet à la courge et aux noix accompagné d’une salade de carottes à la sauce amande et de farinata de pois chiche.

Nous sommes retournées à notre gîte de nuit, croisant une multitude d’yeux brillants au détour des virages, roulant le plus lentement possible afin de préserver cette vie nocturne exceptionnelle.

Dimanche 30 octobre – Jour 2

Ma nuit fut courte. Réveillée à 3h30, j’ai eu le temps de peaufiner quelques randonnées pour le séjour.

Nous sommes parties tôt à la découverte du grand canyon suisse, le point touristique à ne pas rater de la région : le Creux-du-Van, 15 km² de nature protégée où s’épanouissent bouquetins, chamois, chevreuils, lynx et grand tétras. Les températures étaient quasi estivales. Nous avons fait un circuit de 11,5 km et de 646 m de dénivelé avec une pente abrupte. Les pentes escarpées sont le lot du Jura constitué de blocs calcaires massifs et carrés.

Dès notre montée, nous avons croisé deux puissants bouquetins qui mangeaient tranquillement sur le sentier. Nous avons donc coupé à flanc de montagne afin de ne pas les déranger. C’est la première fois que je croisais cette impressionnante chèvre sauvage, peu farouche.

Arrivées au sommet de la pente, le panorama est impressionnant. Les couches de calcaire qui forment l’extraordinaire cirque rocheux du Creux-du-Van ont été déposées par une mer primitive il y a près de 200 millions d’années. Le glacier, par alternances de gel et de dégel, puis les ruisseaux ont sculpté un spectaculaire amphithéâtre, particularité géologique typique du plissement de la chaîne du Jura.

Le sentier qui longe le cirque est balisé et étroit afin de préserver la flore fragile des lieux. Nous sommes montées jusqu’à la Croix du Soliat à 1464 m d’altitude offrant un point de vue exceptionnel sur les Alpes.

Nous avons aussi croisé un troupeau de chamois, qui se déplaçait en escaladant tant bien que mal les barbelés qui enferment ce paysage pour les besoins non vitaux de la pratique arriérée de l’élevage.

D’ailleurs, les éleveurs ont placé régulièrement des panneaux hypocrites disant que les « bovins entretiennent le paysage ». Panneaux installés parfois quelques mètres après ceux rappelant qu’il faut préserver la flore sauvage ! Il semblerait que les vaches suisses sachent faire la différence dans les plantes qu’elles vont brouter. Au-delà de cette fumisterie, la nature n’a pas besoin d’être façonnée par des bovins, de plus ces prisons bloquent et limitent la circulations des autres êtres qui y vivent. Les champs infinis de pâtures n’ont aucun lieu d’exister et n’embellissent en rien le paysage, bien au contraire.

Nous sommes redescendues tranquillement par un chemin moins escarpé pour rejoindre le parking où nous étions garées près de la Ferme Robert.

En rentrant au gîte, Julie et moi nous sommes accordées une parenthèse danse, l’espace immense et ouvert de notre habitacle s’y prête parfaitement.

Lundi 31 octobre – Jour 3

Aujourd’hui c’est la découverte des Gorges de l’Areuse.

« L’Areuse, habituellement paisible, s’écoule avec fracas dans les gorges de l’Areuse, longues de 11 km, situées entre Noiraigue et Boudry dans le canton de Neuchâtel. Un magnifique sentier de randonnée longe le lit de la rivière, par endroits tranquille et à d’autres tumultueuse. Le sentier emprunte des ponts de pierre, des passerelles et des escaliers, traverse des étranglements rocheux et longe des parois rocheuses remarquablement abruptes. »

Ces propos recopiés du site mis en lien expriment parfaitement l’ambiance du parcours du jour. Les températures ont chuté et nous sommes parties sous un ciel gris et chargé d’humidité. Nous avons longé la voie ferrée sur deux kilomètres, l’Areuse suit également cette voie avant de bifurquer vers les falaises qui vont l’encercler. Le spectacle au « Saut du Brot » et son vieux pont de pierre très romantique est impressionnant. Par contre, l’essentiel de la randonnée se fait sur des sentiers goudronnés ce qui est moins agréable.

En fin de journée, nous sommes parties découvrir la petite cité de Neuchâtel et les rives de son lac. C’était Halloween et les maisons s’étaient habillées de décors macabres. Nous sommes retournées dîner à Eateco pour l’occasion.

Mardi 1er novembre – Jour 4

La météo annonçait des torrents de pluie dans la nuit et en matinée. Le paysage des prisons à ciel ouvert s’est davantage appesanti sous le crachin qui tombait. Le gris noyait le vert. Nous avions décidé de découvrir l’autre lieu vegane de la région : la Crème renversante se situant à la Chaux-de-Fonds. C’est un bar à chocolat qui propose aussi des petits plats salés le midi.

Des cieux plus calmes étaient prévus pour la fin de matinée. Nous avons décidé de faire une randonnée sur les hauteurs de la Chaux-de-Fonds mais la pluie ne s’est pas calmée et le paysage était noyé d’eau et de brume. Nous avons traversé une infinité de champs clos où de pauvres vaches mugissaient à fendre l’âme. Le point de vue était totalement bouché. Nous avons écourté cette randonnée pour aller nous réconforter dans un lieu chaleureux.

La Crème renversante nous a proposé une succulente tarte salée sans gluten ainsi que de savoureux desserts. Nous avons fini par déguster un délicieux et immense chocolat viennois chaud.

Rentrées tôt et repues, nous avons fini la journée devant un film léger, profitant de ce temps de repos pour nous ressourcer.

Mercredi 2 novembre – Jour 5

Pour cette dernière journée, nous sommes parties à la découverte des Aiguilles de Baulmes, au départ de Ste Croix, à trente minutes en voiture du gîte. Elles forment un ensemble de crêts dont le point le plus élevé culmine à 1 558 m d’altitude. D’ailleurs ce point le plus élevé était noyé dans une mer de nuages au départ. La montée fut rude (40% par endroit), presque à flanc de falaise entre rocailles et racines glissantes, terre gorgée d’eau des dernières pluies.

La ligne de crête s’étend sur 4 km et la vue s’est dégagée peu à peu, offrant des échappées incroyables jusqu’au lac Léman et sur les Alpes encore baignées de nuages cotonneux.

C’est une très belle randonnée aux vues toutes plus surprenantes les unes que les autres. Le versant nord abrupt est couvert d’une hêtraie-sapinière. Le versant sud est constitué par une falaise calcaire avec des ourlets de prairies et prés-bois. Une réserve forestière de 106 hectares couvre le sommet du crêt. Cet espace est bien moins fréquenté que le Creux-du-Van et d’autant plus appréciable.

Les températures ont bien baissé depuis le 1er jour et sont plus de saison. La neige est annoncée pour le week-end mais nous repartons demain tôt.

Un autre monde est possible #stopElevage

Hormis l’élevage omniprésent, pesant, les sommets restent à peu près des lieux où nous pouvons nous déconnecter de notre humanité assassine. Et puis, notre entente fut chouette pendant cette pause de cinq jours. D’ailleurs, j’ai fait le choix d’utiliser le féminin pluriel dans mes accords puisque nous étions deux filles et un garçon.

A tous les mangeurs et mangeuses de cailloux 😉 LOVE

Toute progression passe par un changement de regard sur les normes.

Minérale Corse

En avril 2020, nous avions prévu (Phlau, Julie et moi) de passer une semaine en Corse. Mais les circonstances en ont décidé autrement et le voyage a été décalé aux vacances de la Toussaint.

Je n’ai jamais été en Corse, c’est une première pour moi. Julie, qui nous a accompagnées, en est à son 4è séjour. Je crois qu’elle est fan, aimant la montagne et la lumière, c’est le combo gagnant.

Sentier du littoral- Désert des Agriates

Nous avions réservé des chambres dans un lieu chaleureux, : « CHAMBRES CHOCOLAT & TURQUOISE«  dans la périphérie de Bastia, où les hôtes sont végétaliens et font aussi traiteurs. Ainsi nous pouvions consacré nos journées à la randonnée et nous poser le soir autour de la table, sans avoir d’autres contraintes, ni à justifier nos choix de vie plus éthiques.

Florence et Michel, les hôtes, sont bienveillants, accueillants et cuisinent divinement bien. 5 chats, Gaby, Patrick, Cookie, Hendrix et Petit Chat, y vivent également ainsi que Cajou, le chien enthousiaste, ultra sensible et émotif de la maison que nous avons beaucoup bichonné. C’était le lieu idéal pour se ressourcer après nos marches quotidiennes.

