Le printemps en Vasgovie

Une colline, un château


Le Palatinat, cette région de châteaux médiévaux aux histoires légendaires, de rochers majestueux et d’une forêt extraordinaire classée réserve de biosphère par l’UNESCO, fait du sud de la Rhénanie-Palatinat une de mes destinations préférées.

Au Moyen Âge, la région était l’une des plus importantes politiquement du Saint Empire romain germanique. De là, les rois et les empereurs contrôlaient les destinées de la moitié de l’Europe. Mais les Celtes, les Romains et un roi bavarois y ont également laissé leur marque.

Départ pour notre semaine dans le Palatinat afin d’arpenter à nouveau les sentiers de Vasgovie. On part à 5 nanas de 2 espèces. Cédrine doit nous rejoindre en train lundi.

Ce qui est magique est que nous sommes à moins de 1h30 de Strasbourg. Nous avons pris la route à 13h car le gîte n’est disponible qu’à partir de 15h. Pour nous y rendre nous avons longé la frontière côté allemand, empruntant une route étroite au cœur d’une extraordinaire forêt : celle du Bas Mundat.

Le temps est aux giboulées et oscille entre de violentes tempêtes de grêle et des accalmies bleutées, c’est un peu n’importe quoi. Comme nous sommes au pays de la Véganie, nous nous sommes arrêtées dans un supermarché allemand pour nos courses de la semaine, pas besoin d’emporter depuis la France de quoi nous nourrir car ici le choix est juste hallucinant.

Le gîte est une maison triangulaire surprenante lovée dans un
quartier verdoyant
composé d’autres maisons triangulaires, au cœur de la forêt. Nous sommes à la fois isolées et proches de lieux de vie (25 mn de Landau). C’est tranquille et de là où j’écris j’ai vu sur les verts tendres du printemps qui égayent les bois environnants.

Quelques maisons de notre village de vacances :

Nous avons déjà exploré les alentours depuis le gîte. A 3 km, il y a les ruines médiévales du château de Lindelbrunn situé à 437 m d’altitude, offrant une vue époustouflante à 360 degrés. Comme le temps est extrêmement capricieux, les humains ont fui les lieux pour notre plus grand plaisir et les nuages, chargés de pluie, déployés sur ces contrées boisées, nous ont offert un prodigieux panorama.

Les chambres du gîte sont à l’étage et on ne peut y accéder que par un escalier étroit. Cet accès est impossible pour les chiennes. On a donc descendu un matelas des chambres afin que j’y dorme avec Rosa et Suzy, cette dernière a tout de suite monopolisé la couette à mes pieds.

Le temps est totalement inconstant et… froid. Ce matin, un mélange glacial de pluie et de neige tombait mais la météo annonçait une accalmie dans la journée. Nous sommes parties sur les chemins détrempés à la première éclaircie.

Le circuit d’une dizaine de kilomètres empruntait les sentiers proches. Nous avons d’abord découvert le Silzer See qui borde la L493.

A partir de là, le circuit monte dans la forêt par de larges chemins. Le ciel s’est dégagé et très vite les bois ont ruisselé de lumière et de verts chatoyants. C’était infiniment beau.

Nos pas nous ont conduit au promontoire rocheux du Schweinsfels à 400 m. d’altitude auquel on accède par une échelle en métal raide et étroite. La vue panoramique est aussi impressionnante que celle découverte hier. Une croix trône sur la plateforme étrécie du rocher. Partout où se perd le regard se déploient les collines boisées de cette terre de grés rouges et de ruines médiévales. Les nuages chahutent l’horizon et les caprices du temps lui font un écrin de lumières chatoyantes.

Pas un seul humain sur ces sentiers. Je suis toujours fascinée comment mon espèce se cloître à la moindre goutte de pluie. Pourtant c’est à ce moment là que ces lieux se mettent à frémir et palpiter. C’est aussi là que je peux pénétrer dans leur intimité et, enfin, y prendre part. La nature me remet à ma place, élément fragile et insignifiant qui vibre au rythme de ces soupirs.