1er jour – Mise en jambe sur les hauteurs de Biguglia

Nous sommes arrivées un dimanche lumineux, avons loué une voiture pour découvrir le Nord de l’Ile et, Florence et Michel, nous ont tout de suite proposé une mise en jambe : découvrir la chapelle romane Sant-Andria di Fabrica sur les hauteurs de Biguglia datant du XIIIè siècle. Un sentier partant de la fontaine au sud du village permet d’y accéder. Nous nous sommes tout de suite plongées dans l’ambiance méditerranéenne avec le maquis odorant exhalant les senteurs du ciste et les cactées qui jalonnent la montée vers la chapelle. Des cyclamens bordent le chemin ainsi que des chênes liège aux troncs noircis par un récent incendie qui donnent une couleur particulière aux paysages traversés.

Des décorations, petites sculptures, land art, peintures, rythment également la montée et poétisent l’espace. Il faut compter une heure de marche. Les ruines de la chapelle se dressent sur un piton rocheux à 343 m d’altitude, dominant la plaine, l’étang de Biguglia et la mer Tyrrhénienne. La lumière de fin de journée auréole les montagnes alentours où le vert domine. L’été semble encore là, si proche dans ce camaïeu de verts où les buissons ouvrent la vue sur un lointain bleuté côtoyant mer et montagnes. Seules les fougères roussies rappellent la saison en cours.

Par contre, en traversant le village de Biguglia, on a croisé un homme d’une quarantaine d’années, une carabine sur l’épaule, accompagné d’un garçon d’une dizaine d’années. Je trouve cela incroyable de voir des gens avec des fusils que ce soit dans les villages ou les zones moins habitées et, qu’en plus, cela soit un modèle éducatif. Tuer n’est pas à enseigner. C’est montrer qu’on peut dominer d’autres vies et se les approprier, ces vies qui ne nous appartiennent pas.

En fin de journée, nous sommes passées par le vieux port de Bastia,  deuxième commune la plus peuplée de Corse après Ajaccio. Ville portuaire aux immeubles écaillés dominée par la pro-cathédrale Sainte-Marie, entièrement restaurée et pimpante, dans un décor de ville latine tournée vers la mer. D’ailleurs, la majorité des églises et chapelles visitées sont rutilantes et très colorées et s’opposent bien souvent aux pierres vétustes des quartiers qu’elles dominent.

Jour 2 – Le désert des Agriates

Nous sommes parties, après le petit-déjeuner copieux, vers le Cap Corse pour notre randonnée du jour : 20 km aller-retour par le chemin des douaniers et son remarquable sentier littoral au départ du Golfe de Saint Florent.

La route qui conduit à notre point de départ passe par la montagne et offre des points de vue remarquables sur les deux versants du Cap Corse. Les panneaux de direction sont, pour beaucoup, vandalisés, troués par des balles, le nom français est tagué ou ils ont tout simplement été enlevés. Bienvenue sur cette île de l’omerta. D’ailleurs un dicton corse dit : « Un Corse ne pardonne ni pendant sa vie, ni après sa mort ». Le ton est donné.

Le désert des Agriates est situé entre le village de Saint-Florent, au Sud du Cap Corse, et la vallée de l’Ostriconi, au Nord de l’île-Rousse.

Les 16 000 hectares du désert étaient autrefois utilisés pour cultiver du blé et des oliviers.  Cette zone montagneuse n’a rien à voir avec un désert classique, on y trouve une faune et une flore abondantes, et surtout 35 km de côtes comptant des plages paradisiaques aux eaux turquoises. Les paysages sont beaux à couper le souffle et découpés par une infinités de petites criques aux eaux translucides et au sable blanc avec les montagnes en filigrane bleuté comme décor de fond.

Nous avons été jusqu’à la plage du Lotu où nous étions seules humaines et où Phlau s’est même baignée.

Baignade – Plage du Lotu

Au retour, Julie et moi avons escaladé un rocher qui devait être une ancienne tour de garde, appelées par les escaliers insérés dans la roche qui nous invitaient à aller admirer le panorama depuis sa plateforme.

Jour 3 – Apocalypse dans la vallée de la Restonica

Dans notre trio de voyage, il y a Phlau dont l’élément est sans aucun doute l’eau. Elle aime jouer, nager, se baigner. L’appel de la mer de la veille a été plus fort que tout même sans maillot de bain. Et il y a Julie. Julie aime marcher, la montagne et …le soleil. Elle rêvait de découvrir deux lacs de montagne, situés au bout de la vallée de la Restonica, qu’elle n’avait pas pu explorer lors de ses précédents voyages.

La vallée de la Restonica est souvent considérée comme l’une des plus belles routes de l’île. Cette route n’est pas facile, sinueuse sur 16 km, mais les paysages sont magnifiques, ce sont des gorges découpées par de hautes montagnes abruptes.  Nous voulions découvrir les lacs de Melu (alt  1711 m) et de Capitellu (alt  1930 m ). La météo annonçait un ciel bleu et un soleil lumineux. Mais voilà, à plus de 1000 m d’altitude, la montagne peut en décider autrement. Ce jour là, Julie allait encore rester sur sa faim. La quête des lacs…pour un autre séjour corse.

Dès le début de notre montée, à partir de la bergerie de Grotelle, un paysage alpestre, aux pentes marquées par des roches schisteuses, s’offre à nous . Nous traversons des rus alimentés par une eau furieuse qui dévale de l’aplomb des montagnes, rendant le sentier empierré dangereux et glissant. Le ciel est gris et menaçant.

Très vite, nous sommes prises dans une tempête mélangeant grêle et neige et transformant la montée en une épreuve des enfers. Le décor devient apocalyptique noyant toute couleur dans ses ruissellements venus de cieux en colère. Il est de plus en plus difficile d’avancer et nous sommes vite trempées de la tête aux pieds malgré notre équipement adapté.

Les rus se transforment en ruisseaux grondants et l’eau dévale de partout. Les sommets sont noyés dans les nuées grises qui crachent leur courroux de toute la force des éléments de la nature. A un quart d’heure du lac de Melu, nous décidons de faire demi tour car le sol est détrempé et beaucoup trop glissant. Je grelotte de froid.

Nous rebroussons chemin, la tempête ne se calmera pas. Julie est triste et déçue. Nous décidons de retourner à la chambre d’hôtes pour nous changer, nous réchauffer et repartir pour quelques kilomètres autour de Murato, surplombant la plaine de la Conca d’Oru et le golfe de Saint Florent, sous un ciel plus clément afin de finir cette journée par une note lumineuse.

Effectivement, le soleil inonde le littoral. A Murato se trouve l’une des plus jolie église romane de Corse : l‘église San Michele de style pisan   polychrome (bicolore), alternant des pierres de couleurs verte (serpentine) et blanche (calcaire), assemblées en dessinant irrégulièrement des damiers et des zébrures.

Jour 4 – Florilège de villages du Cap Corse

Aujourd’hui c’est plein soleil sur le littoral et les sommets proches. Nous décidons de partir découvrir le patrimoine urbain du Cap Corse. Nous commençons notre périple par Nonza, perché en nid d’aigle sur une falaise verticale de cent mètres de haut, surplombant la mer Méditerranée, autour de l’église rose orangé vif Santa Ghjulia. À la fin de l’époque romaine, sainte Julie, la patronne de la Corse, y aurait été martyrisée et, donc, une église, une chapelle et une source commémorent cet événement.

Dès notre arrivée, nous sommes accueillies par Frita, une chienne aux airs de cocker qui va nous guider et nous accompagner tout le temps de notre visite. Après être montées à la tour Paoline, construit au XVIIIe siècle sur l’emplacement d’un ancien château, nous descendrons par un monumental escalier de 150 marches vers la marine. Cet ancien port, aujourd’hui ruiné qui ouvre sur une surprenante plage de galets noirs et gris.

Le deuxième village visité est Canari, à peine un peu plus de 300 personnes y résident. Nous nous garons sur la place de son remarquable clocher du XVIIème siècle, agrémenté de magnifiques palmiers, jouissant d’une vue panoramique exceptionnelle sur le golfe de Saint-Florent et la pointe de la Revellata. A partir de là, nous descendons jusqu’à sa marine pour remonter par un sentier serpentant au travers d’anciennes terrasses abandonnées.

Le périple continue ensuite vers Pino, bâti à flanc de montagne et entouré de figuiers, chênes verts, platanes, cyprès et oliviers, surplombant la mer à 170 mètres. De magnifiques bâtisses l’agrémentent comme le château Piccioni ou le surprenant mausolée de la famille Piccioni qui contient, entre autres, les cendres de la fille de Gustave Eiffel, Valentine, mariée avec Camille Piccioni, diplomate et fils d’Antoine Piccioni qui fut maire de Bastia.

Nous décidons ensuite de traverser le cap pour finir sur sa façade Est avec la découverte de Meria. Nous empruntons la D35, route escarpée et sinueuse qui traverse les montagnes et nous offre de majestueux panoramas sur les sommets proches surplombants les eaux méditerranéennes de toute leur amplitude. En cette saison, il y a très peu de touristes et beaucoup de commerces sont fermés pour notre plus grand plaisir. C’est très impressionnant de se sentir seules dans ces lieux. Comme un sentiment de fin du monde …

Meria, 5 hab/km², fut un port actif au XVIIè siècle. Nous nous garons sur la place de l’église totalement désertée. Notre but est de découvrir le hameau abandonné de Caracu à proximité. Pour y parvenir nous longeons une allée bordée d’imposants tombeaux. En Corse, on trouve ainsi beaucoup de tombeaux et de cimetières privés dans les villages. C’est d’ailleurs étrange de voir ces lieux privatisés qui reflètent le pouvoir des notables en place d’une époque pas si lointaine.

Le sentier qui mène à Caracu s’enfonce dans la végétation touffue du maquis et offre, par endroit, des vues sur la cote orientale du Cap Corse. Assez vite nous arrivons au village. Les ruines sont dangereuses et peu visitables mais une étrange impression se dégage de ces lieux délaissés où la nature a repris ses droits.

Nous rentrons de nuit, épuisées et repues par tous ces endroits visités. Fin octobre, le soir arrive vite.

Jour 5 – Gorges du Tavignano

Un sentier balisé au départ de la citadelle de Corte permet d’atteindre les gorges du Tavignano, une des plus belles vallées des montagnes corses selon les guides touristiques. Le sentier s’élève sur la rive gauche du torrent.  C’est effectivement une très impressionnante vallée creusée dans les différents rochers de cette partie de l’île et qui mène aux hauts plateaux du lac de Nino et de la Punta Artica. Elle n’est accessible qu’à pied et reste en dehors des sentiers battus ce qui fait aussi tout son charme.

Le soleil et la douceur étaient au rendez-vous, nous avions décidé d’aller jusqu’à la passerelle suspendue de Rossolino, à 2h de marche. Le sentier est bien balisé et à flanc de falaise par endroit, offrant des vues à couper le souffle sur le maquis et les escarpements vertigineux de ce canyon corse. Nous avons croisé peu d’humains mais avons partagé nos miettes avec une colonie de fourmis lors de notre pause déjeuner.

Par endroit, quelques châtaigniers au feuillage or rappelaient que nous étions en automne.

Nous avons fini le périple par la visite de Corte, capitale historique et culturelle de la Corse. Elle occupe une position centrale dans l’île et sa citadelle domine les montagnes avoisinantes.

Jour 6 – Le chemin de croix de Cervione

Le soleil est de plus en plus ardent, nous choisissons pour cet avant dernier jour de découvrir les hauteurs de Cervione sur la Costa Verde. Cervione est un très joli village typique accroché en amphithéâtre sur les dernières pentes du Monte Castellu qui culmine à 1109 mètres.

Sa cathédrale Saint Erasme est remarquable, un des premiers édifices baroques de Corse.

Pour nous y rendre, nous avons pris la route sur la corniche de la Costa Verde qui a été une excellente mise en bouche de ce qui nous attendait.

Nous sommes montées sur le plateau de la Scupiccia (750m), situé à une heure de marche au-dessus de Cervione et qui offre une vue imprenable sur la plaine et les massifs alentours abritant la chapelle A Madonna di a Scupiccia. Nous décidons de nous y rendre en passant par la croix de Stupiole, dominant le littoral de son piton rocheux à 632 m d’altitude. A partir de la croix, le sentier bien balisé (heureusement !) passe par des rochers à escalader qui découvrent des vues de plus en plus époustouflantes sur l’horizon découpé entre mer et montagnes aux sommets enneigés.

Comme sur les hauteurs de Biguglia, les troncs sont noircis par un incendie, sans doute récent, mais la force vive du maquis a totalement réinvesti les sols et ces troncs calcinés habillent le paysage d’une étrange impression de chaos.

C’est sans aucun doute l’une de mes plus belles randonnées corses parce que le paysage est ouvert sur 360° et le ciel dégagé permet de savourer ces panoramas majestueux et diversifiés.

Nous nous sommes posées à la Pointe de Nevera à 801 mètres d’altitude repues par tant de beauté.

Jour 7 – Dans les nuages des crêtes de Rutali

Dernier jour, la matinée est encore lumineuse mais nous voyons poindre au loin quelques nuages. La particularité de la Corse est que le littoral peut être inondé de soleil mais le moindre nuage aime s’effilocher sur ses cimes vertigineuses . Nous décidons quand même de découvrir les crêtes proches de la chambre d’hôtes. Le point de départ est à Rutali.

Nous montons à la découverte du Monte Torriccello culminant à 834 m d’altitude. Très vite nous tombons sur un fameux nuage effiloché qui embrume le paysage et annonce la Toussaint prochain. L’ambiance de la dernière randonnée est donnée.

Dans cette brume, nous atteignons la chapelle Santa Chiara. Nous poursuivons vers la cime proche où paissent quelques vaches et un troupeau de chèvres.

En Corse, il n’y a pas d’élevage de vaches pour leur voler leur lait. Elles sont majoritairement errantes sur les routes et les sentiers (souvent dangereux d’ailleurs pour elles) et finiront assassinées pour leur « viande ». Elles sont efflanquées et cherchent à l’infini de quoi manger sur ces sols arides et épineux. Non, leur liberté sous conditionnelle n’est pas plus enviable que ce que vivent les vaches enfermées. La finalité reste la même et aucune jouissance d’un espace libre n’excuse une mise à mort programmée.

C’est quand nous atteignons la croix marquant le sommet du Monte Torriccello que le nuage se déchire enfin pour nous offrir une magnifique vue sur la baie de Saint Florent dans le lointain. La face Est reste bouchée mais nous pouvons voir le chemin de crête qui se dessine devant nous. L’objectif suivant est la cime de Stella à 1010 m d’altitude.

Nous replongeons assez vite dans un nouveau nuage ou peut être est-ce le même qui a ralenti sa course. Et là je suis surprise car nous ne sommes plus dans le maquis mais dans une incroyable forêt de châtaigniers totalement baignée par cette brume qui lui confère un charme onirique imprégné de féérie. J’ouvre la voie et les croassements des corbeaux qui s’envolent à mon approche accentuent encore cette impression. Et soudain, nous dérangeons quatre sangliers affolés qui s’éparpillent dans les fougères, le cadeau du jour. Les sangliers corses sont petits. Des rayons percent difficilement l’opacité de la brume et nimbent davantage encore le sous bois de magie. Nous poursuivons le chemin, heureuses de nos rencontres et arrivons à la cime suivante mais la vue reste bouchée.

Nous redescendrons accompagnée par cette nébulosité. Nous traversons d’autres sous bois émaillés de murs empierrés et moussus.

Les nuages ont également investi le littoral. Notre dernière journée corse aura été dans l’ambiance de la saison en cours.

Le retour au monde fou va être difficile.

Vue depuis la Pointe de Nevera à 801 m d’altitude

Terre d’encre et de papier

dans l’enclos du poème

et pourtant rose chair

Terre d’azur d’émeraude

en pleine page

et pourtant noir profond

Terre pastel sur la marge

ténue entre les lignes

touchée du doigt pourtant

Terre désincarnée

dans l’enclos du poème

et pourtant dans mes bras

Marie-Ange SEBASTI, Cette parcelle inépuisable,  Jacques André éditeur, 2013

Au-dessus des nuages, le Melkereikopf

Au loin, la ligne bleue des Vosges.

Où ai-je passé la première journée de cette nouvelle décennie ?

Sur les larges sentiers d’un sommet allemand que j’affectionne pour ses vues dégagées qui emportent loin l’imaginaire et abritent mes rêves et mes espoirs : le Melkereikopf.

Ce sommet culmine à plus de 1000 m. d’altitude et offre de beaux panoramas sur la vallée du Rhin et les vallons voisins de la Forêt Noire.

Situé à 1h de route de Strasbourg, c’est un endroit idéal pour se déconnecter du froissement urbain et de la pollution qui stagne souvent dans la plaine d’Alsace.

En ce 1er janvier, une purée de pois, à la grisaille pesante, plombait la ville à peine éveillée des violences de cette nouvelle année. Oui, violence. Un mort humain tué dans son jardin … et je ne parle pas de toutes les vies inquiétées, terrorisées et décédées des autres animaux pour cette tradition déplorable des pétards à lancer lors de ce jour de l’an qui n’est que le choix arbitraire d’une temporalité rythmant le cycle annuel. Une impression de guerre envahit les rues strasbourgeoises à ce moment là et me décourage, à chaque fois, d’avoir foi en mon humanité.

Les trottoirs, au petit matin, étaient jonchés d’immondices.

Nous avons fui cet état sinistré, cette grisaille moribonde, cet univers apocalyptique.

Je sais que là-haut, dans mes montagnes proches, la lumière et la sérénité sont au rendez-vous.

Nous sommes parti-e-s à 6 humains et 4 chiens dans la grisaille de ce lendemain d’excès vers d’autres paysages.

Là-haut, nous avons défait et refait le monde.