Le circuit se poursuit le long d’impressionnantes formations gréseuses, les Kellerfels. C’est là que nous redescendons par d’étroits sentiers la colline pour rejoindre notre quartier de maisons triangulaires au cœur de ces lieux enchanteurs.

L’après-midi est consacré à la lecture, l’écriture, la paresse.

Vers 17h, nous irons à Landau découvrir leur restauration végane qui abonde. Nous avons réservé au « Ich bin so Frey »

Nous sommes revenues repues. Le lieu est très accueillant, vaste et lumineux. Le personnel souriant est à l’écoute. Le restaurant était complet ce qui m’a fait plaisir. L’offre végétalienne est impressionnante. Nous avons attendu plus d’une heure notre repas succulent, cela valait bien un peu de patience.

Les pâtisseries sont tout aussi incroyables.

carrot cake (délicieux) et cookie sans gluten (tout aussi délicieux).

En rentrant, j’ai exploré notre village de conte pour digérer. La lumière du soir était extraordinairement orangée nimbant les lieux, où s’étirait la brume, d’une poésie ouatée.

Cette nuit, les températures sont retombées en dessous de zéro. Ce matin, il a fallu dégivrer la voiture mais le ciel avait des promesses de lumière printanière.

Nous sommes parties à 5 km de la maison pour explorer le massif du Heichsberg culminant à 412 m. d’altitude.

On accède au plateau sommital par de larges sentiers sillonnant les bois où, aujourd’hui, nous avons croisé une biche et des chevreuils. La ligne de crête est clairsemée de bornes numérotées, de roches de gré rose plantureuses et de buissons de myrtilles denses.

De chaque côté de cette ligne de crête se dégagent des massifs gréseux offrant, au nord, une vue sur l’imposant château de Trifels près d’Annweiler et, au sud, un panorama grandiose sur les vallons verdoyants du Palatinat. Le bloc de rochers du sud porte le nom de Geiersteine. Il est aussi apprécié des personnes pratiquant l’escalade.

Aujourd’hui, comme les jours précédents, les chemins semblaient désertés par les humains.

En début d’après-midi, je suis partie chercher Cédrine à la gare de Wissembourg, nous avons fait une pause sur le chemin pour quelques courses à Edeka. De retour dans notre nid, ce fut le temps du goûter et j’ai savouré la part de carotte cake achetée à « Ich bin so Frey » que je n’avais pas mangé hier ainsi qu’un cookie sans gluten. Leurs pâtisseries sont vraiment délicieuses.

Vers 18h, Sonia, Cédrine et moi sommes retournée par la forêt aux ruines médiévales du château de Lindelbrunn. Phlau et les chiennes nous ont rejoint en voiture.

Là aussi, pas un seul humain.

Nous avons découvert le restaurant en contrebas du château qui propose à la vente des cadavres des habitants et habitantes des forêts, avec des images de « suicide food » indécentes.

La montée vers les ruines et le lieu déserté m’ont permis d’évacuer ma colère sourde qui jaillit devant tant de dissonance.

La plateforme herbeuse du château nous a offert un écrin de joie partagée. Rosa et Suzy étaient aussi enthousiastes que nous.

L’éclat du soleil tombant voilait les massifs d’une ombre satinée et adoucissait la grisaille des pierres préservées.  Au loin, on pouvait distinguer les nuages porteurs de pluie qui s’amoncelaient par endroit, concentrant des gris plus sombres dans l’éclat azuré de cette soirée quasi parfaite.

C’est le froid de plus en plus mordant qui a eu raison de notre présence et nous a renvoyées vers la voiture garée en contrebas.

Le dîner fut simple et appétissant, cuisiné par Cédrine : raviolis en conserve (je les adore) agrémentées de fromage et passées au four, accompagnées d’une salade de mâche. Le tout végane bien entendu.