Nous nous sommes gorgé-e-s des vues époustouflantes au camaïeu bleu, estampes dessinées par la nature où se perdaient nos espérances. Nous avons rêvé d’un autre monde, plus respectueux. Nous avons aussi contemplé en silence la beauté des vallons se déployant à l’infini. Nous nous sommes repu-e-s de cet air vivifiant où dansaient des éclaboussures de soleil.

« Ma bande » d’activistes prêt-e-s à œuvrer pour un monde plus juste. Tous les individus présent-e-s sur cette photo ne sont pas zoophages, en cohérence avec les actes qu’iels posent.

« Nous rêvons au bonheur universel, nous voulons l’humanité libre et fière, sans entrave, sans castes, sans frontières, sans religions, sans gouvernements, sans institutions.  » Louise Michel

Dans la minéralité des causses

Sur les hauteurs du Causse Méjean.

Pour ces vacances de la Toussaint, j’ai passé six jours dans un décor grandiose de canyons époustouflants et de tempêtes sur les hauteurs minérales des causses.

Gorges de la Jonte.

Trajet 19 oct – de Strasbourg à St-Pierre-des-Tripiers

Nous sommes parties à 7h de Strasbourg, la pluie était dense toute la matinée. Le ciel s’est dégagé à partir de midi. Le trajet est facile car les autoroutes sillonnent tout le parcours et le trafic était fluide.

On est arrivées à 18h, accueillies par nos deux charmants hôtes, par Finette, la chatte des lieux ultra câline et leurs deux petits-enfants, curieux et intimidés.

Finette.

J’ai évidemment tout de suite craqué pour Finette, hyper sociable qui est venue immédiatement réclamer des caresses et me pétrir les cuisses où elle s’est installée.

La dernière heure de trajet est sur des départementales qui traversent les Gorges du Tarn. 20 km en 1 h dans un décor fabuleux de falaises vertigineuses traversées par l’or de forêts somptueuses accrochées aux versants de ces roches.

Gorges du Tarn.

La vue de ma chambre semble sortie d’un conte du XIXè siècle. Tout pourrait être idyllique mais nous sommes au cœur d’un pays d’élevage de brebis laitières à la terre rude et hostile.

Vue de la fenêtre de ma chambre à St-Pierre-des-Tripiers.

Le gîte est une maison typique en lauze qui peut accueillir 5 personnes. Nous avons 2 immenses chambres.

Une courte balade en soirée nous a permis d’apprécier le décor. Nous nous sommes posées sur une colline proche pour regarder tomber la nuit.

Jour 1 -20 oct- Le Rozier

J’ai dormi 12h ! Incroyable ! Je crois que je décompense et que j’avais grandement besoin de cette pause. Gérer les tensions et toujours être à l’écoute finit par être éprouvant surtout que je suis seule dans cette gestion de 11 antennes à l’échelle nationale. Je suis entourée de remarquables personnes qui me comprennent et dont la compassion est immense et heureusement. Les équipes au sein de l’association sont aussi exceptionnelles et bienveillantes et font un formidable boulot d’investissement.  C’est grâce à ces équipes mais aussi aux personnes qui partagent mon quotidien et me soutiennent d’un amour inconditionnel sans oublier ceux et celles qui, de loin, m’envoient leurs pensées positives qui sont autant de petits morceaux d’amour que je tiens, car je dois gérer un nombre incalculable de messages qui exigent explications, critiquent, jugent, condamnent et sont autant intrusifs que maladroits.

D’où l’importance de cette coupure dans un bout de monde.

Ici, aujourd’hui c’est la tempête. La pluie brouille le paysage et les vents soufflent à plus de 80 km/h. Le rythme va être lent, il l’est déjà. Pendant que j’écris Phlau et  Suzy se partagent le canapé, l’une lit, l’autre somnole. Chacune son oreiller.

Vers 15h nous avons bougé, histoire de s’aérer un peu. Nous avons suivi la sinueuse départementale 996 jusqu’au Rozier à 30 mn de la maison. La route longe les gorges de la Jonte où se déploie un panorama grandiose, véritable canyon, avec des falaises à corniches noyées dans une luxuriance boisée aux couleurs de l’automne. J’ai vu mes premiers vautours avec leur vol circulaire de rapaces, au-delà des promontoires calcaires surplombant la vallée encaissée.  Au Rozier, bourg frontière avec l’Aveyron, une impressionnante tempête à noyer le paysage.

Au retour, l’horizon était embrumé, rendant encore plus oniriques ces lieux sauvages. L’eau ruisselait  abondamment sur la route jonchée de gros cailloux détachés des corniches.

Vue de la voiture sur l’église romane du Rozier.

Jour 2 – 21 oct – Au cœur du causse Méjean

Ce matin je me suis réveillée à mon heure habituelle : 7h. Tout était silencieux. J’ai ouvert mes volets et un spectacle de brume et de lumière s’est offert à mes yeux. Je me suis habillée rapidement pour aller savourer sur la colline proche ce spectacle féerique. J’aime quand les nuages s’accrochent au paysage et lui font un habit de brume déchiquetée alors que l’aube vient de s’estomper.

A mon retour, j’ai croisé le berger amenant ses brebis au pré. Elles étaient toutes tondues, les mamelles pleines. Je n’ai vu aucun agneau. Certaines ont été intriguées par ma présence et mon cœur s’est déchiré comme les lambeaux des nuages de cette matinée. Je ne peux pas faire abstraction de leur sort. Je ne peux pas m’extasier sur cette pratique ancestrale qui n’a plus lieu d’être. D’ailleurs les paysages d’ici sont cloisonnés et ont été façonnés par et pour l’élevage. Je suis au cœur d’un paradoxe éprouvant, tant de beauté côtoyant une inutile cruauté.  On peut fuir la réalité, elle nous rattrape toujours. Aucune rudesse, aucune tradition ne justifie une exploitation d’êtres sentients. L’histoire de l’humanité est marquée par une infinité de métiers qui ont disparu face aux évolutions et aux prises de conscience de nos sociétés. Déconstruisons nos archaïsmes pour un monde plus juste.

Aucune rudesse, aucune tradition ne justifie une exploitation d’êtres sentients.

Le petit-déjeuner a été pris rapidement, nous sommes parties explorer le causse Méjean. Il y a une enceinte protohistorique à 1107m d’altitude, ouvrage défensif édifié au VIIIè s. avant JC, à proximité d’un col, d’une draille et d’une source : la Rodo de Drigas. Une position idéale pour ces humains d’autres temps. Le rempart elliptique mesure  150 m sur 115 m, le mur d’origine en pierre sèche était vertical et devait mesurer 4m de haut, doté de 2 portes. Il n’a pas résisté à l’empreinte du temps et à la force des vents. Ce lieu fut habité de 750 avant JC  jusqu’au 2e siècle de notre ère. La vue devait être panoramique à 360° mais nous étions dans un nuage avec le sentiment d’être hors de toute chronologie, peut être même proches d’âmes étranges peuplant ces lieux. La nature vibrait, Suzy était la plus attentive de nous trois et grondait au rythme du frémissement des buissons. D’autres êtres nous observaient, bien cachés, elle les sentait.

Nous avons repris notre sentier de randonnée vers le hameau du Buffre, traversant des forêts de pins noirs d’Autriche habillés de lichens. Les maisons des villages sont en lauses, de leurs fondations à la cheminée du toit où trône une pierre en son sommet. Ici, le bâti reste particulièrement préservé. On dirait des maisons de contes. En fait, l’omniprésence de la roche calcaire a généré dans la culture caussenarde, tout cet art de la construction en pierre sèche.

Nous avons suivi à partir de là le chemin de St Guilhem surnommé aussi le Camin Ferrat qui conduit à l’abbaye de Gellone, à St Guilhem le Désert, centre majeur de dévotion au moyen-âge. Des chemins empierrés d’origine antique sillonnent ainsi les collines érodées par les vents et les humains qui se sont approprié les terres.  A la sortie du hameau se trouve le plus vieux calvaire des causses : la croix du Buffre où les pèlerins se recueillaient.  Son socle cylindrique s’élève sur trois marches (XIIè s.) et représente d’ailleurs deux pèlerins vêtus de tuniques, porteurs de bâtons surmontés de croix. Un senhadou (bénitier) en forme de visage humain contenait l’eau bénite. Aujourd’hui c’est l’eau de pluie qui le remplit.  

Nous avons continué sur le sentier qui traverse la Causse vers le hameau de Hures. Le ciel s’est dégagé pour nous offrir un impressionnant panorama sur les sommets alentours : le Serre du Bon Matin, le travers des Aures et le mont Aigoual. Le paysage est aride, à vif, jonché d’un chaos de pierres blanches, se perd dans l’infini où les nuages s’emmêlent au bleu des massifs lointains. Le causse Méjean est une immense table de calcaire jurassique d’une superficie d’environ 45000 hectares sans eau, sans arbres, ayant une altitude moyenne de plus de 1000 mètres et des couronnes qui atteignent jusqu’à 1278 mètres dans sa partie orientale. Nous nous sommes posées pour contempler cet impressionnant panorama, simple dans sa nudité, aride et beau. Nous avons aussi vu notre premier troupeau de brebis toujours sans agneau dans un champ en contrebas et sans patou.