Pendant que j’écris mon journal, les filles humaines lisent et celles d’une autre espèce dorment, repues d’une journée chargée d’odeurs et de jeux.

Cette nuit Rosa a partagé mon oreiller. Elle a aussi aboyé à chaque grincement de lit de mes comparses… Malgré tout, j’ai relativement bien dormi. Suzy a préféré rester sur le canapé où il y a clairement plus de place.

La rando du jour est à une vingtaine de minutes en voiture d’ici, plus à l’est, près de Landau. Le départ s’effectue à partir d’un de ces jolis villages de la route des vins du Palatinat sud : St. Johann. Les montagnes sont truffées de blocs rocheux qui leur font des promontoires aux vues grandioses où que l’on aille.  Aujourd’hui, nous sommes parties à la découverte de l’Orenfels à plus de 500m d’altitude.

Une montée de 4 km, à travers les magnifiques forêts de Vasgovie, depuis le village, nous conduit à cette terrasse de grés en surplomb, habitée depuis le haut moyen-âge. La vue y est grandiose et ouvre sur la plaine du Rhin mais aussi sur les vallons, que j’aime tant, de ces paysages boisés où trône le Trifels, ce château imposant qui est le point de convergence de quasi toutes les plateformes visitées à ce jour.

Ces vues époustouflantes m’emportent dans un imaginaire féerique peuplé de dragons, de quêtes impossibles et de secrets farouchement gardés.

Je suis gueuse, va-nu-pieds, truande, chevalière, guerrière, je suis tous ces possibles et plus encore. Ce qui me ravit est ce sentiment que là, dans ces espaces aux vallons infinis gorgés d’histoire et de forêts profondes, un autre monde onirique s’entrouvre.

Sur le sentier qui monte à ces remarquables roches, se trouve un gîte nature à flanc de colline où des gamelles d’eau fraiche étaient proposées à Suzy et Rosa : Naturfreundehaus Kiesbuckel.  Visiblement c’est une auberge ouverte les week-ends où on peut loger et demander des repas adaptés aux engagements de chacun et chacune (vous me voyez venir ?)

Le retour se fait par la forêt et la dernière partie dans les vignes où nous avons profité de la lumière du jour pour nous recharger en bonne humeur.  

Nous sommes aussi passées devant une maison au portail clos qui avait posé un panneau à son entrée, rempli d’autocollants aux messages antispécistes. C’était l’autre moment joie du jour.

J’ai glissé quelques autocollants dans leur portail. Ma petite contribution.

Les après-midis sont paisibles, nous vaquons à nos diverses occupations dans notre maison de conte où le chauffage au gaz crépite comme un feu de bois. Plus tard, j’irai me dégourdir une dernière fois les jambes dans notre hameau si particulier.

Le temps oscillant entre une pluie légère et une neige fondante glacée, nous avons décidé de consacrer la journée à la visite du Trifels, le château restauré, star du coin et visible de partout. Ensuite nous visiterons Landau et testerons un autre restaurant vegan : le VELO, identifié grâce à la formidable application Happy Cow.

Nous nous sommes garées sur le parking au pied du château édifié sur le mont Sonnenberg (494 m). Il se dresse sur un triple piton gréseux, long de 145 m, large de 40 m et surélevé de 50 m. et surplombe, majestueusement, toute la région. Le temps humide a contribué à enchanter les lieux en enrobant de brumes mouvantes les bois et collines alentours où apparaissaient, par moments fugaces, les autres ruines des environs. Ici chaque sommet semble porter un château médiéval.

Entre 1088 et 1330, le Trifels fut un château impérial, l’un des centres de pouvoir les plus importants sous les Hohenstaufen et les Saliens. Les insignes impériaux tels que la couronne, le sceptre et l’orbe impérial y étaient toujours conservés. Aujourd’hui, ce sont leurs répliques qu’on peut encore admirer.

Le château servait également de prison pour des personnalités importantes tel que le roi anglais Richard Cœur de Lion, otage du Saint Empire.

Aujourd’hui il est le résultat d’une alternance de phases d’expansion, de délabrement et de reconstruction sur près de 1000 ans – depuis ses débuts au XIe siècle jusqu’à un passé récent.

Il regorge d’escaliers que Cédrine a exploré avec enthousiasme et ses plateformes s’ouvrent sur de grandioses points de vue.  L’entrée est payante : 4€50.

L’après-midi nous avions réservé une table au VELO restaurant. En allemand, le mot vélo français se dit Fahrrad donc ce nom n’a rien à voir avec une bicyclette. C’est un mélange des lettres du mot « LOVE ». Le lieu est vaste et élégant, la décoration est épurée.

Le repas était succulent. Le restaurant a des menus du midi et du soir et propose une « petite » restauration à tout heure de la journée.

Les propositions sont élaborées et gustativement excellentes, la quasi-totalité des suggestions sont faites maison à partir de produits frais.

J’ai quand même pris deux desserts dont une part de tarte à la mousse de fraise hyper légère et fondante. Chaque bouchée était une explosion de délice dans la bouche. Servie avec des fruits et de la crème chantilly ! Et, comme c’était léger, j’ai aussi savouré leur mousse au chocolat également accompagnée d’un coulis de fraise et de chantilly.

Après cette pause gourmande, nous avons fait un petit tour dans le centre-ville de Landau, ville fondée au XIIIè siècle. Elle est le chef-lieu de l’arrondissement de la Route-du-Vin-du-Sud du Palatinat.

En rentrant au gîte, Sonia, Cédrine, Rosa, Suzy et moi sommes reparties pour un petit tour sur la colline proche de la maison où trône un imposant rocher de 34 m. de haut, le Kriemhildenstein avec vue sur les forêts et notre village particulier en contrebas. Nous sommes montées jusqu’à la croix en pierre Steinernes et son banc qui offrent cette fois ci une vue sur le rocher précédent et toujours sur les reliefs environnants. La pluie avait cessé et le soleil du soir irradiait la forêt d’ombres longues satinant les vallons boisés du lointain. Les chiennes que nous n’avions pas prises avec nous aujourd’hui (interdites au Trifels et compliqué en ville) étaient ravies de cette sortie post méridienne.

Ce matin le ciel gris couronnait de morosité les bois alentours. Nous sommes parties à cinq pour une randonnée de 13 km depuis le parking du Trifelsruhe près d’Annweiler en empruntant une partie du sentier « Richard cœur de Lion », l’otage célèbre du coin.

Rosa et Suzy étaient visiblement ravies de faire partie du périple. Hier était leur journée de récupération où elles n’ont été qu’une heure en balade.

Une grêle fine est tombée pendant une dizaine de minutes sinon nous avons évité l’humidité.

Le circuit conduit à une tour sur la colline du Rehberg qui offre une vue panoramique complète sur la forêt méridionale du Palatinat, la trinité des châteaux de Trifels, Anebos et Scharfenberg (Münz), la plaine du Rhin et la bordure orientale de la Forêt Noire et des montagnes de l’Odenwald. La structure actuelle de la tour s’élève sur un socle de 2 m de haut et atteint une hauteur de 14 m avec le parapet. Un escalier extérieur de neuf marches mène à la porte en arc brisé de la tour , et un escalier en colimaçon de 49 marches mène à sa plate-forme panoramique avec son mur extérieur crénelé. La tour est classée monument historique et fut inaugurée le 17 septembre 1862 après cinq mois de construction.

En somme, en Allemagne, sur chaque colline on trouve soit une ruine de château-fort, soit une croix, soit une tour. On sent l’appropriation forte de l’humain homme sur le paysage par ce besoin de dresser des monuments toujours plus haut que la montagne elle-même.

L’objectif suivant de la randonnée était le Kleiner Hahnstein, « petit rocher » à escalader pour découvrir une nouvelle vue époustouflante sur la région. Encore plus belle que la précédente !