Au hameau de Hures, nous avons suivi les indications pour trouver l’aven du village. En fait, nous ignorions ce qu’était un aven. Je ne suis pas du tout attirée par la spéléologie et légèrement claustrophobe.  Quelle ne fut pas notre surprise de dénicher un affaissement dans les prés qui donnait sur une faille oblongue d’environ 3-4 mètres béant dans un abîme de la terre.  Dans mes lectures, j’ai découvert que par le passé les bergers y jetaient leurs brebis mortes (voire les humains gênants) et écoutaient en frissonnant le dévalement sans fin des cailloux, que de sinistres légendes accompagnaient ces lieux puisqu’ils renvoient aux entrailles du monde.

Au retour, nous sommes passées à Meyrueis, ville la plus proche des lieux pour faire le plein d’essence. La route sillonne les extraordinaires gorges de la Jonte qui délimitent la partie méridionale du causse. En cette saison, les couleurs de l’automne leur donnent une parure incroyable d’ors et de rouges flamboyants. C’est beau à couper le souffle.

Les villes traversées semblent désœuvrées, elles doivent être plus animées l’été. Les rues désertées et étroites de ces bourgs de creux de vallées donnent un sentiment de mélancolie comme si elles  cherchaient un souffle de vie éteint à jamais. Une certaine tristesse se dégage de leurs façades décrépies.

Jour 3 – 22 oct. Aven Armand

Il pleut, une pluie  légère qui froisse le paysage et conte l’automne. La découverte de l’aven d’hier et des histoires qui l’accompagnent m’ont donné envie d’en (sa)voir davantage. Nous sommes à quelques kilomètres de l’Aven Armand, merveille souterraine, indiqué sur tous les panneaux des routes proches. Il fut découvert en 1897 par 3 spéléologues dont Martel et Armand. Armand était serrurier forgeron au Rozier, il devint le fidèle compagnon d’exploration de Martel qui nomma ainsi cet abyme pour lui rendre l’hommage de la découverte car Louis Armand fut le premier à avoir repéré le maître-trou et le premier à y descendre.

L’endroit est immense (un stade olympique tient dans ce lieu, la cathédrale Notre-Dame peut y entrer) et fantasmagorique. Les gouttes d’eau filtrées par l’épaisseur calcaire de la voûte et chargées de calcite cisèlent depuis des millénaires une irréelle et vénérable forêt bien plus âgée que notre jeune humanité. Draperies magnifiques, méduses de calcaire, dentelle baroque, feuille d’albâtre transparent agglomérées alternent avec des aiguilles et d’immenses stalactites en pendentif qui rejoignent presque les colonnes dressées à terre. La plus élevée atteint 30m et détient le record du monde de hauteur des stalagmites. Trente autres atteignent 25 m. Certaines mesurent 3m de diamètre. Le décor est cyclopéen et merveilleux, la visite d’une heure est trop courte.  J’aurais aimé me poser au cœur de ce monde fabuleux pour m’imprégner de toute la démesure de cette œuvre naturelle.

L’après-midi fut plus lent, la pluie tombait drue par moment, l’orage a même tonné. Nous sommes parties faire le tour des gorges de la Jonte en voiture. La route qui relie St Pierre des Tripiers au Truel est étroite et sinue à flanc de falaises dans un décor monumental. J’en ai fait une partie à pied car je ne me lasse pas de ces fabuleux paysages où s’accrochent le souffle des nuages et où l’automne fait une parure mirifique aux forêts de ces vallées encaissées. La pluie poétise ce décor et lui donne une dimension romantique époustouflante.

Jour 4 – 23 oct – Tempête

L’orage gronde depuis l’aube, les éclairs sillonnaient le mur de ma chambre d’éclaboussures fantomatiques. Le ciel est bas et lourd et a anéanti le causse dans sa grisaille tourmentée. Les éléments semblent déchainés. Je me dis qu’avec la force du vent d’ici ce soir plus aucune feuille dorée ne parera les feuillus de leur manteau d’automne. Toute cette eau ruisselle dans le calcaire de ces collines, immédiatement bue par la roche poreuse. Le paysage est plus dénudé que jamais et le blond des prairies desséchées contraste avec la pesanteur des nuées.

Nous avons tenté une sortie mais la fureur du tonnerre nous a repliées dans notre chaumière de pierre sèche. Une soupe de légumes mitonne sur les plaques en vitrocéramique. Lectures, jeux avec Suzy, tri des photos… la journée sera cosy.

En fond sonore la voix suave de Youn Sun Nah : « uncertain weather »… L’ambiance est posée.

Jour 5 – 24 oct – Sur les corniches du causse de Sauveterre

Hier soir, Pierre nous a rejoint au gîte, visite impromptue qui m’a fait plaisir. Ce matin, nous sommes parti-e-s tous les 4 explorer les hauteurs proches côtoyées par les vautours fauves et autres rapaces.

Nous sommes au cœur des failles qui délimitent les vaisseaux des causses, au bord de ces somptueux précipices faits de promontoires gigantesques et de rivières bouillonnantes. Tout y est infiniment beau et infiniment grand.

Notre randonnée nous a conduit-e-s par une sente pierreuse et escarpée sur la corniche du causse de Sauveterre, au roc des Agudes offrant une vue à 180° sur les gorges du Tarn et de la Jonte. Paysage époustouflant où dansaient les vautours.

Sur le retour, nous sommes passé-e-s par le village abandonné d’Eglazines, accroché aux roches des gorges dans un décor de pierre et de forêts d’épineux et de chênes. Bâti contre le roc, ses maisons sont semi-troglodytiques (elles n’ont bien souvent que 3 murs adossés à la falaise). Bien qu’en ruine on devine les anciennes terrasses tout autour et on imagine la difficulté de la vie en ce lieu. Jusque dans les années 60 une vieille dame a habité ce hameau.

Jour 6 – 25 oct – sur la corniche du causse Noir.

La journée fut bleue et or. Bleu comme la lumière qui a rougi mes joues, or comme le ruissellement de l’automne dans les forêts humides du causse noir.

La randonnée du jour fut encore fantastique entre vieilles pierres délaissées (prieuré de St Jean des Balmes, ermitage St Michel, Ferme résinière abandonnée) et ces panoramas grandioses sur ces gorges dont je ne me lasse pas avec échappées sur le plateau et les corniches du causse Méjean, rochers ruiniformes en aplomb au-dessus de la Jonte et réserve naturelle du cirque de Madasse, écrin boisé de pins, de chênes et de hêtres où chantent les fées.

La première étape est le prieuré de St Jean des Balmes, ruine de style roman. L’endroit fut peuplé depuis des millénaires car c’est un croisement de voies de communication, notamment la route de Meyrueis à Millau et le chemin de l’Auvergne au Languedoc qui passait par Peyreleau. Des légendes circulent autour de ces ruines. L’église fût bâtie sur un ancien temple gaulois voué au dieu Soleil et il y a sous ses murs deux tunnels antiques, dont les directions indiquent les quatre points cardinaux. Malgré son altitude – 960 m – l’endroit est habitable, comportant plusieurs sources, des terres exploitables et des bois ce qui est une véritable richesse dans ces contrées dénudées. L’église est mentionnée dès le XIè s. C’est au XVIIè s. qu’elle sera désaffectée et se délabra peu à peu dans le contexte des guerres de religion.

Le sentier que nous suivons ensuite nous amène à la réserve biologique intégrale du cirque de Madasse aux portes duquel se tient l’ermitage St Michel, autre ruine occupant quatre pitons dominant les gorges de la Jonte. Il s’agit de l’ancienne forteresse de Montorsier des XIè et XIIè s. L’accès s’effectue par des échelles en métal fixées dans la roche. La vue depuis les terrasses est à couper le souffle. 

Toute la suite de la randonnée se fait sur la corniche, le plus souvent en sous-bois, le chemin est étroit, les feuilles mortes le rendent glissant et il est entrecoupé de racines. Il s’ouvre régulièrement sur des vues époustouflantes : l’ermitage, les Vases de Chine et de Sèvres deux imposants monolithes surplombant le paysage, le rocher de Capluc et le village de Peyreleau avec le confluent de la Jonte et du Tarn.  

La remontée sur la ligne de crête aboutit au Champignon préhistorique,  rocher ruiniforme imposant. Les sentiers se font chemins forestiers et traversent les très belles forêts moussues des hauteurs. Nos pas nous mènent vers le dernier rocher-point de vue, le Point Sublime, le bien nommé où j’ai encore pu observer le vol des vautours fauves dans le bleu frontal de cette journée lumineuse.