Et tout le long du circuit nous traversons de magnifiques forêts de hêtres, ormes, châtaigniers et chênes aux verts printaniers intenses qui illuminent les sous-bois et accentuent la couleur foncée des troncs, les rendant quasi noirs.

La suite du circuit devait nous mener au pied d’un gigantesque bloc rocheux (400 m de haut) découpé en trois parties : l’Asselstein néanmoins fermé pour cause de nidification des faucons pèlerins qui habitent ces lieux. Il est considéré comme l’une des formations rocheuses les plus puissantes de la région rocheuse de Vasgovie et est donc également appelé le « roi des roches du Palatinat ». Une fois à ses pieds on comprend pourquoi.

En face de cette masse rocheuse impressionnante se trouvait un large banc en demi-cercle faisant face à une sculpture commémorative avec une citation de B. Brecht dont j’ai cherché la signification en rentrant :

– Pour commémorer la rencontre à Asselstein entre socialistes et sociaux-démocrates de différents groupes de résistance du Palatinat le 6 mai 1934, une pierre commémorative et un banc avec vue sur le rocher ont été érigés en 2019.

L’inscription se lit comme suit :

« À la mémoire des sociaux-démocrates qui se sont réunis illégalement à Asselstein le 6 mai 1934 pour discuter des options de résistance contre le régime nazi. » SPD-Palatinat 

Cette citation de Bertold Brecht est magnifique. Un bel hommage à l’humilité.

Ne pouvant accéder à l’Asselstein, nous avons rebroussé chemin pour reprendre, sur deux kilomètres, le large sentier au cœur des bois qui nous a ramené au parking.

Le long du parking, il y avait une aire boisée avec des petites étoiles gravées sur les arbres. Cet endroit est un cimetière pour les cendres de notre espèce. Cela m’a rappelé le lieu de souvenirs au cœur de la forêt de Esch sur Alzette, au Luxembourg, que j’avais découvert avec Gabriel.

Cette randonnée nous a bien affamées, j’ai nourri Suzy et Rosa à la voiture. Nous n’avions qu’une quinzaine de minutes pour rejoindre le gîte, notre faim fut aussi vite comblée.

L’après-midi sera consacrée au repos et à nos menues occupations personnelles.

Nous sommes indubitablement dans une bulle de tendresse où chacune veille sur l’autre et où nos échanges sont drôles, attentionnés et sereins.

Aujourd’hui, départ à 9h pour Dahn, à environ 30 mn du gîte, pour un circuit de 12 km afin de découvrir ce coin défini par ses rochers monumentaux.

La randonnée débute par une montée vers un cimetière militaire comprenant plus de 2 000 soldats morts lors de la Seconde Guerre mondiale. Les noms des soldats sont notés sur de petites pierres – la plupart des pierres portent la mention « inconnu ». Au-dessus de ce lieu de recueillement se trouve une petite chapelle commémorative et au-delà le premier bloc colossal de roches de grés : le Hoschstein. Il fait partie du vaste Dahner Felsenland et se trouve à la limite sud de la petite ville. Un chemin sécurisé et très pentu monte sur la crête et offre encore une vue fantastique sur les montagnes et les autres formations rocheuses.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, les habitants et habitantes de Dahn se sont cachées dans ces niches rocheuses naturelles et les grottes sur le Hochstein. La plus grande est « la cabane du soldat », ouverte des deux côtés, elle offre une belle vue sur la ville.

Ce circuit passe par un des chemins de St Jacques de Compostelle.

Nous avons poursuivi notre randonnée vers le Dahner Burgengruppe, un immense complexe de trois châteaux médiévaux semi-troglodytes de toute beauté, composés de Tanstein à l’ouest, du Grafendahn au milieu et de l’Altdahn à l’est.

Il s’agit du plus grand complexe de châteaux du Palatinat construit sur des rochers abrupts et ses parties les plus anciennes remontent au XIe siècle.