 
CAUSSE
 
Le plateau sans limite étale son désert,
Sa grisaille de plomb sans voix, sans feu, sans onde:
Il semble que l’on ait atteint au bout du monde
La région maudite aux portes des enfers.
 
 
L’implacable soleil brûle et luit sans ombrage,
Où pourrait-on trouver la source qui sourit,
La branche qui chuchote et balance son nid,
La rose dont la grâce émeut le paysage…
 
 
Rares troupeaux broutant les cailloux gris du sol,
Buis et genévriers, chardons plats, herbe rase,
Chaque être et chaque fleur sous le vent qui l’écrase
Courbe son morne front et rampe sans envol.
 
 
Je l’aime cependant ton visage farouche
Sous ton ciel inclément, Causse déshérité,
Pour le silence amer et l’air de liberté
Que l’on peut respirer là-haut à pleine bouche.

Jeanne Foulquier

La sentience (du latin sentio, sentis « percevoir par les sens ») désigne la capacité d’éprouver des choses subjectivement, d’avoir des expériences vécues ce qui implique respect et sollicitude.

	

5 jours au bout d’un monde – La pointe de la Hague

Lundi 15 avril – jour 1

Omaha Beach

Ce fut une longue journée de voyage pour traverser le nord de la France. Le ciel était bleu, sans faille, un ciel éclatant de printemps. Nous sommes parties à 5h, la nuit était encore bien encrée.  Arrivées presque au but, nous n’avons pas pu nous empêcher de faire une courte pause sur les plages du débarquement, histoire de voir le sable et la mer avant la fin du voyage comme nous devions traverser le Cotentin.

Premiers pas sur le sable de Suzy…

Mardi 16 avril – jour 2

Face à l’Atlantique (puisque la Manche est une mer épicontinentale).

Juste devant la maison.

La Côte des Isles, dans la Manche, je la connais pour l’avoir découverte dans mon autre vie. Elle porte son nom car elle fait face aux îles anglo-normandes situées à une quarantaine de km au large (dont Jersey et Guernesey sont les plus célèbres).

La plage « de la maison ». Barneville.
Vue depuis le cap de Carteret sur Barneville.

Il y a des lieux qui m’ont imprégnée et dont la trace est enracinée dans ma mémoire, nimbée de douceur et source d’apaisement.  Je n’aime pas particulièrement les paysages maritimes que je trouve souvent trop fades. Je m’en lasse vite. Contempler la mer ne m’émeut pas plus que cela.  Cette monotonie n’a pas d’effet lénifiant sur mon énergie. Mais, ici, ces longues plages de sable fin désertées en cette saison, abritées des houles de l’Atlantique par les îles proches et réchauffées par le Gulf Stream, ces cordons dunaires et ces vents d’Ouest dominants, ces paysages de vasières et prés salés, et ces roches égayées d’une myriade de fleurs printanières m’apaisent et me ressourcent. Outre le fait qu’elles soient délaissées par les foules ce qui contribue énormément à leur attrait. Le printemps est la saison idéale pour parcourir ce bout de monde.

L’appartement où nous logeons à Barneville est au bord de l’océan, lumineux, calme et a même un petit jardin où savourer les embruns marins dans la quiétude du jour. Ma chambre est à l’étage avec une immense baie qui donne sur les marées et la plage de sable blond. Cela fait bien longtemps que je n’ai plus dormi seule et j’ai pu ainsi apprécier cet immense lit aux draps blancs (impossible les draps blancs quand on partage son quotidien avec d’autres animaux). J’ai un sentiment de luxe et d’une grande sérénité loin des chaos du monde.

Je suis comme dans une bulle intemporelle. Le temps s’est figé dans l’instant. Juste savourer.

Emma, trop énergivore est restée avec Jesper à la maison où il la bichonne ainsi que Colette qui ne peut pas cotoyer le sable avec ses yeux opérés. Suzy a décidé de dormir pour sa première nuit au rez-de-chaussée avec Phlau. Ce matin, elle est venue se poser à mes côtés pour contempler l’océan tandis que j’écris mon journal de voyage.

Le souffle du monde est quand même venu jusqu’à nous pour raconter Notre-Dame en flammes. Triste et déplorable incendie, cependant cela reste de la pierre, construite en de sombres temps où des humains ont été exploités et ont donné leur vie pour ce gigantisme orgueilleux et présomptueux d’une époque où le christianisme s’imposait comme culture dominante. Oui, c’est notre patrimoine, oui cela a ouvert la voie à l’évolution architecturale mais tout est impermanence. Il n’y a aucune mort d’humains à déplorer. Les oisillons nichés dans ses creux auront péri mais cela importe peu notre humanité accrochée à ses fantasmes et ses émotions …à ses traditions. C’est incroyable ce que cela cristallise. En fait cela me fascine et me fait douter de notre potentiel à poser des actes pour avancer. S’accrocher aux vestiges semble plus rassurant. Le vide à combler est angoissant, pourtant il est riche de tous les possibles.

Pas d’inquiétude, des dons en centaines de millions d’€ arrivent déjà et elle sera reconstruite, j’espère sans sa forêt ! Parce qu’abattre encore des écosystèmes au nom d’un dieu…

Mais plus important dans mes échelles de valeur, cette nuit huit individus ont été sauvés de la mort à  Girona en Espagne.

Mercredi 17 avril – Jour 3

Eglise en ruine, dunes d’Hattainville.

Hier, nous avons passé notre après-midi dans les dunes d’Hattainville, site naturel classé de 400 hectares considéré comme un massif de « dunes perchées » qui culmine jusqu’à 80 m d’altitude sur plusieurs kilomètres de profondeurs. Autrefois mobiles, les dunes ont été stabilisées par l’édification de clôtures en bois et la plantation massive d’oyats, plante vivace au système racinaire très profond. Elles suivent cependant le mouvement des vents qui les caressent et les modèlent.

Sémaphore de Carteret.
Confidences dans les dunes.

Très belle randonnée avec pas mal de petites montées et descentes notamment dans le sable ce qui en a fait une balade assez physique de 13 km. Nous sommes parties des falaises de Barneville en empruntant le sentier des douaniers balisé GR223.

L’or des ajoncs.

Cette saison est parfaite, avec la douceur qui règne, les roches et dunes sont égayées de myriades de fleurs colorées, des mousses et lichens déclinées dans toute la gamme des verts et des ors, c’est aussi la pleine saison de la floraison des ajoncs, leur jaune ruisselle sur les falaises rejoignant les éclaboussures de soleil sur les pierres grises.  Il y a très peu d’humains, les plages sont vides et les sentiers désertés. Tout semble angélique, doux, délicat, nonchalant et facile. Une parenthèse inscrite dans une époque qui semble révolue.


La plage de la Potinière, à Carteret, on trouve aussi de jolies cabines de bain, blanches et bleues.

Et sur ces falaises nous avons rencontré deux chèvres. C’est là que je me dis « heureusement que je n’ai pas pris Emma ! ». Ce sont des chèvres libres qui arpentent le chemin des douaniers. Elles permettent l’entretien nécessaire de la lande et sont, à ce titre, protégées par le Conservatoire du Littoral. Elles y vivent depuis une vingtaine d’années. Traditionnellement, chaque ferme avait quelques chèvres  afin de nettoyer landes et haies. L’usage se perdant avec la mécanisation, ces chèvres ont été laissées à la vie libre. Les dunes sont truffées de terriers et nous y avons croisé plein de lapins de garenne. A la frange des dunes, il y a d’ailleurs des panneaux où est écrit « limite lapin » à la main. Je me demande à qui sont destinés ces panneaux. Avec toute cette vie dense autour de nous, autre qu’humaine, cela fait longtemps que nous aurions perdu Emma. De plus, là, nous avons tout le loisir de l’observer.

Chèvre libre

Le temps reste agréable, les cieux sont magnifiques et les vents d’Ouest portent les nuages et  offrent des lumières changeantes et toutes plus magnifiques les unes que les autres. J’ai parfois le sentiment d’être posée dans une œuvre picturale.

Le soir, nous n’avons qu’à nous poser sur le banc dans les dunes, face à notre logement, pour contempler la course lente du soleil descendre dans l’océan et enflammer une dernière fois le cap de Carteret.

jeudi 18 avril 2019 jour 4

Anse de Sciotot
Anse de Sciotot

Hier, les températures furent printanières et le soleil a accompagné nos pas sur les falaises du cap de Flamanville. Nous nous sommes posées sur l’immense et magnifique plage de 4km, protégée des vents dominants,  de l’anse de Sciotot, avons couru sur les franges des vagues quand elles viennent s’échouer sur le sable. Suzy a nagé dans les piscines naturelles des rochers où l’eau était d’une incroyable transparence.  Ici, l’intemporalité règne. Pas de fronts de mer, pas de boutiques à touristes, pas de bars qui dénaturent le paysage. Il y a une douceur dans l’air qui lénifie le mental. Tout y est bucolique et serein. Ici on pourrait presque croire que tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes.