Le mieux conservé est l’Altdahn qui offre un dédale d’escaliers, chambres et couloirs creusés dans la roche où on pourrait presque se perdre.

Au retour, j’ai même vu un troupeau de chevreuils qui est passé juste devant Suzy et moi, ce qui a bien intrigué Suzy d’ailleurs qui aurait aimé les suivre… mais non.

Nous sommes rentrées en début d’après-midi, petite pause post-méridienne avant de repartir pour dîner une dernière fois à Landau au « Ich bin so Frey ».

Le luxe de partir à une centaine de km de chez soi c’est que nous avons pris deux voitures.  Demain, Cédrine et moi irons faire une dernière randonnée du côté de Dahn tandis que les filles rentreront directement à Strasbourg.

Nous nous disions aujourd’hui combien ce territoire de vallons et de roches prodigieuses est époustouflant de beauté et nul besoin de partir à l’autre bout du monde pour être au cœur d’une nature généreuse et exceptionnelle.

Jour de départ. Premier réel jour de printemps.

Le gîte doit être libéré pour 10h. Nous nous scindons en deux groupes, l’opportunité d’avoir deux voitures. Tandis que Phlau, Rosa, Sonia et Suzy rentrent à Strasbourg, Cédrine et moi partons une dernière fois randonner dans cette terre d’histoire et de nature.

Le circuit est sur le territoire de Dahn, il part d’un château conservé dont la visite est payante mais que nous ne visiterons pas : le Burg Berwartstein. Aujourd’hui nous avons envie d’espaces et de ruines, loin des foules et du brouhaha de l’humanité.

La première étape nous mène au pied d’un promontoire rocheux, le Schlüsselfels. Nous n’avons pas trouvé le sentier et sommes montées à même la pente au travers d’amoncellements d’arbres chus et de terre glissante. Parcours éprouvant et technique néanmoins gratifiant une fois arrivées sur la plateforme. Il s’agit d’une des parois rocheuses parmi les plus hautes de Vasgovie.  La vue y est époustouflante (comme toujours) et s’épanouit sur ces paysages aux vallons boisés qui m’émeuvent tant.

Nous poursuivons sur le Heidenberg jusqu’au Buchkammerfelsen qui est, à lui seul, un point culminant. Le sentier traverse des falaises de grès parées d’arbres noueux aux racines entrelacées où le pied doit être sûr et l’œil vigilant. À l’intérieur de ces rochers se trouvent des chambres sculptées datant de l’Antiquité. La porte d’entrée est située à environ 8 m de hauteur sur le versant nord du massif, inaccessible pour un ou une marcheuse.

L’étape suivante sont les ruines du Drachenfels (le château dragon) où j’ai eu un réel coup de cœur pour ces vestiges. De loin, on distingue un gros rocher avec une plateforme accessible par un escalier mais en s’en approchant, on découvre un château monumental dont l’exploration est une véritable aventure. Il regorge d’escaliers, de pièces troglodytes et de passages de liaisons. Il a probablement été construit peu après 1200. En 1523, le château a été presque entièrement détruit. Deux rochers de grès rouge, abrupts et très étroits, portent ces impressionnantes ruines.

Partout il y a des terrasses aux vues dégagées sur les forêts, sur les Buchkammerfelsen et sur le village proche. Au loin, on y voit également l’ensemble rocheux des ruines du Dahner Burgengruppe visitées la veille.

Nous rentrons par le sentier boisé de St Jacques de Compostelle pour retrouver la voiture.

Le retour à Strasbourg se fait par la même route qui traverse l’extraordinaire forêt du Bas Mundat sous un soleil radieux.

Ce qui me réjouit c’est la proximité de ces lieux enchanteurs et que je peux y retourner pour m’y replonger quand j’en ressens le besoin. Ce n’est réellement qu’un aurevoir.


2 réflexions sur « Le printemps en Vasgovie »

  1. merci beaucoup pour le partage de tes déambulations rocheuses et boisées, vertigineuses et humides, appétissantes et heureuses.

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