Anse de Sciotot

Au retour nous sommes passées par le bocage et par une jolie zone boisée, le sentier chemine le long d’un ruisseau, le Rond Marais, traverse un étang et nous ramène à notre point de départ au château de Flamanville, imposante bâtisse du XVIIè s.

Château de Flamanville

Ce matin, j’ai ramassé quelques galets sur la plage juste en face de notre lieu de vie. Il n’y avait personne pourtant ce n’était pas aux aurores. Suzy s’est éclatée en jouant avec les algues. La marée était haute.  Le temps ne semble avoir aucune prise sur le rythme de l’océan. Il est binaire et lent. Il est calé sur le rythme des vagues et cette frange bleue de l’horizon qui occupe tout l’espace.

Suzy jouant sur la plage, le matin.

Vendredi 19 avril jour 5

Hier nous sommes parties vers la pointe de la Hague pour un circuit au pays de Millet (vous savez ce peintre réaliste, pastelliste spécialiste des scènes champêtres et paysannes du XIXè s) au départ du Port Coquignolet du Hâble à Omonville-la-Rogue. L’ambiance était étrange, vaporeuse avec un ciel voilé et par intermittence des vents froids qui m’ont fait regretté ma veste plus épaisse laissée à l’appartement.

Le circuit passait dans les bocages des collines qui surplombent ce bout de terre, par des chemins serpentant entre les murets de pierres blanches typiques de cette région, tous habillés d’une végétation luxuriante, d’arbres enracinées dans ces pierres et qui en scellent la structure.  Avec l’ambiance légèrement brumeuse, cela donnait l’impression d’avancer dans un conte, les branches tortueuses des immenses arbres nous ouvrant la voie, des ruisseaux chantant traversés de petits ponts de pierre rythmaient nos pas. On a fini ce circuit par le GR 223, ce sentier des douaniers quasi aérien, serpentant entre falaises déchiquetées par les marées, baies et landes jonchées de fougères et bruyères  séchées ou d’ajoncs  à l’or éclatant. Les cormorans huppés, fulmars et goélands argentés volant au dessus des îlets du Hablet en quête d’un éventuel repas, des ruines de masures posées comme des squelettes empierrés gardiennes de ces lieux accaparés par les vents et les eaux, rudes et puissants. Il faut dire que ces roches sont parmi les plus anciennes d’Europe. Elles ont plus de deux milliards et quelques millions d’années.

Après cette marche, nous sommes encore passées par le cap de la Hague jusqu’au phare de Goury, vaillant gardien de cette pointe du monde depuis 1837, signalant le raz Blanchard, l’un des courants les plus forts d’Europe ainsi que le passage de la déroute entre le cap de la Hague et l’île d’Aurigny.

Le phare de Goury au cap de la Hague
Le Nez de Jobourg, parmi les falaises les plus hautes d’Europe.
Le Nez de Jobourg

Aujourd’hui, nous avons arpenté le GR 223 autour du Nez de Jobourg, imposant promontoire rocheux  dont les falaises culminent à 128 m. (parmi les plus hautes d’Europe), situé à l’extrémité méridionale du cap de la Hague.

L’humain a un étrange concept de la liberté… Avec des barbelés. Réfléchissons aux mots que nous galvaudons. Une prison peut être à l’air libre mais reste une prison à partir du moment où l’espace est cloisonné et l’individu contraint de s’y tenir pour être exploité. Cela ne s’appelle pas « liberté ».

Le soleil inondait le paysage et ce soir je sens sa brûlure sur mes épaules et mes joues. Cette randonnée fut impressionnante de par les vertigineux précipices au détour de chaque courbe du sentier parcouru mais aussi par les eaux turquoise de la Manche inondées de lumière. Nous avons aussi traversé des hameaux plein de charme éparpillés dans le bocage voisinant les côtes. La randonnée s’est achevée par une dernière pause sur une des plus jolies plages du coin, celle de la baie d’Ecalgrain. C’est une plage de sable et de galets encadrée par un paysage verdoyant où s’entremêlent landes, bruyères et ajoncs.

En fait, depuis le Nez de Jobourg en remontant vers le nordague, les falaises abruptes s’adoucissent pour laisser place au platier rocheux du cap de la Hague. Le paysage est à chaque fois renouvelé et infiniment puissant et grandiose. Il me rappelle les côtes irlandaises.

En repartant vers notre station balnéaire de Barneville, nous avons fait une courte pause au cimetière d’Omonville la Petite pour saluer Prévert.

J’écris ces mots de ma chambre idéale avec vue sur le bleu de la mer, l’eau scintillant des milliards d’éclaboussures solaires…l’illusion d’un paradis sur terre le temps de quelques jours.

Le Gazon du Faing, chaume d’altitude vosgienne

Depuis le temps que j’avais envie d’explorer cette chaume d’altitude dans les Vosges « méridionales », voilà chose faite. Elle culmine à plus de 1300 m. et offre de fabuleux panoramas sur les flans orientaux et occidentaux des Vosges.

Côté "français", l'Ouest.
Côté « français », l’Ouest.

Côté alsacien, l'Est.
Côté alsacien, l’Est.

Le point de départ de cette randonnée de 5 h se fait au col de la Schlucht (prononcez « chlourt »). Immédiatement, une montée raide sillonne un chemin semé de rochers à travers une jolie forêt de petits hêtres.

chloeka- Randonnée Gazon de Faing - Aout 2015-2 chloeka- Randonnée Gazon de Faing - Aout 2015

Assez vite, nous atteignons la crête, dégagée où les vents sculptent les rares arbres et modèlent les chaumes. Le sentier est large, sableux, semé par endroit de gros cailloux patinés par les pas des marcheurs. La roche affleure partout et fait de magnifiques promontoires aux vues époustouflantes. Nous marchons deux heures sur ce GR5.

chloeka- Randonnée Gazon de Faing - Aout 2015 -GR5

La flore est composée de bruyères, massifs de myrtilles, gentianes en fin de floraison, d’herbes aux magnifiques couleurs dégradées qui font un tapis automnal à ces grandes étendues sauvages interdites aux divagations des promeneurs afin de les respecter.

Nous pique-niquons dans le creux d’un rocher du bastion granitique du Gazon, avec un point du vue exceptionnel sur le lac des Truites et le carillon cristallin des cloches des vaches qui paissent dans les alpages en contrebas.

"Vegan power" © photo > Judith (merci pour ce bel angle de prise de vue !)
« Vegan power » © photo > Judith (merci pour ce bel angle de prise de vue !)

Déjeuner de randonneuse végane, amandes & noix germées - cake à la farine de châtaigne aux courgettes et son cœur de pistou d'estragon - salade courgettes crues soja germé et sa sauce à l’échalote & à la coco - carottes à croquer - dattes fraîches - pommes.
Déjeuner de randonneuse végane, amandes & noix germées – cake à la farine de châtaigne aux courgettes et son cœur de pistou d’estragon – salade courgettes crues soja germé et sa sauce à l’échalote & à la coco – carottes à croquer – dattes fraîches – pommes.

Point de vue de notre pique-nique.
Point de vue de notre pique-nique.

Arrivées au bastion panoramique du Gazon du Faing, nous redescendons sur le flan oriental du massif par une pente assez raide pour rejoindre ce lac des Truites (le plus haut lac des Vosges) et sa ferme-auberge dans un prodigieux cadre entre tourbière, parois rocheuses abruptes, éboulis de pierres, eaux ruisselantes et chantantes, arbres et sapins.

chloeka- Randonnée Gazon de Faing - Aout 2015 -_-19

Le chemin se poursuit à travers des forêts de conifères et de gigantesques arbres semés d’embûches. [Ce qui est pratique avec les bucherons c’est qu’ils te signifient que tu ne peux plus emprunter le chemin mais ils ne te proposent pas de « déviation »].

chloeka- Randonnée Gazon de Faing - Aout 2015 - panneau-5Comme nous n’avons aucunement envie de faire demi-tour, nous poursuivons sur le chemin interdit (où nous croisons d’autres randonneurs rebelles).

chloeka- Randonnée Gazon de Faing - Aout 2015 - panneau-4

Nous faisons une pause boisson, sur la terrasse de la ferme auberge Gaertlesrain puis reprenons notre randonnée à travers bois où surgit de façon incroyable le lac Vert, surprenant pas sa couleur très particulière.  La légende raconte que le diable y aurait jeté son château provoquant cette couleur émeraude. Parce qu’il était vert de rage ? (Je me pose la question car je ne vois pas le rapport avec le château et la couleur).

Explication de la couleur verte du lac.
Explication de la couleur verte du lac.

Lac Vert.
Lac Vert.

L’accès au lac est facile depuis la route des crêtes. Du coup il y avait plein de monde (surtout des personnes âgées) autour de ce lac.

Lac Vert.
Lac Vert.

L’itinéraire se poursuit sur des sentiers de racines et remonte vers le point de départ par des chemins larges et boisés, tranquilles.

A un moment, deux voies différentes s’ouvrent à notre choix. Nous décidons de prendre par le point de vue de l’ HIRSCHSTEINE. Le guide parle de « sentiers rocailleux et raides qui exigent un pied sûr ».

chloeka- Randonnée Gazon de Faing - Aout 2015 -panneaux

Le belvédère Hirschsteine.
Le belvédère Hirschsteine.

Vue du belvédère Hirschsteine.
Vue du belvédère Hirschsteine.

Un panneau sur place confirme la  difficulté.

Immédiatement après le panneau, un escalier raide en métal descend à flan de roche, remplacé ensuite par une rampe métallique qui court le long de la paroi que nous devons remonter par un sentier parfois inexistant (remplacé par de gros éboulis de cailloux) ou semé de troncs pour compliquer notre tâche. Le précipice est sur notre flan gauche. C’est impressionnant. Je me dis que par temps humide cette voie est impraticable. La vue porte sur les massifs boisés des Vosges vers la vallée de Munster, splendide comme toujours.

chloeka- Randonnée Gazon de Faing - Aout 2015 -Judith

Et là, en arrivant au bout de cet escarpement, dans une forêt de conte de fées où les fougères et les mousses font une atmosphère enchanteresse, je me trouve face un chamois. Nos regards se croisent le souffle d’une seconde puis il détalle dans ce prodigieux décor, englouti par le vert soyeux et protecteur des lieux.

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Et je reste éblouie par cette rencontre.

Le sentier se poursuit dans la forêt magique, remonte vers le dernier point de vue sur la vallée, le Spitzenfels à 1190 m. et bifurque pour rejoindre notre point de départ.

chloeka- Randonnée Gazon de Faing - Aout 2015 -panneau

Dernier point de vue de la randonnée, Spitzenfels.
Dernier point de vue de la randonnée, Spitzenfels.

chloeka- Randonnée Gazon de Faing - Aout 2015 - végétale

Les Vosges et leurs rencontres magiques…

 

 

 

 

 

 

Karma Ling ~L’Aïkiryu ~Isabelle…

Rencontre avec un lieu > KARMA LING

Lieu du Karma, somme de ce qui est fait, est en train de se faire ou se fera. Situé en Savoie, dans le hameau de St Hugon, là où des Pères chartreux avaient déjà posé leur intention/attention dès le XIIè siècle, au creux de la chaine de montagnes Belledonne.

Bout de monde accueillant, ouvert, où l’esprit se libère et la pensée s’apaise. Fabuleuse énergie qui circule. Une maison, ma maison, ma famille retrouvée.

Les sourires croisés sont complices, chaque regard qui s’interpelle est chargé de sens, tout y est dit :  » Bonjour », « Je t’accueille », « Tu es la bienvenue », « Je te vois et te reconnais »…

Les silences sont pleins et la joie est palpable. Tout y est simple, humble et relié à une terre préservée riche de son passé spirituel.

Le temps pouvait s’arrêter, je me suis suspendue à son souffle et j’ai savouré.

Rencontre avec une pratique > L’AÏKIRYU

Chuter, se relever, chuter, se relever… Parcours de vie. Accepter de chuter dans un mouvement fluide. La chute naît d’une attaque, la mienne, vis à vis d’un adversaire qui a juste détourné ma violence pour en faire cette énergie qui coule et s’envole, transformée.

« – Le conflit est créateur.
– La seule victoire juste est celle qui ne fait ni vainqueur ni vaincu. »

C’est ma première rencontre avec un art martial et c’est une rencontre « sacrée », dans ce lieu qu’est Karma Ling, en pleine conscience, en pleine présence.

Cinq jours pour tomber en amour de cette pratique, il m’en aura fallu trois.

Le premier jour, c’est ma violence que j’ai pris à bras le corps, le cœur, qui m’a projeté dans le flot de certains souvenirs douloureux. A la fin de la journée, je me suis posée plein de questions. Ces peurs refoulées qui resurgissent. Que faire ? Affronter ces peurs ? Passer à côté ? Ne pas les ignorer.

Je sais que la peur est ce qui m’empêche de progresser, de me libérer. J’aime mon sentiment de liberté. Quand je sens poindre une peur, j’essaye de la mettre en lumière. Transcendance.

De toute façon, je m’étais engagée pour cinq jours de pratique autant aller au bout.

Deuxième jour.

La nuit est portée par des anges qui veillent, le mien est particulièrement bienveillant.

J’ai pratiqué sans me poser de questions. J’ai laissé faire.

Chuter, se relever, chuter, se relever…

Troisième jour.

Tous les exercices sont devenus trop courts, j’avais envie (besoin ?) que chaque application d’un mouvement dure plus longtemps. Un sentiment de ne pas avoir le temps d’explorer les infinies possibilités de chaque geste m’a traversé. J’étais trop dans le mental pour comprendre le côté « technique », je n’avais pas le temps de savourer mon ressenti. Je n’ai pas vu filer le temps.

Quand Isabelle a annoncé la fin du cours, j’étais étonnée et surprise d’être triste. J’étais conquise, traversée par tout ce que mobilise l’Aïkiryu.

Puis le temps a filé et je reste avec un extraordinaire sentiment de bien être. Et un besoin de poursuivre ce chemin emprunté.

Chuter, se relever, chuter, se relever…

Les rituels font partie de la discipline, le cadre où laisser son énergie se libérer :

Rencontre avec un enseignement celui d’Isabelle AbeléDubouloz.

Isabelle, lumière intense aux éclats de velours, toute en énergie maîtrisée, regard qui vous transperce et vous accueille. Femme puissante qui écoute et accompagne, attentive aux énergies de chacun. L’âme d’une Amérindienne a du la traverser, un guide relié à la Terre.

Isabelle, la Vie, l’Amour, le Souffle, l’Energie, la Présence…

chloeka- Karma Ling- juillet 2015- isabelle-4 chloeka- Karma Ling- juillet 2015- Isabelle

Chuter, se relever, chuter, se relever…

Rencontre avec un groupe de belles âmes > Kareen, Finn, Sarra, Christine, Odile, Brigitte, Nicolas, Xavier, Caroline, Oriane, Anne-Cécile, Virginie (désolée pour les orthographes que j’écorche).

chloeka- Karma Ling- juillet 2015- Aïkiryu-9

Je vous remercie pour ce séjour que vous avez rendu encore plus beau par votre partage et votre disponibilité.

Je n’oublie pas Malili, l’organisatrice du stage, sans elle je n’aurais pas saisi cette chance de ces remarquables rencontres.

Malili
Malili

Et le lunaire Lama Lhundroup, souriant et attentionné dans sa pleine présence et dans sa grande vacuité.

Bref, je vous aime.

 

Quand le bois nous regarde - spéciale dédicace à Sarra !
Quand le bois nous regarde – spéciale dédicace à Sarra !

 

 

La Baie de Somme en mai

La Baie de Somme

-plus grand estuaire du nord de la France-

Trois jours pour se nourrir de vents (beaucoup), de cieux changeants aux lumières magiques, de nature vivifiante, d’embruns et d’émotions. 
http://www.baiedesomme.fr/

 

L’été chez Dame Catherine # en Drôme provençale #

 

Dame Catherine
Dame Catherine

Dame Catherine, grande Dame en mon cœur, m’accueille toujours avec élan, bonté et générosité dans son paradis au milieu des vignes, accroché aux collines proches du Mont Ventoux.

chloeka -vue - Mérindol juillet 2014 NB-5Quand j’arrive dans sa maison, je m’y sens comme chez moi et j’investis sa cuisine et sa magnifique vaisselle avec un grand plaisir.

http://chloeka.com/photo/non-classe/gourmandises-vegetales/un-repas-dete-pesto-de-roquette-cie/

Les petits-déjeuners crus.
Les petits-déjeuners crus.

D’ailleurs, si je peux faire la joie de mon hôte, c’est aussi parce qu’elle m’accorde toute sa confiance.

C’est le temps pour moi de savourer chaque moment en observant ce lieu magique qui me ressource.

Maurice, le poisson.
Maurice, le poisson.

chloeka -phlau et gilda - Mérindol juillet 2014
Savourer l’instant, sieste et lecture « éveillées ».

chloeka -vue - Mérindol juillet 2014Lieu où respire la Terre et dont les potiers se nourrissent.

http://www.faience-brantes.com/

Faïencerie de Brantes.
Faïencerie de Brantes

Merci Catherine.

 

« Ici-bas les racines tonnent

Et poussent pour l’arbre qui les prolongera jusqu’au ciel.

Ici-bas , les racines transmettent et résonnent

Pour l’herbe qui le dira. »

Extrait du poème RACINES ~ François Peltre ~ CELEBRATION ~ L'Harmattan ~ mai 2014.
http://www.clicanoo.re/?page=archive.consulter&id_article=419807